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LA MOBILISATION CONTINUE,ci joint quelques informations du site Jura Libertaire. http://juralibertaire.over-blog.com/
En ces jours de rage, le spectacle comme une relation de puissance, une relation qui imprime son souvenir sur les objets et les corps, est confronté à un diffus contre-pouvoir qui déterritorialise le vécu, lui permettant de s’éloigner de la tyrannie de l’image pour s’aventurer dans le domaine des sens. Les sens ont toujours été perçus comme antagonistes (ils réagissent toujours contre quelque chose), mais dans les conditions actuelles, ils se dirigent vers une polarisation de plus en plus aiguë et radicale. Des caricatures soi-disant pacifiques des médias bourgeois («la violence est toujours inacceptable, partout dans le monde»), nous ne pouvons que nous gausser : leur loi, leur loi d’esprit obéissant et consentant, de dialogue et d’harmonie ne sont rien d’autre qu’un bestial plaisir bien calculé : un carnage garanti. Le régime démocratique sous son vernis pacifique ne tue pas un Alex chaque jour, précisément parce qu’il tue des milliers de Ahmets, Fatimas, JorJes, Jin Tiaos et Benajirs : parce qu’il assassine systématiquement, structurellement et sans remords l’ensemble du tiers monde, qui est le prolétariat mondial. C’est de cette façon, à cause de ce quotidien massacre à froid, qu’est née l’idée de liberté : la liberté non pas comme un prétendu bienfait humain, ni comme un droit naturel pour tous, mais comme le cri de guerre des damnés, comme le principe de la guerre.
La classe bourgeoise et son histoire officielle nous lavent le cerveau avec la légende d’un progrès graduel et stable de l’humanité au sein duquel la violence n’est qu’une désolante exception découlant d’un sous-développement économique, culturel et émotionnel. Pourtant, nous tous qui avons été écrasés entre les pupitres d’école, derrière les bureaux, les usines, ne savons que trop bien que l’histoire n’est rien d’autre qu’une succession d’actes bestiaux reposant sur un système de règles mortifères. Les gardiens de la normalité déplorent que la loi ait été violée par la balle du revolver de Korkoneas le Porc (le flic tueur). Mais qui ne sait pas que la vigueur de la loi est simplement la force de la puissance ? Que c’est la loi elle-même qui permet le recours à la violence contre la violence? La loi est vide de bout en bout, elle n’a aucun sens, ni aucun autre but que celui de déguiser la force du pouvoir.
Dans le même temps, la dialectique de la gauche tente de codifier le conflit, la bataille et la guerre, avec la logique de la synthèse des contraires. De cette manière, il construit un ordre, un état pacifié au sein duquel tout a sa propre petite place. Pourtant, le destin du conflit n’est pas la synthèse — comme le destin de la guerre n’est pas la paix. L’insurrection sociale contient la condensation et l’explosion de milliers de négations, pourtant elle ne contient en aucune de ses sous-parties, ni en aucun de ses moments, sa propre négation, sa propre fin. C’est toujours avec une certitude lourde et sombre qu’arrivent les institutions de médiation et de normalisation, de la gauche promettant le droit de vote dès 16 ans, le désarmement mais le maintien des porcs, l’État-providence, etc. En d’autres termes, en voilà qui souhaitent tirer un gain politique de nos blessures. La douceur de leur compromis suinte le sang.
Ceux qui sont contre la violence sociale ne peuvent pas être tenus pour responsables de ce qu’ils n’assument pas : ils sont destructeurs de bout en bout. Si les luttes contemporaines ont quelque chose à nous apprendre, ce n’est pas leur triste consensus sur un objet (la classe, le parti, le groupe), mais leur processus systématiquement anti-dialectique : pour eux, l’acte de destruction ne contient pas nécessairement une partie créative. En d’autres termes, la destruction de l’ancien monde et la création d’un nouveau monde sont pour eux deux processus discrets mais continus. Pour nous, la question est plutôt quelles méthodes de destruction de l’existant peuvent être développées en différents lieux et moments de l’insurrection ? Quelles méthodes peuvent non seulement maintenir le niveau et l’ampleur de l’insurrection, mais contribuer à son amélioration qualitative ? Les attaques de commissariats, les affrontements et les barrages routiers, les barricades et les batailles de rue, sont maintenant un phénomène social quotidien dans les villes et au-delà. Et ils ont contribué à une déréglementation partielle du cycle de production et de consommation. Et pourtant, ils ne sont qu’une attaque partielle de l’ennemi ; il est évident que nous restons piégés dans une seule et unique dimension de l’attaque contre les relations sociales dominantes. Car le processus de production et de circulation des marchandises en lui-même, autrement dit le capital comme relation, n’est qu’indirectement touché par les mobilisations. Un spectre plane sur la ville embrasée : celui de la grève générale sauvage à durée indéterminée.
La crise capitaliste mondiale a ôté aux patrons leur réponse la plus énergique et la plus mensongère à l’insurrection : «Nous vous offrons tout et pour toujours, alors que tout ce qu’eux peuvent vous offrir n’est qu’un présent incertain.» Avec ses entreprises qui s’effondrent les unes après les autres, le capitalisme et son État ne sont plus en mesure d’offrir quoi que ce soit d’autre qu’un lendemain pire de jour en jour, une situation financière asphyxiante, des licenciements, la suspension des pensions de retraite, des coupes dans les budgets sociaux, la fin de la gratuité de l’enseignement. Au contraire, en seulement sept jours, les insurgés ont prouvé par la pratique ce qu’ils peuvent faire : transformer la ville en un champ de bataille, créer des enclaves de communes dans l’ensemble du tissu urbain, abandonner l’individualité et sa sécurité pathétique, rechercher la formation de leur force collective et la destruction totale de ce système meurtrier.
À ce moment historique de la crise, moment de rage et de rejet des institutions auquel nous sommes finalement parvenus, la seule chose qui peut transformer le système de déréglementation en une révolution sociale est le rejet total du travail. Quand les combats se dérouleront dans des rues assombries par la grève de la compagnie d’électricité, lorsque les affrontements auront lieu au milieu de tonnes de déchets non collectés, lorsque les tramways seront abandonnés au milieu des rues, bloquant les flics, lorsque l’enseignant en grève allumera le cocktail Molotov de son élève révolté, nous serons enfin en mesure de dire : Camarade, «les jours de cette société sont comptés ; ses raisons et ses mérites ont été pesés, et trouvés légers». Aujourd’hui, cela n’est plus un simple fantasme, mais une possibilité réelle dans la main de chacun : la possibilité d’agir concrètement sur le concret. La possibilité d’apercevoir les cieux.
Si tout cela, à savoir l’extension du conflit dans la sphère de la production-distribution, avec ses sabotages et ses grèves sauvages, semble prématuré, ce ne serait que parce que nous n’avons pas réalisé à quelle vitesse le pouvoir se décompose, à quelle vitesse les méthodes de confrontation et les formes de contre-povoir se diffusent socialement : des lycéens qui caillassent les commissariats aux employés municipaux et aux voisins qui occupent les mairies. La révolution ne se fait pas par la croyance et la foi en des conditions historiques à venir. Elle se fait en saisissant n’importe quelle occasion d’insurrection dans chaque aspect de la vie sociale, en transformant notre animosité envers les flics en une grève définitive aux pieds de ce système.
Dehors les porcs !
Initiative du Comité d’occupation de l’École athénienne d’Économie et d’Affaires, 14 décembre 2008
Émeutes & Amour, 15 décembre 2008. Mardi 16 décembre 2008 Le siège de la police attaqué par des jeunes à Athènes
Des jeunes masqués se sont attaqués mardi au siège de la police grecque dans le centre d’Athènes, tandis que des heurts opposaient à nouveau manifestants et policiers à Thessalonique, dans le nord du pays. Selon la police, les violences enregistrées à Athènes impliquaient une trentaine de jeunes qui ont lancé des cocktails Molotov et des pierres sur l’immeuble de la police.
Après une accalmie de deux jours, les manifestations ont repris mardi dans toute la Grèce. Des lycéens ont bloqué des rues et des dizaines d’adolescents se sont rassemblés devant le principal palais de justice de la capitale et une prison de haute sécurité. Certains ont jeté des projectiles en direction de la police.
D’autres rassemblements étaient prévus à Athènes dans le courant de la journée.
Des manifestants ont aussi brièvement occupé un studio de la chaîne de télévision publique NET, interrompant un journal d’information. Un discours du Premier ministre Costas Karamanlis a ainsi soudainement disparu des écrans, remplacé par des images de banderoles appelant le public à «arrêter de regarder la télévision et descendre dans la rue».
Les manifestants, pour la plupart des lycéens choqués par la mort d’un jeune de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, tué le 6 décembre par la police, réclament le départ des policiers anti-émeute des rues, le désarmement des forces de l’ordre et la réduction des inégalités sociales.
Selon le ministère de l’Éducation, les cours étaient interrompus mardi dans plus de 100 établissements secondaires occupés par les élèves. Plusieurs universités du pays étaient également paralysées pour cause d’occupation.
Parallèlement, la police anti-émeute a dû tirer des gaz lacrymogènes pour disperser mardi à Thessalonique quelque 300 jeunes qui lançaient des pierres et autres objets sur le palais de justice local. Ces violences ont fait suite à la condamnation de huit policiers reconnus coupables d’abus sur un étudiant lors des émeutes de 2006. Les accusés ont écopé de peines allant de 15 mois avec sursis à trois ans et trois mois avec sursis.
Dans un geste d’apaisement, les autorités municipales d’Athènes devaient allumer l’arbre de Noël érigé sur la place Syntagma, dans le centre de la capitale, théâtre de bon nombre des affrontements de ces 11 derniers jours.
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à 19:40