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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

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Accor, Arcade, etc.
--> Activités négrières de fin septembre à début octobre
LE VENDREDI 30 SEPTEMBRE, au rendez-vous devant le siège d'Arcade, nous n'étions pas très nombreux: quelques-uns d'entre nous étaient malades au fond de leur lit, des sympathisants venus d'Evreux souhaitaient rentrer chez eux par le dernier train, d'autres initiatives avaient lieu sur Paris et sa banlieue (comme le rassemblement pour protester contre l'expulsion du 1 17 , avenue Jean-Jaurès). La pluie s'en mêlait. Nous avons donc choisi un petit hôtel, pas très loin d'Arcade, nous disant que ce serait une soirée tranquille et que nous n'avions qu'à faire « le minimum syndical »...


Le Mercure de la rue de Trévise semble aux trois quarts vide, avec son salon désert et pas même éclairé, et un réceptionniste perdu devant son grand comptoir. Pourtant, l'accueil est assez surprenant: après nous avoir fourni un seau à glace, ledit réceptionniste, nous voyant déballer nos victuailles, veut lui-même débarrasser la nappe et nous virer manu militari. Nous l'invitons à se calmer et à appeler un responsable. L'arrivée de la directrice calme le jeu. On ouvre la blanquette et on tente une négociation, à laquelle elle fait mine de se prêter. Puis elle appelle les flics en douce. Nous nous lançons dans une lecture de « l'esprit Accor » pour lui rappeler les lois de l'hospitalité. L'escalade semble stoppée, place à présent aux discours autojustificateurs: l'appel des flics est dû aux « procédures » qu'elle est censée respecter, l'agressivité de son personnel est due au fait qu'ils sont jeunes et qu'ils ont pris peur. Bref, tout le monde est responsable de quelque chose, sauf elle-même.
Nous lui rappelons quand même que, parmi les différents groupes qui en veulent à Accor, nous sommes les gentils... Alors elle passe au registre: « Je vous comprends et je vous conseille ». « Vous perdez votre temps ici vous devriez voir la direction d'Accor », et quand nous lui rappelons que c'est dans les hôtels qu'Accor fait son beurre et vend son image: « Vous devriez aller dans les hôtels de luxe, pas dans mon petit deux étoiles. » Nous l'informons que nous avons déjà rendu visite au Scribe et à plusieurs Sofitel: « Vous devriez y retourner. » Constatant sa faible force de conviction, elle nous sort un couplet que nous ne connaissons que trop bien: le propriétaire de l'hôtel n'est qu'un franchisé, il n'a rien à voir avec Accor, d'ailleurs il possède aussi un Ibis... Ses femmes de chambre sont très bien traitées, au point qu'être sous-traitées ne fait pour elles aucune différence (eh ben voyons!). Mais pourquoi alors ne les embauche-t-elle pas directement, ce qui résoudrait par la même occasion le problème d'image d'Accor. Un remarquable concentré de mauvaise foi. Qui va s'imbiber de rage montante au fil de la soirée. Cette dame a sans doute l'habitude d'être obéie au doigt et à l'oeil, pardon, au sourire...
Mais voilà les flics qui déboulent... massivement. Allons-nous avoir droit aussi à une intervention du GIGN? Pourtant nous n'avons pas encore détourné d'hôtel... Ils hésitent. Entre-temps, la directrice a renoncé à nous faire virer: elle a eu le temps de comprendre que ce n'est pas forcément bon pour sa carrière. Les flics se concertent, réclament une identité, pour le rapport. Puis se ravisent et vérifient l'identité de tous les présents. Après de longs palabres avec un supérieur, ils froissent par s'éloigner. Et voilà notre ingrate de directrice qui se met à médire de la police...
De notre côté, nous continuons paisiblement notre pique-nique, en invitant clients, personnel et directrice à boire un coup. Mais, ce soir, ils sont tous butés - nous, en revanche, on commence à s'amuser. Les passants s'informent de ce qui se passe et lisent les tracts. Une cliente russe, qui avait pris au passage notre tract en russe (mais si!), revient et s'emporte dans sa langue; la discussion s'avère difficile, mais le sens y est: elle est de ceux qui aiment l'ordre. Des Italiens et des Espagnols nous souhaitent bon courage. Bientôt des copains retardataires nous rejoignent. Affolement de la directrice, qui rappelle les flics. Les voilà qui reviennent, censurent au passage les quelques images prises par une caméra: « Vous avez dit que vous partiriez à 22 heures... » « Vous aviez dit que vous ne vouliez qu'une identité et vous avez contrôlé tout le monde. » Nous résistons encore un peu,.observons la progression de la rage et le recul du sourire chez notre hôtesse, mais nous partons une fois le dessert consommé, en accordant à cet hôtel une note des plus mauvaises pour son accueil.
Lundi 3 octobre, les prud'hommes de Paris ont rendu leur arrêté portant sur un rappel de salaires et indemnités lié au licenciement
abusif de Faty. Les prud'hommes renvoient la décision à celle qui sera prise par le tribunal administratif, qui doit se prononcer sur le fond de la question, à savoir la légalité du licencie-
ment. Évidemment, nous ne resterons pas sans rien faire d'ici là et continuerons à intervenir ....

Comité de soutien aux salariés

Contact: fatysolidarite@hotmail.com http://www.ac.eu.org

Le Monde libertaire #1413 du 27 octobre au 2 novembre 2005
Ecrit par libertad, à 18:07 dans la rubrique "Social".



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