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Allemagne - Kirchheim ou quand les nazis s’installent près de chez vous
lu sur avoixautre : "  Le 13 janvier, quelques 800 antifascistes ont manifesté, malgré les provocations et violences policières, à Kirchheim pour protester contre un centre nazi. Retour sur les raisons de la mobilisation.

Bienvenue à Kirchheim, un paisible village de quelques 2 000 habitants perdu dans la campagne allemande et situé à une trentaine de kilomètres au nord de Mannheim. A l’entrée du village, le drapeau du NPD et la Reichskriegsflagge [1] flottent au-dessus d’une vieille bâtisse. Voilà un an que le parti d’extrême droite s’est installé dans le village, poursuivant ainsi sa stratégie d’implantation dans la région.

Le centre nazi

A Kirchheim, le NPD loue une maison qui s’étend sur 3000 m2. Le parti d’extrême droite l’a transformée en un centre de formation politique pouvant accueillir des soirées électorales et des concerts avec plusieurs centaines de participants. Outre les conférences et autres réjouissances, les nazillons s’y entraînent aussi aux sports de combats. Le lieu est utilisé comme un refuge, un endroit où les militants peuvent se rencontrer, se former et coordonner leurs activités et actions en toute tranquillité. Dans un deuxième temps, il s’agit aussi d’un outil de propagande vers l’extérieur par lequel le mouvement espère pouvoir diffuser l’idéologie nationale socialiste.

A la campagne où il n’y a guère de divertissements, notamment pour les jeunes, les nazis et le NPD misent sur leur capacité d’attraction en organisant des concerts, des soirées, des formations politiques et des défilés. Ces différents éléments constituent une espèce de « programme d’activité », une sorte d’aventure mythique mêlant à la fois violence, amitié virile et politique. Si le NPD peut aujourd’hui mettre en place une telle stratégie c’est qu’il a su au fil des années s’implanter dans la région.

Dans l’ombre du NPD

Après cinq années de recherches infructueuses, et les tentatives avortées de Elmstein (2002), Hochstätten / Bergstrasse (2004) et Mannheim (2005) pour trouver des locaux, les nazis ont finalement élu domicile à Kirchheim. Si c’est le NPD qui loue très officiellement les locaux, il est loin d’être la seule organisation à s’en servir. Le centre nazi sert dans les faits de point de ralliement à une bonne partie de l’extrême droite locale et a même acquis une certaine notoriété au niveau national.

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Le centre nazi à l’entrée du village
Le centre nazi à l’entrée du village

Derrière les responsables officiels du centre se cache une structure de militants nazis qui s’est formée au fil des ans dans la région dite du Rhein-Neckar [2]. Le NPD n’est dans une certaine mesure que la vitrine légale de cette structure qui est principalement constituée par les Freien Kameradschaften [3] qui sont coordonnées au sein de l’ « Aktionsbüro Rhein-Neckar ». Des liens étroits entre le NPD et cette structure existent par le biais de certains militants comme Christian Hehl, Sascha Wagner et René Rodriguez-Teufer qui ont la double appartenance et qui de par leurs relations personnelles ont très certainement su favoriser ce rapprochement. Ce n’est donc pas un hasard si l’on retrouve aussi à Kirchheim les militants de l’ « Aktionsbüro Rhein-Neckar », qui entretiennent l’agitation et qui se profilent derrière quasiment tous les événements d’extrême droite qui se déroulent dans la région.

Les dangers d’une implantation durable

Habiter à Kirchheim, à quelques mètres d’un centre nazi, ne doit guère être réjouissant surtout quand on a la peau foncée. Croiser des militants nazillons au jour le jour n’est en effet pas une perspective attrayante. Même si on en est très loin, le danger que les nazis transforment certaines parties du sud du Rheinlandpfalz en une espèce de « zone nationalement libérée » n’est pas à exclure, notamment s’ils peuvent y agir sans être inquiétés.

Les « zones nationalement libérées » et autres « no go areas » sont des zones géographiques précises que les nazis et le NPD veulent débarrasser de tous ceux qui sont considérés comme des ennemis (immigrés, gays et lesbiennes, militants de gauche, etc.). C’est à la fois par la violence concrète et par l’impact psychologique de cette dernière que les nazillons espèrent « nettoyer » un quartier ou un lieu donné. Ces fameuses « no go areas » ne sont donc pas seulement le résultat des violences qui y sont commises par l’extrême droite. Une présence agressive dans la rue de militants peut induire un sentiment de peur et avoir pour résultat que certaines personnes évitent tel ou tel endroit de peur d’y être agressées.

Il paraît intéressant de voir quelle tournure ont pris les événements dans d’autres régions de l’Allemagne lorsque les nazis y établissent des structures solides à travers des centres, des cafés et des magasins. On assiste alors à une volonté de contrôler la rue. Cela prend plus ou moins de temps en fonction des villes et régions et n’est pas toujours couronné de succès. Mais au final ces agissements se traduisent quasiment toujours par une multiplication des agressions dont les immigrés sont les premières victimes et plus généralement tous ceux qui s’opposent à l’idéologie nationale socialiste.

C’est pour éviter que Kirchheim et sa région ne connaissent une évolution similaire qu’il est important de dénoncer sans cesse l’activité de l’extrême droite, d’autant que leur propagande trouve un écho.

Leurs idées avancent à Kirchheim et ailleurs

L’extrême droite trouve à la campagne comme ailleurs un terreau de plus en plus favorable pour sa propagande. Divers éléments contribuent à faire avancer les idées d’extrême droite dans la société. Médias et partis politiques de toutes tendances reprennent et relayent trop souvent leurs idées au centre de l’échiquier politique. Les idées fascistes n’en deviennent que plus difficiles à combattre dans la mesure où on les rend acceptables et qu’elles apparaissent comme banales. Il n’est donc pas étonnant de voir se développer parallèlement une criminalisation de l’action des antifascistes.

Un élément révélateur de l’avancée des idées nationalistes a notamment été le développement d’un « nouveau patriotisme » qui a vu le jour à la suite de la coupe du monde en Allemagne. Tout un débat relayé par une écrasante majorité de la classe politique sur la nouvelle fierté allemande et le patriotisme décomplexé a tout naturellement apporté de l’eau au moulin de l’extrême droite qui n’en attendait pas tant. Dans un pays où la manifestation ostentatoire du patriotisme et du nationalisme paraissait rapidement suspecte et était souvent réservée à l’extrême droite, s’afficher avec la bannière nationale est devenu banal. Pour beaucoup, ce fut le moment de faire enfin table rase du passé, de tourner la page du national socialisme au risque de l’oublier. Enfin, après tant d’années, « on pouvait de nouveau être fier d’être allemand ». Tandis que l’extrême droite se frottait déjà les mains, la classe politique allemande se félicitait de la nouvelle confiance retrouvée.

Passons à l’offensive : manifestation à Kirchheim

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La manifestation antifasciste. Drapeaux rouges et noirs.
La manifestation antifasciste. Drapeaux rouges et noirs.

C’est pour manifester contre le centre nazi de Kirchheim et la propagation de l’idéologie nationale socialiste que les antifascistes radicaux de Saar et du Bade Würthemberg ont décidé de lancer une campagne régionale pour dénoncer l’implantation des nazis à la campagne. Ils ont voulu montrer qu’il n’y avait pas de refuge pour les nazis et leurs idées.

Les antifascistes institutionnels n’ont pas voulu se joindre à la mobilisation ; une des raisons était qu’ils ne souhaitaient pas qu’on associe leur village ou région à l’extrême droite. En guise de réponse, les antifascistes radicaux ont souligné dans leur appel que « pour combattre l’agitation des groupes fascistes efficacement, il fallait se confronter au problème. Nier leur existence ou détourner le regard notamment pour ne pas salir l’image du village revient finalement à les accepter et participer à rendre les idées nazies fréquentables. Celui qui ignore l’extrémisme de droite lui ouvre la route ! ».

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La manifestation antifasciste. Drapeaux rouges et noirs.
La manifestation antifasciste. Drapeaux rouges et noirs.

La double manifestation à Grünstadt et à Kirchheim fut un succès en rassemblant quelques 800 personnes et trouva aussi un important écho dans la presse locale. L’ « Aktionsbüro Rhein-Neckar » qui avait promis des actions et un comité d’accueil de plus d’une centaine de nazis (exclusion faite des femmes, pour être plus apte aux combats d’après leur propre site) rassembla péniblement une trentaine de blaireaux à l’intérieur et sur le toit du centre nazi. A Grünstadt la manifestation fut rejointe par des habitants du village ainsi que par les jeunes Verts et la Wasg - die Linke (communiste et extrême-gauche). En dépit d’un déploiement policier important appuyé par un hélicoptère et la volonté manifeste des policiers d’en découdre, les deux manifestations ont pu se tenir jusqu’au bout malgré les heurts qui ont émaillé le parcours et pendant lesquels une dizaine de personnes ont été blessées et une personne admise aux urgences pour un traumatisme crânien.

En rassemblant 800 personnes à la campagne, les antifascistes radicaux ont envoyé un message clair : « Il n’y aura pas de refuge pour les nazis et leurs idées ! Où qu’ils soient nous les combattrons ! » Une chose est sûre, comme le scandait d’ailleurs le cortège devant le centre nazi : « Keine Frage, wir kommen wieder - pas de doute, nous reviendrons. »

[Olynx - Fédération Anarchiste - groupe de Strasbourg]

[1] Il s’agit du drapeau de l’Empire prussien (1871 à 1918) qui est très utilisé dans les milieux d’extrême droite.

[2] La région du Rhein-Neckar (sud-ouest de l’Allemagne) est composé de trois Land : Le Bade Würthemberg, la Hesse et le Rheinland-Pfalz

[3] Les Freien Kameradschaften ont fait leur apparition au milieu des années 1990 suite à l’interdiction de nombreux partis néo-nazis. Des groupes informels, sans aucune base légale, se sont dès lors créés avec pour but d’échapper aux interdictions. Travaillant par des réseaux informels, ces groupes sont fortement reliés entre eux notamment par les « bureaux d’actions » qui sont suprarégionaux. Ils se voient comme une des composantes de la « Résistance nationale ». Réputés pour leur violence ils rassemblent souvent les éléments les plus radicaux de l’extrême droite. Eux-même se présentent comme les héritiers des SA.

Ecrit par patrick83, à 10:40 dans la rubrique "International".



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