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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Argentine : Zanon raconté par un de ses ouvriers.

Zanon, un nom connu internationalement depuis que les ouvriers de cette fabrique de céramique, après l'abandon du patron, l'aient récupérée et relancé la production. Sa formidable réussite constitue un exemple à suivre pour les millions de chômeurs et de travailleurs qui subissent les ravages d'une économie où le profit et l'exploitation anhilent les individu(e)s.

Depuis 3 ans, cinq expulsions de la fabrique ont été mises en échec par la
détermination des ouvriers ("nous nous battrons jusqu'aux dernières
conséquences") et le soutien de la population de Neuquén. Ce n'est pas un
hasard si le propriétaire Zanon est un grand ami de l'ex président Carlos
Menem et que le gouverneur de la province de Neuquén, Sobitch, soit
ménémiste. On peut estimer que cette offensive comme celle de la mafia
économico-politique argentine dont l'objectif est d'en finir avec la
mauvaise habitude des travailleurs argentins de se croire les maîtres des
entreprises dans lesquelles ils travaillent. Une expulsion de Zanon, outre
qu'elle engendrerait une represión terrible, ouvrirait la porte à
l'expulsion de toutes les entreprises récupérées (surtout que l'on entre
dans une période où le délai d'expropriation temporaire de deux ans expire
pour bon nombre d'entre elles). Les travailleurs de Zanon impulsent des
mobilisations, non seulement dans leur province, mais aussi à Buenos Aires
où le 14 septembre, une manifestation des entreprises récupérées et des
organisations de chômeurs s'est rendue au Parlement pour exiger une loi
nationale d'expropriation définitive.
Francisco Morillas, membre de la Comisión Interne de Zanon y Coordinateur de
la Production, nous raconte comment s'est déroulée la récupération de la
fabrique, les progrès de la production et les créations de poste.


ZANON DEBOUT : PROGRES DE LA GESTION OUVRIERE

Nous avons été licenciés le premier octobre 2002. Ce jour-là, à notre
arrivée à six heure du matin, nous avons trouvé l'équipe de nuit à la porte
de la fabrique. Ils nous ont raconté qu'ils avaient tous été mis à la porte
et que la fabrique était fermée. Nous avons décidé de tous rester avec
l'espoir que la fabrique réouvre ses portes et ainsi continuer à travailler.
Lors d'une grande assemblée, nous avons decidé de monter des tentes et de
rester là. Nous étions 331 travailleurs, ouvriers, des camarades, pour
diverses raisons, ne voulurent pas participer à la lutte et s'en allèrent.
Les plus de 260 qui restions, décidames de nous battre jusqu'au bout parce
que nous ne voulions pas finir par rejoindre la file des millions de
chômeurs du pays, nous ne voulions pas 150 pesos (40 euros, montant
rémunératif d'une sorte de CES) mais le poste de travail. Les patrons ont
dit qu'ils fermaient la fabrique parce qu'elle n'était pas rentable, nous
savions que ce n'était pas vrai et pour cette raison nous sommes restés. En
mars 2002, nous avons décidé, lors d'une assemblée, de rentrer dans la
fabrique et de la mettre en marche, nous avons pu allumer un four et
démarrer une ligne de production. Ce mois là, nous avons produit 10 000
mètres cube de céramique. Lors d'une assemblée, nous avons fixé le salaire
que nous allions nous attribuer et nous avons décidé qu'il devait être de
800 pesos. Il y avait 130 camaradas qui gagnaient 530 pesos et d'autres qui
gagnaient entre 1000 et 1200 pesos. Mais l'accord fut de fixer des salaires
égaux pour tous.

En septembre 2002, nous sommes passés à une production de 60 000 m3 et avons
généré les 20 premiers postes de travail supplémentaires que nous avons
offert aux diverses organisations de chômeurs de Neuquen. En février 2003,
120 000 m3 de production et 30 nouveaux postes pour les différents
mouvements. Juillet 2003, 160 000 m3 et 30 autres postes de travail qui
furent octroyés à ceux qui avaient des qualifications dont nous avions
besoin, mécaniciens, électriciens et autres. En décembre 2003, nous avons
atteint 200 000 m3 de production et créé 20 nouveaux postes de travail que
nous avons offert aux organisations mapuches, aux organisations d'handicapés
et aux ex travailleurs de Cablevision du Comahue qui avaient mené eux aussi
une très grande lutte. Beaucoup d'entre eux sont restés dans la rue et
maintenant ils font partis des travailleurs de Zanon. En mars 2004, après
avoir atteint 250 000 m3, nous avons consacré 40 nouveaux postes de travail
aux ex travailleurs de Zanon qui qui étaient partis au début de la lutte. En
juin de cette année, production de 310 000 m3 et 30 postes de travail
répartis entre fils et frères d'ex-travailleurs de la fabrique. Nous
prévoyons pour le mois de septembre une production de 380 000 m3 de
céramique.

Nous avons réalisé tout cela sans aucun type de subvention de qui que ce
soit. Aujourd'hui, nous payons 130 000 pesos d'électricité, 140 000 pesos de
gaz pour les fours. Les patrons de Zanon recevaient eux 60 % de subventions
pour ces charges. Nous, nous n'avons ni un centime.
Quelques matières premières nous sont surfacturées. Nous avons une
facturation grâce à un accord passé avec les Mères de la Place de Mai mais
qui ne nous permet pas d'acheter et de vendre à l'extérieur du pays, nous
devons utiliser un tiers et cela nous coûte plus cher.
Depuis un moment, nous avons décidé que les 250 camarades qui étaient restés
au début du conflit toucheraient 200 pesos par mois d'ancienneté. Avec la
production des 380 000 m3 de septembre, nous voulons voir si nous pouvons
unifier les salaires des camaradas qui gagnent 800 pesos avec ceux qui
gagnent 1000 pesos, en raison de l'ancienneté. Il y a quelques mois, nous
avons aussi décidé que la gestion ouvrière allait payer le transport des 400
travailleurs de Zanon.
Ce résultat nous a beaucoup coûté, nous l'avons obtenu avec le soutien des
différentes organisations de chômeurs, de partis de gauche et avec la
société de Neuquén, qui a compris quel était le problème des travailleurs de
Zanon, et qui a dit à la justice et au gouvernement provincial : ne touchez
pas aux travailleurs de Zanon. Et ils ne nous ont pas touchés.

Aujourd'hui, nous sommes menacés d'expulsion comme nous l'avons été
plusieurs fois et nous voyons que c'est la dernière ligne droite. La
"proposition" du gouvernement provincial est que les travailleurs de Zanon
fabriquions des maisons préfabriquées et que nous les installions dans les
différentes occupations de terrains. Nous avons répondu que nous étions
d'accord avec le projet qu'offre le gouvernement mais pour les camarades au
chômage. Nous, les travailleurs de Zanon, nous avons un travail, nous
faisons des sols et des revêtements que nous pouvons fournir aux maisons en
question. Cet projet doit être pour les camarades qui n'ont pas de travail,
qui aujourd'hui touchent un "CES" de 150 pesos et pour d'autres qui ne
touchent rien. La proposition de Sobisch (gouverneur) est une forme
d'expulsion dissimulée. S'ils viennent nous expulser nous allons nous
défendre jusqu'aux dernières conséquences parce que nous, les travailleurs,
croyons être les seuls qui puissions nous garantir le salaire et de plus
nous avons créé 170 postes de travail, ce qui n'est pas rien dans la
situation du pays.

Francisco Morillas
Nuestra Lucha, journal militant de la classe travailleuse, 30 août 2004 
(traduction :  Fab17@no-log.org)
www.nuestralucha.org
nuestra_lucha@yahoo.com.ar

Ecrit par libertad, à 22:31 dans la rubrique "International".



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