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Pour ma femme, mon amie, ma complice …
La fonction de la pensée poétique, dès qu’elle apparut, dans la plus haute antiquité, fut, notamment, d’organiser et « mettre en musique » le ballet des divinités, de conseiller sagement les maîtres avisés qui y recourraient, d’éloigner les ténèbres sans pour autant exposer aux coups de soleil.
C’est à quoi j’aimerais qu’elle retourne et c’est parce que malheureusement elle s’en éloigne que la remarque est d’importance. C’est pour ça que je crois nécessaire de vous préciser comment je vois les choses et comment je fonctionne….
La « norme jubilatoire » règle le souci permanent de ne prendre, le plus souvent et posément possible, pour repères pérennes fiables, soient-ils moraux , éthiques, philosophiques, politiques ou autres que ce qui n' exige ni efforts, ni sacrifices, ni renoncements, ni soumission, ni abandon, ni auto mutilation tout en participant harmonieusement au grand concert du renouvellement infini de la vie dont l' homme est partie, mais partie seulement, fondamentale bien sûr, mais pas davantage que la fourmi, que le saule, que le tungstène, etc ...
Nos règles de vie, selon cette norme (qui ne risque guère d'être publiée au journal officiel), doivent être souples et intimement adaptées à la volatilité de notre existence éphémère pour la faire resplendir jusqu' à fascination.
Car il est grand temps, non seulement de rompre avec la morale du ressentiment et de la culpabilisation que nous tenons du judéo-christianisme, mais aussi de peaufiner et diffuser nos valeurs païennes aussi paillardes puissent-elles paraître.
Nous pourrons alors, et une fois pour toutes, aimer, vivre et mourir comme il est bon de le faire : follement, sans retenue, à pleine bouche, à pleins poumons !
J'aimerais que l'on enseigne à l'homme le "souci raisonnable de soi" (la raison n'étant en l'occurrence qu'un "grand bon sens incarné" dicté par l'enivrant breuvage de nos "sens" et de "nos chairs") avant le "souci fallacieux, souvent misérabiliste ou hypocrite de l'autre".
J'apprécierais davantage encore et dans le même esprit, que soient organisées, en forme de pieds de nez, de fréquentes saturnales afin de restaurer peu à peu le sens de la fête qui s'est disloqué chez nous au fil de siècles d'acculturation monothéiste et que l'on y rie symboliquement, avec des claquements de mains cadencés, du petit prophète galiléen à l'esprit étroit qui déclara "nous sommes tous frères".
Nous ne sommes pas frères. Nous sommes le même corps ... et il ne peut être souffreteux. Là est l'amour, ce que je sens être l'amour. Il faut que cette injonction à l'homme "sois heureux" devienne sa seule litanie et, une fois pour toutes, que les chants désespérés cessent d'être les plus beaux.
Il faut définitivement s'imprégner de ceci : lorsqu'un comportement entraîne de la souffrance c'est qu'il peut être suspecté d' hostilité à la vie. Il faut y réfléchir et le proscrire s’il récidive.
Saint-Exupéry a écrit "on va toujours vers où l'on incline". Et c’est vrai…
Le Christianisme nous a toujours intimé l'ordre de fuir ce vers quoi l'on va, ce vers quoi l'on incline.
Moi j'ai choisi et je conseillerais aux "autres" de m’imiter : ne faites jamais l’économie de vivre et vous, travailleurs obstinés, ne « perdez pas votre vie à la gagner ». La seule leçon que l'on puisse donner, sans se poser trop de questions, sans réflexion stérilisante et inhibitrice est celle-là car si « penser » n’est certes pas une pathologie, trop penser est nécrogène.
Il faut "prendre et créer du bonheur", un bonheur simple, situé aux antipodes de la boulimie consommatrice, le bonheur du guépard paresseusement allongé sur une branche d’arbre dans une nature intacte, le bonheur du pêcheur à la ligne, et le faire voir, le manifester, en concevoir une légitime fierté et souhaiter qu'il provoque chez l'autre le désir d'y goûter à son tour.
Il faut user du comportement mimétique de l'homme pour répandre "la joie de vivre". Il est grand temps que se vident hôpitaux, hospices et mouroirs de tout ordre dans lesquels s’accumule une humanité aigrie et rancie de n’avoir pas « vécu » lancée dans une course démente à la longévité, à l’espérance de vie que nos statisticiens mettent en exergue flatteur du « système »… Nous arriverons à la soixantaine perclus de bonheur, usés de jouissances, les yeux brûlés par la beauté de nos visions, le sexe inébranlablement dardé vers toutes les Marie-Madeleine passées et à venir...
Je suis un camelot du bonheur. Camelot parce que je ne vends pas du diamant mais distribue de petites choses, minuscules (pour tenir dans mes poches et en avoir toujours) mais combien nécessaires : une main sur l'épaule de l'autre, un sourire en croisant quelqu'un dans la rue, des attitudes engageantes comme la chaleur du soleil sur la peau ou celle du coeur pour calmer nos arthroses cérébrales.
Je suis un camelot et je cherche une tribu. Je danse en cercles concentriques qui me rapprochent du coeur des choses et du soleil éternel. Mon refrain est celui des quasars et des pulsars, des étoiles qui meurent ou enfantent dans les maternités neuronales de ma mémoire d'homme. Venez à la fête !
Christian-Erwin Andersen... poète et voyageur
3ème version – 02.02.2004