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Anarchisme vert
--> ou actualisation de la pensée libertaire
Lu sur  Liberterre  : 1-Introduction : Reclus, géographe anarchiste, et très possiblement l’ancêtre des écologistes libertaires d’aujourd’hui, a posé la question environnementale bien avant son temps. Y a-t-il, effectivement, une question de progrès autrement que celui de la terre entière ? Peut-il y avoir un futur morcelé ?

            Au 19e siècle, le socialisme bat son plein, encore dans l’effervescence de la révolution française de 1798. Socialisme divisé, humaniste, individualiste, anti-autoritaire, communiste étatique, collectiviste : à savoir que chaque être humain est égaux, il n’y a aucun doute, mais les dissensions montent à savoir de quelle façon l’idéal socialiste peut être atteint : que changer, que détruire, que créer ? La pensée libertaire s’affirme : le socialisme sera libre ou ne sera pas, le moyen sera aussi la fin, c’est à dire une liberté collective, égalitaire, et ce, sans compromis. Au tournant du siècle, le schisme est renforcé dans les trois grandes familles socialistes du communisme, de l’anarchisme et du réformisme étatique.

            Jusque là, l’histoire se déroule de bon train. C’est la modernité, c’est l’évolution de l’humanité et du prolétariat.

            Au 20e siècle, un phénomène vient perturber le cours de l’histoire, les cartes changent, c’est un facteur exogène que personne n’avait vu venir, sauf peut-être quelques révoltés.  L’ordre naturel de la Terre est perturbé, débalancé : le macrosystème planétaire vacille et les extinctions se font courantes, l’air est vicié, l’eau est polluée, et ce sont les moyens de productions pour lesquels capitalistes et marxistes s’arrachent le pouvoir qui semblent en être la cause.

Le printemps devient silencieux.

Un impératif tout autre vient s’insinuer dans le débat socialiste et, quoique plusieurs idéologues tentent de se le réapproprier pour justifier leur combat, il semble que la menace de l’écocide ne soit pas aussi facile à récupérer.

            Au 21e siècle,  nous sommes sur la corde raide. Ignorants exactement là où nous allons, nous savons que cela surpasse la servitude tant scandée par La Boétie et les libertaires de la modernité, c’est non seulement la liberté collective qui est menacée par le capitalisme mais aussi, puisque sa liberté à elle a été réduite en esclavage, la vie de la faune et de la flore, qui à son tour entraînera la mort de millions, voire de milliards d’individus !

            L’écoanarchisme est en réponse nouvellement articulée à cette nouvelle menace : l’autorité anthropocentrique jusque là écartée du débat. Ainsi, de nouveaux schismes se créent, et la question des modes de production divise un mouvement libertaire déjà fragmenté, suscite la discussion, et surtout, possède cette qualité affirmative qui semble donner un second souffle à la révolte et faciliter la radicalisation des masses. C’est qu’il y a là une urgence, une tentative de rupture évidente, à la fois dans l’histoire du mouvement, dans sa composition théorique ainsi que dans sa manifestation réelle, qui ajoute une force formidable à la contestation.

            À savoir comment l’écologie et l’anarchisme peuvent s’interrelier, même, créer une symbiose, et comment s’articule l’idéal dans la réalité : là est le véritable défi de cette synthèse.

            Car après tout, outre passé les vieilles valeurs classiques et la transcendance théologique, outre passé le matérialisme historique marxien, il y a l’indéniable réalité de la nature, seule loi que suivent les libertaires[1], c’est la terre, c’est l’espace, c’est le territoire – source de toute vie, et il s’agit là d’un impératif tout aussi essentiel que celui de la liberté : deux choses qui sont en train d’être réduites à néant tandis que nous théorisons et poursuivons nos réunions hebdomadaires : il s’agit là de l’actualisation de l’anarchisme.

 

2. Historique de l’écoanarchisme

 

            40,000 à 5,000 av JC : les primitifs

            La question à savoir si, avant l’avenue de la civilisation, les peuples se rassemblaient réellement dans un mode décentralisé, non hiérarchisé, avec un respect conscient de la nature et une conception égalitaire entre les genres, est difficile à imaginer. Il s’agit bel et bien d’une supposition  sur laquelle s’appuie une grande proportion d’écoanarchistes. Des anthropologues libertaires comme Clastres se sont penchés sur la question en affirmant qu’il y avait, effectivement, dans plusieurs tribus primitives cet espèce d’idéal libertaire écologiste en symbiose avec la nature. D’autres, par contre, affirment que l’anarchisme ne prend un sens réel que dans le cadre de la modernité.

            Loin de vouloir trancher la question, rappelons quand même que l’homo sapiens sapiens date de 40,000 ans avant J-C, et que quoique la civilisation comme l’entendent les écoanarchistes a débuté avec la domestication et l’agriculture[2] il y a à peu près 5000 ans, la modernité ne représente qu’une infime partie de l’évolution humaine et il serait atrocement hautain que d’écarter le passage « primal » de l’histoire humaine, surtout lorsqu’on aborde les concepts de la liberté  et de la préservation de la nature.

            C’est durant cette période que se trace une page de l’histoire, celle des peuples primitifs, dont les écoanarchistes de la modernité vont s’inspirer, tout spécialement ceux et celles qui revendiquent le titre d’anti-civilisationnels.

 

1812, les luddites

            Suite à la mise en place de la civilisation, du système d’accumulation du capital, d’un État oppressif, il faudra tout de même attendre la révolution industrielle pour voir apparaître les premières révoltes organisées contre le système techno-industriel[3]. Partout en Europe l’intensification capitaliste des systèmes de production, notamment le textile, écrasent le prolétariat dans des conditions inhumaines et aliénantes, ou plutôt, contraires à la nature. Certes, il y avait déjà en 1812 un tissus de mouvement social important en Europe, mais jusque là les moyens de production n’avaient pas été remis en question en tant que tel.

            Le mouvement luddite, nommé après le jeune Ned Ludd[4], a traversé l’Angleterre et a subsisté en collectivités solidaires et secrètes, jusqu’en 1824, où la récupération du mouvement par les syndicats et la répression organisée y mette fin. Les luddites arrêtés étaient pendus. Il est à noter que ce sont les luddites qui ont  introduit la pratique du monkeywrenching (voir 3.5 : apologie de l’action directe) par après reprise par les activistes radicaux de tout acabit : le sabotage comme action directe.

Certains analyses, notamment celle des marxistes, ont catalogué le mouvement de réactionnaire, condamné par l’histoire à échouer. Seulement, il ne faut pas croire que les luddites ne constituaient pas un mouvement révolutionnaire en soi. À travers leur propagande, leurs intentions étaient purement anarchistes : « all nobles and tyrants must be brought down. »[5]

            N’ayant pas de programme politique, d’idéologie propre, la destruction du système techno-industriel est alors le but ultime des luddites : une pratique qui tente à faire le rapprochement entre action et idéal, chose que les écoanarchistes ont tenté et tentent toujours de faire.

 

1880, les géographes anarchistes

            Les camarades Élisée Reclus et Pierre Kropotkine – grands personnages de l’histoire anarchiste – sont passés à l’histoire pour avoir élaboré ce qui serait reconnu peu après 1950 en tant que géographie sociale, c’est à dire l’étude de la société en relation avec son territoire, science pratiquée et reconnue à travers le monde. Ils seront les premiers à étudier conjointement dans leur analyse les concepts de terre et liberté ; qui deviendrait le cri de ralliement des écoanarchistes du 21e siècle.

Étant les premiers à reconstituer l’histoire de l’humanité et du prolétariat –

la seule où s’arrêtent les marxistes – à l’intérieur d’une histoire plus grande, c’est à dire celle de la planète et de toute vie, que la notion d’équilibre naturel entre en jeu dans la théorie anarchiste. Le rapport à la terre, l’importance des campagnes, l’autogestion : toutes ces notions si sacrées aux anarchistes ont été largement explorées par ces premiers théoriciens de l’écologie libertaire. En effet,   « les géographes anarchistes sont en quelque sorte des écologistes avant l’heure, puisqu’ils ont démontré que la Terre est une planète vivante où les actions humaines ont des effets négatifs et / ou positifs, et ceci tient entre autres au système politique et économique dans lequel elles ont lieu. »[6]           

             En établissant les bases d’une liberté qui, tout en étant collective et anti-autoritaire, serait néanmoins contrainte à l’intérieur d’un ordre naturel immuable, il s’agirait en vérité des premiers énoncés de l’anthropocentrisme contre laquelle allaient s’acharner les générations d’écologistes radicaux à suivre. Reclus et Kropotkine, fidèles camarades et collègues, estiment « indispensable la diffusion des connaissances géographiques, règles du jeu de la préservation de l’équilibre naturel »[7] , tradition qui serait reprise par les premiers écoanarchistes du 20e siècle.

 

1900, une valeur en arrière-plan

            Il faut mentionner que l’étude des géographes anarchistes ne demeura pas au premier plan de l’anarchisme dans les années qui suivirent. Les disciplines que pratiquaient ses principaux activistes divergeaient du domaine de la nature pour la plupart du temps, mais on peut penser que l’équilibre naturel, la beauté sauvage et la protection de l’environnement, plutôt que de servir de cadre théorique et d’argumentation, servit plutôt de justification émotive pour les efforts révolutionnaires. L’écologie n’était pas une science durant ces années. Aussi, et ceci est d’ordre primordial : quoique la révolution industrielle, le colonialisme et l’impérialisme européen ait déjà débalancé l’équilibre naturel et causé l’extinction de plusieurs centaines d’espèces, il s’agissait d’un phénomène tout à fait nouveau, peu étudié et surtout, peu exposé au grand public.

            Il est alors compréhensible que l’écologie ne soit pas au premier plan des luttes révolutionnaires, mais plutôt une partie intégrante et cognitive du mouvement contestataire, plus particulièrement au niveau anthropique. Le travail d’usine, par exemple, était néfaste et malsain pour la nature, mais aussi pour l’humain qui devait s’y courber, et, un peu comme les luddites, il en ressortait un malaise symptomatique des horreurs que la machine techno-industrielle allait produire cent ans plus tard.

            Emma Goldman, célèbre anarcha-féministe et camarade de Kropotkine, défendu le droit des travailleurs et travailleurs à travers ses luttes syndicales en Amérique, et afficha clairement son engouement personnel pour la nature sauvage en tant que source d’espoir :

« [she] rejected the centralization  she saw turning people into robots and in 1900 wanted to make things new and preindustrial again so one might ‘watch things grow and blossom, and feel again the joy of life and the sweet kinship with all living things – learn the forgotten lore of the savage who knew all the color of the leaves, and the shapes of them, and the way they turn to the sun… » [8]

 

            On peut seulement imaginer ce que cette anarcho-syndicaliste sensible à la nature aurait dit s’il elle était née dans le siècle suivant !

 

1914 à 1960, les guerres

La première moitié du siècle a vu la formation du bloc socialiste de l’Est,  la révolution communiste de Lénine, la grande marche de Mao, la guerre entre les rouges et les blancs de Trotski, la Russie de Staline, la Deuxième Guerre et la Guerre Froide.

Le communisme et le capitalisme se sont développés sur des modèles productivistes sensiblement identiques. La question de l’écologie a été écartée, sinon écrasée. Le théâtre de dévastation naturelle qui eut lieu durant toutes ces guerres, avec la mise en place de tous ces régimes industriels, que ce soit de gauche ou de droite : l’emphase a toujours été placée sur l’accroissement de la production, la multiplication du capital et une maîtrise accrue de la nature[9]. Un scientisme maintenant encré depuis Descartes a rationalisé l’entièrement du rapport humanité/nature et ne laisse aucune place pour le doute.

Bref, la première moitié du siècle n’a laissé aucune place pour l’écoanarchisme, soit avec la persécution des anarchistes en Chine et en Russie, soit dans le vent de confusion idéologique que les grandes guerres ont entraîné. Cette période donnera néanmoins des « munitions » aux écologistes radicaux de la seconde moitié du siècle : le désastre productiviste entraînant une réaction verte qui se ferait de plus en plus violente plus la civilisation techno-industrielle se développerait, de la théorisation plus ou moins concrète à l’action directe à grand déploiement.

           

1965, naissance du mouvement écoanarchiste

            La parution du Silent Spring de Rachel Carson en 1965[10] à propos du DDT fut un des premiers ouvrages du type « scandale écologique » qui s’inscrit dans une lignée de littérature alarmiste appuyée par une science environnementale dont la publication de faits et statistiques est la seule constituante. Le livre  trouva un auditoire réceptif dans une génération contestataire aux valeurs écologistes émergentes et les idées d’écocide et de pollution prirent une ampleur planétaire. C’était le début de la conscientisation « verte » populaire et la première fois où l’activisme politique s’étendait réellement à d’autres espèces que l’humanité en soi.

Seulement, la pollution étant intimement liée aux modes de production, un débat sur la technique devait nécessairement suivre, comprenant la remise en question du capitalisme et l’affirmation de valeurs autres, la liberté et la vie, pour en nommer les principales.

Le Blueprint for Survival de Edward Goldsmith en 1972[11] - un des tout premiers écologistes radicaux – traça le portrait d’une société aux traits primitifs en tant que solution à la menace de l’écocide. À ce moment, des groupes tels que les partis verts (green parties) , Amies de la Terre (Friends of the Earth) et Greenpeace[12] ont vu le jour : partie intégrante d’une culture écologiste très populaire, de composante particulièrement spiritualiste, encore mal organisée.

On a qu’à penser aux hippies des ’60 pour comprendre qu’une logique d’idée approfondie qui s’affirmerait clairement en tant qu’anarchiste révolutionnaire était loin de là et demeurerait minoritaire.

En effet, lorsqu’une réflexion théorique libertaire devait se mêler aux préoccupations écologistes dans une optique radicale, émergent en Angleterre vers la fin des années 60, ce serait la naissance de l’écoanarchisme.

 

            1970 schisme et spécialisation dans l’écologie populaire

            Alors la problématique était clairement étalée dans la conscience populaire. La réflexion évolua dans divers camps. Les années 70 reconnus comme étant la décennie de la Terre[13][i] et le Earth Day maintenant institué pour récupérer le mouvement contestataire, il y eut en premier temps l’institution de l’écologie et donc un écartement de toute pensée libertaire dans des groupes planétaires tels Greenpeace et Friends of the Earth, ainsi que les nombreux partis verts sans projet révolutionnaire. Tous se sont appropriés le domaine de la contestation ouverte. Aussi, la grande majorité du mouvement populaire fut récupéré dans un capitalisme vert hautement dénoncé par les écoanarchistes d’aujourd’hui, c’est à dire les fermes biologiques, les firmes d’étude d’impact environnementaux, les services de recherche en écologie, le compagnies de nourriture végétarienne, les Rainbows, le mouvement New-Age, etc. Toutes ces institutions sont encore visibles dans notre société actuelle.

            Une hypothèse de la transformation du mouvement populaire écologiste qui justifie l’avènement de l’écoanarchisme est la suivante : après la réalisation collective de la dégradation écosystémique causée par l’industrialisme, c’est toute une masse d’individus sensibles à l’écologie qui, face au stimulus de l’extinction, ont participé à une réaction morcelée qui divisa irréversiblement le mouvement écologiste des années 60-70, c’est à dire les réformistes d’un côté et les radicaux de l’autre.

            La dualité sociétaire des capitalistes et libertaires s’est donc transmué à travers la problématique écologiste. Mais une double séparation est advenue, celle-ci bien documentée, celle de l’écoanarchisme en trois tendances de plus en plus distinctes relevant du développement théorique de divers mouvements, c’est à dire l’écologie profonde, l’écologie sociale et le primitivisme.  Ces trois factions, relativement solidaires, se reconnaissent depuis cette période comme étant les diverses analyses constituantes de l’écoanarchisme.

 

1980, bases théoriques solides

            La pensée écoanarchiste s’est manifestée dans les Etats-Unis en premier,  à peu près en même temps, s’influençant entres elles. Ces théories émergeantes étaient alors articulées pour la première fois, mais elles se développeraient et chacune formeraient une école de pensée à part entière dont le but commun serait un changement radical à la fois social et écologique.

            La formation du groupe radical Earthfirst ! en Arizona vers 1979, inspiré du Monkey Wrench Gang de 1975 par Edward Abbey[14], confirme l’émergence de l’écologie profonde. En 1982, Murray Bookchin terminait son  Ecology of Freedom, structurant désormais la pensée de l’écologie sociale dans le Vermont dont l’influence allait se transmettre jusqu’aux Amies de la Terre de Québec et dans le municipalisme libertaire de Marcel Sévigny dans le quartier Pointes-Saint-Charles de Montréal[15]. Puis, en 1980, dans la région de Detroit, Fred Perlman publiait Against His-Story,, Against Leviathan !, la pierre angulaire du primitivisme. [16]

            Aussi, en Angleterre que se développa un des plus grands appareils de diffusion du mouvement écoanarchiste, le journal Green Anarchist, encore actif à ce jour, qui maintenant est entièrement primitiviste.

            C’est là qu’apparaissent pour la première fois les symboles écoanarchistes du drapeau vert et noir et de l’étoile à cinq pointe verte et noire.

            Au niveau de l’action, c’est en cette période Earthfirst ! qui a la plus forte présence et dépasse de loin Greepeace dans la portée de ses actions directes, sabotages et occupations en forêt. Plusieurs activistes pour la libération des animaux se rangent du côté d’Earthfirst ! pendant cette période.

 

1990, la confrontation

            Depuis 1990, on peut dire qu’il y a deux niveaux de l’écoanarchisme qui se distancent, un beaucoup large qui consiste en un réseau de propagande et de théorisation visant à promouvoir la liberté et l’intégrité de la vie sauvage – humaine autant que florale ou faunique à travers l’organisation d’une communauté sociale écologiquement viable (autogestion verte), et l’autre plus restreinte mais plus spectaculaire, clairement underground : l’action directe.

            La question de la violence a entraîné un schisme dans Earthfirst ! en 1993 et la création d’un nouveau groupe d’action, le Earth Liberation Front (ELF) en groupes d’affinités décentralisés, rassemblés un peu partout sur la planète selon quelques lignes directrices, qui revendiquent des attentats incendiers, de destruction matérielle ou de libération d’animaux emprisonnés. L’étiquette de terroriste est devenue courante et les Etats-Unis parlent d’écoterrorisme en tant que menace intérieur numéro un depuis les débuts 90. [17]

            L’écoanarchisme, contrairement à l’anarchisme traditionnel de Bakounine, Guillaume et Malatesta, ne s’attarde pas au syndicalisme. L’action directe, le municipalisme libertaire et le retour à la terre sont à peu près les seules manifestations du mouvement. Puis, quoique divers groupes revendiquent la meilleur théorie, tous se rallient sous la bannière du ELF lors d’actions directes violentes ou du Earthfirst ! lors d’actions plus pacifistes.

            Vers la fin des années 90, le ELF à lui seul revendiquait près de quarante millions de dollars américains en dommage matériel. Pendant ce temps, les écologistes sociaux libertaires se rallient autour des textes de Bookchin et tentent  avec plus ou moins de succès d’articuler une stratégie viable de révolution sociale, écologique et pacifique.

 

            2004, l’écoanarchisme : mouvement planétaire

            Finalement, en 2004 Il semble aussi y avoir une évolution récente dans l’appartenance à telle ou telle organisation dans les trois courants théoriques de l’écoanarchisme, c’est à dire Earthfirst ! pour l’écologie profonde, Friends of the Earth, Greenpeace et la Vermont Institute of social ecology pour l’écologie sociale, la Coalition against Civilisation, le Black and Green network et Green Anarchy pour les primitivistes anti-civilisationnels.

            Maintenant, les « anarcho-verts » sont présent dans toutes les régions du monde où l’anarchisme prend de l’importance, s’opposant de façon récurrente aux anarcho-communistes (ou communistes libertaires) sur la question des modes de production. Il s’agit d’une innovation. Par exemple, avant 2001, Montréal qui a pourtant près de trente ans de mouvement libertaire, n’avait jamais recueilli de telles organisations, et dans la date où ce texte est composé, il y en a quatre. Les drapeaux vert et noirs flottent maintenant dans chaque manifestation radicale. Puis, en dehors des villes, quelques communautés procèdent à un retour à la terre avec permaculture sous les couleurs de l’écoanarchie, notamment à Eugene, Oregon et à Nicolet, au Québec.

            Il y a aussi trois journaux écoanarchistes, deux qui se nomment Green Anarchist (dont le journal initial de l'Angleterre) et le Green Anarchy de Eugene en Oregon. Tous sont distribués à travers le monde.

             

3. Analyse théorique

 

            Néanmoins, dans l’actualité, l’écoanarchisme se distingue à l’intérieur de l’anarchisme beaucoup plus par son discours que par son action. Analysons ici la théorie en tant qu’elle est communément répandue.

            Tout d’abord, l’étymologie. Écologie vient du latin eco, qui signifie maison ou habitat, et logos qui signifie étude. Historiquement, écologie est aussi synonyme d’une inquiétude, d’un soucis pour l’environnement. Anarchie vient de an, qui signifie absence ou négation, et archos qui signifie pouvoir ou autorité.  Historiquement, on lui a aussi donné le titre de pensée libertaire, qui affirme simplement la liberté collective.

Le terme écoanarchie est un collage populaire. On emploi parfois les termes anarcho-écologie, anarchisme vert ou écologie libertaire. Le sens reste à peu près le même : la lutte contre l’autorité avec un soucis pour l’environnement.

 

3.1 Anthropocentrisme : l’étude d’un nouveau type d’autorité

 

            Luttant contre le pouvoir et ses nombreuses manifestations, un peu comme l’hydre à plusieurs têtes de l’Antiquité, l’anarchisme, depuis son apparition, a affirmé son désir de la plus grande liberté qui soit. Pour vivre la liberté, il faut nécessairement lutter contre son antithèse, l’autorité. C’est cependant dans cette qualité négative que l’anarchisme a rencontré ses plus grands obstacles, ses plus poignantes contradictions, la violence révolutionnaire et la rééducation, pour n’en nommer que quelques unes.

Historiquement, l’anarchisme reconnaissait l’église, l’État, le capitalisme, et plus récemment, le patriarcat, qui, suppose-t-on, serait la forme la plus ancienne et la plus encrée.            Cependant, toutes ces études relèvent de sciences humaines. La domination de l’homme sur l’homme : dans chaque cas il s’agit d’êtres humains opprimant d’autres êtres humain. Le problème de l’autorité, dans sa nature anthropique, est confiné au domaine de l’espèce humaine.

            C’est avec la montée des désastres écologiques, des ruptures de stocks en poisson et forêt, avec le réchauffement climatique et tout spécialement les manipulations génétiques et le brevetage de la vie qu’une nouvelle forme d’autorité est étudiée, celle de l’homme sur le reste de la planète : l’anthropocentrisme. Il apparaît alors à travers la science que l’être humain fait partie d’un tout naturel dont il a déréglé l’équilibre, et sa propre survie en est menacée.     

Admettons que l’être humain fait partie d’un monde, et que ses actes influent ce monde de façon positive et négative. Admettons ensuite que la race humaine ne peut se permettre d’être objective sur son monde puisqu’elle en fait partie et sera affectée dangereusement dans sa dynamique avec la planète et les autres formes de vie. Seule, l’abolition du capitalisme ne suffirait pas à libérer la nature du joug de l’humanité. Seule, la révolution sociale ne peut harmoniser l’espèce dans l’écosystème. [18]

            S’opposer à l’anthropocentrisme signifie donc qu’aucune forme de vie n’a de valeur morale plus grande qu’une autre. La nécessité de la survie implique évidemment de se nourrir, à notre tour, de vie, comme il en va dans la nature, mais de participer à notre tour dans la balance naturelle et de redonner à la Terre le plus possible.

            L’anti-anthropocentrisme est alors la clef de la théorie écoanarchiste, peu importe ses ramifications. Il s’agit donc d’un double combat, libérer la société humaine en elle-même et réévaluer sa place dans l’écosystème global.

 

3.2 Rupture avec la modernité

 

Si l’anarchisme ne trouve son sens que dans la modernité, ce qui est un débat non-clos, l’écoanarchisme constitue en soi une rupture avec la modernité, dans sa perception du monde, ses modes de production, autant que dans son continuum temporel, bref, l’écoanarchisme, que ce soit d’écologie sociale ou de primitivisme, remet en cause les assises de la civilisation afin de s’organiser pour la liberté et pour la vie.

 

Quelle histoire ?

            L’anarchisme a cette particularité, contrairement au communisme, de rompre avec le matérialisme historique déterminant, bref, de refuser que le sort du peuple soit décidé d’avance. On peut néanmoins constater que l’histoire demeure importante pour les anarchistes ; ne serais-ce que d’évoquer la Commune de Paris ou la Guerre Espagnole pour prouver leurs points. Il s’agit là d’une histoire humaine.

            L’écoanarchisme, découlant d’une science naturelle, l’écologie, et d’une foule de sciences humaines dont la sociologie et la géographie radicale, s’appuie donc d’une part sur l’histoire de la modernité,  aussi de l’anthropologie qui se consacre à l’espèce humaine depuis ses plus anciennes formations tribales (40,000 ans et plus) avec des auteurs comme Ellul et Clastres, et ultimement, à l’histoire géologique de la planète, sa formation, l’apparition de la vie, les différents âges et éons de la Terre, et de manière presque sacrée, la constitution de la faune et de la flore avec une certaine nostalgie pour ce qu’était la nature avant notre arrivée.

            L’échelle prédominante dans l’écoanarchisme est celle de la vie, remontant à 3 milliards d’années, et il s’agit là d’une rupture avec l’anarchisme traditionnel.

 

Quelle science ?

            Comme il a été mentionné, l’écoanarchisme prend ses sources à travers différentes sciences, tout autant naturelles (pour décrire la crise de l’environnement et en décrire le processus, les causes) et sociales (comment est-ce que la destruction sont guidées par l’oppression et comment s’organiser de façon horizontale), ce qui consiste en un mariage plutôt difficile à rendre cohérent.

            Une contradiction pèse sur le mouvement, celle du scientisme. C’est à travers la science que l’écologie s’est développée et a gagné ses arguments irréfutables, mais c’est aussi par la science que les masses sont aliénées et que le système techno-industriel s’étend, la science est, d’une certaine façon, le cadre de la civilisation. Ainsi, le mouvement écoanarchiste qui est né grâce à une science naturelle se retourne ensuite contre elle pour s’émanciper.

            La question de la technologie est donc un débat à l’intérieur de l’écoanarchisme, dont la plupart s’entendent à condamner, mais à cause de la dialectique du rôle de la science, le débat est encore en court. L’écologie sociale est à ce jour celle qui défend le plus la science et la technologie, l’écologie profonde s’inspirant suffisamment du spiritualisme pour rompre avec la rationalité de Descartes et le primitivisme faisant table-rase sur la question de la technique, régressant au stade où elle n’existait pas.

           

3.3 Les trois traditions de l’écoanarchisme 

 

            Ceci nous amène à parler des trois factions de l’écoanarchisme : écologie sociale, écologie profonde et primitivisme. A noter que l'écoanarchisme ne se manifeste pas, dans la réalité, que ce soit dans la vie privée la vie des mouvements collectifs, de façon si clairement divisée qu'elle n'est présentée dans ce présent ouvrage. Plusieurs de ceux et celles qui ont un sentiment d'appartenance au courant et revendiquent simplement de lier l'écologie dans l'anarchisme ou l'anarchisme dans l'écologie. Sans plus. D'autres, et ils et elles sont nombreux-ses, poussent la théorique beaucoup plus loin...

 

3.3.1 Le mouvement Earthfirst ! et l’écologie profonde

 

Des rednecks ?

            À mentionner, certains ou certaines analystes auraient voulu écarter Earthfirst ! d’une étude de l’écoanarchisme, spécialement les écoféministes qui ont été scandalisées par plusieurs histoires au sein de l’organisation, lors de manifestation de comportement patriarcaux révoltants. D’autres prétendraient qu’Earthfirst ! n’est constituée que de rednecks sudistes états-uniens.

            Le fait est qu’Earthfirst ! est un mouvement planétaire, et par conséquent, et diversifié. Historiquement, le premier groupe constituant en Arizona avait des traits campagnards réactionnaires : ceux de l’homme blanc hétérosexuel, dominant et xénophobe. On accusa même cette période d’écofascisme. Aussi, plusieurs cas ont été recensés où un patriarcat sans vergogne s’est manifesté au sein de l’organisation, notamment sur la question de l’avortement et de la rotation des tâches en forêt lors d’actions.

Cependant, l’organisation étant décentralisée, constituée de groupes autonomes autogérés, la plate-forme d’écologie profonde qui présente une forte influence libertaire, quoique la qualité politique de leur manifeste est fragile, cela s’explique en comprenant exactement ce qu’est l’écologie profonde.

 

Biocentrisme

            Résumé : l’être humain fait partie de la nature, et non l’inverse. L’être humain est une espèce animale qui doit réintégrer son rôle biotique dans l’ordre naturel humain. Pour ce, il faut s’attaquer à l’industrie et au capitalisme, s’attaquer à toute forme d’oppression, affirmer la liberté et la qualité sacrée de la vie, mais spécialement, de toute forme de vie. [19]

            L’écologie profonde est la plus ardente attaquante de l’anthropocentrisme, expliqué plus haut. En fait, le modèle scientifique de l’écologie dans lequel toute vie doit s’harmoniser ou s’éteindre, est le cadre de toute l’analyse du mouvement biocentriste. La vie est la valeur absolue. Ainsi, tout argument social ou politique peut être écarté du discours[20], étiqueté d’anthropocentriste, ou servir à justifier l’impératif d’une écologie radicale qui réglera (par l’action) le problème (social ou politique) à la base (l’harmonie naturelle). [21]

            Une critique commune de l’écologie profonde est qu’elle ne réussit pas à comprendre la causalité du problème écologique, que l’écologie profonde n’est pas assez profonde[22] , puisque selon les analyses d’écologie sociale ou primitiviste,             ce sont les puissantes dominatrices et aliénantes qui réduisent la planète à une sorte de goulag pétro-chimique, et les situationnistes de Green Anarchy reprochent aux écologistes profonds de croire que l’étude de la relation entre une espèce et son environnement constitue la totalité de la problématique anthropocentriste. [23] 

 

Dualisme

            Plusieurs concepts de l’écologie profonde entrent en contradiction. D’une part, la race humaine est perçue en « unité » avec la nature dans ses traits biotiques d’espèce. Il s’agit d’une perception égalitaire de la biosphère en absence de complexité.

            Mais d’autre part, on réfère toujours à l’humanité comme une force implicitement négative avec la nature, la réduisant dans une relation bipolaire avec la « Terre Mère » positive et ses « enfants » négatifs, où la seule solution au problème écologique est le régrès le plus absolu de la race. [24] Puisque le tout progrès mène à la destruction, une simplification quasi bouddhiste s’impose.

            La contradiction de l’écologie profonde traduit bien l’angoisse du mariage entre le champ scientifique rationnel et l’irrationalité essentialiste. Un débat  pertinent serait donc redéfinir comment l’espèce peut continuer à exister librement en relation à l’écosystème, toute espèce ayant par définition un impact sur son environnement afin d’exister.

 

3.5       Spiritualisme

            Les écologistes profonds sont réputés, par leurs membres, de référer à la nature en tant que « Mère », d’attribuer aux arbres une individualité et une conscience, de faire référence aux « énergies » de la Terre et à la souffrance de la nature. Un certain chevauchement avec la tendance New Age s’observe dans le mouvement, vouant un culte émérite à l’amour et au pacifisme en parallèle à celui de la liberté.

            Cet aspect se mérite une critique cinglante de la part du milieu anarchiste en entier, quoi qu’il soit difficile de déconstruire ces croyances, même en ne les partageant pas : il apparaît évident que la vérité ou le mensonge du spiritualisme des écologistes profonds n’est un problème sérieux que lorsqu’il est institutionnalisé ou sert à justifier une forme de domination quelconque.

            Est-il nécessaire d’ajouter que les actions directes prônées par les écologistes profonds sont, en conséquence à leur théorie, pacifiste, souvent sous forme de désobéissance civile, et ne s’attaquent jamais à une vie, peu importe sa forme ?

 

3.3.2 L’écologie sociale et Murray Bookchin

            Les idées de l’écologie sociale ont eut un large impact sur le mouvement écologiste, c’est vrai, mais son discours a été dilué et récupéré par des plus grandes organisations comme Friends of the Earth et Greenpeace. La pertinence de caser l’écologie sociale dans l’anarchisme est donc remise en question. C’est pourquoi l’étude va se pencher sur la démarche initiale de Bookchin, et simplement en analyser la théorie pour en repêcher l’essence.  

            Évidemment, puisque Bookchin est « mieux connu comme celui qui a introduit l’idée de l’écologie dans la pensée de la gauche » [25] et non pas comme le porteur de l’écoanarchisme clairement annoncé. C’est peut-être pourquoi son discours est si accessible et si peu sectaire, et en contre partie, comme les anti-civilisationnels l’ont étiquetés, le plus dilué et le plus institutionnalisé, voire le plus récupéré. [26]

            L’écologie sociale, dont il a été le père fondateur, se résume à la création d’une société écologiquement viable, reposant sur des idéaux anarchistes de démocratie directe et de fédération inter-communales, dans une tradition marxiste de rappropriation d’espaces et d’institutions, et donc, du pouvoir étatique, tout cela pour libérer le peuple et assurer sa subsistance.

            Seulement, il m'a été révélé par un camarade du journal Anarchy : a journal of desire armed, qu'une grande partie de ceux et celles qui se réclament l'écologie sociale semblent réfuter à présent Bookchin et s'affirment clairement en tant qu'anarchistes révolutionnaires, chose que lui n'a pas faire.  

 

            Municipalisme libertaire

            Néanmoins, le municipalisme libertaire peut être perçu comme la quintessence de Bookchin, son œuvre magistrale. Il y a moins de rupture dans  l’écologie sociale avec le système techno-industriel et le post-moderniste que dans le primitivisme, c’est certain, même que l'écologie profonde se considérerait comme plus radical.

            L'idée du municipalisme libertaire est un anarchisme qui propose une écologie sociétaire et naturelle qui préserverais ce que le primitivisme veut jeter avec l'industrie dans la destruction ultime de la civilisation : 'a rational ecological ethic can survive and flourish within hierarchical society, ultimately replacing it. [...] using appropriate technology arising from this.[27]           

            Le modèle de Bookchin consiste à faire élire des députés-es au pallier municipal qui serviraient à organiser les communautés par direction directe, pour finalement les unir à l'aide de fédérations. Bref, c'est du communisme de réappropriation de l'État à l'échelle municipale avec un fédéralisme anarchiste, un mélange d'autogestion et d'institutionalisation.           

 

            Une qualité humaine

            Un postulat de l'écologie sociale est, puisque l'être humain détruit la nature, avec une réforme de nos habitude de vie, nous pouvons stopper l'écocide. Les écovillages qu'on voit un peu partout, les conseils de quartier, les soirées communautaires d'éducation populaire, les groupes d'achat de nourriture biologique – toutes ces techniques sont à portée de main et consistent, dans l'idéal, une révolution à portée de la main. Le caractère de faisabilité est donc plus inclusif que le terrorisme des primitivistes.

            Seulement, une critique est à faire de l'écologie sociale est sa rupture avec la tradition anarchiste révolutionnaire et son aptitude au compromis, d'où la perte de sa virulence et son détachement subséquent, à travers les disciples de Bookchin, avec l'anarchisme dans sa continuité historique.

            Il va sans dire que l'écologie sociale est la forme d'écoanarchisme la plus pacifiste et la moins violente. L'action directe n'est pas courante. Plutôt, l'éducation populaire et l'électorat en vue de rappropriation.

 

3.3.3 Le primitivisme et Fredy Perlman

 

            Le primitivisme est la troisième tendance de l’écoanarchisme, et quoiqu’elle soit certainement la paraisse comme étant la plus improbable et la plus utopiste des tendances écoanarchistes, est certainement la seule qui puisse, hors de tous doutes, se considérer « radicale » : le projet du primitivisme est d’aller à l’origine de l’autorité pour la détruire, c’est à dire contre la civilisation elle-même, contre l’urbanité, contre la technologie, contre le langage, contre les nombres, contre la mesure du temps, contre le travail : procéder à une telle rupture avec le système autoritaire qu’un monde « autre » serait finalement accessible, un monde libre, un monde sauvage. [28]

            Suite à cette démarche théorique, la réaction face au système techno-industriel est une lutte violente, diamétralement opposée au capitalisme et à ses assises technologiques et scientifiques. La chute de l’empire humain, voilà la révolution primitiviste. [29]

            Fredy Perlman, parmi bon nombre de théoriciens primitivistes, construit un discours qui inspira un mouvement entier de « neoluddites » qui comprend une sous-tendance, l’anti-civilitionnalisme, et chevauche de très près le nihilisme affirmatif de Schopenhauer ou Nietzsche. 

 

            Une démarche situationniste

            L’aliénation des masses est le départ du primitivisme. Toute une génération d’écoanarchistes se sont retournés, un peu comme les luddites l’avaient fait, contre la fibre même du capitalisme : la production. Là, il y a une rupture avec toute tradition socialiste. Plutôt que de vouloir collectiviser les usines, se réapproprier l’industrie lourde et infecter le système capitaliste pour le renverser contre lui même, un peu comme Chomsky affirmait dans une entrevue qui parut dans le Anarchy, a journal of desire armed dans l’été 1991 : « a libertarian society would want to make use of the most advanced technology there is, and in fact would want to advance it further »[30], la démarche situationniste des primitivistes les ont amener à considérer toute technologie comme non-neutre, teintée de façon indélébile d’une essence oppressive, et donc, aliénante, retournant la théorie de Marx contre lui-même. [31]

Inspiré par l’œuvre de Vaneigem à propos du travail et du plaisir, les primitivistes ne conçoivent « d’autre politique que celle du jardinier amoureux des ravissements qu’il se ménage à longueur de saisons ». [32] Toute idéologie est détruite : aucun cadre ne va contraindre l’esprit. L’instinct de liberté et de vie, en tant que valeur transcendante, suffit.

Même, le primitivisme s’attaque à l’origine même du temps, des nombres, de l’agriculture : toutes des pierres fondatrices de la civilisation, toutes aliénantes par définition : soit de l’humain, soit de la nature. [33]

           

Les anti-civilisationnels

            La tâche de déconstruction est immense. Les contradictions sont omniprésentes : on se sert de l’épistémologie, de l’histoire, de l’anthropologie, de l’écologie, afin de les retourner contre elles-mêmes. Il s’agit d’un amalgame de dialectiques superposées et paradoxales : se servir de la science pour prouver qu’elle est moralement mal.

            Seulement, la qualité affirmative du primitivisme fait défaut. La régression d’une espèce entière, volontaire, suffira-t-elle à l’empêcher de recommencer les mêmes erreurs ? Par quoi remplacer la civilisation ? Est-ce que les modèles primitifs n’étaient pas patriarcaux ?

            Les écoféministes ont crié au scandale à propos de plusieurs situations aux États-Unis lors d’actions en forêt où les hommes se sont mit à dominer, prétextant être déterminés par la nature pour telle ou telle tâche (ex. une femme tombe enceinte, et les hommes refusent qu’elle quitte le camp pour se faire avorter). C’est pourquoi plusieurs groupes écoanarchistes, notamment Liberterre de Montréal, refusent de s’afficher primitivistes. [34] Détruire la civilisation, pourquoi pas, mais de calquer le modèle des sociétés primitives ne va pas suffire à supprimer l’autorité, en effet, une valeur affirmative doit donc suivre.

            Cette sous-catégorie de primitivisme s’appelle l’anti-civilisationnisme, mais puisque la tâche principale de ces deux théories se résume à anéantir la civilisation jusqu’à ses fondations, il n’est pas nécessaire de les voir séparément dans cette étude.

 

L’ultime rupture et le nihilisme affirmatif

            Le projet constituant du primitivisme est un extrême de la pensée révolutionnaire. Une marge à l’intérieur de la marge. Dans la visée libertaire, il s’agit de ce qu’on pourrait appeler l’ultime rupture : pour anéantir ce qu’elle a créé, la révolution doit s’opposer à l’histoire. [35]

            Mais l’issue situationniste a cette faille : il n’y a pas de théoricien ou de théoricienne qui soit objective face à sa propre personne, encore moins face au monde et à l’histoire, et quoi qu’on puisse déconstruire notre propre aliénation jusqu’aux limites de notre conscience, la logique de nos idées sont alimentées par un construit social qui nous a, dans une large portion, déterminés.

            C’est qu’il faut alors procéder au régrès de l’espèce. Parce qu’elle a déséquilibré la nature, détruire la connaissance scientifique. Parce qu’elles proviennent en grande partie de l’Église et de l’État, détruire nos valeurs. Parce qu’ils sont oppressifs dans leur valeur même, détruire les moyens de production.

Mais que connaissons-nous au juste, quels sont nos outils qui ne nous viennent pas de la civilisation même ? Qu’avons-nous qui soit assez séparé de la civilisation pour pourvoir réellement se retourner contre elle sans la reproduire ? Le fait de théoriser sur la chute de l’empire et d’affirmer rationnellement l’impératif d’une sorte de néo-primitivisme, n’est-ce pas là la constituante d’une démarche rationnelle historienne et politique ?

            Dans la pensée primitiviste, il semble qu’il n’y ait pas de fin à la déconstruction. C’est pourquoi on peut fréquemment l’associer au nihilisme affirmatif : le deuil des illusions, la poussée vers le néant, le désir d’une « seconde création », procéder à la construction d’un nouveau monde hors du vide, peindre une nouvelle existence sur la toile vierge de la Terre, précédé évidemment de la chute de l’empire techno-industriel et de toute modernité. [36]

            Dans cette lignée, l’action directe est tout à fait justifiable et même obligatoire. Le rejet étant absolu, il n’y a d’autre interaction avec le monde construit que confrontation, sabotage et violence matérielle.

 

4. Le mouvement écoanarchiste : la symbolique verte et noire

 

            Drapeaux, écussons, étoiles, foulards, macarons, logos : tous de la couleur verte et noire dans ce mouvement qui trouve maintenant des adhérents et adhérentes un peu partout à travers le monde – mouvement qui n’use pas nécessairement la nomenclature d’écoanarchiste mais simplement d’anarchiste du 21e siècle, c’est à dire ayant une composante écologiste très prononcée – et est constamment défendue, autant au sein des communautés libertaires que devant l’oppression quotidienne des pouvoirs fascistes qui écrasent la vie et restreignent la liberté.

 

4.1 Débat à l’intérieur du mouvement anarchiste : la question des modes de production

 

            Que ce soit au niveau de la violence, des médias, des stratégies révolutionnaires, de l’amour libre, de l’éducation – il y a tellement de débats en cours au sein du mouvement anarchiste – dont la plupart ne se règlent pas avec le temps – qu’on pourrait croire qu’en marge même de la société supposée post-moderne, ce mouvement est divisé de multiples fois à l’intérieur de lui-même. Il est difficile – voire impossible – de faire le constat de l’unité du mouvement anarchiste à l’échelle planétaire, mais en ce qui touche expressément l’écoanarchisme en relation à tout le reste du mouvement, un débat semble se répéter souvent, celui des modes de production, et ce, peu importe la localisation géographique des communautés.

            Le clivage est généralement au niveau des marxistes libertaires et du reste de la communauté, où les écoanarchistes sont les plus ardents polémistes. Il s’agit d’une mésentente à la fois théorique et historique, puisque si les anarchistes en général – et tout spécialement les primitivistes – sont d’accord à questionner, redéfinir et possiblement abolir les modes de production (industries, chaînes de montage, fabriques diverses, aciéries, papeteries, etc.) en soi [37] et que les anarchistes communistes s’entendent tous pour la rappropriation des lieux de production avant même de songer à les modifier[38], historiquement, les suivants du marxisme ont accomplis des désastres écologistes sans précédent (pensons à la Chine de Mao, la Yougoslavie de Tito ou Tchernobyl) et reçoivent la haine de plusieurs générations d’écologistes pour qui la nature est de première importance.

            Alors en somme, pourquoi doit-on se battre ? Où mettre l’effort ? Syndicalisme révolutionnaire ou retour à la terre ? Est-ce que d’abolir le capitalisme sera suffisant à sauver la nature ? C’est la vision même de la Révolution qui est en jeu : s’agira-t-il d’un syndicalisme prolétarien urbanocentriste ou d’une révolte paysanne à travers diverses communes agricoles en périphérie ? Les deux visions peuvent-elles coexister ? 

 

4.2 L’action directe

 

L’action directe est très prisée par les écoanarchistes, ne serais-ce que par le Earth Liberation Front qui a sut causer plus de 100 millions de $ US à travers le monde depuis sa création en 1993[39], ou Earthfirst ! dont les coups sont souvent médiatisés : les fameux tree sits où une ou plusieurs personnes logent dans des arbres menacés par la coupe pendant de longue périodes, si ce n’est des années durant. [40] Qu’il s’agisse de sabotage (monkeywrenching), de luddisme, d’occupations en forêt (tree sits), de destruction d’organismes génétiquement modifiés (uprooting), d’attaques à la réputation (culture bashing) ou simplement d’attentats incendiers (arson attack), l’action directe fait partie intégrante de la culture écoanarchiste, aussi spectaculaire qu’entraînante.

Évidemment, considérant les énormes conséquences légales qui font suites aux actions directes démantelées par les autorités, il faut bien s’attarder aux raisons de recourir à une telle technique. Toutes les tendances écoanarchistes sont promptes à l’action directe, chacune selon leur situation, chacune selon leur stratégie, chacune selon leur système de valeur.

Une seule constante demeure : mis à part les organismes génétiquement modifiés (OGM) la vie ne doit jamais être ciblée. [41]

Il y a quatre raisons pourquoi l’action directe est considérée un choix judicieux pour être conséquent et conséquente avec l’écoanarchisme : L’action directe n’est pas récupérable. Elle est réelle, elle est matérielle, et porte son propre sens en elle-même, peu importe l’analyse qui sera faite à son propos. L’action directe peut retarder une destruction. Lors de batailles désespérées, l’action directe (notamment en forêt) peut retarder les opérations et donne plus de temps à une mobilisation populaire de s’organiser. L’action directe cause un dommage économique. C’est le cas de toutes les actions du Earth Liberation Front : attaquer le système capitalisme dans sa nature, faire que telle ou telle opération perde sa rentabilité à cause des attaques d’activistes. L’action directe comporte un attrait émotionnel. C’est le réflexe irrationnel de n’importe quel individu qui s’attache à la cause par amour ou solidarité, la vie et la liberté si sacrés pour les écoanarchistes sont constamment menacés et le désespoir que suscite l’État-Prison mène à des moyens extrêmes où l’on peut retirer une reconnaissance de soi-même, une sorte d’aventure héroïque pour la justice, si romantique soit-elle.

 

4.3 Le cas de Montréal : les observations de l’auteur

 

            Montréal a toute une historique de contestation. Au Québec, il s’agit du berceau d’un mouvement social très fort en proportion de sa faible population.  L'anarchisme à Montréal n’a pas une histoire très longue, mais plutôt son activité s’est concentré dans les trente dernières années sans jamais cesser de croître. On peut maintenant réclamer la supériorité en nombre et en influence de l’anarchisme sur le communisme à Montréal : affirmation qu’il serait mal aisé de faire ailleurs.

            En ce qui concerne les écoanarchistes, on relate que malgré l’existence de quelques individus autour de l’édifice anarchiste de la Libraire Alternative, le premier groupe organisé à se déclarer en tant qu’écoanarchiste fut Food Not Bombs de l’Université Condordia entre 1996 et 2001. Il y eut aussi la présence du Animal Liberation Front (ALF) à l’intérieur de ces murs, mais étant donné sa réputation terroriste, disparut rapidement.

            Un rapprochement à faire entre l’écoanarchisme et les éditions Black Rose Books et Écosociétés est évidemment à faire, mais il ne s’agissait là que de réseaux de diffusion comprenant quelques sujets écologistes.

            Puis, en 2001, Montréal connu la création de la Mauvaise Herbe en tant que point de convergence écoanarchiste à Montréal pour la rédaction d’un zine (petit magasine artisanal) à plusieurs numéros par année, encore actif jusqu’à ce jour. Suivirent Agite Bouffe à l’UQAM en 2002 : un groupe de distribution de nourriture biologique et de produits naturels. Ensuite, Pain Panais & Liberté en tant que comité bouffe de la Convergence des Luttes Anti Capitalistes (CLAC), ainsi qu’en janvier 2003 la création du groupe d’action surnommé Collectif Liberterre qui se lança exclusivement dans la propagande et l’action directe depuis ce temps, ainsi que la Terre d’Abord (Earthfirst!) vers l’automne 2003.

            La tendance de l’écologie profonde dans le mouvement écoanarchiste semble être la plus prononcée, quoique les primitivistes et anti-civilisationnels sont aussi très présents.

            À noter que dans la ville de Québec, les seules manifestations de l’écoanarchisme sont dans le groupe de bouffe Dada à faim, et de façon beaucoup moins prononcée dans l’écologisme social des Amies de la Terre dont seulement certaines personnes représentent la pensée libertaire.

            Il n’est donc plus rare d’observer le déploiement de drapeaux verts et noirs dans les fréquentes manifestations radicales de la province. Le mouvement écoanarchiste Montréalais viendrait donc récemment de devenir assez répandu pour se manifester ouvertement, faire sa place dans la communauté, et agir de façon constante et directe.

 

5. Conclusion

 

Stipuler que l’écoanarchisme consiste en une actualisation de l’anarchisme n’est pertinent que lorsqu’on confine le mouvement libertaire à sa seule qualité humaine, en tant que mouvement purement social et hermétiquement isolé de toute problématique écologiste. À elle seule, une science sociale ne peut que se reproduire sur elle-même : elle demeure aveugle à l’habitat dans laquelle tout mouvement évolue. L’écoanarchisme est un rappel qu’il faut, peu importe quelle forme on y donnera, une redéfinition de la place de l’humanité à l’intérieur de la balance naturelle de la Terre entière.

Je conçois dans ma réflexion que la qualité utopiste des tendances plus extrêmes de l’écoanarchisme - et je fais référence surtout au primitivisme - ne sont que proportionnelles à la gravité de la crise écologique que subit le macrosystème planétaire depuis le tournant du 20e siècle.  À une situation apocalyptique, une révolution idéaliste. À un problème extrême, une solution radicale. Tout ce qui me désespère, c’est cette apparente incurabilité du genre humain, cette sorte de besoin de crise aiguë qui peut à elle seule motiver les déplacements qui entraîneraient un changement sociétaire positif. J’ai peur que cette dernière décennie d’angoisse et de désespoir ne soit que décuplé dans les années à venir : le Pouvoir refuse d’être délogé, alors nous sommes devant un mur. Ainsi attablés devant notre propre incapacité à créer le monde dans lequel nous souhaitons vivre et élever nos enfants, notre propre indifférence nous rattrape et se change en apathie : l’appel du nihilisme que Nietzsche prévoyait pour nous et nos générations futures, il y a de cela 150 ans déjà, est une mordante réalisation, un sombre constat, et je comprend avec une souffrante acuité la raison de l’utopisme des écoanarchistes : c’est que devant le Pouvoir, nous nous assoyons en rond, et nous poussons nos idées, nos réfléchissons au problème, et nous nous préparons pour ce moment où le Pouvoir deviendra – par sa propre faute –  assez faible pour qu’une véritable situation révolutionnaire soit à notre portée. D’ici là, tristement, des années noires nous attendent.

Non plus croirais-je qu’il soit nécessaire de distancer la pensée écologiste du mouvement anarchiste, ni même que le mot « écoanarchisme » soit absolument pertinent, au même titre qu’anarcha-féministe (le patriarcat ne pouvant ni être ignoré ni toléré par les anarchistes, pourquoi le mentionner ?) soit pris autrement que de manière informelle : je sais pertinemment qu’une logique anarchiste conséquente ne peut asservir les animaux, les plantes, et manipuler la vie à l’aide de la science et s’appeler anarchiste, que si la liberté peut prévaloir sur le système-monde écocidaire du Nouvel Ordre Mondial, que ce ne sera pas la liberté de vivre cloîtrés dans les usines, ni la liberté de garder chez soi des esclaves, pourvu qu’ils ne soient pas humains, ce sera la liberté d’instaurer une organisation éthique, saine et bonne à vivre.

            L’idéal libertaire ne trouve son sens, ni son énergie, dans une vision qui exclue le respect de la vie. Peut-être n’y a-t-il pas de Dieu ou de Nouvel Age qui puisse servir de valeur transcendante à tout questionnement philosophique de l’anarchisme, mais si terre et liberté ne suffisent pas à nous procurer à la fois le moyen et la fin de notre lutte idéologique, alors rien ne suffira.

            L’écologie dans l’anarchisme est une innovation parce qu’elle offre une nouvelle raison de se battre et hurle un impératif qui peut rejoindre chacun et chacune. Et si nous n’avons aucune chance, encore nous ne pouvons baisser les bras. Et si l’échec conclue nos meilleurs idées, nos sacrifices les plus terribles, encore devons-nous lever les yeux vers le ciel et espérer le meilleur lendemain…

Parce que si ce n’est pas maintenant, ce sera quand ?  Si ce n’est pas nous, ce sera qui ? Terre et Liberté, sans compromis… »

Amour et défiance,

Nox. contact : nox@resist.ca

 

Bibliographie :

A)  Livres

RECLUS, Élisée, L’homme et la terre, tome I, Paris, La Découverte, 1982, 182 p.

RECLUS, Élisée, L’homme et la terre, tome II, Paris, La Découverte, 1982, 222 p.

BIEHL, Janet, Le municipalisme libertaire, Montréal, Écosociété, 1998, 293 p.

Fédération anarchiste, Anarchisme écologie luttes anti-nucléaires, Groupe d’Angers de la Fédération anarchiste, 35 p.

BOOKCHIN, Murray, Qu’est-ce que l’écologie sociale ?, Lausanne, Atelier de création libertaire, 2003, 41 p.

WOODCOCK, George et AVAKUMOVIC, Ivan, Pierre Kropotkine, prince anarchiste, Montréal, Écosociété, 1997, 453 p.

VANEIGEM, Raoul, Le livre des plaisirs, Bruxelles, Labor, 1979, 200 p.

BAGGI, Vladimir, Le nihilisme, Paris, Flammarion, 1998, 233 p.

VANEIGEM, Raoul, Les hérésies, Paris, Que sais-je ?, Presses universitaires de France, 1994, 125p.

ELLUL, Jacques, Le système technicien, France, Calmann-Lévy, 1977, 360 p.

WATSON, David, Against the megamachine : essays on empire and it’s enemies, Detroit, Autonomedia, 1995, 334 p.

ZERZAN, John, Elements of refusal, Eugene, Etats-Unis, Paleo, 1999, 308 p.

THOREAU, Henry David, Walden ; or life in the woods, Dover, Etats-Unis, 1995, 216 p.

 

B) Brochures

ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, 31 p.

ANONYME, Marxisme et la révolte de la nature, Montréal, La mauvaise herbe vo.3 no. 1, 2004, 27p. 

ANONYME, Critique anarchiste de la civilisation, Montréal, La mauvaise herbe vo.3 no. 1, 2004, 27p. 

 

C) Documents électroniques

Federation Nord-Est des Anarcho-Communistes (NEFAC), « Buts et principes », http://www.nefac.net/newswire/display/588/index.php?PHPSESSID=036ede23802144b48c779e77c8ebafab

Coalition against civilisation , « About CAC : Who we are and where we stand »,

http://www.coalitionagainstcivilization.org/about.html

Collectif Liberterre « Qui sommes-nous ? », http://ase.ath.cx/hosted/liberterre/collectif.html

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http://earthliberationfront.com/about/

Black and green network, « Notes on Green Anarchy », http://www.blackandgreen.org/notes.html

RYDER, Martin, « Luddism and the neo-luddite movement », University of Colorado at Denver, http://carbon.cudenver.edu/~mryder/itc_data/luddite.html

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ZERZAN, John, « Against civilisation : readings and reflections »

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Institute for Social Ecology « About the ISE »

http://www.social-ecology.org/staticpages/index.php?page=about&topic=about

Earth First, « How deep is your deep ecology? »

http://www.earthfirstjournal.org/efj/primer/Deep.html



[1] RECLUS, Élisée, L’homme et la terre, tome I, Paris, La Découverte, 1982, p.64

[2] ANONYME, Critique anarchiste de la civilisation, Montréal, La mauvaise herbe vo.3 no. 1, 2004, p. 25 

[3] ZERZAN, John, Elements of refusal, Eugene, Etats-Unis, Paleo, 1999, p. 308 p.107-110

[4] Idem

[5] Idem

[6] RECLUS, Élisée, L’homme et la terre, tome I, Paris, La Découverte, 1982, p.65

[7] Ibid, p.64

[8] WATSON, David, Against the megamachine : essays on empire and it’s enemies, Detroit, Autonomedia, 1995, p. 3

[9] ANONYME, Marxisme et la révolte de la nature, Montréal, La mauvaise herbe vo.3 no. 1, 2004, p. 4 

[10] ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, p. 3-5

[11]  Idem.

[12] Idem.

[13] ZERZAN, John, Elements of refusal, Eugene, Etats-Unis, Paleo, 1999, p. 158

[14] ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, p. 20

[15] BIEHL, Janet, Le municipalisme libertaire, Montréal, Écosociété, 1998, p. 3

[16] ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, p. 5

[17] Earth Liberation Front « Meet the E.L.F. »

http://earthliberationfront.com/about/

[23] ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, p. 21

[25] BIEHL, Janet, Le municipalisme libertaire, Montréal, Écosociété, 1998, p. 19

[26] ANONYME, Green anarchism : it’s origins and influences, Oxford, Autonome Distribution, 1994, p. 21

[27] Ibid, p. 23

[28] Coalition against civilisation , « About CAC : Who we are and where we stand »,

http://www.coalitionagainstcivilization.org/about.html

[29] Black and green network, « Notes on Green Anarchy », http://www.blackandgreen.org/notes.html

[30] WATSON, David, Against the megamachine : essays on empire and it’s enemies, Detroit, Autonomedia, 1995, p. 140

[31] Idem.

[32] VANEIGEM, Raoul, Le livre des plaisirs, Bruxelles, Labor, 1979, p. 187

[33] ZERZAN, John, Elements of refusal, Eugene, Etats-Unis, Paleo, 1999, p. 16-35

[34] Collectif Liberterre « Qui sommes-nous ? », http://ase.ath.cx/hosted/liberterre/collectif.html

Ecrit par Mirobir, à 04:29 dans la rubrique "Pour comprendre".



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