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IndymediaNantes : "Lundi 2 mars, trois sans-papiers devaient être expulsés par bateau vers le Maroc. Au courant de l’expulsion de Mohamed NGADI, qui avait déjà refusé physiquement deux fois l’expulsion (voir tract ci-dessous), une quinzaine de personnes ont occupé le ferry pendant plus de deux heures. Le capitaine a demandé le débarquement des trois sans-papiers au préfet. Ils ont été reconduits aux centres de rétention de Sète et Marseille dans la soirée.
Après
avoir réussi à déjouer le poste de contrôle des douanes ces quinze
personnes se sont engouffrés dans le ferry de la Comarit en évitant,
grâce à l’effet de surprise, le personnel du navire à l’entrée. Elles
sont alors montées sur le toit de la cabine la plus haute, près de la
cheminée, et ont refusé d’en partir tant que ne seraient pas débarqués
ces 3 passagers emmenés contre leur gré. D’autres, qui n’avaient pas
atteint le point culminant du bateau, ont pu rencontrer et parler aux
retenus, enfermés dans une salle du bateau. Les échanges tant avec les
passagers qu’avec le personnel du bateau étaient plutôt bienveillants
(à l’exception peut-être d’un touriste énervé). Après les deux heures
d’occupation, pendant lesquelles plusieurs feux d’artifice ont été
allumés, les trois sans-papiers ont été débarqués du ferry pour être
emmenés dans différents centres de rétention. Une fois assurés que les
expulsés étaient bien partis – mais malgré tout, menottés et toujours
bien encadrés –, les occupants sont sortis sans encombre. Le capitaine
et la compagnie ne portent pas plainte. Les occupants n’ayant aucun
papier sur eux, les flics ont simplement relevé des identités à l’oral.
Pendant ce temps, sur le quai, une trentaine de camarades diffusaient
le tract reproduit ci-dessous aux derniers passagers à embarquer, ainsi
qu’aux proches des voyageurs et aux badauds. Ils ont vite été rejoints
par des voisins pour discuter le coup et boire un thé à la menthe pour
se réchauffer. Une vingtaine de flics sont également arrivés petit à
petit sans que cela ne trouble la manifestation.
En discutant avec les uns et les autres – sur le ferry ou bien sur les
quais –, quelques informations quant aux expulsions par bateau à Sète
ont pu être glanées. Un bateau part vers le Maroc tous les deux jours.
A chaque départ, la Comarit ou la Comanav, les deux boites assurant le
voyage en ferry, sont tenues (par un contrat moyennant finance ou par
un ordre de réquisition ? Les avis divergent...) d’être en mesure
d’expulser un maximum de 4 ou 5 sans-papiers.
Une fois les douanes franchies et sur le bateau, on ne se trouve plus
sur le territoire français mais sur le territoire du pays d’arrivée
(ici en l’occurrence sur le territoire marocain) : ce qui explique
pourquoi seuls les auxiliaires de la PAF sont montés sur le ferry
pendant l’occupation, et les raisons de leur difficulté à intervenir
(toute intervention aurait nécessité l’aval du capitaine et des
autorités marocaines). Tout ce petit monde se trouvait donc bien
embarrassé par la situation.
Selon le capitaine lui-même, il n’aurait pas la même « facilité » qu’un
commandant de bord d’un avion à refuser d’embarquer des sans-papiers.
Cela ne serait possible que pour des raisons médicales et
l’embarquement d’un retenu, même agité, sur un bateau est invisible
autant qu’inaudible pour les passagers et ne présente pas les mêmes «
risques » pour le voyage... Selon lui toujours, une fois en haute-mer,
les sans-papiers d’abord enfermés dans une salle du ferry pourraient
circuler librement dans le navire ( ??).
Si 3 expulsions ont donc été évitées, elles ne sont que repoussées, les jours suivants l’attestent malheureusement...
Le lendemain, en téléphonant au CRA de Sète, on arrive à joindre Kamal
BOUSSIMHED, qui est un des deux autres retenus dont l’expulsion avait
été bloquée la veille. Kamal vit à Montpellier, est père de deux
enfants et marié avec une hollandaise, enceinte d’un troisième. Il nous
dit qu’il est content de ne pas être parti hier au Maroc. Mais le
surlendemain, il est expulsé par avion cette fois-ci.
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