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L'En Dehors


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ETATS-UNIS. Le 2e Congrès des Industrial Unions à Chicago (IWW)
Le 1ER Congrès des Industrial Unions qui eut lieu à Chicago (juin-juillet 1905) fut considère par tous ceux qui comme moi s nient le despotisme de la bourgeoisie américaine et ont à souffrir l'oppression du vieil unionisme, comme une étape décisive de l'émancipation du prolétariat.

Dans cette assemblée du travail, après de longues mais très intéressantes discussions, les Industrial Workers of the World s'étaient organisés sur des bases purement révolutionnaires. La politique malgré les intrigues de certains politiciens avait été repoussée de l'organisation nouvelle ; toutefois la subtilité des intrigants avait réussi à introduire dans les statuts cet article équivoque : « Entre ces deux classes (le capital et le travail) une lutte doit continuer jusqu'à ce que les travailleurs unis ensemble, tant sur le terrain politique que sur le terrain industriel, puissent entrer en possession du produit de leur travail par une organisation économique du prolétariat sans affiliation à aucun parti politique. » Cette subtilité de politiciens devait être, suivant l’expression de la Question Sociale, le journal anarchiste de langue italienne de Paterson, le chancre rongeur des Industrial Workers of the World.

Le 2e Congrès devait avoir lieu vers le mois de juin 1900, mais l'arrestation de Charles  Moyer, de William Haywood et de Pettibone fit ajourner sur la proposition de la Western Fédération, of Miners.

Dans le courant d'août un manifeste publié par les soins de quelques Unions convoquait les Industrial Workers en Congrès pour le 17 septembre 1906. Cette convocation me sembla marquer une évolution importante au sein du nouvel unionisme.

En effet, après de justes considérants où il était dit en substance que les fonctions de président général était un signe de despotisme, et que le prolétariat dans la lutte vers son émancipation doit combattre tout ce qui veut l'opprimer; cet appel concluait à la suppression de la présidence générale des Industrial Workers of the World.

Dès l'ouverture des débats du 2e Congrès, deux forces adverses se trouvèrent eu face l'une de l'autre, l'une demandant la suppression de la présidence générale et le renouvellement du vieux Comité exécutif et l'autre composée du président et de ce Comité faisant tous leurs efforts pour conserver ces fonctions. Les discussions furent d'abord très violentes et dégénérèrent ensuite en tumulte; le président essaya en vain de rétablir l'ordre en demandant le respect des statuts constitutifs ; Trautmann, le secrétaire général Lisant partie de la fraction adverse lui répondit par un formidable: « Au diable la Constitution ». Ce fut alors une manifestation frénétique de la part de ceux opposés à la présidence qui tous semblèrent se rallier au cri de guerre lancé par Trautmann. Daniel de Léon, le grand leader du Socialist labor Party, et surnommé par ses partisans le Napoléon du socialisme, rétablit l'ordre, il fut acclamé par des hourrahs ; c'était désormais la mort de la présidence générale et du vieux Comité exécutif.

La présidence générale fut supprimée. Un nouveau comité exécutif fut nommé ; Trautmann fut réélu secrétaire général. Le président et le Comité exécutif, après avoir demandé en vain le référendum, se retirèrent en déclarant qu'ils ne reconnaissaient pas la légalité de ce Congrès. Un bon nombre de délégués se retirèrent également affirmant que l'assemblée avait en quelque sorte été prise d'assaut par Daniel de Léon et ses partisans c'est-à-dire par les représentants du Socialist Labor Party, d'autres restèrent pour protester contre la majorité qui pour eux avait violé la constitution.

C'est ici qu'il est difficile d'établir d'une façon précise et impartiale la part de responsabilité qui incombe aux deux partis adverses qui se prétendirent l'un et l'autre être les vrais représentants du prolétariat.

Aussi je crois ne devoir émettre ici que ma propre opinion basée seulement sur les rapports des deux parties qui me sont parvenus et que je me suis efforcé de confronter les uns aux autres pour essayer d'en dégager la vérité. Donc examinons ces rapports.

Ceux qui prirent l'initiative du 2e Congrès des Industrial Workers of the World déclarent dans leur manifeste qu'une année d'expérience les ayant amenés à reconnaître les défauts de l'Industrial Unionism ils avaient demandé la suppression d'un fonctionnarisme inutile, pour ne pas dire nuisible.

Dès que les débats du 2e Congrès furent ouverts, les grandes questions se discutèrent. Le président général fut en quelque sorte mis en accusation, on l'accusa d'avoir pillé la caisse et de n'avoir rien fait pour le développement de la nouvelle organisation ouvrière.

Ces accusations seraient malheureusement fondées, le président  Shermann non content de ses 150 dollars mensuels aurait porté sur le compte, de l’Industrial Unionism des dépenses d'hôtel s'élevant à une moyenne de 13 dollars 50 (67 fr. 50) par jour.

La Western Federation of Miners (Fédération des Mineurs de l'Ouest), la section la plus importante des Industrial Workers fut blâmée ; on lui reprocha d'avoir nui à la cause des nouvelles Unions en faisant une campagne politique pour soutenir la candidature de William Haywood (1) pour l'office de gouverneur du Colorado, lors des dernières élections (novembre 1906).

Dans le rapport de deux délègues de la Western Federation of Miners, Ryan et Saint John, nous lisons notamment: « Dès l'ouverture du Congrès nous fumes convaincus que la nouvelle organisation se trouvait entre les mains de réactionnaires cherchant à se perpétuer dans leurs fonctions.

Le président Sherman a gaspillé les fonds de la caisse des Industrial Workers, il dépensa pour frais de voyage et dépenses d'hôtel 2512 dollars et 43 sous en moins de six mois, en plus de ses honoraires.

Mac Cabe, président de la Fédération du transport et membre du vieux Comité exécutif, est un homme incompétent et, indigne, il a refusé de reconnaître le label rouge et a osé dire en public que les martyrs de Chicago de 1887 n'avaient eu que ce qu'ils méritaient.

« Peu après que le Congrès eut commencé ses travaux, il se trouva divisé en deux factions: l'une représentée par les réactionnaires préconisant l'unionisme pur ou vieux système d'organisation ouvrière, et l'autre défendant les nouvelles unions à base révolutionnaire, marchant directement vers l’émancipation du prolétariat.

« Notre impression du Congrès est qu'il a agi sagement en expulsant un élément qui avait été nuisible à la solidarité et au progrès du prolétariat et que l'amendement des statuts mettra l'organisation nouvelle sur des bases solides. »

Parmi les articles amendés mentionnés par ce même rapport, nous voyons ce paragraphe: « Nul ne pourra être employé comme organisateur par les Industrial Workers of the World s'il est employé par un parti politique quelconque ».

Le rapport général des délégués de l'opposition présidentielle est encore plus acerbe que le précédent. Les épithètes de traîtres et de réactionnaires à l'égard du président général et du vieux comité exécutif et de leurs partisane y sont souvent employées.

La faction opposée traite ses antagonistes de révolutionnaires imbéciles, elles les accuse de n'être que les suiveurs d'un politicien ambitieux, Daniel de Léon; elle proteste contre la violation de la constitution des Industrial Workers en affirmant que des délégués auraient été illégalement admis. Et pour conserver leurs fonctions, le prédent Sherman et le vieux comité font appel au référendum ; ils déclarent qu'eux seuls ont le droit de représenter les Industrial Unions qu'ils refusent de reconnaître le nouveau comité et par conséquent de lui céder le bureau général des Industrial Workers.

Le Miners Magazine, l'organe de la W. F. of Miners, qui est devenu un excellent organe du socialisme politique se déclare en faveur du président Sherman et du vieux comité, trois délégués de la W. F. of Miners, C.-E. Mahoney, Mac Mullen et Mac Donald, se sont également déclarés pour lui. Par contre plusieurs unions de cette fédération ont adhéré au rapport des délégués Ryan et St-John.

De nombreux journaux socialistes, tels que le Worker de New-York, l’Appeal to Reason, de Girard (Kansas), le Chicago Socialist, le Western Clarion, le Socialist Review, le Citizen of Cleveland et d'autres y compris le Miners Magazine s'élèvent violemment contre ceux qui ont supprimé la présidence des Industrial Workers ; leur langage insinuant va jusqu'à la calomnie, ni les uns ni les autres ne peuvent plus m'inspirer confiance, leurs affirmations me paraissent douteuses ; ce que je regrette le plus de tout cela c'est de voir le Miners Magazine s'enliser de plus en plus dans le bourbier politique. Toutes ces publications, sans oser l'avouer ouvertement, voudraient que la politique fût admise ou tout au moins tolérée  dans les Industrial Workers of the World. Lors de la formation de cette nouvelle organisation, la plupart des journaux socialistes déclarèrent qu'ils ne pouvaient concevoir une organisation ouvrière consciente excluant la politique : leur critique des vieilles Unions était avant tout une critique de l'abstention politique pratiquée par celles-ci et aujourd'hui ils se réjouissent que la politique ait enfin pénétré dans le vieux trade-unionisme.

Albert Ryan, l'un des délégués de la W. F. of Miners a écrit dans la Miners Magazine, un long article en réponse aux attaques dont il est l'objet pour avoir combattu la présidence des Industrial Unions. En son nom personnel et en celui de son co-délégué Saint-John, il s'efforce d'exposer leur conduite au Congrès de Chicago. Ses explications me paraissent claires et sincères ; il démontre la mauvaise foi de ceux qui ont combattu la suppression de la présidence et ont voulu empêcher l'exclusion d'un élément réactionnaire du sein des Industrial Workers.

En ce moment, le comité nouvellement élu fait appel au tribunaux pour obliger le président Sherman et son comité à lui céder la place ; cet appel aux chats-fourres ne peut que nous répugner.

Le résultat du referendum ne peut encore être prévu, mais je crois qu'une scission se produira. A moins d'une entente ultérieure, il est à craindre que la W. F. of Miners ne se retire de la nouvelle organisation.

En résumé, il apparaît évident que certains individus n'ont vu dans l’Industrial Unionism qu'un moyen de satisfaire leur appétit et que possédant des fonctions bien rémunérées, ils ont eu recours à des moyens peu propres pour les conserver indéfiniment. Il est aussi non moins évident que certains politiciens voudraient sacrifier le nouvel unionisme aux intérêts de leur coterie. Quel fut exactement le rôle que joua l'intrigue politique au Congrès de Chicago ? C'est ce qu'il m'est encore impossible de déterminer.

Que sortira-t-il de cette crise ? Là encore, je ne puis résoudre affirmativement. Mais ce qu'il y a de certain, c'est que la politique ne pourra jamais être admise dans les Industrial Workers of the World; car déjà tous les hommes conscients et sincères ont compris que la politique c'était la mort du mouvement révolutionnaire, la mort par corruption. Comme par le passé, les vrais militants de l'Industrial Unionism continueront à propager leurs idées de lutte à outrance contre le capital, contre l'exploitation de l'homme par l'homme et feront connaître au prolétaires que pour marcher sûrement à la conquête d'un avenir meilleur, ils doivent s'efforcer d'être eux-mêmes, comprendre quels sont réellement leurs droits et se métier des faux-frères. Plus que dans tout autre pays du monde, la politique aux Etats-Unis, même lorsqu'elle revêt le masque de la démocratie, est le rempart de la société bourgeoise ; combattre l'une  c’est combattre l'autre c'est ce que nous efforçons de faire comprendre a tous les exploités.

 

LAURENT CASAS

(1) Actuellement détenu sous une accusation capitale, victime comme Moyer et Pettibone d'un complot capitaliste dont la trame n'est même pas dissimulée.

 

 

Temps nouveaux 29 décembre 1906

Ecrit par libertad, à 20:13 dans la rubrique "Histoire de l'anarchisme".



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