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Michaël D., blessé par sa propre bombe, était-il un apprenti terroriste ?
Lu sur le laboratoire : "La bombe artisanale fabriquée par le jeune marginal genevois de 25 ans l’a grièvement atteint et a tué son amie Zoé. Retour sur son parcours, du squat Rhino à celui des Pilos à Chambéry.  


Nuit du 30 avril 2009, dans une usine désaffectée de Cognin près de Chambéry (Savoie),Michaël D., 25 ans, fils d’un enseignant genevois, et Zoé A., 23 ans, originaire de l’Ardèche, manipulent du chlorate de soude et du sucre, composants instables, notamment utilisés dans la confection d’une bombe artisanale. Une déflagration tout à coup. Zoé est tuée, Michaël est grièvement blessé. Il risque de perdre une main et sa vue pourrait être altérée. Placé en détention provisoire à l’hôpital Jules Courmont de Lyon, Michaël a été mis en examen par les juges de la section antiterroriste du Parquet de Paris pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’une entreprise terroriste» et «fabrication, détention de produits explosifs».

Mouvance anarcho-autonome

Michaël aurait expliqué avoir agi par «curiosité scientifique» et démenti tout projet d’attentat. À proximité de l’usine, la police a pourtant trouvé du fil, des extincteurs, des retardateurs, des détonateurs. Et puis dans les affaires du couple, de la documentation sur Action directe, l’ancien groupe terroriste. Zoé, très militante, était fichée : mouvance anarcho-autonome, dit-on. Michaël, lui, était objecteur de conscience en Suisse, détestait la société de consommation mais n’était pas en rupture avec son milieu familial. Luc [Prénom fictif], son ami, l’a rencontré sur les bancs de l’Uni en 2001. Ils étudiaient la chimie. Mais Michaël n’a tenu que quatre mois. «C’est tout lui ça, résume Luc. Il a compris qu’il était en train de mettre un pied dans le système, la chimie, l’industrie. Donc il a tout lâché et il est allé jouer de l’accordéon dans les Rues-Basses.»

D’un squat à l’autre

Après la chimie, il jongle, graffe, écrit des textes «non violents» qu’il chante pour le groupe genevois de ska WSK. «Il a connu le squat du Rhino mais ça ne lui allait pas, se rappelle Luc. Des types salariés vivaient là, ils allaient bosser et rentraient le soir, ça clochait.» Il rejoint alors le squat de la Tour «plus alternatif, plus créatif, plus ouvert, où il y avait toujours de la place pour les gens de passage». Luka [Prénom fictif] poursuit : «Michaël est un idéaliste, il a très mal vécu la fermeture de la Tour par la police en 2007, on lui a pris quelque chose. Je me souviens qu’il ne supportait déjà plus les heures passées à la douane de Bardonnex à cause de son look baba cool quand il allait voir ses parents qui habitent en France voisine. Alors lui qui était déjà taciturne, peu communicatif s’est encore plus fermé.» Michaël achète un minibus, quitte Genève. Les dernières nouvelles que Luc reçoit datent d’octobre 2008. Il écrit un mail, il se trouve en Belgique. Il n’utilise même plus de téléphone portable «instrument bourgeois».

Idéaliste et amoureux

Chambéry, rue de Tarentaise. Zoé vivait là, dans ce cabanon en fond de jardin. Très discrète. Une boulangère se souvient d’elle lorsqu’une photo de Michaël lui est présentée : «Ils achetaient nos pâtisseries de la veille, ils n’étaient pas riches. C’est eux les terroristes de Cognin ?» Zoé étudiait les langues et la culture à la Faculté de la ville. Une de ses enseignantes, choquée, étouffe ses sanglots : «Elle était douce, polie mais pas comme les autres, très dans la marge. On lui a proposé une aide sociale. Elle a refusé. Au début de l’année universitaire, elle ne venait pas en cours mais elle était assidue depuis trois mois. Elle devait passer des examens le lundi après le drame.» Et Michaël? «Très amoureux d’elle», dit Olivier [Prénom fictif], un squatter des Pilos, le lieu alternatif de Chambéry, avenue des Bernardines. Ils y passaient souvent tous les deux, entre deux voyages, mais on peine à cerner Michaël «qui ne parlait pas beaucoup, qui était là sans y être». Les Pilos connaissent mieux Zoé et la pleurent beaucoup. Se sont-ils connus ici ? On ne sait pas. «Mais ils ne vivaient pas vraiment ensemble comme vous l’imaginez, on ne parle pas de couple, nous.»

Deux autres inculpations

Les Pilos ont été fouillés par une centaine de policiers le 4 mai. «Avec un pauvre chien renifleur à qui on a dû donner à boire à la demande de son maître», se moque Olivier. Ils n’ont rien trouvé de suspect. Mais ont mis en examen deux autres jeunes hommes «proches de la mouvance autonome». Ils auraient fait disparaître des indices et le bus de Michaël aurait été vu, stationnant près de leur squat, chemin des Vieux-Capucins. L’un des avocats qui les défend affirme : «Ils ne sont pas vraiment politisés, ils se mobilisent pour des causes au cas par cas, ils défendent un mode de vie alternatif, non commercial, ils mangent ensemble, débattent, projettent des films, font de la musique, du théâtre et croient en une révolution lente et non violente.» La police judiciaire fédérale, de son côté, est en contact avec les autorités françaises pour savoir si Michaël est proche des groupes autonomes en Suisse.

La fin des Pilos

Aux Pilos, on raconte que la France sombre en ce moment dans un délire «conspirationniste et paranoïaque» et on fait le lien avec un groupe de Corrèze accusé d’avoir saboté des lignes de TGV. Leur leader, Julien Coupat, est toujours détenu. Olivier explique : «Cette nouvelle affaire est instrumentalisée par le sarkozisme pour faire croire en l’existence d’un ennemi intérieur et faire monter la psychose. Cela va conduire à encore plus de dérives sécuritaires.» Les Pilos occupés depuis l’été dernier par une vingtaine de squatters ont été assignés en justice par la mairie de Chambéry, propriétaire des lieux. L’édifice sera rasé et des logements seront construits. La lettre leur est parvenue le 30 mai. Le soir même, Zoé et Michaël faisaient «leur expérience». «Je crois, confie un autre squatter, que lui a pensé à fabriquer quelque chose, pas pour tuer ni blesser, mais faire du bruit et un peu de dégât. Michaël nous parlait souvent de la liquidation des squats à Genève, il était à cran, et il était en train de vivre la même chose ici.»

    Leur presse (Christian Lecomte, Le Temps), 23 mai 2009.

Ecrit par libertad, à 00:07 dans la rubrique "Actualité".



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