Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Au loup !

Jusque dans certains milieux écolo-libertaires se véhiculent de drôles d’idées noires. Voilà qu’on y crie « au loup » ! Qu’on y fait la propagande de films apparemment documentés, mais à l’argumentaire plus que biaisé, pour exiger la « régulation » des loups en insistant sur les images des carnages et sur la fin de l’agriculture paysanne. Pourtant cette intimidation cinématographique, qui a valeur d’une thèse à charge contre la vie sauvage, ne peut guère faire croire que l’élevage serait en péril en France à moins d’une très grosse manipulation.


Pour 24.7% de « parcs naturels », il n’existe sur le territoire français que 2% de zones en réserve pour le maintien de la faune sauvage quand l’espace naturel et nos montagnes sont de plus en plus avalés par les aéroports, par des barrages, par l’intensification des cultures, par le tourisme et par la croissance urbaine.Il est probable pourtant que cette invasion continuelle des espaces soit de plus en plus incompatible avec la présence de la faune sauvage. Alors, la solution serait, sinon de détruire tous ces animaux qui gênent, au moins de les écarter ailleurs, plus loin encore, de réduire leur prétendue « prolifération » ?


Mais que viennent faire tous ces moutons seuls et sans défenses dans nos montagnes et sur nos caussesPourquoi ces territoires fragiles sont-ils entre les mains de propriétaires terriens qui admettent un pâturage aussi brutal ? D’autant que la plus grande part de la production ovine reste largement industrielle ou quasi industrielle et dépendante des subventions bien qu’elle se présente comme extensive. Il y a environ 7 millions de moutons en France (seulement 38000 en bio soit 0.5%) dont 2 millions pour la production laitière, mais tout cela finit toujours à l’abattoir où un agneau se vend 6 € la tête. Car ce qui menace la filière, c’est le modèle économique lui-même. A peu près 14 tonnes sont exportées sur un total de 65 tonnes soit quasiment 1 agneau produit pour l’étranger sur 5. Dans les élevages, 60% de la mortalité des agneaux survient pendant les 3 premiers jours. Et à l’âge adulte, les conditions atroces du transport des brebis domestiques à des densités réglementaires de 5 moutons par m² (!) durant jusqu’à 19h (mais le voyage peut durer 2 semaines) entraînent à elles seules la mort de milliers d’animaux. Enfin, moins de 1800 élevages ont admis les mesures de protection contre le loup. Or, d’après les chiffres maximum, les loups emportent à peine 0.08% du cheptel un peu avant l’abattoir. Quelle place reste-t-il pour la faune sauvage ? Les lions, les tigres, les panthères et les ours attaquent bien davantage ailleurs, prélevant aussi régulièrement des animaux domestiques. Il existe, même au Canada, des accidents avec les humains. Et j’en suis désolé, du point de la détresse humaine, un paysan espagnol, un ouvrier agricole indien, ou un éleveur tanzanien valent bien autant qu’un producteur d’ovins français.


Les détracteurs du loup répètent toujours la même chose, il faut « réguler ». Mais les éleveurs ont déjà droit à effectuer des tirs de défense pour tuer ou effaroucher les loups qui approchent les herbages. Ils ne s’en privent pas. Il s’ajoute désormais nombre de battues, menées tambour battant. L’élimination exceptionnelle d’individus agressant un troupeau peut se comprendre, mais l’élimination indifférenciée ne s’avère jamais une solution durable. A combien de loups tués s’arrêteront ils ? Car ici, le mot « régulation » n’est qu’une autre forme du mot « élimination ». On tue tout ce qui est vu. On a déjà « régulé » c’est-à-dire tué 33 loups en France (15 femelles et 18 mâles au 30 novembre 2014), soit 11% de la population des 300 loups français (il y a 3000 loups en Espagne), dont des femelles gestantes ou allaitantes. Les chasseurs « régulent » c’est-à-dire massacrent tous les ans 200 000 putois, 150 000 martes, 300 000 belettes et nombre de renards, de blaireaux, de fouines et de visons pour « protéger » leur gibier. Et pourtant, le petit putois de nos campagnes est juste accusé de manger des grenouilles, des lapins et… des rats !


A-t-on été si mauvais dans l’enseignement que l’écologie n’est plus vécue que comme une économie du monde ? Quand et à combien d’animaux tués cesseront ils de dire qu’il y a trop de renards, de loups, de blaireaux ? Cette prétendue « régulation » est une incongruité écologique. Les prédateurs ne prolifèrent jamais. Plus même, chez des animaux vivant en communautés sociales, le groupe familial constitue la clé de la survie. Tuer des loups au hasard entraîne juste l’éclatement des groupes. Le territoire atteint environ 200 km². Les survivants inexpérimentés qui n’ont rien pu apprendre risquent alors de mener une vie plus ou moins erratique et, s’en prenant aux proies les plus faciles, ils peuvent au contraire aggraver le problème des attaques contre les moutons. La proie « naturelle » du loup reste le chevreuil, et le prédateur a besoin d’environ 3 à 5 kg de viande par semaine, soit en moyenne 1 à 2 chevreuils par mois, moins de 2% de ce que l’activité cynégétique tue. Car les chasseurs tuent 500 000 cervidés en France par an et entre 1985 et 2000, le nombre de chevreuils abattus a été multiplié par 4. On le constate, les chiffres n’ont rien de comparable.


Il n’y a pas à être pour ou contre le loup, mais juste à apprendre à vivre avec les animaux sauvages qui nous accompagnent durant notre passage sur cette planète. Vivre avec les animaux comme les agriculteurs biologiques apprennent à cultiver en tolérant les plantes sauvages. Cela n’est pas facile, mais la nature n’est pas la seule affaire des petits propriétaires qui industrialisent nos vies. Notre monde est comme un château de cartes et la biodiversité est nécessaire à notre survie, comme les abeilles et les syrphes pollinisent des millions de plantes à fleurs, depuis nos courgettes à nos assiettes, comme les vers de terre labourent et digèrent des millions de tonnes de déchets et comme les oiseaux, les blaireaux et les fouines dispersent des milliards de graines. On ne sait pas bien à partir de quelles altérations les écosystèmes perdent leur intégrité fonctionnelle mais ôter une carte, puis une autre, encore une autre et c’est l’ensemble de notre monde qui s’écroulera… On a pourtant vu défiler à Paris des cortèges de tracteurs demandant à continuer à user des pesticides encore, et encore.


Au lieu de précariser les ouvriers agricoles, d’exploiter les pauvres et de détruire les milieux naturels, il faut réinventer une agriculture humaine avec des bergers, de vraies communautés et où la survie des uns ne dépendra pas du prix de vente d’animaux regardés comme marchandises, ni de la destruction des autres espèces. Ce n’est pas le loup qui menace l’agriculture paysanne, c’est l’industrialisation de nos vies !


Doit-on considérer la nature comme un espace mercantile dévolu à toujours plus d’échanges marchands ? Doit-on exploiter toutes les « ressources », braconner tous les rhinocéros ? Détruire tous les tigres ? Massacrer tous les putois ? Eliminer tous ces animaux dont on affirme qu’ils dérangent afin de garder seulement des espèces condamnées à perpétuité à être contemplées dans des « réserves » où seuls Mickey et Goofy seraient bien gentiment derrière des grilles ? Partout l’érosion de la biodiversité s’aggrave et la détérioration des milieux s’empire, et, cependant, jamais autant d’éléphants, de tigres, d’hermines et de rhinocéros n’ont été braconnés.


Alors, qui orchestre cette nouvelle fable du loup et de l’agneau ? Je me refuse à vivre dans un monde dépeuplé d’animaux sauvages où la seule réalité serait l’économie de nos vies assujetties aux marchandises. Ce que veulent ces gens-là, c’est une nature vide, bien propre, sans dangers ni animaux sauvages, dépeuplée de tout ce qui en fait l’écologie vitale. Apparemment, les hérauts de« chasse pêche nature et tradition » et autres réactionnaires semblent encore posséder bien de la marge. Ne nous trompons pas d’ennemis. Nous ne voulons pas de ce monde-là, vide des êtres vivants et seulement rempli de leur police, de leurs producteurs et de leurs marchands. Oui, la nature n’est pas un monde de petits pandas gentils, la vie sauvage peut être inquiétante, vivre c’est prendre des risques.


Mais le vrai danger en France, ce n’est pas la survie d’à peine 300 loups sauvages, c’est la gigantesque propagande idéologique de 3 millions de fachos dans l’hexagone.


Thierry Lodé

Ecrit par libertad, à 21:36 dans la rubrique "Ecologie".

Commentaires :

  Ciona
03-12-14
à 12:34

Apprendre à vivre avec les espèces sauvages

L'article écrit par Thierry est très intéressant. Outre son analyse fouillée, il nous rappelle que l'écologie n'est pas qu'un vain mot mais recouvre une réalité, simple, cette planète ne nous appartient pas, d'autres habitants la partagent... Apprendre à vivre avec les différentes espèces même celles qui posent problème est important... 300 loups sauvages à côté d'environ 66 millions d'habitants en France!
Répondre à ce commentaire

  nana-infernale
05-12-14
à 22:23

Merci pour ce bol d'air !

C'est douteusement, furieusement et incroyablement affligeant et manipulateur de diffuser cette propagande que tu dénonces ici, faite par quelques illuminé-e-s sans aucun sens critique et totalement dénué-e-s de connaissance sur le monde dit sauvage.
Le fait d'être un "humain-e-" ferait de notre espèce (animale je précise) une "forme supérieure de vie"??!! : ce genre de pseudo-écolos pseudo-libertaires et pseudo décroissant-e-s ont ce discours, ça fait partie de la "spiritualité" !!! ce sont des MANIPULATEURS INCULTES !

C'est bien énervant de voir des personnes aussi sûres d'elles qui ne prennent même pas le temps de s'informer un minimum avant de plébisciter des conneries.
Ils se justifient grâce à cette idée récurrente, la supériorité, qui existe dans toutes les croyances des plus classiques, en remettant au goût du jour "la spiritualité", sentiment propre au seul l'humain-e, n'est-ce-pas? je dirais quant à moi propre à leur connerie (je suis en colère). Pour qui se prennent ces gens qui disent ne pas chercher de pouvoir alors qu'ils le prennent haut et fort quand il s'agit d'une "bête" ? sans aucune réflexion sur l'environnement et la politique fascisante qui en découle. La belle supériorité plébiscitée ! Les animaux sauvages, on ne peut pas les "CONTROLER"... Et ça dérange. En tout cas, ils ont choisi le mouton oui, le loup non !

Ces humains ne savent pas ce que veut dire la biodiversité, ne connaissent pas le petit monde vivant autour de chez eux, mais ils savent conseiller l'exploitation de la nuture, le CONTROLE, donc l'abattage des prédateurs ou "nuisibles", si ça gène la "production" : SAUVEZ le petit mouton que l'on mangera plus tard dans notre assiette. Pas question de partager avec des êtres inférieurs peut-être?!
Je pense que le loup, comme toute la faune sauvage, a certainement une connaissance de son environnement des plus complète par rapport à beaucoup d'entre-nous, les humain-e-s.
La liberté alors, c'est plus un mot à la mode ?
C'est inconcevable que le CONTROLE de tout, toutes et tous, soit défendable.
C'est navrant que quelques-un-e-s suivent ce genre de pente dangereuse tout en se disant écologistes et libertaires. C'est gerbant que les mêmes puissent adhérer à cette exploitation. Il y en a marre qu'ils ou elles se présentent sous de faux prétextes, en affichant des étiquettes qui leur donnent un public, et qui dé-crédibilisent le désir que beaucoup d'entre-nous entretient, celui de sauvegarder quelques territoires sauvages, des petits coins où tout le monde à sa place, sans exploitation aucune, sans pouvoir aucun.

MERCI Thierry pour avoir écrit cette tribune, un vrai bol d'oxygène !!

Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom