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L’éternel féminin en paléoanthropologie et en éthologie

Lu sur : Chienne de garde « On convoque souvent la paléoanthropologie et la préhistoire pour justifier de la domination masculine : « il en a été ainsi depuis l’origine de l’homme... le statut inférieur de la femme est bien un fait de nature ou pour le moins, une situation éternelle, ancrée dans l’aube de l’humanité. »

En 1981, sort un livre intitulé : « La femme qui n’a jamais évolué » (je n’ai pas retrouvé l’auteure NDLR) qui s’élève contre les conceptions machistes de l’évolution. Récemment, le reportage : « l’odyssée de l’espèce », et la suite : « homo sapiens » est une des reconstitutions les plus machistes qu’on ait fait de la préhistoire. 8 millions de téléspectateurs.

Dans ces reportages, c’est l’homme qui fait tout, qui invente tout : il invente la chasse, bien sûr, mais aussi l’agriculture, alors qu’actuellement, les paléoanthropologues sont à peu près d’accord pour dire que c’est une invention féminine. C’est même les hommes qui font les innovations sur les vêtements et les chaussures. La dernière image du reportage : on entend une voix off qui dit : grâce à l’agriculture, l’homme va pouvoir enfin prendre le temps de se reposer, de réfléchir, d’inventer, d’innover... et on voit une femme en train de moudre du grain !

Dans « Les origines de la bipédie » de Jean Chaline, les choses sont présentées ainsi : la mutation de la bipédie arrive soudain sur le mâle dominant (ce n’est jamais une femme qui bénéficie des avancées de l’espèce). Comme c’est le mâle dominant, il s’accouple à toutes les femelles et ainsi, il transmet le gène : c’est ainsi que ce sont les mâles qui ont toujours la responsabilité de la forme de l’évolution de l’espèce.

Que disent les illustrations de la préhistoire ? Les femmes sont assises devant les grottes. Elles sont grosses (leur représentation est probablement inspirée par les sculptures des Vénus), trop grosses pour se défendre ou chasser en tout cas. Elles sont encombrées par toute une marmaille, pendant que M. Cro-Magnon, athlétique, va chercher de la viande. Il est curieux de voir comment la viande devient synonyme de progrès, alors qu’on sait par exemple que dans les tribus de chasseurs cueilleurs, ce sont les femmes qui assurent 50 à 70% de la nourriture de la tribu par la cueillette. On suppose souvent que ce qu’on observe chez les chasseurs - cueilleurs est une approximation correcte du néolithique. Admettons. Mais il faut alors aussi admettre qu’il est faux de dire que les femmes ne chassent pas. Elles chassent moins que les hommes, mais elles chassent, elles portent aussi éventuellement des armes.

Qui a peint les grottes de Lascaux ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir. Il est impossible de faire représenter par des illustrateurs des femmes en train de peindre. Au mieux, on arrive à les convaincre de les montrer en train de préparer des pigments, mais dans les faits, on n’en a absolument aucune idée : les peintures pourraient être exclusivement de la responsabilité des femmes. La division des tâches, c’est la grosse invention de notre représentation de l’évolution. C’est une erreur qui nous a permis de naturaliser l’infériorité des femmes. Passons à l’éthologie.

On a comparé la représentation des éthologues hommes et femmes sur 20 ans de National Geographics. Les femmes sont toujours représentées proches des animaux. Les femmes sont supposées avoir une empathie qui leur permet d’être plus proches des animaux, qui fait qu’elles peuvent mieux approcher les grands singes (même Cyrulnik l’a dit). Les hommes sont présentés en dehors, loin de leurs sujets, comme plus objectifs par rapport au terrain. Si les femmes ont pu briller en éthologie, c’est d’abord parce que l’étude des animaux n’intéressait personne et qu’on les a laissé faire.

La première société de singes qui a été étudiée fonctionnait plutôt autour d’une hiérarchie masculine, avec des comportements qu’on pourrait qualifier de machistes. On en a déduit que c’était le mode de base des sociétés de singes. Et que le singe étant l’animal le plus proche de l’homme, la domination masculine avait un fondement naturel. Or, on a découvert ensuite qu’il en existe également de nombreuses sociétés structurées avec, voire autour d’une hiérarchie féminine. Qui des chimpanzés machos ou des Bonobos sont les plus proches de nous ? Dans le règne animal, celui qui chasse n’est pas toujours le mâle. Par la suite, on a en plus institué des jugements de valeurs sur les activités. Le lion reste le roi des animaux. Or, il ne fait rien, c’est la lionne, perçue comme dévouée, qui chasse pour lui. La tigresse a eu mauvaise presse, parce que, si elle chasse, elle garde pour elle les produits de sa chasse.

Dans la nature, avoir des petits n’a jamais empêché de chasser : chez les lycaons, on met les petits en garde avec d’autres femelles quand on va chasser. Mais le lion est plus emblématique que la tigresse, l’exemple du mâle qui chasse et ramène la nourriture à la femelle qui reste s’occuper des petits est davantage cité que l’exemple de la femelle qui chasse et met ses petits en garde. Comme dans le cas de la préhistoire, on invente une vision supposée naturelle des relations entre les sexes et de la domination masculine chez les animaux qu’on utilise ensuite pour expliquer voire justifier la situation d’oppression actuelle. »

Pascal Picq

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A lire aussi : Homo sapiens

Ecrit par Mirobir, à 02:21 dans la rubrique "Pour comprendre".



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