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La
classe politique fait « comme si… » préférant se concentrer plus sur
ses éternelles promesses que sur le scepticisme qui gagne peu à peu l’ensemble
du « corps électoral », faisant confiance à l’influence des médias
pour limiter les dégâts.
LE CHAMP DE L’ABSTENTION
Il
est en dehors de celui de la
politique (mais pas du politique)… il
en est même la négation.
L’abstention
est un phénomène qui se développe en dehors de toute militance… On peut certes,
appeler à l’abstention, mais c’est un appel un peu particulier et qui ne couvre
d’ailleurs pas le champ de celles et ceux qui s’abstiennent. Autrement dit,
personne ne peut se revendiquer du « refus de voter »… contrairement
à celles et ceux qui appellent à voter pour un candidat et qui, de ce fait,
peuvent parler de « leurs » électeurs. Les abstentionnistes
n’appartiennent à personne. Mais, dans tous les cas, ils sont l’illustration
même de la faillite du processus dit « démocratique »… Se
désintéresser à ce point, voire refuser, ce qui nous est présenté comme la
quintessence du processus démocratique, en dit long sur les carences de
celui-ci. La dégénérescence « du »
politique, en ce que l’on appelle « la »
politique aboutit à la négation même de la citoyenneté, et en sa régénérescence
dans un refus et une opposition à cette dérive. Autrement dit, l’abstentionniste est aujourd’hui
certainement plus conscient politiquement que le « dévot qui vote pour son
idole ».
En
effet, le phénomène de l’abstention n’est plus aussi systématiquement le fait
de personnes « apolitiques », péjorativement qualifiées de
« pêcheurs à la ligne »( ?). La faillite du « modèle
démocratique marchand » directement lié à la décadence du système marchand
fait tomber les illusions. On ne
s’abstient plus par négligence ou inintérêt, mais par dégoût et ras de bol
d’être pris pour un imbécile par des profiteurs du pouvoir.
L’abstention
n’est pas une idée, pas plus qu’une opinion ou une doctrine,… elle est une attitude, certains diront une posture, et en ce sens, que l’on ne s’y
méprenne pas, elle est éminemment
politique… et les politiciens commencent à s’en rendre compte.
Cette
attitude, très « en creux », de l’engagement politique serait-elle
méprisable ? Certainement pas. Le refus, la résistance, même s’ils ne sont
pas des engagements précis pour l’avenir sont avant tout les prémisses d’une prise de conscience.
QUELS ENJEUX POUR L’ELECTION ?
Bien
naïf celle ou celui qui croit qu’il y a véritablement un enjeu sérieux pour
l’élection. Globalement, tout est joué
d’avance…. Il suffit de regarder les précédents scrutins,… même quand la
« Gauche » est passée.
La mécanique politique et électorale,
la stratégie des partis, le rôle des institutions, la manipulation de l’opinion
par les médias, les intérêts à courts, moyens et long terme d’une classe
politique profiteuse et parasite,… font que, malgré une apparente démocratie,…
rien ne change et rien ne peut changer…. Et on va le voir dans les mois
prochains, rien ne changera.
C’est
cette situation, complètement bloquée, sans espoir d’avenir et seulement animée
par des marionnettes médiatiques qui s’agitent dans des débats sans intérêt qui
entraîne peu à peu les citoyens à se détourner de l’élection.
Les
seuls véritables enjeux sont en fait la variation
des rapports de forces entre partis
politiques,… Comment ceux-ci vont se partager
le pouvoir et ses privilèges. Pour ce qui est des « différences
politiques »,… il suffit de voir comment ils se comportent une fois au
pouvoir… Que reste-t-il de l’ « expérience de la Gauche au pouvoir » ?...
pas de commentaire.
L’ « affrontement »
entre le PS et l’UMP est comparé, dans les médias, à une compétition sportive
auquel on invite les spectateurs à s’intéresser, à compter les coups, à choisir
son champion… Sans parler des dérives constantes qui transforment la campagne
électorale en déballage de poubelles. Ca montre un peu les bas-fonds et la
débilité dans lesquels est tombée « la » politique.
Quant
aux partis dits « contestataires », voire dit
« révolutionnaires », qui s’agitent dans les médias et devant les
préfectures, ils n’ont, et ils le savent, aucune chance de se faire entendre.
Ils peuvent donc faire des promesses dont ils sont sûrs qu’ils n’auront pas à
rendre de comptes. Ils en profitent aussi pour placer à des postes
politiquement, voire financièrement, intéressants de jeunes loups en pleine
croissance ou des vieux chevaux de retour en manque de situation stable (des
noms ?).
Autrement
dit les élections vont passer, les
problèmes vont rester.
L’ABSTENTION,… ET APRES ?
Là
est la vrai question. L’abstention ne réglant rien, il est nécessaire de
concevoir une autre stratégie.
D’abord
le faux débat qui consiste à dire : « l’importante abstention ne change rien, tout se passe sans en tenir
compte »,… et de prendre comme exemple les USA où à peu près un électeur sur deux ne vote pas… et où
il ne se passe rien de déterminant.
C’est vrai aux USA, mais on peut faire l’hypothèse, qu’en France – la culture
politique étant tout à fait différente qu’outre atlantique - et même dans
d’autres pays européens, une importante abstention, à un moment donné, va être
insupportable, créer un malaise collectif et être génératrice d’une
interrogation générale sur sa signification.
Ensuite
la culpabilisation classique : « c’est
un droit pour lequel certains ont donné leur vie »… Ce à quoi on peut
répondre qu’ils n’ont pas donné leur vie
pour que des profiteurs, des parasites, voire des escrocs, s’en servent pour tout
bloquer et se gaver de privilèges.
Enfin : que faire ? « La » politique
n’a plus rien à voir avec « le » politique. Les vrais problèmes, les
vraies questions ne sont que des prétextes auxquels, dans le meilleur des cas,
on fait rapidement allusion, pour ne s’en tenir qu’au marketing politique : le look et autres balivernes…
Redécouvrir,
réinvestir « le » politique c’est fuir « la » politique,
son spectacle et ses dérives…
A
la passivité, bêtise et servilité imposées par les politiciens il faut opposer
des pratiques sociales nouvelles qui n’ont rien à voir avec les magouilles de
« la » politique mais qui inaugurent de nouveaux rapports sociaux,
aussi bien dans les luttes avec la prise en charge collective des entreprises
que dans l’organisation de relations nouvelles entre producteurs et
consommateurs. Ce n’est qu’à ces conditions que nous affaiblirons un système
marchand qui nous conduit à la catastrophe.
Pas
en jouant son jeu électoral, qui est piégé. Pas en l’affrontant frontalement –
protégé qu’il est par ses chiens de garde et ses mercenaires, face auxquels
nous n’avons aucune chance.
Nous
devons accroître et favoriser son pourrissement, sa décomposition en
développant des alternatives qui le rendront obsolète et inacceptable, et qui
offrent des perspectives nouvelles de changement social.
Les
élections ne sont aujourd’hui qu’un leurre pour nous détourner de cette tâche
historique, pour nous asservir avec des pratiques dérisoires, pour nous inciter
à abandonner toute initiative et à faire confiance à des individus plus
soucieux de leurs intérêts personnels qu’au bien public.
Le
champ de l’action politique est ailleurs, réinvestissons le.
Mars 2010 Patrick
MIGNARD
Voir
aussi :
« LES
AMBIGUITE DE L’ABSTENTION »
«
VICTOIRE DE « LA » POLITIQUE,… MORT « DU » POLITIQUE »
« ELECTIONS,
PARTICIPER OU PAS »
Commentaires :
joshuadu34 |
"personne ne peut se revendiquer du « refus de voter »"
ben si, justement, on est même quelques uns, ici et ailleurs, à s'en revendiquer ouvertement, et bruyamment... Dommage, juste, dans cet article, de faire l'impasse sur la réalité d'une démocratie hélénienne axée sur le favoritisme, sur la classe, et surtout sur le méppris de l'électeur auquel on réclame les voix sans respecter la volonté, puisque les dirigeant savent, bien mieux que nous, en fait, ce qui est bon pour nous... Quand au choix offert, celui d'un plébiscite systémal, crachant sur la réalité du monde, sur l'histoire, sur la philosophie et la réflexion, favorisant l'élitisme et reniant ce qui est pourtant définit officiellement comme une démocratie (le pouvoir par le peuple pour le peuple), on peut facilement trouver les arguments pour, justement, se revendiquer du refus de voter... mais d'autres l'ont dit bien mieux que moi, ça... Répondre à ce commentaire
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PatrickMignard 06-03-10
à 20:31 |
Re:Soit, je veux bien admettre que la formulation peut-être ambigüe, mais prise dans le contexte de la phrase elle exprime parfaitement ce que je voulais dire et que je pense tu as parfaitement compris. Je veux simplement dire que, à mes yeux, l'on ne peux pas se revendiquer du résultat du "non vote". Par exemple si l'abstention est de 50% des inscrits, je ne peux affirmer que 50% du corps électoral m'a suivi si j'ai appelé à l'abstention. O bien sûr on peut le faire,... il n'est pas interdit de rêver !
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joshuadu34 06-03-10
à 21:18 |
Re:excuse, Patrick, aucune animosité dans mon com... la preuve, le seul truc que je "reproche" un peu, c'est le manque concernant une démocratie... tout en sachant qu'ailleurs, tu l'avais fait... donc, pas vraiment critique envers ton texte, hein...
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PatrickMignard 06-03-10
à 22:39 |
Re:Non, je n'ai pas pris ton commentaire comme empreint d'animosité. Ta remarque permet de lever une ambigüité dans mes propos que je n'avais pas vue. C'est donc maintenant clair.
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ThierryLode 11-03-10
à 16:05 |
Réinvestir le politique ?Justement, il me semble qu'ils sont nombreux ceux qui luttent en dehors et sans tenir compte de la farce électorale...
J'aime bien te lire, Patrick, mais peut-être faudrait-il, je crois, davantage insister sur ce champ pertinent qui est la lutte, les multiples combats que nous engageons. Je crois que "que faire d'autre que l'abstention" n'est pas une bonne question, ou, plutôt, elle est posée à l'envers, car ceux qui savent s'abstenir sont bien souvent ceux qui luttent déjà ailleurs et autrement, bien loin d'être des "pêcheurs à la ligne"...De même, je ne comprends pas ce en quoi favoriser "le pourrissement" (électoral ?) peut s'avérer un vrai avancement ? Tout juste décrédibiliser les élections, mais aux yeux de qui, de ceux qui votent ? Peut-être suis-je trop individualiste, je pencherais davantage sur le fait que nous savons lutter en-dehors de la farce électoraliste...et que c'est là que se trouve l'enjeu... Juste quelques réflexions désordonnées et sans prétentions... Thierry Répondre à ce commentaire
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PatrickMignard 12-03-10
à 15:28 |
Re: Réinvestir le politique ?Quand je parle de « pourrissement », il ne s’agit pas de « pourrissement électoral », mais bien de « pourrissement – décomposition - du système dans son ensemble ». Je pense en effet que par les pratiques alternatives et leur généralisation progressive on arrive/arrivera à contourner un certain nombre de processus - de distribution des biens et services par exemple – en mettant en place des processus de production solidaires et collectifs fondés sur des valeurs nouvelles, en rupture avec la norme marchande officielle. On peut procéder à une vraie « déconstruction » du système progressive dans son ensemble en montrant que d’autres pratiques sont possibles. C’est un peu ce que font aujourd’hui les AMAP, les CUMA, les SEL et autres structures alternatives et solidaires. En résumé, en développant ces pratiques on marginalisera de grands secteurs de l’économie marchande et le système se « décomposera » laissant place à des relations sociales différentes que celles qui existent aujourd’hui. Je ne pense pas en effet que l’on puisse « casser » - renverser, le système brutalement, spontanément… d’abord, il se défendra efficacement et en a les moyens, et puis, que mettre en place immédiatement après la chute qui le remplacera ? Le déconstruire par une pratique alternative permet à la fois de l’affaiblir, et de construire un « monde nouveau ». Bien sur, les luttes actuelles font partie de ce processus alternatif,... qui en lui même est d'ailleurs une forme de lutte. Répondre à ce commentaire
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à 19:51