L'En Dehors

Lu sur : York59 « En 1989, un groupe de jeunes gens a loué plusieurs étages d’une ancienne fabrique dans le quartier de Kreuzberg.

Leur idée était de vivre de manière différente: remettre en cause les normes et les hiérarchies de la société, développer la solidarité, se soutenir mutuellement et surtout s’engager politiquement.

Un projet a vu le jour et au final quatre étages de cette fabrique ont été transformés en appartements, bureaux et salle commune grâce au travail de 60 personnes de 0 à 42 ans. Au fil du temps, des cuisines, des salles de bain, de petites chambres au mur percés de fenêtres et de grandes surfaces collectives ont été aménagées et ré-aménagées selon les besoins. Des colocations ou «groupes de vie» partageant une même cuisine se sont formés: groupes de femmes et lesbiennes, groupes d’hommes, groupes d’homos et groupes mixtes. L’étage aménagé en bureaux est utilisé entre autres par des personnes de la maison pour travailler, l’initiative antiraciste (ARI) y a installé ses locaux et utilise toujours une partie de l’étage, différents groupes internationalistes, un projet de radio et de magazine ont pu utiliser cet espace. La grande salle commune est utilisée par des groupes de sport, des films y sont également projetés, on peut aussi y manger pour pas cher (vente au prix de revient), y voir des expos d’art, y participer à des débats politiques ou à des fêtes de soutien à différents projets.

De temps à autres, des problèmes sont apparu lors des changements de propriétaire, le nouveau voulant souvent augmenter le loyer. Mais grâce à une bonne mobilisation et un engagement certain des habitant-e-s du lieu, les projets d’augmentation de loyer sont tombés rapidement aux oubliettes, jusqu’à ce qu’à l’été 2003 les propriétaires de l’époque fassent faillite. Peu de temps après, la maison a été mise aux enchères. Sa vente a été empêchée par les habitant-e-s qui avaient décidé d’acheter eux/elles-mêmes le bâtiment. Alors qu’ils/elles se trouvaient en pleine négociation avec une banque pour obtenir des crédits, ils/elles apprirent que la maison leur était passée sous le nez et avait déjà été vendue à un certain Marc Walter de Hambourg. L’arrivée d’un nouveau gérant a marqué le début des problèmes.

A peine nommé, le nouveau gérant a instauré un nettoyage hebdomadaire de l’entrée que des groupes et initiatives de la ville utilisent depuis 1989 comme panneau d’affichage. Ensuite, il a décidé d’inspecter l’état des fenêtres prétextant vouloir les réparer et a déclaré au final que nous étions responsables de toutes les détériorations qu’elles avaient pu subir. Last but not least, le propriétaire nous a annoncé une augmentation de 100% du loyer.

Notre contrat de location devant arriver à terme fin septembre 2004, nous avons, d’une part, renouvelé notre offre d’achat et, d’autre part, fait jouer une clause du contrat selon laquelle un-e expert-e indépendant-e doit estimer le prix du loyer si les deux parties concernées ne réussissent pas à un trouver un accord. L’expert a décidé que notre loyer devrait être augmenté de 55%, ce que nous avons refusé, ne pouvant ni ne voulant payer une telle somme tous les mois. Nous avons essayé de mobiliser l’attention sur notre maison en organisant des manifestations, dont une à vélo avec d’autres projets berlinois, des soirées d’information, en réalisant des affiches de soutien et des articles de presse et en faisant pression sur la mairie de quartier. Au cours d’une table ronde réunissant des habitant-e-s de la maison, des élu-e-s du quartier et le propriétaire, ce dernier a déclaré à nouveau qu’il n’avait pas l’intention de nous vendre la maison.

Peu de temps après que le contrat est arrivé à terme, nos câbles téléphoniques ont été coupés, notre boîte aux lettres fracturée et le chauffage a été mis en marche bien plus tard que d’ordinaire. A Noël, le gérant a fait muré deux étages, prétendant les avoir déjà loués à quelqu’un d’autre (nous avons détruit les murs). La situation a empiré après que nous avons perdu un procès pour expulsion. La juge a estimé que 60 personnes et plusieurs groupes politiques n’ont pas le droit de continuer à occuper un lieu dans lequel ils/elles habitent depuis déjà 16 ans. Une nouvelle table ronde a échoué parce que le propriétaire et le gérant ont refusé d’y prendre part. Ils avaient posé comme condition de leur participation d’obtenir le nom de tou-te-s les habitant-e-s. Condition inacceptable pour nous puisque cela signifierait que d’autres procédures judiciaires viendraient s’ajouter aux six procès qu’ils nous ont déjà intenté.

De nombreuses actions de solidarité ont déjà eu lieu (occupations d’appartements, un clip pour le cinéma, des soirées-infos, des dons...). Nous continuons à mobiliser l’attention publique sur notre maison pour renforcer la pression au niveau politique. Quelques élu-e-s du PDS ou de Die Grünen nous soutiennent mais il semblerait que le nouveau propriétaire veuille à tout prix faire disparaître notre projet. Il nous a menacé mi-mars de nous faire expulser immédiatement et a coupé l’eau et le chauffage durant tout un week-end... »

Nous ne nous laisserons pas faire !

Solidarité avec tous les projets alternatifs menacés d’expulsion à Berlin et ailleurs !

Yorck59

Actions de protestations - Articles et photos :

12.01.2005

17.03.2005

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