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La violence mais pour quoi faire ? (Anselm Jappe)

Quel est le visage de la violence en France ? Pour quelqu’un qui fréquente habituellement différents pays européens, la première image de violence, dès qu’on arrive à la gare ou à l’aéroport en France, c’est la police. Jamais je n’ai vu autant de policiers qu’actuellement en France, surtout à Paris. Même pas en Turquie à l’époque de la dictature militaire. On pourrait croire qu’un coup d’État est en train d’avoir lieu, ou qu’on se trouve dans un pays occupé. En Italie ou en Allemagne, rien de comparable en ce moment. Et quels policiers : un air de brutalité et d’arrogance qui défie toute comparaison. Dès qu’on fait la moindre objection – par exemple face à des contrôles d’identité et des fouilles de bagages avant l’accès au train, du jamais vu – on sent qu’on frôle l’arrestation, le matraquage et finalement l’accusation d’ « outrage à agent de la force publique »[1]. On peine à s’imaginer à quoi ça peut ressembler si l’on a la peau plus foncée, ou si l’on ne peut pas sortir les bons papiers.

On tremble d’indignation en lisant que des policiers rentrent dans les collèges, sous le prétexte de chercher de la drogue, où ils terrorisent les enfants avec des chiens et dénoncent les professeurs qui tentent de protéger leurs élèves. Ou lorsqu’on apprend les arrestations brutales de journalistes accusés de simple « délit d’opinion ». Pour ne pas parler des conditions dans lesquelles s’effectuent les expulsions de « sans-papiers » et du fait que le ministère a fixé à l’avance le nombre de malheurs à créer, de destins à briser, à la manière des chiffres de production et d’arrestations établis par décret en Union soviétique dans les beaux jours (pour la police).

Ce qui ressort surtout, c’est l’intention d’humilier, mise en pratique avec une application presque scientifique. Plusieurs fois, des journalistes ont démontré l’inutilité des contrôles dans les aéroports, en s’embarquant sans problèmes sur un avion avec des couteaux ou les composants d’une bombe. Mais dans les aéroports on continue à fouiller les bébés et à faire boire aux parents leurs biberons ; et on oblige tout le monde à retirer sa ceinture. Peut-être ai-je l’imagination trop vive ; mais pas une fois alors je ne suis sans penser aux procès des généraux prussiens qui avaient attenté à la vie de Hitler le 20 juillet 1944 : pour humilier le plus possible ces anciens aristocrates, on leur avait donné, aux audiences, des vêtements bien trop larges, sans ceintures, et le Président se délectait de les voir tout le temps tenir leur pantalon avec les mains…

Pas besoin de lire des brûlots révolutionnaires pour apprendre les méfaits de la police et de la justice, Le Monde suffit. L’inquiétude se répand, même dans la bourgeoisie libérale. Pourquoi y a-t-il alors si peu d’initiatives pour la défense des « libertés civiles » ? On assiste à de grandes manifestations pour le « pouvoir d’achat » ou contre la suppression des postes dans l’enseignement, mais jamais contre les caméras de surveillance vidéo, et encore moins contre le passeport biométrique ou le « navigo » dans le métro parisien qui permet de suivre chaque bête à la trace.

Lire la suite ici

Texte originellement paru dans la revue Lignes, Léo Scher, numéro de mai 2009, portant comme thématique " Visages de la violence contemporaine ".

Anselm Jappe, philosophe et théoricien, travaille depuis plusieurs années à repenser la théorie critique du capitalisme, notamment la critique du travail et de la forme valeur jusque dans leurs racines sociales. Après avoir été membre du groupe allemand Krisis (Le manifeste contre le travail), il publie aujourd'hui dans la revue du groupe Exit et dans la revue française Lignes (Léo Scher). Il est l'auteur d'un essai remarqué sur Guy Debord (Denoël 2001), remarqué y compris par le principal intéressé [1], et il a présenté au public français les éléments de la " critique radicale ", dans Les Aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur, Denoël, 2003.


[1] Voir " Lettres de Guy Debord à Anselm Jappe ", dans Guy Debord, Correspondance, volume 7, janvier 1988-novembre 1994, Fayard, 2008.

Ecrit par Diggers, à 16:11 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  OgRuR
18-09-09
à 17:33

Il y a des gens qui jouissent de cela : vous consentir un maigre avantage et vous le retirer. Et plus l’avantage est dérisoire plus grande est la jouissance de vous le soustraire. C’est un des ressorts essentiel de tout pouvoir.

 

Ainsi, par exemple, chaque fois qu’un clochard est assassiné, roué de coups par des sauvages, le pouvoir doit intervenir car on lui ôte ainsi toute la saveur de sa fonction. Il s'est agi d'institutionnaliser le martyre afin qu'il fut prolongé et de discipliner les sujets qui ont des propensions sauvages à l'inclination du pouvoir : une jouissance sans entraves à laquelle il ne convient pas que des meurtres expéditifs susceptibles de se généraliser grèvent d'autant la jouissance infinie et « raffinée » du pouvoir.... Beaucoup de métiers reconnus et fameux s'offrent alors à  l’emploi de ce fondement. 

Voir "Salo" de Pier Paolo Pasolini

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  Diggers
19-09-09
à 09:29

Mince, j'ai du déraper sur le clavier. Le titre du texte est en fait " La violence, mais pour quoi faire ? " Le sens du titre est alors quelque peu différent, dans ce sens où il n'est pas non-violent, mais contextualise l'usage de la violence. Si quelqu'un pouvait corriger. Gracias

Répondre à ce commentaire

  libertad
19-09-09
à 11:26

Re:

C'est corrigé
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  leslibertaires
27-09-09
à 22:53

question - date

Debord meurt en 1994 mais loue un ouvrage sorti en 2001 ? 
Répondre à ce commentaire

  Diggers
29-09-09
à 19:56

Re: question - date

2001, c'est la troisième édition de la traduction française (1995) de l'édition italienne qui date elle de 1992. Debord a lu l'édition italienne.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Anselm_Jappe

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