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L'En Dehors


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LE SPECTACLE DE LA RESISTANCE
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Terme mythique par excellence, la Résistance fait l’objet de tous les espoirs, de tous les fantasmes, et de tous les abus de langage.

S’il n’y avait eu que la Résistance en France durant la 2e Guerre Mondiale, les évènements se seraient déroulés autrement et sur une période plus longue. La Résistance n’a été dans la lutte contre le nazisme qu’un élément, certes moralement très important, militairement important, mais pas stratégique.

Cela pour dire, et arrêtons là la comparaison, que si la Résistance est fondamentale, elle n’en est pas moins insuffisante pour fonder une stratégie. Ceci est encore vrai aujourd’hui dans une toute autre situation.


SPECTACLE PERMANENT

Notre société se donne en spectacle et vit de ce spectacle. Elle n’innove pas, toutes les civilisations, tous les systèmes dans l’Histoire ont procédé de la sorte… Ce qui fait la différence aujourd’hui c’est la puissance technique des moyens du spectacle et de sa diffusion – quoique l’Eglise à son époque n’était pas mal non plus !.

Le propre même de la Résistance c’est de ne pas se donner en spectacle sinon, elle court le risque, soit d’être détruite, dans un système totalitaire, soit de s’intégrer , de devenir exhibitionniste et de tourner au rapport sadomasochiste avec le système qu’elle combat dans une société de « démocratie libérale ».

Dans un système totalitaire, la « résistance » est non seule clandestine, pour des raisons évidentes de sécurité, mais encore est maintenue dans l’ombre par le système lui-même qu’elle combat.

Dans un système de « démocratie libérale », au contraire, la « résistance » peut s’exprimer, mais elle est en plus reconnue par le système qui en fait un élément de sa propre régulation. Ainsi la « résistance » est conviée à participer au spectacle offert, et fait partie du spectacle. Elle est la caution démocratique du système.

Elle est ainsi piégée une première fois par son intégration au spectacle offert par le système… et dans lequel elle perd, de fait et symboliquement, son autonomie.

Elle est piégée une deuxième fois du fait que son opposition se heurte à la légitimité du pouvoir en place… elle y perd ainsi une partie de sa crédibilité et de sa force.

La « résistance » doit être l’anti spectacle de la société qu’elle combat or, aujourd’hui elle fonde son sens « moral », à défaut d’autre chose, sur sa propre mise en scène dans les médias officiels. En effet, la société marchande, attire dans son monde spectaculaire, non seulement tout ce qu’elle réalise, mais aussi celles et ceux qui la combattent… au point que le discours « critique-résistant » devient/est spectaculaire, se substitue à l’essentiel, ou du moins ce qui devrait l’être,  le faire critique-alternatif. Quand le pseudo-faire critique (et pas alternatif) prend une forme concrète, il n’est généralement qu’une forme de spectacle qui s’emboîte parfaitement avec celui de la société. Un exemple : les manifestations de rue, les grèves à répétition, que l’on fait pour la télévision… et qui n’ont aucune autre fonction, sinon thérapeutique, pour celles et ceux qui y participent.

L’apparence est en passe de fonder l’essence.

Mais il y a plus grave.

LA RESISTANCE, UNE STRATEGIE ?

La réponse est négative. C’est quand la « résistance » sombre dans le spectaculaire qu’elle s’affuble – inconsciemment – du statut de stratégie. Or si elle est une réaction humaine, logique à une situation insupportable, elle n’en demeure pas moins en deçà de ce qui est nécessaire pour la faire cesser.

La « résistance » est, comme son nom l’indique une « machine » à s’opposer, pas à conquérir. Pour qu’elle acquière cette dernière qualité il faut qu’elle se dépasse en tant que « résistance » et élabore une stratégie de conquête, de changement, de substitution, de remplacement, autrement dit qu’elle perde son statut de résistance… Or aujourd’hui, ce qui s’appelle la « résistance », dans le flou des actions du mouvement social, est bien loin de répondre à cette exigence. Elle joue consciemment ou inconsciemment sur le registre d’une image glorieuse et héroïque de ce que fut la Résistance (au point par exemple de créer un Comité National de la Résistance), alors que les conditions historiques sont, bien entendu, complètement différentes.

S’enivrer d’héroïsme passé n’est par un gage d’efficacité dans le présent.

« RESISTER C’EST CREER » ?

« Résister c’est créer », n’a de sens que tout relatif… Car « créer quoi ? ».

Si le refus et la « résistance » sont des conditions nécessaires au changement, ils n’en demeurent pas moins nettement insuffisants, et en l’absence d’une stratégie adéquate, et dépassant largement le cadre de la simple résistance, on est condamné à reproduire les « schémas oppositionnels » traditionnels qui même accompagnés de discours radicaux n’ont aucune efficacité. L’exemple des luttes actuelles en est la plus parfaite illustration.

La « résistance » est d’autre part aujourd’hui totalement différente d’hier. En effet, la résistance au système marchand aujourd’hui pâtit gravement du fait qu’il est mondialisé ce qui fait que les moyens utilisés autrefois, et toujours utilisés aujourd’hui sont totalement inadaptés : allez discuter en France avec une direction qui est à Seattle au Etats-Unis !... Allez revendiquer des augmentations de salaires quand des travailleurs chinois produisent le même produit dix fois moins cher !... Menacez de bloquer la production d’une entreprise quand les actionnaires ont la possibilité et le projet de la délocaliser !........

Les armes de la « résistance » sociale sont aujourd’hui totalement obsolètes… Or, les syndicats, qui ont le monopole de fait, et de droit de la lutte sociale sont farouchement attachés à ces pratiques stériles… Elles leur permettent de s’assurer une continuité confortable dans un environnement sécurisé dont leur bureaucratie profite avantageusement… assurant par là même la reproduction du système. De même pour la plupart des partis politiques qui ne jurent, implicitement ( toute la gauche de la gauche ) ou explicitement (PC- PS), que par la voie électorale.

La « résistance » se réduit aujourd’hui à un discours dont la radicalité et la velléité sont fonction du positionnement dans le champ de la politique et des chances statistiques d’accéder ou non à la tête de l’Etat.

Des « effets de tribune » dans des meetings politiques de transes collectives qui ne conduisent qu’aux urnes, des manifestations « traîne savates » qui conduisent à des batailles d’images médiatiques et de chiffres de participation avec le pouvoir, des disputes sans fin pour des préséances politiques sur des listes d’ « union » (sic), des pétitions, des délégations, des communiqués outragés,… voici ce qui constitue aujourd’hui la résistance

De cette « résistance », le système marchand non seulement en veut, mais il en redemande.

Triste « résistance » !.....

Février 2009   Patrick MIGNARD

Voir aussi

« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »

« LE TROISIEME AGE DU SYNDICALISME »

« MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE »
Ecrit par PatrickMignard, à 12:20 dans la rubrique "Pour comprendre".



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