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Là bas si j'en sors
--> Les petits défauts de Daniel Mermet
Lu sur CQFD :
Le 4 octobre dernier, comme en chaque début de mois, Daniel Mermet recevait les gens du Monde diplomatique. Comme d’habitude, l’icône radiophonique de la gauche critique s’est livrée avec eux à de passionnantes critiques de gauche, disons-le sans ironie, car les espaces ouverts à la contestation sont rares sur France Inter. Sanctuaire étanche à la mélasse libérale, « Là-bas si j’y suis » est bel et bien la seule émission de service « public » à offrir un micro à ceux que les médias écartent ou maltraitent si souvent : ouvriers, chômeurs, acteurs du mouvement social, mais aussi intellectuels ou journalistes ayant des choses à dire, et parfois des choses à vendre. Mais ce 4 octobre, le rendez-vous mensuel avec le Diplo avait un petit air d’inachevé. Car il manquait un point à l’ordre du jour : la précarité. Non pas celle des caissières d’Auchan ou des working poors de George Bush, mais celle qui sévit au sein même de l’émission. Cette question était pourtant d’actualité : le 22 septembre, un tract signé par l’ensemble des syndicats de Radio France (CGT, CFDT, FO, CFTC, SNJ, CGC, SUD) dénonçait « la précarité version Mermet » en termes rudes. « Il y a quelques mois, c’était son assistante, Joëlle Levert, la énième d’une longue série de collaborateurs épuisés, psychologiquement à bout, qui était débarquée. Aujourd’hui, c’est au tour de Claire Hauter et Thierry Scharf, deux reporters permanents de l’émission, d’être sanctionnés pour cause de “fonctionnarisation” [...]. Tous deux se sont vu signifier en juin dernier que leur contrat de grille ne serait pas renouvelé à la rentrée. Pour justifier cette décision, Daniel Mermet leur a tenu un discours digne des patrons les plus brutaux : dorénavant ils seraient payés à la pige, ce qui les stimulerait et les ferait travailler plus vite et plus efficacement. [...] En s’organisant mieux, ils pourraient produire davantage... Cela n’a pas empêché le même Mermet de rediffuser à la rentrée dans son émission des reportages de ces deux “fonctionnaires”, sans mentionner, bien sûr, le sort qui leur a été réservé ! » Pour nos lecteurs, ce réquisitoire n’est pas vraiment une surprise : en décembre 2003, suite aux accusations de harcèlement moral porté contre lui par son ex-assistante, nous avions déjà évoqué les tendances tyranniques de l’animateur (« T’en baves là-bas si j’y suis », CQFD n°8). Et récolté une volée de bois vert de la part de certains de ses auditeurs qui s’accrochent à l’espoir que la bonne voix tutélaire des sans-voix ne peut pas, ne pourra jamais se rendre coupable des agissements qu’elle dénonce à l’antenne chaque après-midi. Et puis les choses en sont restées là. Imperturbables, les références de la gauche critique ont continué à défiler sur son plateau. Parce que c’est une émission indispensable et qu’il faut la défendre, en défendant au premier chef l’homme qui l’incarne. Et aussi parce qu’un public de quatre cent mille auditeurs-acheteurs, ça ne se refuse pas. Surtout quand ce que l’on propose est indiffusable partout ailleurs. La fausse note a donc vite été oubliée.

 

Mais cette fois-ci, elle prend un peu plus d’ampleur. Car il n’a pas échappé aux auditeurs vigilants que les deux éjectés étaient les auteurs de quelques-uns des reportages les plus mémorables de l’émission, laquelle ne s’identifie pas totalement à la personne de Mermet (même s’il fait tout pour). S’ajoute à cela la remarquable unanimité des syndicats de Radio France, en bisbilles sur de multiples sujets, sauf celui-là. Le fait que SUD a co-signé le tract, alors que des fondateurs historiques de ce syndicat apparaissent régulièrement dans « Là-bas si j’y suis », montre que la thèse du « complot » ourdi par le Grrrand Capital est un attrape-couillons qui n’attrape que les volontaires. En tout cas, la publication du tract sur le site d’Acrimed, puis la réponse de Mermet, puis la réponse à Mermet de Thierry Scharf et Claire Hauter (lire sur www.acrimed.org) ont provoqué une forte secousse chez nombre d’auditeurs. À preuve, les débats passionnés qui se sont répandus sur les forums d’Internet. Des fans de longue date ont fait savoir qu’ils avaient les boules, certains se désolant que les messages inquiets laissés sur le répondeur de l’émissionsoient systématiquement caviardés. Ou comme ce militant qui s’occupe bénévolement du site de « Là-bas si j’y suis » (lbsjs.free.fr), et qui s’est mis « en grève illimitée » jusqu’à la pleine réintégration des deux reporters. Du côté des invités, en revanche, les réactions publiques ont été moins fiévreuses à ce jour. Sans forcément boycotter l’invitation (et pourquoi pas, après tout ?), ils pourraient poser une condition à leur présence : qu’un débat soit ouvert à l’antenne sur la précarité à Radio France, y compris au sein de l’émission qui prétend la combattre. Ce serait intéressant et ça lèverait le soupçon de connivence. Il est vrai que la question de fond est peut-être ailleurs. Dans le pouvoir, notamment, et dans les mutations qui s’opèrent lorsqu’on le détient. Cette question n’est pas toujours commode pour qui exerce une part de pouvoir dans sa propre sphère. Elle est pourtant essentielle si l’on veut éviter que les aventures dissidentes tournent en eau de boudin. À ce propos, Scharf et Hauter ont raconté à CQFD une anecdote qui touche en plein dans le mille : « Avant de nous annoncer qu’il nous remettait à la pige, Mermet nous a reproché de ne pas avoir été solidaires avec lui quand Joëlle Levert avait levé le voile sur ses pratiques. Notre faute, c’est d’avoir refusé de signer le texte qu’il avait écrit en réponse à celui de Joëlle. Il exigeait que sa lettre soit assumée par toute l’équipe. » Ça rappelle des souvenirs. À Charlie Hebdo, par exemple, Philippe Val avait réclamé en mars 2000 que toute la rédaction se range comme un seul homme derrière son droit de réponse, après que Le Monde eut publié un article le mettant personnellement en cause. Les rares qui ont désobéi ne travaillent plus à Charlie aujourd’hui. C’est bien l’un des attributs les plus éprouvés du pouvoir : cette capacité acquise, et étalée presque avec candeur, à traiter ses inférieurs comme des sous-hommes et à exiger ensuite, une fois qu’on a soi-même des soucis, qu’ils vous soutiennent corps et âme. C’est ce qui définit un despote. Et c’est ce dont crèvent tant de belles expériences.

Soutien à Claire Hauter et Thierry Scharf : precairesdelabas@yahoo.fr

Publié dans CQFD n°16, octobre 2004.

Ecrit par libertad, à 23:42 dans la rubrique "Actualité".



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