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le Gri-Gri : "Les émeutes dans les banlieues ont permis au ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy d’abreuver les médias français de chiffres plus ou moins farfelus. Certes, le petit Nicolas n’est ni raciste, ni xenophobe. Il semble juste avoir quelques problèmes avec les chiffres, les statuts et les couleurs... Le Joe Dalton du gouvernement serait-il daltonien ?
Le ministre de l’Intérieur est censé être l’homme le mieux renseigné de France. On en doute, à entendre les contre-vérités qu’il prodigue aux uns et aux autres sur les récentes émeutes en banlieue. A moins que Sarko ne joue délibérément avec le feu en multipliant les amalgames douteux ? Les faits sont là, il suffit de reprendre ses déclarations et confidences, auprès des Français et surtout des journalistes, sous couvert des fameux "offs" qu’il prodigue à l’envi à ces derniers. Fin novembre, lors d’un déjeuner, il explique que d’après les rapports de ses services, "ce sont curieusement les Noirs plutôt que les Arabes qui sont violents", et plus particulièrement "les Ivoiriens et les Congolais". Avec une pseudo analyse en prime : la violence serait "culturelle" dans ces pays d’Afrique. On se pince… Une semaine après le début des émeutes, Sarkozy "révèle" à des journalistes lors d’un voyage en avion, que "la moitié des émeutiers sont des étrangers".
Sur France 2, il précise ensuite : ceux qui "posent problème" sont originaires "d’Afrique et d’Afrique du Nord". Il enfonce le clou le 9 novembre à l’Assemblée, en annonçant qu’il a "demandé aux préfets que les étrangers, qu’ils soient en situation régulière ou irrégulière, qui ont fait l’objet d’une condamnation, soient expulsés sans délai". Cette disposition ne sera jamais appliquée car contraire à la loi. Mais le message est fort. Dès qu’il le peut, on le voit, cet amalgame "émeutiers = étrangers", Nicolas Sarkozy s’en fait l’écho. Mais voilà, les émeutes ont pris fin, et les chiffres tombent. Sur 3101 personnes arrêtées pendant la crise, on ne compte que 120 ressortissants étrangers (Le Monde daté du 26 novembre). Soit moins de… 4 %. L’équation "délinquants = Africains" chère à Sarko en prend donc un sérieux coup. Heureusement pour lui, ses petits camarades de l’UMP — Gérard Larcher, ministre de l’Emploi, Bernard Accoyer, président du groupe à l’Assemblée — sont aussi fâchés que lui avec la réalité. Ils relaient ses propos en invoquant la polygamie, pratique africaine, comme source de tous les maux. Outre qu’on voit mal le rapport avec les émeutes, le phénomène ne touche que 15 000 ménages en France. Mais les amalgames, ça paie : les Français approuvent la "fermeté" de Nicolas Sarkozy à 48%, selon le dernier sondage CSA. On est prévenus, le ministre président de l’UMP est prêt à tout pour se constituer sa clientèle de 2007.
LL
