Lu sur Alliance féministe solidaire pour les droits des travailleuses du sexe : "Par Sébastien Barraud, MA Anthropologie, éducateur en école primaire, intervenant social auprès des travailleurs du sexe, syndicaliste, activiste VIH/sida
« Les communautés sexuelles minoritaires sont semblables aux hérétiques. Nous sommes persécutés par l’État, par les institutions de santé mentale, par les agences d’assistance sociale et par les médias. Si vous êtes un pervers sexuel, les institutions de la société ne font rien pour vous, et font beaucoup contre vous. Les dissidents du sexe font face à un flot ininterrompu de propagande, qui sert à justifier les injustices dont ils sont l’objet, qui tente d’affaiblir leur estime de soi et qui les exhorte à abjurer. » (Rubin, 2010 : 132)
En effet, les communautés gaie, lesbienne, bisexuelle, BDSM, fétichiste, échangiste et queer connaissent bien, de par leur histoire documentée par les sciences humaines et sociales, cette dynamique de contrôle social et de discrédit culturel par la majorité dominante et normative. Les personnes trans et intersexuées vivent encore de plein fouet ces discriminations et cette infériorisation de la « déviance ». Les travailleuses et les travailleurs du sexe (TDS) n’échappent pas non plus à cette réalité anthropologique. Au Canada comme ailleurs, le système institutionnel leur refuse toujours la reconnaissance de leurs droits élémentaires à exercer leur activité professionnelle choisie dans la dignité, la sécurité, l’égalité juridique, sociale et sanitaire. Et cela à cause d’un dispositif pénal contraignant et sévère (amende, prison, « quadrilatère »).
Les opposant.e.s à la prostitution s’appuient sur des réseaux puissants, une alliance objective avec les conservateurs, et une idéologie féministe dite « abolitionniste » qui promeut la disparition de toute forme de prostitution. Lorsque l’on analyse de plus près ce courant féministe ô combien prééminent au Québec et en France, on se rend vite compte qu’il s’agit d’un intégrisme s’articulant sur une série d’impostures intellectuelles, sociales et politiques. Explications.