Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

« QUI VOLE UN ŒUF, VOLE UN BŒUF ?… »
--> Pour une économie politique du « vol ».
 Il est des mots tabous pour lesquels toute tentative de réflexion, voire d’explication, devient synonyme de réprobation. « Vol » en fait partie.

Tenter d’expliquer le vol, de lui trouver un sens, serait-il l’approuver et par là même faire œuvre d’immoralité ?

Le vol, comme tout autre acte, est un comportement social qui mérite d’être expliqué et ce d’autant plus que le contexte dans lequel il survient est loin d’être exemple de pureté.

L’INCONTOURNABLE QUESTION DU RAPPORT A L’AUTRE

Voler c’est s’approprier le bien d’autrui, attitude universellement condamnée dans toutes les civilisations et dans tous les temps. Si l’on en reste simplement à ce constat, il n’y a plus rien à dire.

Pourtant la question du vol pose un problème autrement plus important qu’un simple problème moral,… celui du rapport à l’autre. En effet, je ne peux pas me voler moi-même… Le vol ne peut se concevoir qu’avec l’existence de l’autre. Sans l’autre, pas de vol possible. Mais l’existence de l’autre implique-t-elle l’existence du vol ?

D’abord, qui est l’autre ? Je peux dire qu’il n’est pas moi… ce qui paraît évident, mais qui n’est pas aussi définitif dans sa définition. En effet, l’altérité pose la question fondamentale de la reconnaissance de l’autre. Il n’est pas moi, mais il a un « quelque chose », une sorte de « second moi » qui me le rend semblable. Je ne suis pas lui mais je peux me reconnaître en lui. Son existence lui appartient, de même que la mienne m’appartient…. Pourtant son existence m’interroge, elle ne m’est pas indifférente puisqu’elle est à côté de la mienne, elle interfère avec la mienne.

Est-ce que ce qui lui appartient, m’appartient aussi ? Se pose alors la question de l’appartenance, de la possession, de la propriété.

Le seul bien dont dispose un individu est ce seulement son existence ?

Evidemment non, l’être humain, comme les animaux dont il fait partie, pour vivre, s’approprie une partie de ce qu’il trouve dans la nature. Mais la Nature ne répartie pas les biens quelle met à disposition entre les êtres vivants… à eux de se les procurer, de se les partager, de ce les répartir. Pour cela un effort est nécessaire et en cas de rareté ou de difficulté (attraper la proie), une compétition et / ou une collaboration s’instaurent.

Les animaux agissent selon l’instinct, ont des modèles comportementaux, de compétition et / ou de collaboration, qui les déterminent dans cette quête de la subsistance, de la possession, modèles que, par espèces, ils reproduisent, inconsciemment, au fil des générations, modèles imposés par la nature et qu’ils ne sont pas en capacité de pouvoir modifier dans leur essence, sinon de s’y adapter.

L’être humain a un comportement tout autre… il n’a pas de « modèle » préétabli, naturel,… il produit du socia,l autrement dit son comportement est de sa propre initiative. Il entre donc en conscience avec l’autre…. et avec lui-même.

LE RAPPORT, SOCIAL, A L’AUTRE

Mon existence ne peut se concevoir que par rapport à l’autre… même si individuellement et temporellement je peux m’en passer et même le théoriser. L’Histoire humaine est une histoire sociale, c’est un fait consubstantiel à l’être humain. Or, le rapport à l’autre nous venons de le voir, est un rapport conscient, construit par moi et par l’autre. Il y a donc, une dimension sociale, non seulement à ce qu’il est, par rapport à moi, mais aussi par rapport a ce dont il dispose. Sa manière de se le procurer et d’en disposer est une question sociale… en ce sens elle m’implique. De même que, ce dont je dispose, implique l’autre.

On peut même affirmer que la manière dont je me procure des biens indispensables à mon existence est une manière d’être par rapport à l’autre. Ceci est particulièrement évident dans une société fondée sur la division des tâches.

Il y a donc un lien direct entre l’être social, la structure sociale et ce dont il dispose pour vivre.

En filigrane de tout cela, bien entendu, la question de la propriété.

Dénier, à un individu, toute propriété de bien est évidemment absurde et ne peut aboutir qu’à un totalitarisme social dont l’humanité a fait la triste expérience au 20e siècle. Par contre, poser la question de l’appropriation, c'est-à-dire des conditions sociales de l’acquisition, d’un bien est non seulement légitime mais éthiquement et socialement indispensable. Il n’y a pas atteinte à la liberté de l’individu puisque cette liberté ne peut être conçue que dans un cadre social… et c’est justement, l’Histoire de l’Humanité le prouve abondamment, en refusant de poser la question de la liberté dans ce cadre que se produisent la plupart les abus et atteinte à la dignité et aux intérêts des personnes.

VOL, ETHIQUE ET PRATIQUE SOCIALES

Une fois dit cela, peut-on justifier socialement la pratique du vol, c'est-à-dire l’appropriation sans consentement d’un bien détenu par une autre personne ? la réponse est non. Mais l’on voit que c’est le terme « socialement » qui pose problème…En effet, si le vol pose un problème d’éthique, celui-ci ne peut pas être détaché des fondements éthiques de la société dans laquelle le vol se produit.

Par exemple : au Moyen Age, les paysans n’avaient pas le droit de tuer du gibier qui appartenait au seigneur – tout contrevenant était condamné pour vol, même s’il mourrait de faim. On comprend tout de suite le caractère scandaleux et injuste d’un jugement qui condamne un acte induit par des conditions sociales particulières. Le « vol » apparaît comme une nécessité et sa condamnation morale n’est que l’expression de l’immoralité des conditions sociales dans lesquelles il se produit. Il en est de même aujourd’hui lors des « opérations de réductions » qui consiste pour les plus précaires à se servir dans les supermarchés et à se redistribuer les marchandises saisies.

Dans le cas des paysans du Moyen Age il s’agit de la négation du caractère privé du gibier, dans le cas des « réducteurs » il s’agit de la négation du statut marchandise de la production… dans ce dernier cas, il y a négation de la valeur d’échange de la marchandise. Dans les deux cas il s’agit d’actes hautement politiques (au sens noble du terme)… et pas de simples délits comme le Pouvoir, garant du système dominant, voudrait nous le faire croire

Ceci renvoie bien évidemment à la question de l’équité et de la Justice… donc aux fondements éthiques des relations sociales.

Dans le rapport salarial, la disposition de la richesse produite est conditionnée par l’occupation d’un emploi qui donne droit à un salaire et donc au moyens de se procurer des biens et services. Or cette condition est en grande partie dépendante du fonctionnement du capital et du marché de la force de travail…. voir le cas des sans emplois, des exclus, des pauvres.

Le « sans emploi » qui vole pour vivre est-il condamnable ? Oui au terme de la loi marchande! Mais la situation n’est-elle pas, au niveau du principe, la même que celle du paysan du Moyen Age ?

Or, jamais le problème n’est évidemment posé en ces termes, simplement parce que ce serait reconnaître le « mal fondé » éthique de ce la société appelle le délit et qui n’est que l’expression du « mal fondé » éthique de celle-ci.

Mais va–t-on rétorquer, tous les cas de « vols » ne sont pas aussi « purs ». Ce qui renvoie à une autre question :

Est-ce à dire que, si les rapports sociaux étaient éthiquement et réellement démocratiques, équitables et non marchand, le « vol » n’existerait pas ?

La réponse est difficile et hasardeuse à donner. Probablement que le « vol » existerait / existera, mais une chose est sûre le phénomène « vol » sera de nature différente de ce qu’il est aujourd’hui.

Inégalités, exclusions, spéculations, conditionnement publicitaire, développement des appétits de consommation, etc… qui sont les pratiques maîtresses du système marchand font tout pour conditionner à l’appropriation facile, à la surconsommation, au désir de dépassement,… et de possession.

On peut faire l’hypothèse que le vol, dans des conditions sociales ayant pour fondement le respect de l’individu, diminuera significativement – une partie de ses fondements sociaux disparaîtront.

Le « vol résiduel », car il y aura toujours des individus avides de posséder plus que l’autre devra être réglé socialement par l’éducation et la pratique de la vie collective.

Enfin, il est de plus intéressant de constater que ce sont les filous, les escrocs et les exploiteurs (l’exploitation étant une forme de vol), jamais ou rarement condamnés (des noms ?), tous personnages de premier plan dans notre société marchande, qui sont les premiers à demander la condamnation des « voleurs » et à émettre les plus grandes réserves sur le type d’analyse qui fonde ce texte, prouvant par là même qu’ils savent parfaitement où sont leurs intérêts présents et futurs.

Mars 2009  Patrick MIGNARD


Voir aussi  les articles :

LE TRAVAIL EN QUESTION (1) (2) (3) (4)
Ecrit par PatrickMignard, à 13:50 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  joshuadu34
16-03-09
à 13:40

Depuis quelques temps, quelques articles me font me poser des questions sur leur but... Celui ci, ou celui sur la "fausse utopie anarchiste" d'hier en sont des exemples...

Il me semble que, que ce soit concernant la réaction anarchiste face à une résurgence étatique ou, comme ici, face au concept du vol et de la propriété, le sujet a déjà maintes fois été traité ! Dès Proudhon, même...

La propriété marchande, car la propriété qu'on nous présente ici n'est rien d'autre que celle-ci, et la notion de "vol" qui y est liée trouvent une réponse simple... "La propriété, c'est le vol" !

Tout est dit et il serait bon de se réaproprier les écrits passés pour comprendre cette simple phrase ! Une analyse dialectique ne trouve pas vraiment sa place quand celle-ci a déjà été faite à de nombreuses reprises... et surtout quand celle-ci parait bien incomplète !

Alors, quel est le but de ces "infos", si ce n'est décridibiliser la pensée anar ?


Répondre à ce commentaire

  ThierryLode
16-03-09
à 16:16

Patrick n'est pas en forme...

Certes, Patrick répète ici bien des arguments connus...mais il ne s'agit pas comme dans l'autre article, d'une pensée à l'envers qui idéologise le conflit des individus...
En fait, dans la logique d'une société de l'appropriation, le "vol" va dans le sens de ceux qui ont déjà raketé les autres, c'est bien ce que disaient Proudhon et bien d'autres...Le débat devrait plutôt avoir lieu sur un autre site...Etait-ce ton intention, Patrick ?

Répondre à ce commentaire

  rfz
16-03-09
à 17:41

Personnellement, ça fait longtemps que je ne lis pas les articles de "l'homme aux titres en majuscule".
Cet article ne déroge pas à la règle :)
Répondre à ce commentaire

  PatrickMignard
16-03-09
à 18:39

Re: Patrick n'est pas en forme...

Thierry Lode,

C'est vrai, je finis par me demander ce que je fais sur ce site,... à peu prêt tous mes textes "tombent à plat". Je ne fais pas les articles que pour L'EN DEHORS,... ils circulent sur d'autres sites et dans d'autres réseaux. J'ai l'impression que sur ce site, la plupart des intervenants ont à peu près réglés tous les problèmes théoriques, ont leurs références, leurs convictions, et n'attendent plus que... que quoi au juste ? A oui, que ça change  !

Bon OK, je vais me "mettre au vert", tout en n'ignorant pas le site que je trouve intéressant.
Répondre à ce commentaire

  parleur
16-03-09
à 19:07

Re: Patrick n'est pas en forme...

je ne t ai pas assez lu pour me faire un avis sur toi, patrick mignard. Cependant il me semble en avoir lu assez pour comprendre que ta demarche est sincerement motivee. Par quoi je n en sais rien mais peu importe. Peu importe egalement que tes propos en laisse certains un peu froid. Continue de developper tes reflexions, meme si cela ne servait qu a toi... sort un jour un livre qui apportera du grain nouveau a la cause et peut etre ce format satisfera mieux tes desirs et ceux de tes lecteurs.
En ce qui me concerne, je me sert du site comme d une source d information actualite et beaucoup moins comme d un forum de discution me permettant de faire evoluer mes points de vue. C est la le role devolu a mon entourrage IRL. Certains se servent peut etre du site comme d une source de nourriture "de fond", ce n est pas non plus ma demarche, je prefere pour cela les bouquins et les ouvrages de culture au sens large (sauf tv depuis quelques temps...) Tout ca pour dire que si une majorite d utilisateurs lecteurs de l en dehors fonctionnent un peu de la meme maniere, ton entreprise, loin d etre vaine, doit donc cependant etre (re)consideree en consequence. Tres cordialement, Parleur.
Répondre à ce commentaire

  rfz
16-03-09
à 19:22

Je viens de relire mon commentaire, et je le trouve particulièrement dur. J'aurais au moins pu finir par "mais leur présence ne me dérange pas". :(
Répondre à ce commentaire

  libertad
16-03-09
à 19:23

Re: Patrick n'est pas en forme...

Tout à fait d'accord avec Parleur, je lis tous les textes de Patrick et je je pense pas que certains tombent à plat comme le dit Patrick mais que peut-être comme ceux-ci sont tellement proches de la pensée anarchiste qu'ils ne suscitent pas forcément débat.
Nous n'avons pas tant de "théoriciens" ou de "penseurs" qui analysent le monde moderne et la société capitaliste que nous puissions nous en priver, Patrick et Thierry, avec d'autres jouent, ce rôle, il nous en faudrait plutôt 100 autres pour actualiser l'anarchisme, ce serait le gage que nous ne ressassons pas mais que nous sommes en prise sur le monde et capables de le transformer. Continues Patrick !
Répondre à ce commentaire

  PatrickMignard
16-03-09
à 20:54

Re: Patrick n'est pas en forme...

Bon OK Libertad,... je rempile !
Répondre à ce commentaire

  panik
16-03-09
à 21:36

Parfait! Les textes de P. Mignard, sont accessibles, compréhensibles, et sources de réflexions!
Il ne tombent pas dans le prosélytisme dogmatique, et peuvent être discutable avec leur auteur. Bien souvent éreintés et même ignorés, ces écrits ont tout à fait leur place sur l'Endehors.


Répondre à ce commentaire

  PatrickMignard
16-03-09
à 21:38

Re:

Merci,... n'en jetez plus ! ! ! ! ! ! 
Répondre à ce commentaire

  joshuadu34
16-03-09
à 23:54

heureux quand même de voir que ma réaction aura au moins provoquée le débat...

Ce qui me gène avec ton texte, même si je me doute que ce n'est que le premier d'une série, tu nous a habitué à ça, concerne plus le fait de partir d'une société "primitive", voire moyen-ageuse, pour analyser le rapport à la propriété et au vol.

En l'état, dans la société capitaliste, le rapport de vol pourrait être totalement inversé et une analyse du "vol" des forces de production aurait été nécessaire...

Nous ne pouvons pas partir uniquement d'un postulat primitif afin d'analyser objectivement la propriété et le vol, la société a évolué... Sinon, c'est justifier la propriété dans certains cas qui ne remettent pas en cause une absolue nécessité (manger, boire, se vétir), du moins, à priori.

A y regarder de plus près, et pour être concret, combien de temps de travail est nécessaire à un salarié pour avoir le droit à la culture (cd, cinéma, livres...) ou à des loisirs ? Quel rapport rentable ce salarié procure-t'il à celui qui exploite sa force de travail ? Quel rapport rentable celui qui a produit cette culture ou ces loisirs a-t'il fourni ? Quelle marge y a t'il entre la production et l'appropriation ? Quelle force de travail a fourni celui qui, finalement, profitera le plus de l'exploitation de la force de travail du créateur ou du consommateur ? Et, questions les plus importantes, ou s'arrète l'absolue nécessité, ou débute le superflux et quel vol est le plus intolérable ?

La propriété, telle que définie actuellement, n'est qu'un jeu de dupe, un déséquilibre constant inégalitaire !

Mais je suis persuadé que tu en est conscient... Si, maintenant, relever cette légèreté dans un texte qui se veut explicatif deviens intolérable, alors je m'en excuse ! J'avais cru comprendre que nous n'étions pas encore arrivé au but et que le développement nécessitait une approche autre que l'approche conformiste ambiante... Sans doute me suis-je trompé et n'avons nous affaire qu'à de parfait "phénoménologistes" parmi les lecteurs de l'En Dehors...
Répondre à ce commentaire

  ThierryLode
17-03-09
à 08:37

Re: Patrick n'est pas en forme...

Généralement tes papiers sont plutot stimulants sur ce site (ou ailleurs), et ce n'est pas parce que celui ci ne m'a guère convaincu qu'il faut disparaître, bien au contraire...il reste beaucoup à développer sur ce sujet comme sur bien d'autres....
Amicalement


Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom