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L'En Dehors


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Une semaine en ukraine
--> par Richard Greeman, internationaliste newyorkais.
Comment la gauche ukrainienne voit-elle la dite ‘Révolution orange’ ? Qu’en reste-il six mois après les courageuses mobilisations de masse de qui ont renversé la dictature stalino-mafieuse de l’assassin Kuchma en novembre-décembre 2004 ?  

Voilà ce que j’ai essayé de comprendre pendant une semaine passée à Kiev (maintenant Kjiv ) et à Sevastopol (Crimée) en discussions passionnantes (et passionnées) avec des camarades autour du Parti socialiste ukrainien (très divisé) ainsi qu’avec des altermondialistes, des anarcho-syndicalistes, et des anarchistes (communistes et individualistes) ukrainiens. L’occasion était le séminaire international  « La Gauche anti-totalitaire : stratégies et formes d’organisation » organisé à Kjiv le 23-24 juillet (par le Centre Praxis de la Bibliothèque Victor Serge de Moscou et  par ‘Alternatives’ en Ukraine).

Mon éducation commence à l’aéroport de Paris où j’achète la dernière édition (2005) du Guide Petit futé ‘Ukraine.’  On y explique en détail comment la Révolution orange avait été entièrement financée et téléguidée par le tout-puissant CIA (opinion commune chez ces braves Français futés qui savent aussi que le CIA et Israël était derrière les attentats du 11 septembre).

Les camarades du Parti socialiste ukrainien (ex-PCU) me rassurent : pas de complot. Il y a eu, bien sûr, des certaines interventions ‘démocratiques’ fortement soutenues par des officines américains pour avancer les intérêts de Washington contre Moscou). Mais selon ces camarades la gauche ukrainienne (qui avait organisé des manifestations semblables deux ans avant) restait l’armature organisationnelle de ces étonnantes mobilisations spontanées, et les dizaines de milliers de militants qui ont investi la capitale pendant des semaines en plein hiver pour dire ‘Non’ à la dictature néo-stalinienne des oligarques cleptomanes venaient principalement de la gauche anti-capitaliste.

Or justement, un des camarades du Parti socialiste ukrainien s’est vanté au séminaire d’avoir fait un bon deal avec Yuschenko au moment de la dite ‘Révolution orange’ : contre l’appui dans la rue des troupes du PSU, Yuschenko avait promis au PSU deux ministères (dont l’Intérieur) dans son gouvernement éventuel . Car Yushenko, qui avait été ministre sous Kuchma avant de passer à l’opposition, n’avait pas de vrai parti à lui. Or, six mois après, ces marxistes gouvernementaux du PSU viennent  justifier leur participation au gouvernement Yuschenko au nom du progrès ‘pratique.’ Je veux bien, mais je leur pose la question pratique de l’omelette et des œufs cassés : « Est-ce que votre Ministre de la Justice a réussi à briser le pouvoir des oligarques et coffrer les ‘bandits’ ? »  On parle d’autre chose.

            Le débat idéologique

« Autre chose, » c’est le rabâchage de débats idéologiques et historiques qui remontent à cent ans, car les idées de ces Socialistes ukrainiens semblent aussi figées dans le passé mythique de ‘la Gauche’ que des mouches dans l’ambre. Leurs doctrines sont tellement conventionnelles que l’interprète russe-anglais me confie qu’il traduit la fin des phrases avant même que les orateurs y arrivent ! Une des raisons de ce retard idéologique est historique. Au moment de la dissolution de l’Union soviétique il y a treize ans, le PCU, au contraire du PC russe, est resté à peu près unitaire. Ainsi, parmi les Socialistes (ex-communistes) ukrainiens qui ont participé à notre séminaire il y avait toute la gamme – des socialistes sincèrement libertaires aux Staliniens purs et durs . En effet, de temps à autre du fond de la salle interviennent de véritables dinosaures idéologiques qui se lèvent pour défendre la politique de Staline et qui invoquent l’héroïsme de la Grande guerre patriotique contre tout critique de l’URSS -- alors que la présidente de la séance, la grande et élégante anarcho-syndicaliste Julia Gousseva de Moscou (traductrice de Victor Serge) essaie énergiquement de rétablir l’ordre dans la salle (tout en rigolant du chaos).

Pourtant, aucun pays n’a souffert autant du Stalinisme dont ces socialistes ont la nostalgie. Un musée de Kjiv commémore les trois millions d’Ukrainiens morts d’une famine artificiellement provoquée par Staline (1933-34) -- pour ne pas parler de la déportation en masse de peuples comme les Tatars de Crimée. Et  au Musée d’Histoire j’ai admiré le programme (soviétique et internationaliste) de l’Armée de Libération ukrainienne, qui de 1941 à 1960 se battaient à la fois contre le Nazisme et le Stalinisme. Il y avait de quoi. Je comprends pourtant que ces socialistes ukrainiens de la génération de la Perestroïka se cramponnent au ‘marxisme’ doctrinaire stalinien de leur jeunesse de peur de se voir complètement déboussolés par le néo-libéralisme envahissant.

                Expériences concrètes

A côté de ces marxistes un peu doctrinaires, il y a une nouvelle génération d’Ukraines qui comprend altermondialistes,  anarcho-syndicalistes, anarcho-communistes et anarcho-individualistes) . Je trouve plus intéressants les rapports sur les expériences concrètes, pourtant pas toujours optimistes, de ses minoritaires que les rabâchages idéologiques des Socialistes mal déstalinisés. D’Odessa, sont venus deux jeunes militants proche de Praxis dont les rapports sur leur expérience en milieu ouvrier, très réalistes, soulignent la timidité et la confusion idéologique des travailleurs ukrainiens à cette époque de surexploitation et de chômage rampant. En effet, alors que les salaires sont infimes et que chômage est si grave que des millions de travailleurs ukrainiens sont obligés d’émigrer en Europe et même en Russie ( !) pour trouver de l’emploi, les riches ‘nouveaux Ukrainiens’ construisent un peu partout des villas somptueuses. Encore, le loyer dans les beaux quartiers du centre de Kjiv (reconstruits dans l’après guerre comme habitations ouvrières dans un beau style classico-stalinien) dépassent ceux de Paris et Londres. De plus, le travail ukrainien bon marché fait maintenant partie des chaînes de production trans-nationales, avec l’introduction en Ukraine des pressions et normes de travail néo-libérales.

C’est le contexte des rapports d’Elena Pougacheva de Chelyabinsk sur les colonies anarchistes et du militant ouvrier anarcho-syndicaliste Julian Zyganko, qui est venu de Lviv exprès pour nous raconter ses expériences assez positives de création de syndicats ouvriers autonomes en face des syndicats officiels. Avec notre camarade américain Barry Rodrigue des IWW (Industrial Workers of the World), Zyganko semble rejeter l’institution des conventions collectives et des responsables syndicaux professionnels comme portes ouvertes à la bureaucratisation syndicale. La tentative courageuse de Zyganko et ses camarades zyganco@lviv.net méritent notre solidarité.

A l’autre extrémité du sérieux, nous rencontrons dans les coulisses du séminaire des militants un peu honteux qui ont participé à la fameuse « Fraude trotskiste ukrainienne. » Il s’agissait de la création, pour impressionner des groupuscules trotskistes occidentaux à qui on aura tiré jusqu’à 30,000 € de subventions, de ‘mouvements trotskistes ukrainiens’ factices. En effet, on a organisé des ‘congrès’  trotskistes ukrainiens (en payant des étudiants) et tiré à un seul exemplaire des journaux ‘trotskistes’ en ukrainien -- à la manière des villages construits en carton par Potemkine pour tromper sa maîtresse, l’Impératrice Catherine lors de sa tournée d’inspection (justement en Ukraine).  La blague anti-autoritaire était bonne, mais on n’ose pas trop se fier à ces provocateurs, surtout que notre Centre Praxis, tout à fait transparent, dépend en partie du soutien de camarades en France, aux EU, en GB, en Belgique pour financer nos traductions, nos publications et la Bibliothèque Serge de Moscou.

            Les internationalistes

Parmi les participants internationaux, le Russe André Demidov d’Alternatives est venu de Moscou nous parler de l’évolution de ce mouvement (fondé par notre grand ami Aleksandr Bouzgaline) depuis la Perestroïka jusqu’à  « l’altermondialisme »  et la création du Forum social russe. De Grande Bretagne, deux vieux marxistes sont venus injecter leurs idées et expériences dans le débat. Mes propres thèmes sont l’internationalisme et l’Utopie comme bases de toute perspective révolutionnaire possible au XXIe.

Contre la stérilité des débats doctrinaires issus du stalinisme, nous autres internationalistes proposons aux camarades ukrainiens une contre-tradition : celle du socialisme libertaire, du marxisme critique, des oppositions révolutionnaires historiques anti-totalitaires dans et en dehors du Parti bolchevique de 1917 à nos jours. C’est dans cette perspective que nous venons de publier pour la première fois en langue russe les Mémoires de Victor Serge, La Révolution inconnue de l’anarchiste ukrainien Voline (l’ami de Makhno), ainsi qu’un journal en langue russe La pensée radicale que les camarades du Centre Praxis apportent de Moscou à Kiev dans leurs bagages pour éviter la censure de la Poste ukrainienne, toujours en éveille. Pour aider à la publication de ces matériaux, vous pouvez envoyer vos chèques à la Fondation Victor Serge, 16 r. de la Teinturerie, 34000 Montpellier sans peur de ‘fraude trotskiste ukrainienne’ ( !)

Chronique : « Le monde est ma patrie » août 2005

Contact : rgreeman@laposte.net 
Ecrit par libertad, à 22:36 dans la rubrique "International".



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