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...10 ans pour changer les Indiens, pour les civiliser. Par exemple, l'Education Nationale est présente et les enseignants sont recrutés là, comme partout ailleurs, comme s'il s'agissait de la même population. On n'encourage pas une pédagogie bilingue et biculturelle en ne recrutant que de jeunes ethnologues. On incite au contraire les élèves à quitter la forêt pour continuer leurs études en ville, sur le littoral. On crée ainsi de nouveaux besoins, difficiles à satisfaire. Les Indiens en sont si déstabilisés qu'ils se réfugient dans l'alcool ou choisissent le suicide. J.Chirac révélait lui-même en 1997 à Cayenne que les 5/7 des subsides de l'Etat distribués sur la commune de Camopi, peuplée d'Indiens Wayampi et Teko, (allocations familiales et R.M.I), servaient à acheter de l'alcool et donc à enrichir les brésiliens qui se sont installés à cet effet sur la rive brésilienne du fleuve frontière Oyapock, en face du village indien de Camopi. Ces brésiliens habitent illégalement dans le Parc National brésilien de 38000 km2 qui entoure la Guyane depuis août 2002. la création du Parc en Guyane pourrait accélérer cette occidentalisation puisqu’il est prévu par ce biais de faciliter l’accès aux emplois salariés pour les Indiens, comme de faciliter leur entrée dans l’économie commerciale/ vente d’artisanat, incitation à la modernisation de leur agriculture pour la vente d’excédents aux touristes.
Par ailleurs, au prétexte de l’intoxication au mercure des poissons, du fait de la présence des chercheurs d’or depuis 10 ans ou 15 ans, il est prévu non pas d’éradiquer cette invasion d’orpailleurs, mais de s’en prendre à l’inverse aux Indiens. L’Etat voudrait inciter ceux-ci à changer leurs coutumes alimentaires. Par exemple, au lieu de pêcher, de se salarier pour pouvoir acheter leur nourriture dans les magasins. Dans le projet actuel de Parc, il est prévu d’aider les Indiens à changer leur mode de vie, mais les techniciens de l’Etat osent ajouter : « tout en respectant les coutumes », « valoriser » (leur mode de vie ?) ou « développement des communautés d’habitants » ou encore « développement durable dans le respect des modes de vie des populations ».
2ème raison pour supprimer les avantages concédés :
- si les bénéficiaires gênent la recherche et l’exploitation de substances minières. Les arrêtés du décret de 1987 précisent qu’il est interdit dans ses espaces dits de « droits d’usage collectifs » d’exploiter des substances minières. Et pourtant, des orpailleurs toujours impunis, tel le tristement célèbre Jean Bena (voir le film effrayant de Philippe Lafaix : « La Loi de la Jungle », toujours interdit de diffusion à la télévision !) ne se gênent pas sur la rivière Waki, en pleine zone de droits d’usage collectifs constatés au profit des amérindiens depuis mai 1995 ! La directive préfectorale du 3 juillet 1997 prohibe expressément l’activité minière dans les 30000 km2 du tiers-sud de la Guyane nommé « pays indien » depuis 1970. Sans effet à ce jour, malgré l’insistance des Indiens à exiger d’abord l’éradication de l’orpaillage sur leurs terres, avant tout éventuelle décision concernant la création d’un Parc National. Les chercheurs d’or, jusqu’à présent, ne semblent que légèrement « chatouillés » par les opérations de répression dites « anaconda », car l’Etat ne donne l’ordre d’agir qu’aux gendarmes – peu habitués à l’Amazonie – et non à le Légion, qui s’y entraîne en permanence depuis son arrivée en 1962.
Comme entre l’orpaillage légal et l’orpaillage illégal « il n’y a que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette »(selon le mot fameux d’un responsable de la gendarmerie !), vous êtes en droit, dans votre courrier à l’Etat, d’exiger l’interdiction effective de tout orpaillage, avant tout re-départ des discussions pour établir ce qu’il faudrait faire pour protéger vraiment les près de 8 millions d’hectares de forêt guyanaise, sans pour autant aggraver l’ethnocide des populations amérindiennes.
L’actuel projet n’envisage que de protéger environ deux millions d’hectares : la zone dite cœur de parc. Mais même dans cette zone, il est prévu d’y tolérer des travaux, par exemple des infrastructures (routières) pour satisfaire les vœux du Conseil Régional en matière de désenclavement. Selon la nouvelle loi sur les Parcs (avril 2006), le projet doit être soumis au Schéma d’Aménagement Régional (S.A.R), (voir le texte du projet p. 25).
3ème raison : si les bénéficiaires gênent les dispositions relatives à la protection de la nature et des espèces animales et à la défense de l’environnement. Donc si par exemple on crée un …Parc National.
Dans ce cas on peut retirer les avantages du décret de 1987. Le projet actuel précise p.20 ce qu’il advient de ces droits d’usage collectifs sur 5628 km2 selon que l’on sera en zone de libre adhésion (ex. « périphérique ») ou en zone-cœur (ex. « zone centrale » dans l’ancienne loi de 1960) du futur parc. On sait déjà que les mines d’ors seront autorisées en zone de libre adhésion, surtout au sud de Maripasoula, malgré l’existence des villages Wayana et Teko, et malgré les protestations véhémentes des Indiens.
4ème raison : si les bénéficiaires gênent la réalisation de travaux d’aménagement ou d’équipements collectifs.
Ainsi donc par cet article R 170-57, qu’il s’agisse de protéger ou de détruire la nature, tout est prévu pour enlever aux Indiens les droits constatés à l’article précédent !
De plus, comme l’ont souligné les principales associations françaises de protection de la nature : FNE, SNPN, UICN-France, la réforme de le loi française de 1960 impulsée par le député J.P. Giran et votée le 14 avril 2006, peu après l’arrêté de prise en considération du « Parc Amazonien en Guyane » signé par le premier Ministre le 13 mars 2006, cette réforme opère un véritable bon en arrière en matière de protection de la nature. Pire, des articles spéciaux, tel l’art. 9, ont été voté pour faciliter la tâche du lobby aménagiste et développementiste qui règne au Conseil Général et au Conseil Régional de la Guyane. Outre l’obéissance au S.A.R, il est précisé que même dans la zone centrale « cœur de parc », on pourra accorder des facilités pour la réalisation de travaux.
Le décret de création du Parc n’impose des mesures de protection de la nature que dans la zone cœur. Le reste est dit de « libre adhésion », soumis au droit commun. Les communes se contenteront d’y appliquer une « charte de libre adhésion » si peu exigeante que même des mines d’or pourront être autorisées !
Il faudra aussi, par vos lettres, comme le souligne l’amérindienne Brigitte Wyngaarde sur le site de Tamanoir, les Verts Guyane, ainsi que le chef coutumier Wayana Amoïpoti, et encore l’amérindienne Teko Tiiwan Coushili Maurel, ces deux derniers cités par J. Silberstein dans son livre, « Calina : une famille indienne en Guyane Française » (Albin Michel, coll. Terres Indiennes), insister sur l’opposition des Indiens à la présence des touristes. Donc insister sur l’extrême importance du maintien de l’interdiction de toute pénétration touristique au sud de la ligne qui relie Elahé, à la confluence Tampoc-Maroni, au village de Camopi, à la confluence Oyapock-Camopi, en vertu de l’arrêté préfectoral du 14 septembre 1970 n° 1236/PDC, modifié 1845/C le 3 octobre 1977 et 1745/C le 26 juillet 1978. Cette interdiction doit être maintenue, parc ou pas. C’est d’ailleurs pour cela que la seule partie visitable du parc doit se situer dans sa partie nord, par exemple autour du village de Saül, et non dans la zone de 30000 km2 appelée « pays indien » dans les considérants du texte du 14 sept.1970. C’est aussi pour cela que des scientifiques tels que le botaniste Francis Hallé ou l’ethnologue Eric Navet souhaitent, depuis le début, que le Parc soit crée en Guyane, non dans le sud, destiné à devenir une sorte de « Nuvanut tropical » (à l’image du territoire concédé depuis 1999 aux Inuits , par le Canada et initiative saluée par J.Chirac qui fut le premier président du monde à le visiter), mais dans le centre et dans le nord, entre Saül et Ounary, avec comme axes de pénétration majeurs pour les visites touristiques, les fleuves Mana et Approuague. Cette partie de la Guyane est la plus intéressante pour les biologistes, en termes de biodiversité et d’endémicité, comme l’explique Francis Hallé dans JATBA, volume 40- 1998- 678 p, revue du labo d’ethnobotanique du muséum 57 rue Cuvier, 75005 Paris. De plus, cette partie centrale et nord de la Guyane est quasi inhabitée : en tous cas il n’y a pas de populations amérindiennes susceptibles d’être ethnocidées par l’affluence du tourisme voyeur ! Si à l’inverse, le tourisme était, de fait du Parc, créé bizarrement dans le sud, et du fait de la suppression de l’arrêté préfectoral de 1970 d’interdiction du tourisme chez les indiens, on assisterait à la réédition de la pratique scandaleuse des zoos humains qu’on a connu en Europe du temps des colonies !
Le ministre actuel du tourisme, dans une lettre de mai 2003, a confirmé son intention de faire supprimer l’arrêté préfectoral du 14 sept. 1970 qui protège le tiers sud de la Guyane contre toute pénétration touristique. Ce seul texte de l’Etat qui nomme le pays indien considère « qu’il convient de respecter le mode de vie, les coutumes, l’organisation sociale et familiale ainsi que le particularisme des populations indiennes ». Mais maintenant le projet vante l’ouverture au tourisme dans TOUT LE PARC (p.28). Le tourisme y est salué comme « un secteur transversal qui aura un effet d’entraînement sur d’autres activités, comme l’artisanat, l’agriculture, et sur la mise en place d’infrastructures… ».
Si ce Parc est créé, la menace contre le règlement qui protège depuis 1970 le pays indien est sérieuse.
Il semble aussi essentiel de s’opposer à un parc qui autoriserait les activités minières dans toute la zone de libre adhésion, zone immense au sud de Maripa-Soula, zone pourtant habitée par les Amérindiens. Il faudrait d’abord que l’Etat procède à l’expulsion de tous les orpailleurs présents en amont des villages indiens, y compris en partenariat avec l’Etat voisin, le Surinam, lorsque ces victimes viennent de ce pays, car selon le rapport de juin 2005 du Dr Cardoso, le nombre d’adultes Wayana dont le taux de contamination dépasse le norme maximale préconisée par l’OMS est passée de 1997 à 2005 de 64% à 84%.
Dans vos lettres, dites « pas de Parcs tant que les chercheurs d’or sont présents dans l’espace envisagé » et « pas de Parc si l’activité aurifère est présentée comme tolérable en zone de libre adhésion » ou « pas de Parc si tous les territoires parcourus et habités par les Teko et les Wayana ne sont pas classés en cœur de Parc ».
Et bien sûr, pas de Parc si le « pays indien » défini en 1970 comme interdit au tourisme n’est pas maintenu.
Tapki
Merci d’écrire à la préfecture de Guyane avant le 20 octobre 2006 :
Comission d’enquête – Préfecture de la Guyane
DCCAI – Bureau de l’environnement et du foncier
Rue Fiedmont
97300 Cayenne
Guyane française