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ETAT, POUVOIR ET ALTERNATIVE
--> Matière à réflexion
La confusion ETAT et POUVOIR est à l’origine des principales catastrophes stratégiques du 20e siècle

La confusion vient du fait que l’on tient le raisonnement suivant : pour changer la société il faut que le pouvoir « change de mains », passe des possédants aux exploités, et donc que ces derniers s’emparent des rênes du pouvoir pour changer de système . Ceci paraît à priori logique,… pourtant ça ne marche pas.

Tout vient d’une confusion tragique entre « Etat » et « pouvoir » sur le plan théorique mais aussi dans le cadre d’une stratégie de changement social.

LA TOUTE PUISSANCE MYTHIQUE DE L’ETAT

Pour parvenir à cela, deux méthodes sont possibles :

- la violente – par une insurrection armée

- la pacifique – en respectant les règles du jeu électoral.

Or, ni l’une ni l’autre ne fonctionnent. Pourquoi ?

Cette question renvoie à la réalité du Pouvoir dans la société et donc de sa relation avec l’entité Etat.

L’Etat, à tort, est considéré comme une « toute puissance » ce qui aboutit au raisonnement erroné qui consiste à dire : « qui détient l’Etat détient le Pouvoir ». Ceci est totalement faux et est à la base de toutes les erreurs stratégiques du 20e siècle. A partir de ce raisonnement on comprend que toute action, quelle qu’en soit la forme, tende à « prendre possession » des commandes de l’Etat. Passage, croit-on, « obligé » de tout changement social.

Or la réalité sociale et politique est plus complexe que ce simple théorème.

Le « cœur » du système dominant, ce qui en fait sa solidité, n’est pas, contrairement aux apparences l’Etat, il réside en fait dans la stabilité des relations sociales qu’il instaure.

La solidité de l’institution « Etat » ne vaut qu’au travers de la solidité des relations sociales dont il est le garant, autrement dit, le pouvoir de l’Etat ne vaut que tant que le système sur lequel il se fonde apparaît comme la seule structure sociale possible.

Ceci se fonde sur trois conditions qui se complètent :

- les contradictions du système n’empêchent pas qu’il soit viable, c'est-à-dire que le lien social, le tissu des relations sociales est encore cohérent et non générateur de crises destructrices,

- l’Etat est capable de surmonter (pas dépasser) les crises sociales et économiques par des mesures qui préservent l’intégrité et la cohérence du système ;

- il n’y a aucune structure sociale et économique portée par une partie de la population qui puisse assurer une alternative.

Ces trois conditions assurent à l’Etat le Pouvoir sur la société.


QU’EST-CE QUE PRENDRE LE POUVOIR ?

On est en droit de se poser, et de se reposer, la question devant les échecs de toutes les tentatives au 20e siècle.

Accéder aux fonctions de l’Etat n’est pas forcément avoir le pouvoir sur la société et l’expérience nous montre que s’il est apparemment effectif il est vite limité et temporaire.

Pourquoi ?

Parce que l’Etat n’est que l’expression d’un état des relations sociales à un moment donné, il en est le garant, mais simplement le garant, il n’en est ni l’essence, ni le créateur. Il est, par exemple, incapable de comprendre et de dépasser les contradictions du système dont il assure la pérennité. Prendre le pouvoir d’Etat reviens à « monter sur une planche pourrie »… la chute n’est pas loin. Or, toutes les prises de pouvoir d’Etat en vue de changer les rapports sociaux se sont soldées par une chute.

On voit donc que le vrai pouvoir n’est pas simplement l’expression d’une volonté, aussi pure et aussi déterminée soit-elle, mais d’une alchimie subtile entre l’économique (les principes de fonctionnement), le social (les conséquences de l’économique sur les relations sociales) et le politique (la volonté de changement se fondant sur une praxis).

On comprend donc que la prise du pouvoir est autrement plus complexe que la manière dont elle est généralement posé…et que sa prise de possession n’est en rien une garantie de changement. Ceci explique que les anciennes méthodes aient toutes, sans exception, échoué.

L’exemple le plus lumineux est illustré par le passage de l’Ancien régime au système marchand : on a l’impression que la Bourgeoisie commerçante prend le pouvoir et instaure le capitalisme… Or ce n’est pas comme cela que ça s’est passé. Quand la Bourgeoisie prend le pouvoir, les rapports marchands ont dépassé les rapports féodaux et c’est cette situation qui permet à la Bourgeoisie de prendre le pouvoir politique et de le garder – même la Restauration n’y pourra rien. La Prise de la Bastille n’est qu’un sympathique épisode, tout à fait marginal, symbolique à souhait, mais qui cache la réalité complexe du changement de système social. Le même scénario se reproduira dans les autres pays européens avec des variantes, mais le fond est le même.

Le pouvoir, le vrai pouvoir, n’est pas à l’Etat, il est dans la société, et pas non plus dans la tête de quelques théoriciens et stratèges, aussi brillants soient-ils. Il est dans les potentialités alternatives qu’offrent les rapports sociaux en gestation dans le système dominant décadent.


COMMENT SE POSE LA QUESTION DE L’ALTERNATIVE ?


Si tout ce qui vient d’être dit est juste, on voit alors comment se pose l’alternative au système marchand.

Accéder au pouvoir de l’Etat n’a pas de sens en soi. Le vrai pouvoir – sans spéculer sur sa forme - se conquière dans la réalité des relations sociales alternatives, en contournant, en minant, les relations sociales marchandes génératrices de blocages, d’exclusions, de gaspillages. Ces nouvelles structures signifient à la fois que le système en place est dépassé (concrètement et dans les consciences), et qu’un monde nouveau est souhaitable et surtout possible.

En l’absence de cette situation, la conquête du pouvoir conduit, soit à imposer, par la force, un système historiquement non viable et incompris (systèmes soviétiques), soit à finalement gérer le système marchand (expériences des Gauches).

La question de la décadence du système dominant est fondamentale et difficile – il n’y a pas d’indicateurs fiables de sa mesure, elle s’évalue aux crises, à l’exclusion, à l’esprit de révolte, à la conscience et à la volonté de changement. Elle s’évalue aussi surtout et d’abord au crédit, à la confiance, dont jouissent les nouvelles structures en gestation.

Reste la question de la participation aux instances politiques du système que l’on veut abattre.

A priori cette participation est tout à fait possible, mais à deux conditions strictes :

- fonder sa participation uniquement sur un principe tactique de soutien aux structures alternatives qui représentent, aux yeux des alternatifs, le seul et unique pouvoir ;

- ne jamais agir dans le sens de la gestion du système en place, uniquement dans le sens de l’intérêt du développement et renforcement des structures alternatives.

On peut voir le décalage abyssal entre cette problématique et la participation passive et collaborationniste des politiciens pseudo progressistes, hier et aujourd’hui, dans tous les parlements du monde.

Il est vrai que dérapages et dérives sont toujours possibles… Il sera de la tâche des alternatifs de les éviter.

Février 2009  Patrick MIGNARD

Voir aussi les articles :

« DECADENCE »

« TRANSITION »

« SE REAPPROPRIER L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »
Ecrit par PatrickMignard, à 20:57 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  libertad
18-02-09
à 21:10

Tout à fait d'accord avec l'analyse de l'Etat et je crois aussi par exemple que de nombreux anarchistes se font des illusions sur une destruction de l'Etat par un mouvement insurrectionnel : cela ne garantirait rien sur l'avenir ( il faudrait encore que ce soit possible vu la force de l'Etat ), l'Etat n'est qu'un reflet des structures sociales et ils se reconstituerait sous d'autres formes si ces structures et si les individus ne sont pas différents.
Par contre je ne crois pas du tout qu'il faille participer aux structures politiques actuelles, elles ont une logique impossible à dévier : intégrer d'une manière ou d'une autre toute structure alternative, les logiques sont inconciliables. Le problème est identique que celui de la participation ou non aux médias dominants.
Répondre à ce commentaire

  PatrickMignard
18-02-09
à 22:23

Re:

J’attendais cette critique sur « participation aux instances politiques du système que l’on veut abattre ».… elle n’a pas tardé et c’est la première,… logique. Une telle conception a de quoi surprendre et est difficile à admettre, j’en conviens.

 

Notons tout de suite qu’une telle « participation » n’a rien de stratégique. Ce qui est stratégique c’est l’instauration de structures alternatives… on est bien d’accord là dessus. Elle est juste tactique, sans pour cela s’imposer, et doit se faire sous condition (j’en précise deux). Il est évident que dans l’état actuel, le problème ne se poser même pas… on a autre chose de plus fondamental à faire.

 

Pourtant, dans une situation où la dualité de système s’affirme, où le système dominant est aux abois, où l’alternative est en passe de s’imposer, où des garanties de contrôle de la majorité existent,… pourquoi se priver d’un « coup de pouce » institutionnel afin de hâter la chute du système en place ?

 

Un exemple historique : Necker qui devient « directeur général du Trésor royal » en 1776  a joué un rôle non négligeable, aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique (favorisant la représentation du Tiers Etat),… aggravant ainsi la déliquescence de l’Ancien Régime. Il est à n’en pas douter, un élément corrupteur du système « qu’il sert » ou donne l’ « impression de servir », il ne joue pas en fait le jeu de l’Ancien Régime, mais du système qui va l’enterrer.

 

Tout cela pour dire qu’il nous faut peut-être éviter d’être systématiques et attentifs aux opportunités. D’ailleurs, si l’on n’y prend pas garde, elles risquent de se produire indépendamment de tout contrôle de la majorité.

 

Question délicate mais qui se posera à un moment ou à un autre… et qui sera certainement source de discussions , de divergences et peut-être de conflits entre nous.

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