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L'En Dehors


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Pour en finir avec cette histoire-là …
A y regarder de plus près, l’histoire qu’on nous enseigne n’est rien de ce qu’elle prétend être.

 

Loin de servir à la mémoire des peuples, le récit historique passe plus de temps à asséner toutes les idées reçues des idéologies dominantes. Voilà qui est connu. Car pour ce faire, l’enseignement de l’histoire additionne des séries événementielles dont le déroulement nous est presque présenté comme le but. Les carnages historiques paraissent autant d’étapes à l’apparition de la « paix » marchande et l’évolution des techniques suit un parcours linéaire de perfectionnements dévoués à la toute puissance technologique des industries et de l’agrobusiness. Les tyrans et les rois deviennent des étapes vers un système parlementaire qu’ils ne dérangent qu’à peine et le beau parcours des sciences n’est jalonné que d’apparents progrès techniques. Bref, il est affirmé que nous vivrions forcément dans le « meilleur des mondes », issu de l’installation d’un projet social inévitable, l’exploitation capitaliste et le monde marchand

 

Sans qu’on y prenne garde notre esprit, comme celui des enseignants, est laminé par une idée centrale : l’histoire serait le produit d’une volonté individualiste de réussite. Ici, s’érige toute la cupidité monstrueuse du capitalisme prônant que seule existe l’histoire de l’avidité des hommes vers le pouvoir et la richesse. Ces individus qui ont confisqué la parole au point de développer cette idéologie insatiable et abjecte nous sont présentés comme de « grands hommes », comme les points d’ancrage du mouvement de l’histoire. Une ignominieuse féodalité gouvernerait le sens de la vie, depuis les petits chefs du néolithique jusqu’à nos modernes grands patrons. L’écœurante ploutocratie et les minables oligarchies seraient donc naturelles à notre univers.

 

Ainsi, que doit-on retenir de la révolution française ? Doit-on se souvenir des bravades de Mirabeau ou de Danton, de l’assassinat de Marat ou de la terreur de Robespierre ? Ou bien que la Bastille fut prise ? Voilà pourtant un événement significatif qui montre la part d’un peuple en colère même devant les canons. Ce même peuple qui, deux pages avant, nous est présenté comme construit de paysans affamés, d’ouvriers incultes et de serviteurs désargentés. Par quel mystère tous ces illettrés ont-ils pu se saisir d’une idée aussi neuve que l’exigence du bonheur ? On ne le saura pas car cette histoire idéologique n’est jamais celle de l’émergence des idées. Et cela recommence puisque nos prétendus penseurs modernes se sont laissés surprendre par la rébellion impensable des peuples arabes.

 

Mais reprenons. Si la révolution française est mémorable, c’est que les peuples y ont affirmé les fondements de la liberté inaliénable et des droits universels de l’être humain, universels et non pas patriotiques à la manière anglo-américaine. De cette idée, insuffisante certes, vont pourtant en découler bien d’autres, de Babeuf à E. Armand ou libertad. Comment a-t-on pu demander l’exigence du divorce, puis de l’amour libre, si ce n’est par la critique des superstitions imposées? Ce n’est pas parce que la saleté bourgeoise y a développé progressivement le principe de l’exploitation grâce au capital, que la révolution française n’a pas été un moment fantastique d’agitation d’idées révolutionnaires où se retrouvent aussi les ferments de la Commune…

 

Qu’on ne s’y trompe pas, les évènements ne sont ainsi racontés par ces dévots du capital que parce que l’on veut inventer l’histoire de la stupidité ou de la cruauté des peuples. Pensez donc la boucherie de 14-18 serait issue du désir, fleurs au fusil, de se taper dessus. Tout cela parce qu’un étudiant aurait assassiné un imbécile d’archiduc dont tout le monde doit aujourd’hui connaître le nom ? Admettons même que c’est parce que le réactionnaire Bismarck tentait d’annexer une grande Allemagne. Mais que sait-on de l’apparition de l’antimilitarisme nécessaire des peuples ? Ou même, qui donc enseigne comment la Croix-Rouge s’est formée quelques dizaines d’années auparavant ? Qui donc racontera comment les chefferies féodales de l’âge du bronze ont confisqué la parole et les terres ?

 

Tant que les idées et les sciences ne semblent émerger que comme un épiphénomène accessoire au déroulement d’évènements brutaux, rien n’est compréhensible des tentatives répétées de l’humain pour comprendre son monde. Quid des idées communautaires des phalanstères qui ont traversé ces époques, quid de l’invention des milieux libres dont Céline Beaudet relate si bien les multiples entreprises ? Qui dira l’importance historique de la découverte de peuples sans histoire apparente ou comment la vie des Yanomami a-t-elle influencé nos idées sur le bonheur ? Ou encore comment la découverte des polynésiens a fait apparaître la possibilité d’une sérénité sociale ? Imposant les pires scélérats de Charlemagne à Staline, on a transformé en volonté de dictature les aspirations des peuples qui appelaient bruyamment à la liberté.

 

Non décidément, l’histoire n’est pas le fait de tous ces monstres, roitelets et dictateurs, grands marchands ou techniciens de la mort qu’on nous présente en héros. Ceux-là n’en sont que l’horreur et la paralysie. Dans les pages de cette histoire honteuse, Ravaillac est un assassin et Hitler un homme d’état. Jamais n’est raconté comment les exploiteurs du monde vont transformer l’esclavage et le servage en travail salarié pour prolonger encore leur abject profit.

 

Mais non seulement les pages d’histoire calomnient l’apparition des idées par la répétition ânonnée de l’économie marchande, mais cette histoire est fausse. Le découpage de cette histoire est faux, tous les jalons proposés ne sont que les péripéties d’un mensonge colonialiste.

 

Qu’est ce que l’antiquité ? Est-ce les cruautés de l’empire romain, les batailles du barbare Ashoka contre le Kalinga ou l’arrivée dans les forêts américaines des Tsúùtínà ou sarsis athapascanes ? Que veut dire le Moyen-âge quand les mayas calculaient le ciel et que les occitans jouaient à la bataille des fleurs ? Tout est vu à travers la lorgnette de l’occident marchand sans presqu’aucune référence aux M’buti, aux Aïnous, aux va-nu-pieds, et encore moins aux révoltes. Des peuples entiers n’existent pas. Du moins en tant que rencontre des idées. Leur seul récit tient dans la soumission des aborigènes ou dans le massacre des derniers Cheyennes à Wounded-knee. Les grandes époques de cette histoire colonialiste ne correspondent jamais à la vie des peuples et le découpage des évènements occidentaux qui la jalonnent ne coïncident évidemment pas avec la réalité du monde. Ni l’âge du bronze, ni le moyen-âge, ni la renaissance n’existent comme des moments réels. Car ce découpage est construit comme le jalonnement de l’avènement de la marchandise, comme le développement irrépressible de l’économie marchande dans laquelle l’humanité entière semble se résumer. L’histoire est au service de l’économie capitaliste et les pires oppressions viennent à être comme justifiées a posteriori par l’amélioration de la consommation des productions marchandes.

 

Oui, il faut en finir avec cette histoire-là, il faut en finir avec ce récit parcellaire, mensonger et idéologique qui est asséné à longueur de journées dans de multiples revues et dans les écoles. Certes, je ne suis pas historien, mais notre histoire est une chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls spécialistes. Il faut porter haut et fort l’émergence historique des idées. L’histoire est d’abord l’histoire des idées, des luttes et des résistances contre les salauds qui accaparent le bonheur. Il faut rectifier sans cesse l’histoire des peuples et retrouver le sens donné à chaque lutte, à chacune de nos rebellions.

 

Toutes ces révoltes ont su accoucher des idées le plus précieuses de l’humanité : la volonté de vivre ensemble sans chef, sans exploitation et sans capitalisme…

 

Thierry Lodé


C Beaudet 2006. Les milieux libres. Vivre en anarchiste à la belle époque. Eds les éditions libertaires.Toulouse.

Ecrit par ThierryLode, à 00:05 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  anar-diogene
14-06-11
à 23:19

pour en finir avec le mythe de 1789..



Quelques rappels historiques et sociologiques pour mettre un terme définitif au mythe révolutionnaire de 1789 :

1 - la Révolution de 1789 n'a jamais été voulu par la population française  qui à l'époque était majoritairement analphabéte et n'y connaissait strictement rien à la république.

2 - Avant la fameuse nuit de Varennes, le peuple de Paris était encore attaché à la Monarchie et ne désirait pas la mort du roi Louis XVI

3 - La Révolution française ne fut que le deuxième coup d'essai d'une Future bourgeoisie commercante et industrielle qui déja sous Louis XIV tenta de récupérer la colère populaire, pour instaurer un régime politique plus adapté à ses besoins expansionistes résultant d'une première révolution industrielle.

4 - La Révolution française inaugura les futures massacres de masse du 20éme siècle, d'une part en instaurant le culte exacerbé de la Patrie et de l'Être suprême dont Napoléon répandit les idées nauséabondes dans toute l'Europe, mais également en organisant l'extermination méthodique de paysans hommes, femmes, vieillards et enfants (Vendéens, Bretons, Normands), dont la graisse fondue sur des brasiers, fut ensuite envoyé à Paris pour fabriquer du savon, dont Saint Just disait d'ailleurs le plus grand bien.

5 - Avant que Paris n'instaure la conscription obligatoire de leurs enfants, et ne les forcent à abandonner leurs religion au profit du culte exarcerbé de la Patrie, Les paysans et Francs tireurs Chouans étaient favorables à une Révolution visant à liberer la terre, et brûlèrent spontanément les actes Notariés, autrement dit contre l'avis des Citoyens commissaires venus de Paris.

6 - Ce n'est seulement qu'après s'êtres rendus à l'evidence que la tyrannie révolutionnaire était pire que l'ancienne, que les paysans chouans qui n'y connaissaient strictement rien aux stratégies militaires, firent appels aux quelques nobles ayants survécus à la terreur, pour organiser leurs défense.



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  ThierryLode
15-06-11
à 09:27

Re: pour en finir avec le mythe de 1789..

Merci de tes remarques. Tu as raison, je tombe un peu dans la mythologie de la révolution...Mais il en est de même pour 68 ou bien d'autres révoltes...
Je ne suis pas historien, mais je ne pense pas que la révolution française n'ait pas été voulue par un peuple "analphabète". A relire les cahiers de doléances. Il existe de nombreux témoignages et des feuillets qui courraient çà et là dans la capitale ou dans la ville de Nantes par exemple et qui, déjà, parlent contre l'ancien régime. Pour Varennes, c'est ce qu'on nous dit, mais là encore des feuillets révolutionnaires montrent que cet avis n'était pas partagé par tous. Au delà des récoltes rurales, l'exigence de la liberté d'organisation avait déjà été lancée par exemple...le peuple n'est pas une masse informe, mais un ensemble pluriel d'individus avec des silences et des paroles...
Après, au lieu de refaire le récit, essayons de voir comment les idées peuvent renverser les régimes...Je crois que ce n'est pas parce qu'un peuple apparemment "soumis" ne dit rien qu'il est complice ou qu'il accepte une dictature...et le réveil des exploiteurs peut alors s'avérer difficile...
A voir les exigences (encore bien faibles je sais bien) d'auto-organisations, d'alternatives et de mises en commun, je pense que l'histoire reste l'histoire des idées qui s'affranchissent contre l'autoritarisme...
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  anar-diogene
19-06-11
à 11:39

Re: pour en finir avec le mythe de 1789..

Faits historiques :

Peu avant 1789, mauvaises récoltes et famine dans les villes : dans les campagnes les gens parviennent à s'en sortir, mais la population analphabéte des villes descend dans la rue pour réclamer du pain ! et uniquement du Pain.

Louis XVI entend les réclamations des populations citadinnes, et veut vider les "greniers à grain" de la royauté pour enrayer la famine, mais ses conseillers et certains parlementaires l'en dissuadent. (dès lors et seulement après ce refus, la population des villes sera poussé à la révolte)

Ensuite commencera une véritable campagne de désinformation et d'intox rondement mené par l'elite bourgeoise qui transforma une simple révolte de la faim, en "révolution" visant à adapter le pouvoir de la Cité à ses besoins expansionistes...

Ont connait la suite...


A mon sens, la seule révolte libertaire qui vaille la peine d'être retenu par les anarchistes, était celle des paysans Chouans vendéens, Bretons, et Normands, qui commencèrent à brûler les actes notariés pour libérer la terre du joug de la propriété, qui refusèrent toute conscription obligatoire dans l'armée, et qui enfin dèfendirent avec acharnement leurs liberté de culte.

Le reste n'est que pure propagande républicaine au service de l'Etat Bourgeois.
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