Le Goût de l'émeute. Manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « Belle Epoque »
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Non,
l'émeute n'est pas une création récente et
spécifique aux cités déshérités
et en déshérence.
Le
Goût de l'émeute. Manifestations et violences de rue
dans Paris et sa banlieue à la « Belle Epoque »
(
L'Echappée,
coll. Dans le feu de l'action, 206 p., 17 euros) d'Anne
Steiner nous le rappelle avec force et justesse. C'était
au temps où les manifestations – alors illégales –
n'étaient pas pacifiées (traînes-savates, disent
certains) et contrôlées par leurs organisateurs,
où la juste colère des ouvriers et de la population
s'adressait aux policiers, au mobilier urbain, brûlant
tramways ou bus, dévastant les maisons des exploiteurs et
des affameurs. Les forces de l'« ordre » n'étaient
pas plus « pacifiées » et la cavalerie
chargeait à coups de sabre la foule, tuant et estropiant
sans compter. Cinq épisodes sont ainsi relatés :
la grève des terrassiers (Draveil-Vigneux, 1908) ; la
révolte des boutonniers (Oise, 1909) ; la manifestation
pour venger Francisco Ferrer (Paris, 1910,
biographie) ;
la colère du faubourg Saint-Antoine (1910) ; la volonté
d'empêcher l'exécution de Liabeuf (1910), ouvrier
« massacreurs
d'agents » (sic), victime de la police des mœurs.
A cette époque, la presse et les politiques jetaient l'opprobe
sur le trimardeur, l'ouvrier alcoolique, le fainéant qui
revendiquait, l'apache criminel, etc. Plus près de nous,
il s'agit du jeune, de l'Arabe, du Noir… mais ce sont
toujours les pauvres, les chômeurs, les « classes
dangereuses » qui sont dans le viseur. Et la police,
si elle oublie momentanément les massacres, tue toujours,
et cela avec une impunité certaine.
à 11:44