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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Qui est Charlie ?
Trois jours. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour retrouver de la force et de la détermination, pour essayer de dépasser des émotions et réussir à poser une analyse. Une analyse que j'espère relativement lucide sur les événements.
La première chose à dire, pour moi, c'est que je ne suis pas Charlie.
Bien que ma peine et ma colère (qui est une émotion bien différente de la haine et une émotion nécessaire à la révolte) soient grandes je ne me joins pas à ce mot d'ordre.

Au contraire même. Je voudrais le questionner et vous inviter à le questionner vous aussi.

Qui est ce Charlie dont on se réclame ?

La liberté d'expression de notre glorieuse France ? L'esprit de liberté de la République ?

La même République qui a marqué Hara-Kiri (l'ancêtre de Charlie Hebdo) de la censure ? Charlie Hebdo c'est un nom pris à la suite de l'interdiction d'Hara-Kiri. S'en rappeler ne peut pas faire de mal. Surtout que peu de monde semble s'en rappeler … On ne se rappelle pas non plus des nombreux et fréquents procès contre Charlie Hebdo et tout un pan de la presse française (plus acide que la moyenne) intentés par des politiciens qui, aujourd'hui, vantent les mérites du journal endeuillé.

Charlie Hebdo, pour moi, ça a commencé au lycée. Jeune anar j'achetais Charlie au milieu de quelques autres titres. Seulement voilà, Charlie, contrairement à d'autres, j'ai arrêté. Les années passant je ne m'y retrouvais plus.

Charlie Hebdo, dirigé de longues années par le petit tyran Philipe Val a exclu et poussé vers la sortie, pas mal de ses collaborateurs. Le journal a aussi tenu une ligne éditoriale dans les années 2000 que l'on peut légitiment remettre en question. Il n'est pas exempt de tout reproche et, pour moi, on ne peut nier que ceux dont on fait ces jours derniers des portraits dithyrambiques ont contribué (impossible de mesurer à quelle hauteur évidemment) au climat poisseux et nauséabond qui recouvre depuis des années « notre » pays. Il ne s'agit pas de leur faire un procès posthume, il s'agit de ne pas être dans le déni. La presse n'est pas qu'un porte voix, un étendard de liberté. C'est aussi une machine à produire de l'opinion, à produire du discours, et par conséquent, qu'on le veuille ou non, à relayer de l'idéologie.

Hors, à entendre les médias et à voir, ici où là, les prises de positions enflammées sur les valeurs de la France, de la République et etc. … je ne peux que constater ces derniers jours une bonne de dose de ce déni. Et comme une chape de plomb dont les grands médias sont, avec la classe politicienne, les artisans, ce déni (et l'ignorance?) menace de nous étouffer. Au nom de l'unité nationale on veut figer des camps et créer sur des critères nationalistes une frontière qui n'a pas lieu d'être dans l'indignation collective.

En sommant les musulmans à s'indigner publiquement, on les stigmatise et on prend le parti des auteurs de ce massacre. Car ce qu'ils souhaitent, au delà de la terreur, c'est crée une société qui focalise le discours politique et établit des camps sur des critères religieux et / ou ethniques. Je dis donc attention à ceux qui en appelle à la Nation. Car cet appel est, dans sa nature même, excluant. Il marginalise ce qui n'y répondrait pas (à commencer par le libertaire que je suis), les rejette dans les limbes de la politique. Les réactions à l'international montrent que d'autres partagent la tristesse, le dégout, la colère et la révolte. Dès lors pourquoi devrions nous nous replier sur cette idée française alors qu'il y a une foule, internationale, métisse, de toutes les religions et de toute absence de religion, qui pleure, s'indigne, et tend la main.

En établissant un discours qui établit des camps en fonction d'une Civilisation (dont les termes et les valeurs sont au demeurant bien floues, dès que l'on creuse un peu) on crée une frontière. On rejette l'Autre qui ne serait pas du bon côté, ou qui ne saurait pas vraiment où se placer.

On cherche aussi paradoxalement à dire que nous sommes tous liés (enfin tous ceux qui sont accepté comme faisant partie de l'ensemble national), tous à égalité …

Mais encore une fois cela suscite chez moi une question : de quelle égalité parle-t-on ?

Le dominant reste un dominant, le dominé un dominé. L'exploiteur reste l'exploiteur et l'exploité reste l'exploité. Tenter de nous faire croire que du fait de ce massacre les frontières sociales sont abolies est un pur mensonge. Nous ne formons pas réellement un camps soudé. Non. Ce que nous partageons en réalité, c'est une même indignation devant l'horreur, une même tristesse. Mais mes valeurs libertaires ne sont pas devenues par miracle les mêmes que celle d'un cacique de l'UMP … Et je crois qu'il est de même pour tous.

Alors à qui profite le crime ? Que veut vraiment dire cet appel à l'unité nationale ?

Je vous laisse libre d'y répondre. Libre de faire votre propre diagnostic. En accord et / ou en désaccord avec certains aspects de ce que je dis. Ce texte n'est qu'une ébauche, rapide et imparfaite, d'un débat nécessaire.

Un débat qui ne consiste pas à se demander si le FN doit faire partie ou non d'une marche en hommage à Charlie, mais qui pose par exemple la question : au nom de quelles valeurs devrions nous défiler avec des fascistes ?
Ecrit par , à 17:52 dans la rubrique "Actualité".



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