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FORMES DU POUVOIR ET RAPPORTS SOCIAUX
--> Matière à réflexion
Il est fort pratique, nous allons le voir, de ne parler que des premiers pour faire totalement l’impasse sur les seconds, déviant ainsi la réflexion sur des aspects accessoires et politiciens de l’organisation sociale et préservant de fait l’essentiel du système en place.

La forme que prend le pouvoir est devenue le cadre essentiel de la réflexion politique. Ce n’est pas nouveau, tous les systèmes, dans leur égocentrisme, et leur souci permanent de dévier tout risque de contestation fondamentale, ont limité juridiquement et idéologiquement le champ de la réflexion politique à ce seul aspect de leur existence.

POUVOIR ET SOCIETE

Dans l’espèce humaine, le pouvoir n’a de sens qu’au regard des relations sociales qu’il garanti. Or, ces relations sociales, contrairement aux autres animaux, ne sont pas un modèle comportemental dicté par la Nature. Elles sont d’une nature toute différente, elles sont d’essence consciente ; autrement dit soumise à la volonté des femmes et des hommes… ce qui explique que les êtres humains ont une Histoire et pas les autres espèces vivantes.

La forme du pouvoir est donc variable. Cette variabilité a pour paramètres : la conscience, les valeurs éthiques et les intérêts en jeux entre les individus. Le pouvoir n’est donc pas exclusivement un enjeu biologique, mais aussi social, donc politique.

La forme du pouvoir, la manière de s’organiser collectivement, de se répartir les tâches, de prendre des décisions, a donc à voir, a un lien, avec la structure sociale qu’il représente et garanti. On ne peut donc pas poser la question du pouvoir sur un plan simplement formel et réduire son débat à une simple question d’organisation matérielle… ce qui est le cas aujourd’hui.

En effet, dés qu’un système de production et de distribution des richesses produites est installé, il verrouille toute possibilité de changement en déclarant que la structure des rapports sociaux en place est définitive et indépassable. Tous les systèmes, sans exception, s’y sont pris de cette manière pour assurer leur hégémonie et leur pérennité. Tous ont disparu dans les affres de leurs contradictions démentant ainsi le mythe, consciencieusement entretenu, de leur éternité.

DROIT ET LEGITIMITE DU POUVOIR

Le Droit, qui est représenté comme un absolu, n’est en fait qu’une construction intellectuelle et politique servant à justifier et à garantir les rapports sociaux. Je n’en prendrai pour preuve que le changement permanent du « Droit » à chaque changement de système économique et social : ce qui était vrai et acceptable hier devenant faux et condamnable aujourd’hui. Qu’en sera-t-il demain pour les principes juridiques et lois d’aujourd’hui ? Qui peut affirmer que les règles qui sont les nôtres aujourd’hui, et présentées comme sacrées, ne seront pas objet de dérision et de critique dans l’avenir,… comme nous le faisons parfois au regard des règles du passé ?

Ce n’est pas un hasard si la règle juridique est présentée comme intangible et absolue. Elle est la seule garantie idéologique, et menace éthiquement et politiquement acceptable, pour dissuader toute remise en question du rapport social dominant. Violer la loi c’est, en fait, se mettre en porte à faux par rapport à l’organisation sociale du moment. C’est le cas de la « désobéissance civique »… ce qui pose la question de la « légitimité » de la règle juridique

L’existence de la règle juridique est-elle une garantie de démocratie ?

Bien sur que non ! La règle juridique peut-être en effet fondée sur des principes parfaitement inégalitaires et même éthiquement condamnables,… elle n’en demeure pas moins la règle qui régit l’ensemble des rapports sociaux et qui, dans l’inconscient collectif, constitue la règle de conduite à suivre et à respecter.

Un pouvoir ne tient que lorsque la base économique et sociale qui le constitue tient. Lorsque les rapports sociaux, qu’il représente et garanti, changent, le pouvoir change. L’Histoire en fait une règle absolue.

Cela dit, il y a changement et « changement ».

Le pouvoir, pour des rapports sociaux identiques, peut prendre différentes formes. Ainsi nous avons pour des rapports sociaux marchands identiques : des monarchies, des républiques, des états centralisés, fédéraux, et même dans certains cas, pour sauvegarder le système, des dictatures : Italie fasciste, Allemagne nazie, Espagne franquiste, Grèce des colonels, Chili de Pinochet, Argentine des militaires, etc… Ces régimes n’ont absolument pas mis en question les rapports sociaux marchands, au contraire ils les ont garanti. On peut même dire qu’ils ont été l’ultime rempart pour les sauver.

Si le débat sur la forme du pouvoir n’est pas à négliger… il vaut mieux par exemple être dans une démocratie parlementaire que dans une dictature militaire,… il est bon de savoir que l’essentiel du problème n’est pas là – la forme pouvant rapidement changer - et que ce débat recouvre autre chose qu’une question éthique, morale, voire constitutionnelle… il s’agit de la forme des rapports sociaux… de la manière dont les individus s’organisent socialement, comment ils produisent et répartissent les richesses produites. Perdre de vue cet élément essentiel, condamne à ne s’en tenir qu’aux apparences du problème : la forme du pouvoir.

Par exemple : le système électoral a ceci d’extraordinaire c’est qu’il entraîne, formellement et cantonne, la réflexion politique dans le champs étroit de la forme du pouvoir, à l’exclusion de ce qui le fonde, les rapports sociaux, autrement dit, il ampute volontairement, mais formellement, démocratiquement ( ?), le problème de l’organisation sociale de ce qui la constitue essentiellement. C’est un peu comme si, sous l’Ancien Régime, en pleine période de la Monarchie Absolue, on avait envisagé, et c’est ce que l’on a fait jusqu’au 18e siècle, la question du Pouvoir, sans remettre en question l’organisation sociale – et ne s’en tenir qu’aux rapports entre « Dieu et le Monarque » ( ?)… autant dire que le vrai problème n’est jamais posé.

La « forme démocratique » actuelle du pouvoir, même si elle est préférable à d’autres formes de pouvoir, ne fait pas exception à cette règle. Elle garantit l’existence et la pérennité du rapport social salarial qui n’est aucunement un rapport égalitaire. Et le fait que ce rapport social se fonde sur une légitimité « populaire », fabriquée par un appareil idéologique et politique manipulateur de l’opinion publique, ne change rien à ce qu’il est en réalité – le nazisme (autre forme du pouvoir marchand) s’est bien fondé sur une « volonté populaire ».

Le « discours démocratique » qui fonde la structure du pouvoir, oblitère de fait et de droit ce rapport et sait céder sa place à une forme autoritaire quand le système est en péril. Il sait même se donner l’apparence – et plus que l’apparence – de la « légitimité populaire ».

Autrement dit, toute la logorrhée politique sur la/les forme/s du pouvoir, sur le fait de n’envisager ce « changement » que dans la sphère de la politique – c'est-à-dire de la forme et de l’aménagement du pouvoir – n’est qu’une manipulation destinée à masquer l’essentiel : la nature des rapports sociaux, élément fondamental à la base de toute société.

DERIVE DE LA RADICALITE

Cette volonté de tout pouvoir, de tout système de vouloir limiter toute réflexion, toute contestation dans le cadre « sécurisé » du caractère formel du pouvoir, n’est pas sans conséquence sur l’action politique orientée vers le changement social.

Toute action politique qui ne se fonde pas sur une pratique sociale concrète, alternative, dérive irrémédiablement dans l’action purement formelle de l’aménagement du pouvoir et finalement dans la gestion du système dominant.

Toutes les expériences, toutes sans exception, de transformation politiciennes, pacifiques ou violentes, légales ou extra légales, du pouvoir confirment cette affirmation. Ceci n’est pas une affirmation gratuite, pas même une hypothèse, mais la leçon que l’on peut, et l’on doit, tirer de la lecture de l’Histoire.

Dans le pire des cas, l’illusion est tellement parfaite que l’on est amené à croire qu’il y a eu historiquement création d’un nouveau système… ça n’est qu’une illusion – Le cas des pays dits « socialistes » qui, en quelques années sont « retournés au capitalisme » en est la meilleure, et la plus convaincante, des démonstrations.

Ainsi donc, c’est sous l’éclairage de cette analyse que doivent être appréciés et jugés les discours actuels des organisations politiques.

Toute la dérive « social démocrate » et apparentée, partant du moins pour certains de ses courants, d’une vision radicale de l’action politique – s’explique par l’abandon/l’incapacité, de fonder une pratique sociale alternative… réduisant ainsi l’action politique soit à une simple participation au pouvoir et donc à la gestion du système dominant (cas des partis communistes ce qui explique leur déclin), soit à une critique purement formelle de celui-ci (l’extrême gauche qui peu à peu prend le chemin des partis communistes).

Ces organisations, se situant quelle que soit leur spécificité, dans la même problématique, monopolisant le débat politique, choyées, instrumentalisées – et on comprend pourquoi – par le Pouvoir en place, stérilise toute prise de conscience et verrouille de fait toute avancée stratégique en matière de changement social.

Dépasser ce cadre et ces organisations demeure un impératif politique absolu.

mai 2009  Patrick MIGNARD

Voir aussi : MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE

 
Ecrit par PatrickMignard, à 17:02 dans la rubrique "Pour comprendre".



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