Pas que depuis 20 ans, cher Bonnardel, depuis plus d'un siècle ! Par exemple Tolstoï est la référence essentielle, pour justifier le végétarisme, des premières communautés anars dans le sud de l'Angleterre, au moment où en France aussi, la façon de manger était au coeur des "milieux libres" anars dits Naturiens. Mais souvent, plus on est obsédé par ce qui passe dans l'intestin, plus on se dépolitise. Cela tourne rapidement à la secte. Voir par exemple le récent site vegan straight edge "laterredabord", avant tout préoccupé de "compassion" vis à vis des animaux, et qui se dit anar, mais ne veut pas trop changer la société, car pour manger vegan, on a besoin de la société moderne, seule à fabriquer et distribuer les substances (souvent venues de loin: telles celles à base de soja) anti carences indispensables dès qu'on épouse un régime non varié. C'est ainsi que le projet politique de "laterredabord" se limite au roman de science-fiction de Edward Bellamy paru en 1888, réédité en 2008 : "Le futur antérieur", et aux idées de William Morris tirées de "Nouvelles de nulle part" pour en arriver à une apologie de la civilisation moderne, donc idées contraires aux anars anti-civ, à condition que les humains se contentent de vivre (en vegan bien-sûr) dans des "îlots" (sic !) entourés d'immenses zones réservées à la nature sauvage, pour la "libération animale".
Ils ne disent pas de combien de milliards il faudrait réduire l'espèce humaine pour ne vivre que dans des "îlots" !
Mais aux USA, le mouvement des activistes anti-spécistes vegan proche du Front de Libération Animale ALF = le VHEMT, Voluntary Human Extinction Movement, se bat pour l'extinction progressive de l'espèce humaine par le choix du suicide et le refus immédiat et total de toute reproduction. Ils ont un site Web depuis 1996.Le politologue de Lyon Paul Ariès intrigué par les anti-spécistes lyonnais (Bonnardel et les "Cahiers anti-spécistes") publie en 2002 une étude sur les extrémistes écolos anti espèce humaine:
"Pour sauver la terre, l'espèce humaine doit-elle disparaître? De l'humanisme à l'humanicide. Les délires terroristes des néo-malthusiens. ed. L'Harmattan .
Ne penser qu'à son intestin est une erreur. Comme ne penser qu'à une partie des espèces vivantes : les anti spécistes sont des racistes (mais ils se vantent d'être le contraire !) car ils évacuent de leur compassion les végétaux ! Ils oublient que pour avoir une empreinte écologique la plus petite possible, il ne faut pas se contenter de boycotter les aliments issus de l'élevage ET de la céréaliculture industriels, il faut aussi boycotter tout ce qui est fabriqué dans le monde industriel, se passer de tout ce qui est issu des usines sidérurgiques (métaux) comme de l'industrie pétro-chimique (plastiques, etc...) . Car continuer à vivre en ville et continuer à acheter, c'est être complice d'un système industriel qui ravage les écosystèmes sauvages, et donc détruit les espèces animales et végétales. L'approche uniquement "compassion", c'est voir par le petit bout de la lorgnette. C'est l'ensemble de la Société Industrielle qui est cause de la Sixième extinction massive des espèces. Préférer circuler en automobile qu'en voiture à cheval au nom de la "Non exploitation-des-animaux" est une aberration en termes d'empreinte écologique. De même, le mode de vie des Inuits de l'Artique ou des chasseurs-cueilleurs amazoniens , qui mangent de la viande, fait hurler les vegan, alors que leur mode de vie est respectueux de l'ensemble du vivant, en harmonie avec les ressources locales.
La peur du sang et la sensiblerie face à la mise à mort manuelle, artisanale, à la ferme, de la poule ou du lapin, n'est qu'une déformation de jeunes urbains coupés de leurs racines paysannes. Bien manger, ce n'est pas bien acheter. Tout acte d'achat est un acte anti-écolo. Car consommer, c'est être sommé d'être ...con. Il faut se refamiliariser avec le contact direct avec les aliments animaux et végétaux en réapprenant les gestes de l'autosubsistance, le contact sensuel, charnel, avec les matières naturelles, en oubliant l'éducation urbaine et bourgeoise qui nous dicte ce qui est sale et propre, ce qui est "dégoûtant" et ce qui devrait nous emplir de compassion.
Surtout, il faut sortir de l'aspect sectaire des soit-disant "seul bon régime alimentaire", et allier au boycott des aliments d'origine industrielle, le boycott de tout ce qui est issu du monde qui détruit la nature, donc avoir aussi la même éthique dans ses choix pour utiliser tel ou tel moyen de transport, choix de tel ou tel habitat, choix de tel ou tel métier, etc...
Les vegan qui utilisent des machines électriques pour fabriquer du "lait" (=?? !!) de soja détruisent bien plus la nature et donc les animaux que s'ils réapprenaient à traire manuellement. Cela dit, suivre la nature, c'est refuser tout lait une fois passé le temps de l'allaitement maternel. Normalement l'intestin humain est fait pour perdre la faculté de digérer le lait, une fois que le bébé cesse définitivement de têter. S'il recommençait, il devrait être écoeuré par un lait naturellement devenu indigeste. astuce naturelle pour que cet enfant ne concurrence pas le nouveau-né.
Ce qu'il y a de pénible avec les adeptes de régimes alimentaires, pas de ceci, pas de celà, c'est leur autoritarisme intransigeant, leur mépris de ceux qui bouffent pas comme eux, la violence avec laquelle ils veulent imposer. Leur façon de vivre "pas comme les autres" les coupent de la socialité détendue et conviviale. Celà leur demande tant d'énergie, tant de force militante persuasive, qu'ils ne pensent "qu'à çà", centrent leur vie sur "çà", et c'est comme celà qu'ils deviennent incohérents politiquement, pour la plupart. Comme les naturiens sont devenus dépolitisés à force de se disputer que sur des questions de bouffe, dans les années 1920...
Par exemple ne voir que l'aspect "animaux en cages", fait qu'actuellement leur seule critique du vaccin H1N1 anti grippe découle de la vivisection utilisée pour les expériences et les matières animales dans la composition de l'adjuvant. Vraiment ne voir que par le petit bout de la lorgnette !
Ils s'auto intoxiquent, s'auto persuadent en visionnant le film plein de scènes sanguinaires Earthlings. Je leur conseillerai "Paysages manufacturés", pour comprendre l'urgence d'aller délivrer les animaux humains enfermés dans ces cages que sont les immenses hangars de fabrication industrielle.
Mais non! Ils sont pour ! Car ce ne serait que des "îlots" de modernité. Le naturaliste Robert Hainard avait lui aussi cette étrange "solution" pour défendre la nature sauvage, vers 1970 !
à 22:21