L'En Dehors

Mais, tout en bas de Pôle Emploi, dans les agences, la solidarité permet déjà de les faire annuler.

Ce matin, débarquement collectif à l’agence de Rueil Malmaison.

Nous venons accompagner une précaire qui connaît bien toutes les facettes du Pôle Emploi.

Intermittente, elle a du affronter l’ignorance de l’ex-Assedic, ou l’on ignore que l’intermittence de l’emploi n’est pas seulement celle du spectacle, mais qu’elle se décline en dizaines de secteurs et de conventions différentes, dont celles de la restauration. Nul n’est censé ignorer la loi, à Pôle Emploi, les précaires ont intérêt depuis bien longtemps à connaître les leurs, car ce n’est pas l’ASSEDIC qui risque de les informer de la possibilité d’une indemnisation plus favorable que celle du régime général.

Salariée dans la restauration, donc, elle a même eu l’immense privilège de préparer les petits fours et canapés de Christian Charpy himself lors de la grand messe inaugurale du Pôle Emploi à Saint Denis.CDD d’un jour, une véritable Offre Valable d’Emploi !

Autonome, elle n’a jamais eu recours à l’ANPE pour trouver un boulot, même pas celui-là d’ailleurs mais cumule des années d’inscription, pour la forme. Elle a même pu autrefois y trouver une formation.

Mais le temps de la formation est terminé, est venu celui des convocations.

Le temps du « C’est pas vous qui posez les questions »

Et lors de son premier rendez-vous obligatoire, la précaire s’est faite mal voir, elle a osé demander « Pourquoi me convoquer ? »

Sacrilège et crime de lèse majesté. Aussi lors du deuxième rendez-vous la réponse n’a-t-elle pas tardé. La convocation sert à faire pression.

La conseillère a donc sorti quelques pages de son ordinateur, les droits, les devoirs, avec le temps, toujours moins de droits, toujours plus de devoirs. Désormais, tout demandeur d’emploi inscrit depuis plus de six mois, ne peut refuser un emploi avec un salaire correspondant à tant de pour cent de son indemnisation, et puis après quelques mois, encore moins, et au bout du treizième mois, tu devras prendre n,’importe quoi pourvu que ça ne soit pas moins que presque rien, c’est-à-dire le montant mensuel de ton allocation.

En langage courant, cela s’appelle du chantage, en langage Pôle Emploi, c’est un PPAE, Plan Personnalisé d’Accès à l’Emploi.

Et non seulement, il faut en signer un, mais de suite.

Le citoyen patron a le droit d’essayer son salarié, quelques mois, avant qu’un contrat de travail soit validé.

Le citoyen consommateur a le droit à un délai de rétractation après tout achat.

Le précaire, flexible à l’infini doit s’engager les yeux fermés et fissa.

Pour avoir demandé un délai de réflexion et refusé de signer immédiatement le PPAE, la précaire dont nous sommes solidaires s’est vu notifier un avis avant radiation définitive. Et hop, une chômeuse de moins ?

Et non, quelques précaires en colère de plus , dans une agence où certains salariéEes nous accueillent avec un « Chouette les collectifs de chômeurs, ça faisait un bout de temps qu’on attendait de vous rencontrer ».

Bon avouons, le ce n’est pas le cas de tous. Ainsi, on nous fait savoir que la directrice est absente, la sous directrice aussi. Nous n’avons qu’à repasser , on nous rappellera sans faute, de toute façon, on peut se faire confiance.

Malheureusement, les temps nous ont rendu méfiants et procéduriers. Nous aussi, on veut des écrits, des engagements, des signatures, et des tampons.

Les connaisseurs du fonctionnement mystérieux de Pôle Emploi ont percé depuis longtemps le secret de la Porte Magique qui Fait Apparaître les Responsables.

Il suffit de franchir le seuil de la pièce à la pancarte « Accès interdit », et de déambuler dans les couloirs en prenant soin de coller un visage hilare et un tract à la vitre des bureaux, et hop un quelconque investi de délégation de signature se matérialise sous nos yeux émerveillés.

Aujourd’hui ce sera la responsable du contact avec les employeurs, donc d’une amabilité et d’une courtoisie dont les précaires ne font jamais l’expérience.

Nous obtiendrons donc l’assurance qu’aucune sanction ne sera prise, et que la précaire concernée sera reçue rapidement par la direction.

Voilà. Reste à recommencer, demain et après demain, dans cette agence et dans toutes les autres. Refuser nos signatures sur les chèques cadeaux spécial patrons et reprendre nos billes pour en finir avec ce jeu de dupes où les précaires perdent à tous les coups.

Maintenant.Vite.Ensemble.

Reseau Solidaire d’Allocataires
Permanence d’autodéfense sociale : tous les mercredis de 13h à 14h devant la CAF Jaurès , métro Jaurès ou Laumière. Des actions solidaires et collectives sont organisées après la permanence

Ailleurs en Ile de France, des permanences et des actions sont organisées , contactez nous pour connaître les prochaines dates ou nous proposer quelque chose près de chez vous !

Mail : ctc.rsa@gmail.com Site : http://www.collectif-rto.org ou http://www.ac.eu.org