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L'En Dehors


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Dreyfus et Colonna
Yvan Colonna vient d'être condamné comme autrefois Dreyfus.
A la perpétuité, par un tribunal d'exception.
Mais il y a une différence.
Dreyfus avait fait l'Ecole de Guerre.
Il était capitaine.
Il ne pouvait pas s'étonner qu'un tribunal militaire le juge.
Colonna était éleveur de chèvres.
C'est un civil.
Il a pourtant fini devant une cour d'assises sans jury.
Qui n'a pas grand chose à envier à une cour martiale.
Au contraire.

Car les militaires s'assoient avec maladresse sur les principes du droit.
Ce n'est pas vraiment leur métier.
Tandis que la cour d'assises spéciale est constituée de magistrats virtuoses.
Des pros, qui vont plus vite et plus fort au déni de justice que n'importe quel amateur, si gradé fût-il.

A l'issue de leur premier procès, Dreyfus et Colonna avaient fait contre eux l'unanimité des avis.
Jean Jaurès s'était même exclamé : "... pourquoi laisser ce misérable traître en vie?"
On s'aperçut vite, cependant, qu'on avait condamné le capitaine à la légère.

C'est avec plus de légèreté encore qu'on avait, en première instance, condamné Colonna.
Dreyfus avait eu contre lui les expertises graphologiques.
Alors que celle de médecine légale avait dédouané Colonna.
Divers témoins soi-disant directs avaient accusé Dreyfus.
Tous les témoins de l'assassinat avaient innocenté Colonna.

Au bout de quatre ans, Dreyfus et Colonna bénéficièrent d'un second procès.
Pendant l'Affaire, un autre coupable possible, Esterhazy, avait été inculpé.
L'armée s'était refusée à reconnaître en lui l'auteur du bordereau.
Elle l'avait acquitté à l'unanimité.
Depuis 2002, Ferrandi s'accuse d'être l'assassin du préfet.
Sans qu'on l'inquiète pour cela.
Il n'a fait l'objet d'aucune enquête nouvelle.
On refuse même d'envisager qu'il puisse dire la vérité.

De nouvelles expertises graphologiques vinrent infirmer les premières, qui accusaient Dreyfus.
Colonna bénéficia d'une nouvelle expertise balistique, qui était à décharge.
Les témoignages de l'armée d'une part, et de la police de l'autre, se fissurèrent et se contredirent.
Certains émanaient de mythomanes ou de faussaires.
On ne pouvait plus les prendre au sérieux.
Mais les deux tribunaux condamnèrent à nouveau leur accusé.

La cour martiale, atrocement gênée par l'Affaire, rendit un verdict, ridicule, de trahison avec circonstances atténuantes.
Du travail d'amateur.
Et abaissa la peine de Dreyfus à dix ans de relégation.
La cour spéciale, nullement étouffée par la honte, confirma la perpète.
Et la haussa à son maximum, vingt-deux ans de sûreté.
C'est à ce genre de détail qu'on reconnaît les pros.

Dix jours après ce jugement inique, le président Loubet graciait le capitaine Dreyfus.
Inutile de vous dire qu'il n'en sera pas de même pour le président Sarkozy.

Les anti-dreyfusards avaient utijisé, pour discréditer Dreyfus, les poncifs les plus lamentables de l'antisémitisme : le mensonge juif, la solidarité juive, la trahison juive, et l'absence de sentiment national français.
Autant d'arguments qui ne tenaient pas debout, et que les Français finirent par trouver odieux.
Les partisans de l'ordre ont invalidé de même les témoignages en faveur de Colonna.
Chaque jour ils parlaient d'omerta corse, de mafia corse, de solidarité corse et de clan Colonna.
Ultima ratio de ceux qui n'ont plus la raison dans leur camp.
Cela n'a pas choqué grand monde, à part les Corses, naturellement.
Et la famille Colonna, ainsi traitée d'organisation mafieuse.

On peut regretter la France courageuse de la IIIème République, où des journaux menèrent campagne en faveur de Dreyfus.
Où des intellectuels s'engagèrent pour lui.
Où des militaires s'élevèrent contre l'armée.
Où l'Etat lui-même finit par désavouer sa justice d'exception.
Ils n'avaient pas au départ plus de preuves de son innocence que nous n'en avons sur Colonna.
Et plutôt moins.
Mais la fausseté-même des procès qui l'avaient condamné criait cette innocence.

Au lieu de cela, nous avons une presse frileuse, quand elle n'est pas couchée, et qui n'ose pas dénoncer l'existence de la cour d'assises spéciale.
Elle prétend au contraire que la justice est passée.
Comme si c'était ça la justice en France.
Mais au train rapide où vont les choses, ça pourrait bien le devenir.
Les intellectuels n'ont pas moufté.
Mais la terre entière sait bien qu'il n'y a plus d'intellectuels en France.
Quant à l'Etat, c'est lui, ce Napoléon de carnaval dont le Victor Hugo s'appelle Christian Clavier.

La comparaison n'est pas en notre honneur.
C'est le moins qu'on en puisse dire.
Pourtant l'indignation est là, avec ses internautes écoeurés, ses journalistes dégoûtés, ses citoyens indignés.
Elle manque de force.
Il faudra bien qu'elle en acquière.
Colonna a 48 ans.
Il en aura 70 lorsqu'il aura droit à un aménagement de peine : sortir un peu, et rentrer le soir en prison, pour dormir.
Ecrit par okounine, à 11:47 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  MathiasDelfe
11-04-09
à 20:39

Pourquoi pas un plus large écho ?

J'aime bien l'En Dehors, mais sa diffusion, disons, confidentielle, ne favorise pas la lecture par le plus grand nombre de "papiers" de la qualité du (des) tien(s), qui mériteraient mieux qu'une chapelle où ils n'excitent même pas les commentateurs.
Maintenant, faut savoir si on veut toucher large ou se contenter d'un cercle de fidèles...

Cordialement,

Delfe


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