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COLONS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI : NOIR KAKI
Lu sur CQFD : "« L’Afrique de papa », ce n’est pas fini, n’en déplaise à Rama Yade. Pour preuve, le bouquin de Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique [1] ?, qui décortique le rôle des bidasses tricolores stationnés dans « notre » pré carré. Rencontre avec l’auteur.

CQFD : Combien y a-t-il de bases militaires africaines en France ?

Raphaël Granvaud : Aucune, bien sûr, alors qu’il y a plusieurs bases militaires françaises en Afrique. Mais en théorie, il aurait pu y en avoir ! En 1958, la Constitution de la Ve République avait institué une « Communauté franco-africaine » qui stipulait notamment : « L’armée chargée de la défense de la Communauté est une. Elle est placée sous une organisation unique de commandement. » Deux ans plus tard, au moment des indépendances formelles, ces dispositions sont maintenues et verrouillées par des accords militaires, notamment des accords de défense.Par exemple, l’article 1er de l’accord franco-gabonais stipule : « La République française et la République gabonaise préparent et assurent en commun leur défense. » Et l’article 4 : « Chacune des parties contractantes s’engage à donner à l’autre toutes facilités et toutes aides nécessaires à la défense, et en particulier, au stationnement, à la mise en condition et à l’emploi des forces de défense. » La réciprocité n’est évidemment qu’une figure de style : jamais le Gabon, pas plus qu’un autre pays africain, n’a exigé de faire circuler ou stationner ses troupes sur le sol français ! La France, en revanche, maintient ses troupes en Afrique. Aujourd’hui,il reste officiellement trois bases militaires, contre plus d’une dizaine au moment des indépendances  : au Sénégal, au Gabon et à Djibouti. Mais plus de 1000 hommes sont également présents de manière permanente au Tchad depuis plus de 20 ans, et il existe d’autres points d’appui militaires plus restreints ou plus discrets. Mais surtout,s imultanément, la France a fortement accru ses moyens de projection,et ni le nombre ni le volume des interventions militaires n’ont diminué…

Cette présence est-elle seulement le reliquat de notre passé colonial ou, a contrario, permet-elle de préserver, encore et toujours, les intérêts français en Afrique ?

R. G. : Les deux, mon capitaine ! Si cette tutelle néocoloniale est aujourd’hui plus ou moins forte, et plus ou moins directe, selon les pays africains considérés, il s’agit en revanche d’une politique constante des présidents français successifs. Les anciennes troupes coloniales, les troupes de marine, ne sont pas pour rien dans cet état de fait. Mais il n’y a pas que des raisons idéologiques. L’ingérence militaire permet bien sûr de maintenir une domination politique et économique. Les accords de défense signés aux indépendances comportaient des clauses secrètes qui le stipulaient d’ailleurs explicitement : si l’armée française protège tel ou tel dictateur, c’est en échange d’un droit de pillage pour nos multinationales. Et de manière plus générale, les militaires et les politiques considèrent que la présence des troupes françaises sur un théâtre de crise permet de faciliter l’implantation ou le maintien des entreprises françaises. C’est ce qu’ils appellent le « retour économique sur investissement militaire ».

Que fait l’armée française en Afrique contre ce « terrorisme international » qui reprendrait du poil de la bête ?

R. G. : C’est une question difficile, d’une part parce que le « terrorisme », dans la zone sahélienne notamment, est mal connu, c’est une étiquette fourre-tout. Le journaliste Jean-Christophe Servant vient d’écrire un article très intéressant sur le sujet (« Le Nord-Mali victime d’une prophétie autoréalisatrice [2] »). Ce qui est certain, c’est que les prises d’otages revendiquées par Al-Qaeda servent de prétexte à une présence militaire américaine de plus en plus forte dans les pays traditionnellement sous influence française. L’Afrique est devenue pour les USA une zone stratégique d’approvisionnement en pétrole qu’il faut « sécuriser ». Cette présence militaire américaine dans le « pré carré » n’était pas spécialement bien vue sous Chirac, je ne sais pas encore exactement ce qu’il en est sous Sarkozy. Ce que je sais, c’est que les forces spéciales françaises sont, discrètement, présentes dans cette zone sahélienne. La lutte antiterroriste peut également servir de prétexte aux autorités françaises pour légitimer politiquement leurs liens avec des militaires putschistes et renforcer leur coopération militaire. C’est par exemple le cas en Mauritanie, où par ailleurs Total est sur le point de reprendre la production pétrolière…

Article publié dans CQFD n°74, janvier 2010.


[1] Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique ?, éditions Agone, 2009. Par ailleurs, il existe une brochure publiée sur le site de l’association Survie, en libre accès : http://survie.org/publications/les-dossiers-noirs/article/de-l-armee-coloniale-a-l-armee.

[2] http://blog.mondediplo.net/2009-12-28-Le-Nord-Mali-victime-d-une-prophetie.

Ecrit par libertad, à 17:00 dans la rubrique "International".



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