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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Ah ! Ca ira ! A propos des pretendus privilegies
lu sur ainfos : "  Par un retournement sémantique dont seuls les experts en mensonge ont le secret,
l'aristocratie médiatico-politico-économique, par la voix d'un de ses sbires, s'est
mise à qualifier ceux qui lui résistent, comme les cheminots ou les postiers, de
"privilégiés".

"Privilégiés" ? Depuis la Révolution française, ce terme dénonce le droit reconnu
par l'Etat (le roi) à l'enrichissement de la classe dirigeante au dépend de la
majorité de la population. Les premiers privilégiés étaient les nobles, suivis de
près par le clergé (les curés). La noblesse se caractérisait par ses privilèges
fiscaux (elle était exemptée de la ?taille?, c?est-à-dire l?impôt direct aux profit
du trésor royal), politiques (dans la plupart des cas, elle seule avait accès aux
assemblées délibérantes provinciles), de carrières (dans l'armée notamment),
honorifiques (elle entourait le roi à la Cour, elle avait la préséance sur la
"populace") et judiciaires (elle était jugée par un tribunal spécifique : le
parlement).

Le "bon peuple", le "Tiers état", c?est-à-dire nos arrières grands-parents,
allaient bien souvent nu-pieds et le ventre creux. Ils avaient pour tout privilège
celui de financer le train de vie fastueux du roi et de sa noblesse à Versailles,
celui non moins fastueux des princes de l?église ainsi que les guerres et
expéditions maritimes ruineuses sans oublier tout ce qui devait financer les
caprices des reines, des maîtresses et autres catins qui pullulaient à la cour de
Sa Majesté?

Aujourd'hui, comme avant 1789, le "privilège" de la plupart d'entre nous, cheminots
ou pas, postiers ou pas, c'est de galérer tous les mois pour essayer de nous en
sortir. Car, sous prétexte de réduire les "privilèges", le sarkozysme (qui ne
supporte pas la liberté et pour qui la fraternité est un mot parfaitement inconnu)
s'attaque de plein fouet à l'égalité. Sa cible, c?est avant tout les dépenses
sociales (aides au plus pauvres, aux chômeurs, retraités?).

Pour justifier cette politique lamentable et ramasser des voix aux élections, les
sarkozystes ont trouvé leur argument : faire appel à l'égoïsme et à la veulerie des
classes moyennes en leur expliquant que couper les vivres aux pauvres permettrait
de limiter leurs impôts à eux, les cadres, petits commerçants, petits patrons,
professions libérales, fonctionnaires moyens, ouvriers supérieurs? eux qui sont
supposés se "lever à 6 heures" et travailler "pour les autres". Les classes
moyennes ont compris le message. Elles ont bien voté. Maintenant, elles sont Gros
Jean comme devant. Car, si baisse massive des impôts il y a eu, cela n'a pas été
pour elles (et encore moins pour les petits salariés, dont beaucoup, effectivement,
se lèvent à 6 heures du matin ou plus tôt !). Comme quoi, l'égoïsme et la veulerie,
ça rapporte pas forcément ! Seule une poignée d'individus a profité de la réforme
des impôts : Parmi les 1000 contribuables qui ont déclaré les revenus les plus
élevés de France pour 2006, "116 ? ont réduit leur impôt ? de près de 93 %. Chacun
a obtenu une réduction d'impôt de plus d'un million d'euros. Parmi les 10 000
contribuables les plus riches en termes de revenu, 150 n'ont pas payé d'impôt ou
ont obtenu une restitution du Trésor public alors que leur revenu fiscal de
référence était en moyenne de l'ordre d'un million d'euros. Et parmi les 100
contribuables les plus riches en termes de revenu, plusieurs se sont vu rembourser,
en moyenne, 230 euros alors que leur revenu fiscal de référence dépassait, en
moyenne, les 11,9 millions." (Le Monde du 06.06.08).

Sans oublier que 4 658 gros contribuables français se sont domiciliés dans l?année
dans des paradis fiscaux, emportant avec eux les 18 millions d?euros qu?ils
auraient dû acquitter aux impots (Sud-Radio mai 08).

Les ?menus plaisirs? de l?Elysée

Avec la même arrogance, le pouvoir politique augmente ses propres privilèges. Après
une hausse astronomique du salaire du président lui-même, ce sont les "menus
plaisirs"*1 de l'Elysée qui explosent : les dépenses y sont passées de 32,38 à 35,1
millions d'euros en un an. Les frais de personnels ont augmenté de 10,9 % (pendant
qu'ils sont réduits partout dans la fonction publique), la "dotation" (argent de
poche) du chef de l'état a fait une percée de 53 %. Les fastes de l'Elysée n'auront
bientôt rien à envier à ceux de Versailles. Et, comme il se doit, notre souverain
n'a pas oublié sa petite cour : pendant qu'il s'attaquait à l?indemnisatin du
chômage du reste de la population, il a engraissé sans hésiter celle des députés.
Nos soi-disant représentants seront désormais couverts sur la base de 5 400 euros
bruts de manière dégressive pendant 5 ans au lieu de 6 mois antérieurement.

Enfin, les ?potes? patrons, les sieurs du CAC 40, ne se sont pas oubliés non plus.
Ils ont vu dans le même temps leurs salaires augmenter de plus de 58 % en moyenne.
D'après l'Expansion, "Très exactement, le total des revenus cumulés [des patrons du
CAC 40] était de 102 millions en 2006, il passe à 161 millions en 2007." Ainsi
Pierre Verluca patron de Vallourec a vu ses revenus augmenter de plus 2 312 % (4
ans de SMIC par jour rien qu'avec ses revenus de PDG !). Gérard Mestrallet,
baron-pdg de Suez, lui, est plus modeste puisque son salaire n'a augmenté que de
plus de 364 % ! Quant au "pauvre" Martin Bouygues, il a du se contenter d'une
augmentation de 69 % de son misé-rable salaire qui était en 2006 de 4,99 millions.
Ce sont les plus-values sur les stock-options encaissées en 2007 qui ont permis aux
grands patrons d'encaisser des sommes aussi considérables. Avec une augmentation de
351 % par rapport à 2006, les plus-values sur les stock-options ont atteint la
somme totale de 66 millions d'euros en 2007. Remarquons que la plupart des
dirigeants ont eu la "prudence" de liquider une partie de leurs stocks juste avant
la chute des marchés, en août 2007. Comme s?ils étaient au courant par avance?

Tous ces petits messieurs et dames qui grouillent et besouillent dans le marais
politico-économico-médiatique tirent leurs monstrueux revenus de notre exploitation
et leur immense pouvoir de notre crédulité et notre soumission. Ils se font
accorder, des privilèges fiscaux exorbitants. Ils disposent de privilèges
politiques essentiels, comme celui de régenter l'accès à l'information et aux
médias. Ils ont le privilège des carrières (c'est parmi eux, leurs enfants, parents
ou alliés que se recrutent les technocrates de l'ENA et tous ceux qui iront ronger
les gruyères de la "république"). A eux aussi les honneurs, les parties de bateau
avec Sarko, les voyages officiels, les sunlights. Et pour couronner le tout, leur
privilège judiciaire dépasse celui qu'avaient leurs homologues sous l'ancien
régime. S'il y avait autrefois un tribunal spécifique pour juger leurs crimes, nos
modernes aristocrates , quant à eux, sont carrément au-dessus des lois. Quoi qu'ils
fassent (avec, de loin en loin, une exception pour que le bon peuple ne se réveille
pas) ces modernes seigneurs ne passent la porte des tribunaux que pour y donner des
ordres.

Patrons, politiciens, médiateux constituent la nouvelle classe des privilégiés,
aussi nuisible que l'ancienne aristocratie, aussi puante qu?elle, aussi sûre de sa
pérennité, aussi stupide que cette noblesse qui, même le 14 juillet 1789, ne
pouvait croire possible qu'une révolution puisse renverser une monarchie solidement
ancrée dans des siècles d'existence... Et pourtant !

Gracchus B.


_1- Les derniers rois de France avaient une administration spéciale pour leurs
"menus" plaisirs. Par ?menus?, il faut entendre frivoles certainement pas bon
marché ! NDLR : Le ?ça ira? était un des couplets les plus fameux de la Révolution
française (?Ah ! Ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne, à ça ira, ça ira,
ça ira, les aristocrates on les pendra?


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Extrait de Anarchosyndicalisme #107

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Ecrit par , à 18:40 dans la rubrique "Actualité".



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