Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Deux poids, deux mesures
--> De l’onanisme en milieu militant
Avec la même unanimité que l’on peut voir aujourd’hui pour encenser les emeutiers grecs, après les émeutes urbaines de 2005 en France, un cortège de communiqués ont condamné les violences. Les émeutiers, ici, sont des « irresponsables », des « inconscients » qui « se tirent une balle dans le pied » et se mettent « les leurs » à dos. Les leurs ? Voici le meilleur moyen de souligner la séparation entre « les militants » qui pondent leurs analyses tranquillement installés dans leurs sièges au coin du feu et ceux, que beaucoup d’entre eux s’amuse à appeler « les masses », qui eux s’insurgent en foutant le feu.

Suite à la mort de Bouna et Zied, la révolte était au mieux « compréhensible », mais ce n’était pas la « bonne » révolte, LA révolte « politisée » (celle qui aboutirait à la Révolution Sociale), et les cibles n’étaient pas les bonnes non plus ; foutre le feu oui, mais pas à l’école primaire de la ville, pas aux associations de « grands frères » chargées d’assurer la médiation, pas à la voiture du voisin prolétaire, pas à la bibliothèque du quartier, pas aux entreprises qui amènent « l’égalité des chances » dans les banlieues parce que faire « cela » revenait à un suicide politique.

Mais était-ce vraiment le choix des cibles qui démangeaient nos révolutionnaires franchouillards ? On se pose la question quand on voit les réactions de ces mêmes personnes lorsque le même type d’événements a lieu en Grèce , mais cette fois, lorsqu’ils sont « produits » par des personnes qui ajoutent un A cerclé et autres signes de reconnaissances tribaux sur les murs (comprenez : « par des gens déjà conscientisés »).

Dans le premier cas, il s’agit « d’irresponsabilité », dans l’autre, c’est « l’insurrection qui vient ». Ce qui semble cristalliser l’attention de nos révolutionnaires dans ces émeutes à l’étranger, c’est le folklore militant.
En effet, la France est un des pays où ont lieu le plus d’émeutes urbaines, et ce depuis le début des années 80 (depuis Vaulx en Velin en 79). Encore il y a peu, Vitry-le-francois, Roman-sur-Isere, Villiers-le-Bel, Grigny, La Courneuve, Les muraux etc. ont explosé. Mais personne aux balcons, finalement, c’est devenu si commun de se révolter dans les banlieues…
Seulement, dans ces milieux, l’exotisme règne. La France, ses banlieues pourries, ses « racailles obsédées par l’argent facile et le bizness » et sa « jeunesse dépolitisée » contre la Grèce, son soleil, ses îles fleuries et ses black blocs photogéniques.

Ces « analyses » militantes créent donc une hiérarchisation entre les explosions de rage régulières des banlieues et celles, plus sporadiques, comme à Oaxaca ou en Grèce. Ils reconnaissent donc à certaines populations le privilège d’être le ou les « sujets révolutionnaires », tandis que d’autres restent, à mot couvert, des avatars modernes du lumpenprolétariat, incapables d’aller au delà de la révolte. Car les révoltes, dans leurs esprits, ne sont bonnes qu’à être le prélude du Grand Soir, ou d’un hypothétique processus révolutionnaire, ce qui revient au même.

Une étrange compétition semble alors s’installer, entre ceux et celles qui ne feraient « que » cramer la voiture de leur voisin, l’école de leur petit frère ou le bureau de poste de leurs parents, et ceux qui ont déjà tout compris, ceux qui s’en prennent directement aux symboles du Pouvoir. Pourtant, les cocktails Molotov sont de même facture, et une école qui brûle reste une école qui brûle, d’Ithaque à Aubervilliers.

Il est bien plus facile pour un libertaire, un trotskiste ou n’importe quel autre gauchiste de s’identifier à un étudiant de classe moyenne, déjà actif dans les mouvements sociaux et surtout, affublé des mêmes symboles folkloriques qu’à un individu qui n’a pas la même « culture politique » et qui d’ailleurs n’a pas forcément attendu de lire l’intégrale de Bakounine pour foutre le feu à ce monde. La rage spontanée des pauvres, elle, n’a rien de folklorique ; elle n’est ni esthétique ni pompée d’un manuel commercialisé à la Fnac.

Dans les divers commentaires à propos des révoltes en Grèce, on a pu lire que le Pouvoir se chiait dessus, qu’il était à deux doigts de vaciller, que l’insurrection se propageait à vitesse grand V, et autres projections fantasmées. Faux, la révolte était somme toute balisée, elle est restée dans un cadre « classique », connu par les forces de l’ordre, et ce , quelque soit le nombre de banques cramées. Si l’insurrection venait vraiment, ce ne serait pas des grenades lacrymogènes que l’Etat enverrait, mais l’armée.
En 2005 par contre, peu après les premiers tirs en direction de la police et le relatif retour au « calme », une note interne des renseignements généraux décrivait la situation comme « insurrectionnelle ». En effet, dans cette note de huit pages de la D.C.R.G. nommée « crise des banlieues : violences urbaines ou insurrection des citées ? » on pouvait lire : « la France a connu sous forme d’insurrection non organisée avec émergence dans le temps et dans l’espace, une révolte populaire des citées, sans leader et sans proposition de programme » et ce, en totale contradiction avec leur ministre de tutelle de l’époque. La note rajoute : « aucune manipulation n’a été détectée, permettant d’accréditer la thèse d’un soulèvement généralisé et organisé ». Cette fois-ci, la France s’est véritablement chiée dessus, dans des proportions incomparables avec d’autres crises « politiques » comme le CPE. Le déploiement des hélicoptères de surveillance et les mesures de couvre-feu en témoignent. Le 8 novembre, De Villepin décrète l’Etat d’urgence, autorisant ainsi les préfets à mettre en place des mesures « exceptionnelles », alors même que le « calme » était peu à peu en train de revenir.

Le but de ce texte n’est pas de minimiser une révolte ou d’en maximiser une autre, mais de mettre les militants face à leurs contradictions. Pourquoi eux se permettent-ils de maximiser ou de minimiser, et selon quels critères ? Nous nous foutons des symboles, la seule chose qui importe dans une émeute, c’est la rage qui la guide, et non les « capacités pré ou post-révolutionnaires » de ceux qui la font [1]. Mais se réfugier dans le fantasme exotique d’une insurrection en Grèce permet de ne pas trop se mouiller ici, et de redorer un blason terni par des actes manquants. Pour nous, condamner une émeute de banlieue -sous un prétexte fallacieux ou un autre- équivaut à condamner une grève sauvage, une attaque de keufs ou l’incendie d’un centre de rétention ; c’est nier la révolte qui anime les enragéEs, en faisant d’eux des objets d’études sociologiques qui, pour se faire, doivent nécessairement adopter un point de vue extérieur et distant, voir condescendant. Assis au coin du feu, le révolutionnaire a tout le loisir de pondre d’imposantes réflexions qui feront autorité et montreront la voie à ceux qui eux, n’ont pas que ça à foutre.

Solidarité avec les incarcérés de 2005 comme de 2008.

P.-S.

Sur le sujet, voir également le texte "Je suis de gauche et j’aime les flics" et "Marre des commémorations !", tout deux extraits du dossier "les illusions gauchistes" dans Non Fides N°2.

Notes

[1] Il est évident par ailleurs que nous ne serons jamais solidaires d’une émeute conduite par des ennemis, ou par n’importe quel groupe ayant l’intention de s’emparer du pouvoir ou de commettre des massacres, cela va sans dire.

Ecrit par clown, à 10:36 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  revolte
31-12-08
à 12:38

Exellent texte et analyse qui nous dévoile l'hypocrisie et faux semblant de la sociale démocratie et de certaines organisations anarchistes(f.a etc..) et  compagnons(es) vis a vis de la révolte.

 

Répondre à ce commentaire

  clown
31-12-08
à 15:21

Re:

j'ai oublié de préciser la source :

http://www.non-fides.fr/spip.php?article142
Répondre à ce commentaire

  leobilski
31-12-08
à 20:37

Analyse minable

Je ne peux qu'être révolté par ce texte minable parce que faux. Voilà les raisons:

  1 - Contraire à ce qu'indique ce texte, des organisations anarchistes ont soutenu ces émeutes et se sont opposées au silence des marxistes et aux condamnations des sociaux démocrates, notamment la CNT AIT qui était au côté des émeutiers.

 2 - Quand les anarchistes parlent des émeutes en Grèce, ils situent cette révolte dans la lignée de ce qui s'est produit dans les banlieues françaises en 2005 et à Oaxaca en 2007 et d'une manière plus générale les émeutes urbaines telle que celles des USA.

 3 - Enfin l'auteur oublie un peu vite les comportements des "jeunes de banlieues" au moment des manisfestations contre le CPE où ils attaquaient les manisfestants sous le regard bienveillant des forces de l'ordre. On sait que la même stratégie est à l'oeuvre face aux manisfestations lycéennes contre la réforme Darcos. Ainsi il était mis en évidence que la police incitait certains d'entre eux à foutre le bordel dans les AG et les manifs ( confère stratégie des chiens du pouvoir et mouvement lycéen indymédia nantes jeudi 11 décembre 2008)

  La question qui se pose à nous anarchistes et qui n'a toujours pas été résolue (voir débat dans courant alternatif de l'O.C.L.) c'est comment rallier ces jeunes à notre cause plutôt que de les voir sombrer dans l'islamisme ou le fascisme ou servir de larbins à la police . Si nous y arrivons je peux vous dire que l'Etat va se faire dans la culotte. Voilà camarade si tu veux faire avancer le débat les questions qu'il faut te poser et chercher à résoudre. Ici se pose aussi le problème de nos organisations, je devrais plutôt dire des bureaucraties anarchistes. En effet elles s'évertuent à opposer trois stratégies qui sont en réalité complémentaires. La stratégie insurrectionnelle, la stratégie anarcho syndicaliste, la stratégie alternative, c'est à dire l'expérimentation de solutions futures ( que je considére être la seule vrai propagande par les faits) . L'insurrection mais le feu, l'anarcho syndicalisme répand le feu, l'alternative apporte des solutions.   Ceci repose l'éternelle question quelle est la fonction d' une organisation anarchiste? pour la réponse est d'aider les groupes à se développer en leur fournissant des ressources culturelles certes mais aussi pratique comment ouvrir un squatt, comment monter un site web, transmettre les pratiques qui ont réussies et arrêter de se lamenter sur nos échecs en reportant les fautes sur les marxistes, les réactionnaires, etc.. Bon je m'arrête parce qu'il y a trop à dire.

 

Répondre à ce commentaire

  leobilski
31-12-08
à 21:13

Tu dis que cette révolte est balisée, quelle reste dans un cadre classiqueconnu des forces de l'ordre. Une fois de plus ton analyse est fausse. Bien entendue 200 anarchistes grecs ne vont pas renverser le pouvoir et instaurer une révolution libertaire en Grèce. Mais ils vont pouvoir créer des zones autonomes où ils expérimenteront des solutions anarchistes montrant qu'ils savent faire autres choses que mettre le chaos et s'ils arrivent à mettre la population de leur côté, à se répandre en Grèce et ne pas se limiter à la zone de l'école de polytechnique alors une révolution libertaire est possible. Bien entendu le pouvoir fera tout pour couper la population des anarchistes, en favorisant le développement de la délinquance dans ces zones autonomes par exemple ( c'est qu'à fait la police grec en incitant les dealers de drogues dures à les vendre dans le quartier anar même pratique au danemark dans la zone de christiansen)la réussite où l'echec de ces zones dépendra donc de la capacité de la population à préservér et à développer ces zones libérées.
Répondre à ce commentaire

  revolte
31-12-08
à 21:40

Re:

Je pense qu'il y a confusion et mauvaise interprétation de ta part du texte.

En effet celui ci ne remet pas en cause l'implication et la solidarité des anarchistes avec nos compagnons(es) grecs bien qu'a mes yeux cette solidarité fut un peu tiede et la ce pose le probleme a savoir que les mouvements de révoltes(violences) sont soutenus par le bout des lévres par certaines(je dis bien certaines) organisations anarchistes préocuper de sauvegarder leurs respectabilités.

 Bref un texte interessant qui souleve des problemes de fond.

Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom