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Libération : "Les sociétés démocratiques contemporaines ne se sont pas encore donné un
régime de passions à leur mesure. Alors que nous ne cessons de cultiver
notre individualité et notre singularité, que nous exigeons les mêmes
droits et libertés dans tous les domaines de la vie, nous nous
possédons, nous nous dégradons, nous nous rendons esclaves les uns des
autres en matière amoureuse. Et, plus l’objet de notre passion est
idéalisé, adoré, hissé au statut d’idole, plus nous avons tendance à le
considérer comme une sorte d’animal domestique et à nous laisser
construit par lui comme tel. Certes, nos lois tentent d’amoindrir ce
processus en pénalisant très sévèrement les violences conjugales. Or,
cette question dépasse le problème des agressions caractérisées. Elle
concerne des processus psychiques fondamentaux liés à la manière dont
nos sociétés conçoivent le phénomène amoureux, notamment comme un
rapport fusionnel et donc inégalitaire.
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