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Samizdat.net : "Une coordination de grévistes « Droit d’asile en danger » poursuit son mouvement de protestation. Des fonctionnaires, des contractuels employés par la fonction publique (Ministère des Affaires étrangères : ministère de tutelle) rejoints ensuite par des avocats spécialisés dans le droit d’asile manifestent leur épuisement face aux conditions inadmissibles réservées au traitement de la demande d’asile en France.
La Commission des Recours des Réfugiés est aujourd’hui la première juridiction française en terme d’affaires jugées (demandes d’asile rejetées par l’OFPRA). Pour répondre à l’objectif qui vise au déstockage de 100 000 dossiers en souffrance dans un délai d’une année, les moyens sont très insuffisants.
Une partie du personnel qui compte aujourd’hui 70% de contractuels proteste en faisant grève depuis jeudi 27 janvier contre ces impératifs de productivité, préjudiciables à un traitement équitable de la demande d’asile.
Les avocats se sont associés à la grève, ce qui est un événement sans précédent dans l’histoire de la juridiction. Avec près de 20 audiences annulées depuis le début du mouvement et le renvoi de près d’une centaine d’affaires à la demande des avocats en grève, c’est plus de 400 dossiers qui ne seront pas traités.Pour répondre à la cadence infernale qui nous est imposée, le mouvement de protestation va en s’amplifiant et le rythme des suppressions d’audiences s’accélère.
Tous ensemble nous réclamons des conditions de travail décentes et un accueil digne des demandeurs d’asile !
Depuis le déménagement de la Commission (les effectifs ayant été multipliés par quatre), les demandeurs sont accueillis dans des conditions inacceptables.
Les rapporteurs (agents instructeurs) sont privés des outils d’information indispensables à une bonne instruction des dossiers (accès internet, fiches pays périmées, centre de documentation surchargé). Les audiences se déroulent dans des conditions souvent difficiles (places assises limitées, bruit, demandeurs assis par terre).
Alors qu’ils sont souvent plus d’une trentaine, les interprètes ne disposent que d’un hall aménagé sommairement avec des paravents pour toute séparation.
Lundi soir le président de la CRR, Jean Massot, a reçu une délégation de grévistes et a continué d’afficher une fin de non recevoir aux revendications exposées.
Mardi soir une délégation de la coordination a été reçue par un député qui a envisagé la possibilité de nommer un médiateur.
Mercredi, le mouvement s’est poursuivi et même amplifié (une soixantaine de grévistes).
Un incident notable a eu lieu dans une salle d’audience devant le refus du Président de séance d’accorder le renvoi des affaires défendues par les avocats en grève.
La direction a réagi en tentant de diviser la coordination. Le Ministère de tutelle (Affaires Etrangères) a proposé un rendez-vous cet après- midi à 15 heures. La coordination a refusé de répondre à cette convocation dans la mesure où n’y ont été conviés que les délégués syndicaux du personnel, qui ne représentent en aucun cas le mouvement.
Nous demandons un relais médiatique !
Montreuil, le 2 février 2005
Le personnel de la Commission des recours des réfugiés (CRR) en grève
Avec le soutien de Sud asile, de l’APRA-CRR (Association Professionnelle des Rapporteurs) et d’ELENA (Association des avocats liés au Conseil Européen pour les Réfugiés et Exilés)
Source : Infozone_l