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Etre travailleuse du sexe en Suède : un enfer rempli de dangers
Lu sur Le blogue de Cybersolidaires : "Être travailleuse du sexe en Suède est dangereux. C’est un enfer rempli de dangers. Nous ne savons plus comment exercer notre métier. Ce que nous avons en Suède, c’est une loi contraignante, qui ne nous sert pas du tout. Le gouvernement suédois veut "réadapter" les travailleuses du sexe, comme si nous étions atteintes d’une espèce de maladie dangereuse. Ils doivent nous réadapter, comme si nous avions le pouvoir de répandre cette maladie.

J’ai essayé en vain d’expliquer aux politicien-nes, aux féministes et à d’autres intellectuel-les ignorants que nous exerçons un métier et que l’exercice de ce métier est un choix. J’ai essayé d’expliquer qu’il devrait plutôt exister des cours sur le travail du sexe. Pour en faire un meilleur métier, plus sécuritaire – surtout pour les travailleuses plus jeunes.

L’état suédois se borne à faire abstraction de notre travail visant à améliorer les conditions des plus jeunes. C’est très difficile en Suède à l’heure actuelle. Très, très difficile. Surtout pour ce qui a trait à la santé. La question de la santé est en suspens et personne ne semble s’en préoccuper. Les travailleuses du sexe sont les victimes du dangereux silence qui les entoure.

Elles doivent protéger leurs clients pour les garder. Elles sont exposées à toutes sortes de criminels, des malades, des sadiques, parce qu’elles doivent protéger leurs clients. La Suède vit de son image – le regard que pose le reste du monde sur le pays est d’une importance primordiale aux yeux du gouvernement. Ils veulent bien paraître, mais ils se foutent de savoir comment nous allons y arriver. Les politicien-nes savent très bien que le travail du sexe continue et que leur tentative ridicule de se débarrasser de nous a complètement échoué. Ce n’est pas parce qu’ils ne nous voient plus que nous n’existons plus. Ils le savent bien. Mais bien sûr, comme la Suède est très loin du reste de la planète, on ne vient pas à tous les mois voir si les putes vont bien.

Une des pires conséquences de cette loi c’est l’augmentation de la prostitution des mineures en Suède. La mafia est arrivée – la mafia russe qui n’a rien à voir en Suède. Si au moins c’était la mafia suédoise! La mafia russe arrive en Suède avec beaucoup de jeunes filles qui ont été enlevées, des femmes plus âgées, des femmes de tous les âges. Beaucoup de putes suédoises ont été assassinées parce qu’elles ne pouvaient plus faire appel à la police. Parce que si une pute appelle la police, tout le monde finit par savoir qu’elle a appelé les flics, ensuite elle a des problèmes et elle perd tous ses clients. Alors beaucoup de femmes et d’hommes sont tués. Des prostituées, des travailleuses du sexe. Comme moi. Comme plusieurs d’entre nous. D’autres ont déménagé. D’autres sont devenues alcooliques, ont perdu leurs enfants et ainsi de suite.

Moi, il y a trois ans, avant l’arrivée de cette loi, je vivais avec mes deux enfants. Plus maintenant. J’ai installé mes enfants au Portugal et je dois bien veiller à ce que l’État ne me les enlève pas. C’est très facile en ce moment en Suède d’enlever ses enfants à une prostituée. S'ils savent que tu te prostitues, ils t’ont à l’œil. Si jamais tu as un problème, ils t’enlèvent tes enfants immédiatement. Comme je ne veux pas courir ce risque, je préfère que mes enfants vivent avec la famille de mon père au Portugal, plutôt qu’avec moi. Cette loi est donc en train de déchirer des familles; je ne suis pas la seule qui vit séparée de ses enfants maintenant à cause de la loi.

Une autre conséquence de la loi, c’est que plusieurs travailleuses du sexe suédoises se déplacent en Norvège, le pays voisin. Il ne faut que quelques heures pour s’y rendre en train. Mais bien sûr quand on vit à 5, 6 ou 7 heures de la Norvège, on ne peut pas revenir à la maison tous les jours. Ce qui veut dire qu’il faut une gardienne. Il faut faire drôlement confiance à sa gardienne. Parce qu’on ne revient que les week-ends, et encore, pas à tous les week-ends. Et ça aussi c’est très difficile. Non seulement c’est gênant, ce n’est pas ça le pire : c’est très dur de laisser ses enfants avec une gardienne pendant une semaine, ou pour deux semaines, parce qu’il faut quitter le pays pour aller travailler. En plus, ça sursature le marché du sexe en Norvège. Les putes norvégiennes n’en peuvent plus, parce qu’elles sont submergées par la compétition. Donc les prix en Norvège se sont effondrés à cause de la loi suédoise.

Les putes fuient vers les pays voisins – le Danemark et la Norvège. Mais les prix au Danemark sont plus bas, alors les putes danoises vont elles aussi en Norvège. Tout d’un coup, la Norvège se retrouve avec des putes danoises et suédoises. Alors ils ne savent plus quoi faire en Norvège. C’est vraiment un problème. Disons que la Suède a eu la gentillesse de passer ses problèmes à ses voisins. Ils sont reconnus pour ça dans les pays scandinaves.

Ensuite il y a l’ancienne pute de luxe scandinave qui n’est plus de luxe et qui craint pour l’avenir. La loi suédoise fait paniquer toutes les putes scandinaves, du nord au sud. Tous les pays voisins, le Danemark, la Finlande, la Norvège, veulent que la Suède change cette loi, mais c’est si difficile. Très, très difficile. Parce que la Suède est contente étant donné qu’elle fait de l’argent sur tous les voyages vers la Norvège et le Danemark. Les transports sont toujours pleins de putes. Et de clients. Les clients prennent parfois le bateau pour se rendre au Danemark ou en Finlande pour baiser. Ceux qui sont paranoïaques et qui craignent la police, ils partent. Ce sont les clients réguliers qui ne veulent pas être pris. C’est un gros problème.

Le gouvernement suédois se montre très égoïste en appliquant cette loi. Tant que l’image du pays est belle aux yeux de leurs homologues conservateurs imbéciles de partout dans le monde, ils sont contents. Ils ne se gênent pas pour envoyer leurs problèmes dans la cour du voisin. C’est comme si, par exemple, je ne voulais pas d’un gros arbre qui pousse dans ma cour; au milieu de la nuit, je vais le déraciner et le lendemain, mon voisin se réveille avec beaucoup d’ombre dans sa fenêtre. On rit, mais c’est vrai. Toutes les putes de la Scandinavie, nous sommes d’accord, la loi suédoise nous met vraiment en colère : ils redonnent leurs problèmes aux voisins. Je crains vraiment que ce genre de choses pourrait se reproduire dans d’autres pays qui veulent se servir du modèle suédois.

Il est donc nécessaire que les pays qui veulent copier ce modèle, surtout les pays voisins, fassent très attention que leur marché ne devienne pas comme celui qu’il y a en Norvège actuellement. C’est la panique. L’organisation norvégienne, la Prostitute Interests Organisation of Norway, la PION, qui est formée de bonnes amies à moi, aide toutes les putes qui traversent les frontières et qui arrivent en cherchant des chambres pas chères et tout, même des choses fondamentales, comme l’asile politique. Mais la travailleuse du sexe norvégienne moyenne, qui a des enfants et des comptes à payer, est très fâchée parce qu’elle n’arrive plus à faire assez d’argent pour payer ses comptes à cause des nouvelles qui arrivent en masse et qui font baisser les prix du marché, et les clients qui se font rares.

C’est dur. Très dur. Et c’est ce qui attend tous les pays voisins de pays qui tenteront d’instaurer le modèle suédois. C’est un modèle dangereux pour les pays voisins. Ces lois sont terribles pour nous les travailleuses du sexe qui vivons dans ces pays. Terribles. Mais pour les voisins, c’est pire, comme ils doivent se débarrasser non seulement des putes locales mais en plus de celles qui ont envahi le pays. Et finalement, je ne sais pas comment ils feront. Je ne sais pas. Est-ce qu’ils vont nous tuer? Nous exterminer? Dans des cavernes à gaz? Nous enfermer pour de bon? Je ne sais pas. Cette politique est extrêmement dangereuse. Personne n’y avait pensé, et elle est très, très, très, très dangereuse.

Je ne me suis pas rendue à l’université, mais j’ai l’impression d’avoir un bac. Un bac en prostitution. J’en sais plus sur la prostitution. Je dirais même que je suis docteure ès prostitution. Et c’est pourquoi je suis assise ici, pour vous parler. Et aussi je veux envoyer un énorme SOS à la Suède, et à tous les pays qui tenteront de copier cette loi manifestement terrible et nulle et inutile. Je veux attirer votre attention, parce que la Suède est un exemple puissant de là où cette stratégie peut mener. Là où la loi et "l’ordre public" peuvent nous amener. S'ils ne reculent pas, nous ne devons pas reculer non plus. S'ils sont un modèle maintenant et qu’ils veulent le rester, nous leur laisserons ce rôle et nous nous assurerons qu’ils échoueront internationalement. Et nous veillerons à ce qu’ils reconnaissent leur erreur, puisqu’en tant que modèle, tout le monde les observe et tout le monde les verra échouer. Tous les pays qui imitent la Suède et qui tentent de nous chasser de la surface de la Terre n’auront qu’à constater que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne et ça, nous ne pouvons le faire qu’à partir de la Suède.

Tous les yeux sont sur la Suède à ce sujet et c’est pour cela que je suis ici, pour faire encore une fois un appel à tous mes collègues, de partout dans le monde."

Pages reliées :
Ce qui cloche avec le modèle suédois, 20.05.2005
L'interdiction d'acheter des services sexuels favorise les pratiques clandestines, 16.07.2002
C'est une pute, Nicole Nepton, 19.01.2002
Critiques of Swedish Prostitution Law

Ecrit par libertad, à 23:10 dans la rubrique "Le privé est politique".



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