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CONTESTATION SOCIALE ET IMPUISSANCE POLITIQUE
--> Matière à réflexion

Contestation sociale n’est pas forcément synonyme de changement politique et social. C’est cette situation paradoxale que nous vivons depuis des décennies. Aujourd’hui, le système marchand est en passe de faire, sinon l’unanimité contre lui, du moins de cristalliser une opposition conséquence et tout au moins de répandre des craintes sérieuses pour l’avenir. Pourtant…



… Pourtant «rien ne se passe», «tout continue comme si de rien n’était», «même quand on change, tout recommence comme avant», «le lendemain du changement tout est comme la veille» etc….Tels sont les commentaires désabusés des citoyens-es qui désespèrent de «voir un jour changer les choses».


UN SYSTEME APPAREMMENT OUVERT…
… MAIS EN FAIT COMPLETEMENT VERROUILLE

Quoi de plus «démocratique» qu’un système dans lequel chaque individu de la collectivité a une voix pour s’exprimer? Dans le principe, le système est évidemment incontestable. La «voix» de chacun-e ayant le même «poids», chacun-e pouvant en principe être candidat-e et la liberté d’expression étant, en principe, garantie… il ne peut pas y avoir plus démocratique.

Ce système est-il incontestable? En principe oui.

Mais pourquoi seulement «en principe»?

Simplement, si l’on peut dire, parce que ce principe se superpose à une réalité sociale qui le dénature, le rend formel. Ainsi, la liberté, c’est aussi la liberté d’exploiter le travail d’autrui, source d’inégalité et de conflits. Ainsi la liberté d’information dépend d’entreprises ayant des intérêts dans ce système et donc orientant cette information ou trustant les moyens de communication. Ainsi les partis politiques sont devenus des entreprises de promotion en vue du pouvoir… et verrouillant toute prise de décision…

Le système politique actuel a réussi le tour de force extraordinaire d’arriver à convaincre le plus grand nombre que d’une part il était le meilleur des systèmes, à quelques modifications prés, et d’autre part qu’il détenait en son sein les mécanismes politiques et économiques en vue d’un éventuel changement. Autrement dit, en dehors de lui, point de salut, ou bien encore, tout changement ne peut-être qu’un simple aménagement (ce que l’on appelle le réformisme). Ce qui est le plus extraordinaire, c’est que cette mystification a marché jusqu’à aujourd’hui.

Cette démarche, parfaitement totalitaire dans son principe,(voir l’article «LE TOTALISTARISME MARCHAND») est à la base de toute la mystification politique et de l’impuissance politique à changer quoi que ce soit.

Le problème avec ce système c’est qu’on a tendance à prendre ses désirs pour la réalité, c'est-à-dire croire que «si l’on exprime son opposition avec les moyens autorisés par lui, le changement peut avoir lieu». L’illusion est d’autant mieux entretenue que les grandes déclarations, les constitutions, les traités, les chartes, les conventions et autres «miroirs aux alouettes» garantissent des «droits» essentiels qui sont systématiquement violés, voire jamais respectés. Des exemples? Le droit au travail, le droit au logement qui figurent dans le préambule de la constitution française… sans parler des libertés individuelles et des acquis sociaux.

L’expérience de plus d’un siècle de contestation sociale devrait nous faire comprendre que les garanties offertes par le système, ne garantissent finalement… rien. Rester dans le cadre du système c’est en fait le reproduire, y compris dans les projets les plus progressistes et humanistes que l’on puisse imaginer… toutes les expériences de «gauche», «progressistes» ont échoué, partout et toujours…Trouvez en une seule qui ai réussie définitivement!

Non seulement le système marchand ne peut pas, et ne veut pas, dépasser ses contradictions, au risque de remettre en question son principe de fonctionnement, mais encore la rationalité sur laquelle il se fonde lui confère un statut d’absolu en matière de relations sociales. Le pseudo discours scientifique sur lequel il a fondé son idéologie doit convaincre, ou du moins l’espère-t-il, le plus grand nombre. Les experts on remplacé les prêtres pour dire la vérité et donc dicter aux profanes, pardon aux citoyen-e-s, ce qu’ils doivent penser.


DU DESIR DE CHANGEMENT… A LA VOLONTE DE CHANGEMENT


Le système marchand, l’ordre marchand est fondamentalement injuste, inégalitaire, source de frustration et de révoltes (voir l’article «LA MARCHANDISE CONTRE LA CITOYENNETE»). Malgré son discours apaisant, humaniste, rationnel, il ne peut empêcher que soit vécu au quotidien l’injustice et les inégalités jusqu’à, parfois et souvent, des situations absurdes, à la limite de l’intolérable, du moins moralement, comme par exemple la pauvreté au milieu de la richesse, la destruction de biens qui ne trouvent pas de consommateurs solvables, le saccage de la nature,…sans parler des scandales liés aux privilèges des tenants des pouvoirs politique et économique.

Or, contester un système ne veut pas dire forcément vouloir le remplacer par un autre. Le premier stade de la revendication réside dans le soucis de l’amélioration du quotidien, c’est à dire envisager d’aménager les conditions de fonctionnement du système afin qu’elles soient supportables. D’où des tractations, des négociations, des compromis… Cette démarche n’est pas du tout scandaleuse, et ce d’autant plus que, du moins à ses débuts, un système social est plein de promesses et distille énormément d’espoir: bien être, sécurité,… le cas est lumineux, nous l’avons vu, pour ce qui est du système marchand. C’est d’ailleurs, probablement ce qui explique que celles et ceux qui, très tôt, jugeant ce système inamendable politiquement et économiquement, n’ont pas été suivi-e-s dans leurs initiatives par le plus grand nombre.

Tous les systèmes dans l’Histoire se sont chargés de leur propre promotion auprès de celles et ceux qu’ils instrumentalisaient, soit par la force, soit par la religion, soit par le pouvoir de persuasion, par l’idéologie, soit par la ruse, soit par le patriotisme, soit par le discours pseudo scientifique, soit… ils ont toujours réussi à détourner la conscience collective des véritables objectifs qu’ils poursuivaient et à les convaincre que l’amélioration de leurs conditions pouvaient se faire en leur sein. Ainsi est né le réformisme qui accepte le système en tant que tel et en espère une amélioration.

Cette démarche est d’autant plus répandue qu’elle présente plusieurs avantages:
- elle économise de l’énergie: on améliore doucement la situation sans grands bouleversements,

- elle évite de «repenser» un autre système ce qui n’est pas simple,
- elle évite une confrontation avec le système contesté,
- elle permet effectivement d’améliorer, dans certaines limites, la situation…. par la conquêtes d’«acquis»… qui ne sont en fait jamais définitifs.(voir l’article («ACQUIS SOCIAUX…RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS»)

Peut-on parler de «volonté de changement»? A proprement parler non… simplement d’améliorations.

Quand s’exprime donc une «volonté de changement»?

Lorsque l’on a conscience que le système est «clos», ne peut pas ou plus répondre aux revendications. Lorsque ces revendications se heurtent aux exigences du fonctionnement du système au point que l’amélioration annoncée est dérisoire ou mystificatrice… et qu’il est évident que les «concessions» ne sont que conjoncturelles, fragiles et menacées.

Le problème c’est qu’il n’y a pas de«seuil mesurable» à partir duquel on peut dire que cette démarche va avoir lieu. Le problème c’est que l’appréciation de ce «seuil» est particulière à chaque individu en fonction de sa situation, de sa formation, de sa culture, de sa conscience, de ses intérêts de ses relations,… Autrement dit aucune règle scientifique, objective permet de mesurer et de prévoir le phénomène. C’est probablement une des raisons, il y en a d’autres, qui explique le caractère aléatoire du «changement», son imprévisibilité.

Comment doit s’exprimer la «volonté de changement»?

C’est également une question difficile car la «volonté de changement» en soi n’a pas grand sens. Elle est bien obligée à un moment donné de poser la question stratégique du «comment?» ou de «que faire?». Encore faut-il que l’on soit clair et précis sur ce que l’on appelle le «changement». Pour certains, le changement se résume à la «réforme», pour d’autres il s’agit d’un «changement radical des rapports sociaux». Pour certains le changement c’est la Gauche au pouvoir, pour d’autre c’est un changement de système.

Cette question n’est pas simplement théorique, c’est elle qui est au cœur des divergences entre les «adeptes du changement» et de toutes les polémiques.


QUELLE PROBLEMATIQUE POUR LE CHANGEMENT?


L’expression qui consiste à dire «Le citoyen est acteur de l’Histoire», si elle est vraie, n’en dissimule pas moins un piège redoutable. En effet, dans l’esprit des tenants du système en place l’«action citoyenne» se comprend uniquement dans le champs d’action déterminé par lui, autrement dit, les élections, et pas ailleurs… attitude identique pour celles et ceux qui souhaitent un «changement sans véritable changement».

Notre «culture politique», consciencieusement entretenue nous emprisonne dans une problématique uniquement électorale et parfaitement stérile.

Il faut donc déterminer un autre champ d’action qui fera que le citoyen «fait» effectivement l’histoire.

Certains optent pour la prise physique du pouvoir sans passer par le processus électoral qui a montré ses limites. Or l’expérience nous montre que cette méthode, si elle permet, si elle réussi, de prendre le pouvoir, n’offre cependant aucune garantie pour l’avenir… ne serait ce que par ce que le lendemain de la prise du pouvoir tout est à faire et l’on refonctionne sur les vieux principes. De plus, il est évident aujourd’hui que le pouvoir a forgé une armée de mercenaires (police, armée) qui est capable de s’opposer efficacement à ce type d’action. Ce n’est donc pas la bonne solution.

Qu’elle serait la bonne problématique? Celle que nous enseigne l’Histoire. Pour réussir un changement, c'est-à-dire un changement de rapports sociaux, il faut remplacer les anciens par des nouveaux. C’est d’ailleurs exactement comme cela que s’est imposé la bourgeoisie commerçante face à l’Ancien régime… elle a besogneusement élaboré un système économique, un corps de valeurs, une idéologie qui sont apparus novateurs (et ils l’étaient) face aux structures vermoulues du système féodal décadent.

Or de cette problématique, de cette manière de concevoir le changement; personne ne parle, aucune organisation qui se dit politique, même les plus radicales qui «en creux» font un «anti-électoralisme primaire» qui fait finalement le jeu de l’électoralisme…


L’IMPUISSANCE POLITIQUE ACTUELLE


Elle vient d’une dégénérescence générale de la pensée politique. Rares sont les esprits, sans parler des organisations, qui voient au-delà des principes qui nous sont imposés par l’éducation, l’idéologie, la «pensée unique». Le mythe des grandes valeurs de la République qui fonderaient le système joue à fond, ce qui nous amène à nous couler dans le moule mis généreusement à notre disposition.

Le débat politique, si tant est que l’on puisse appeler cela un débat, ne se fait que dans le cadre imposé par la pensée dominante, autrement dit sans jamais aborder l’hypothèse du changement, il ne se situe que dans les marges des vraies questions. Il n’est question que de stratégies et tactiques électorales, accords, programmes, plateformes, alliances, désistement, discipline républicaine,… que du superficiel, du démonstratif, du spectaculaire… rien d’essentiel. Que des manœuvres dérisoires qui se calent parfaitement dans le jeu stérile qui nous est imposé par le système.

Toutes les tentatives de «changement institutionnel» ont échoué, toutes sans exception. Pourtant l’on continue à s’engouffrer dans cette voie en trouvant tous les prétextes possibles et imaginables: se faire connaître, se compter, «il vaut mieux y être que de ne pas y être», porter la contestation, défendre tel ou tel intérêt, être la voix de…

Toutes les organisations jouent, positivement ou négativement le jeu du système en place. La véhémence du discours s’est substituée à une véritable pensée stratégique. Le sens du spectacle et de la «communication», argument par excellence du système dominant a contaminé jusqu’à ses plus véhéments détracteurs.

Le discours politique aujourd’hui n’est porteur d’aucune perspective. Le discours politique tourne en rond dans un piège dont il ne voit aucune issue. C’est le règne du «Il vaut mieux ça que rien» ou du « Il vaut mieux être présent qu’absent» ou encore «C’est toujours ça de gagné», ou enfin «Il vaut mieux nous que les autres». Un espèce de discours qui se croit fondé sur un «bon sens populaire» alors qu’il est ce que l’on pourrait appeler «l’esprit de Munich»… la capitulation dans la honte… sachant que toute capitulation débouche inéluctablement sur la collaboration. C’est exactement ce que nous pouvons observer aujourd’hui.



Si «un autre monde est possible» il ne le sera probablement pas en replâtrant l’ancien. Quoique l’on dise et quoique l’on souhaite la marche de l’Histoire se fait par la rupture (voir les articles «DECADENCE» et «TRANSITION»). Ces évènements de l’Histoire que nous avons appris à célébrer et à présenter comme des grands moments de l’évolution de l’Humanité, nous sommes aujourd’hui incapables de les comprendre mais aussi de les appliquer à nous-mêmes… par peur, par lâcheté, par individualisme aussi. Nous mettons notre avenir, et celle des générations à venir, entre les mains de gourous cupides et manipulateurs, de bonimenteurs démagogues qui nous promettent tout et n’importe quoi. Nous feignons de croire que plus rien ne sera comme avant et qu’il suffit d’attendre ou de «bricoler» le système marchand pour éviter les drames qui s’annoncent.

Cette impuissance, au fur et à mesure de l’écoulement du temps va nous coûter de plus en plus cher, à nous et à celles et ceux qui viendront après nous. Si nous nous ressaisissons pas un jour nous ne pourrons que constater qu’il est «trop tard»…


Patrick MIGNARD

Ecrit par , à 09:04 dans la rubrique "Pour comprendre".



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