Lu sur
Apache-éditions ; « Il s'est produit dans la deuxième moitié du XIXe siècle une réaction
contre l'individualisme. Les théories morales les plus répandues, par
exemple celle d'Auguste Comte en France, celle de John Stuart Mill en
Angleterre, celle de Schopenhauer en Allemagne, avaient ce caractère
commun de prêcher l'altruisme. Les philosophes tenaient-ils à garder la
morale chrétienne au moment où ils renonçaient à la foi, ou se
croyaient-ils obligés, comme l'a soutenu Nietzsche, de se montrer plus
désintéressés que les chrétiens eux-mêmes ? Toujours est-il qu'ils
condamnaient l'égoïsme et l'isolement de l'individu. De même, en
politique, on insistait sur les liens nationaux ou sociaux qui unissent
les individus, et on prêchait la solidarité.
Or, vers 1890, on
commença à parler en Allemagne de deux philosophies qui n'admettaient
ni l'altruisme moral ni la solidarité sociale. Stirner, qui n'avait
joui de son vivant que d'une gloire éphémère, venait d'être ressuscité
par un disciple fanatique, J.-H. Mackay, qui voyait dans l'auteur de
l'Unique et sa propriété le théoricien de l'anarchisme contemporain.
D'autre
part, Nietzsche, si longtemps « inactuel », s'imposait à l'opinion
publique au moment même où la maladie triomphait définitivement de sa
raison, et devenait peu à peu un des favoris de cette mode européenne
qu'il avait si durement jugée. »
Brochure A5 52 pagesTexte lisible en ligne ;
Stirner et Nietzche