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Le dernier stade du capitalisme d'Etat (Robert Kurz)
Lu sur Subversite : "Dans cet article publié le 28 septembre dernier par le quotidien brésilien Folha de Sao Polo, Robert Kurz 1, qui participe depuis bientôt trente ans au développement d’une Théorie de la Crise, nous propose une explication de celle que nous vivons aujourd'hui à partir de la « critique de la valeur » dont il est l'un des principaux auteurs en Allemagne (cf. par exemple Le manifeste contre le Travail du groupe Krisis auquel il avait participé). La traduction de cet article est parue en France dans le bulletin Archipel de novembre 2008 de la communauté de Longo Maï.

 

La crise, quelle crise? Ainsi claironnaient il n’y a pas si longtemps encore les idéologues libéraux de droite comme de gauche, convaincus qu’ils étaient de l’immortalité du capitalisme. Autant les petites gens et les pauvres que les élites avaient progressivement occulté que non seulement ce type de société a une histoire, mais que cette société est elle-même le produit d’une dynamique aveugle. Ces deux dernières décennies notamment, tous ne voulaient percevoir que des «événements» ponctuels, au sein de formes sociales anhistoriques de l’ontologie capitaliste2. A l’instar de Dorian Gray dans le roman d’Oscar Wilde, ce n’était pas le capitalisme, mais seulement l’image du monde social dont il était la source, qui semblait vieillir et se vêtir des oripeaux de la misère, tandis que la logique de l’argent continuait à briller de la fraîcheur d’une fausse jeunesse.

Le «lundi noir» du plus grand crash financier de tous les temps a dévoilé brutalement le vrai visage du Dorian Gray capitaliste.

Mais nul ne veut percevoir ces caractéristiques dans cette nouvelle poussée de la crise. La confiance aveugle dans le capitalisme pousse uniquement vers la recherche de coupables. «Les pratiques douteuses» des spéculateurs et la «politique économique anglo-saxonne» sont montrées du doigt comme responsables du désastre. Cette explication simpliste et aux consonances antisémites3 a déjà été mobilisée régulièrement par le passé. Depuis plus de vingt ans, des vagues de crises financières ont accompagné la mondialisation. Toutes les mesures, en apparence couronnées de succès, prises pour empêcher une «fonte du noyau» du système financier international n’ont fait que le restructurer, sans jamais affronter le véritable problème. L’évolution actuelle fait voler en éclats tous les anciens concepts; la crise ne touche pas seulement le secteur des crédits hypothécaires américains, elle a déclenché une réaction en chaîne qui est loin d’être arrivée à son terme. Les origines, on ne les trouvera pas dans les défauts personnels et les carences morales des acteurs, mais dans le noyau économique du système lui-même.

Le capitalisme n’est rien d’autre que la recherche de l’accumulation d’argent comme but en soi. Et la «substance» de cet argent est l’emploi continuellement croissant de la force de travail humaine. Simultanément, la concurrence entraîne une augmentation de la productivité qui rend cette force de travail de plus en plus superflue. En dépit de toutes les crises, cette contradiction interne semblait toujours avoir été dépassée grâce à l’absorption massive de force de travail par de nouvelles industries. Le «miracle économique» d’après 1945 a fait de cette capacité du capitalisme une profession de foi. Depuis les années 1980, la troisième révolution industrielle, celle de la microélectronique, a entraîné un nouveau niveau de rationalisation qui a lui-même entraîné une dévalorisation de la force de travail humaine, à une échelle encore jamais vue. La «substance» même de la valorisation du capital se dissout, sans que de nouveaux secteurs capables de générer une véritable croissance économique n’aient vu le jour. La phase néolibérale n’était rien d’autre que la tentative de gérer de façon répressive la crise sociale découlant de cet état de fait tout en impulsant une croissance «sans substance» du «capital fictif» par l’expansion effrénée du crédit, de l’endettement et des bulles financières sur les marchés financiers et immobiliers.

Mais c'est l’ouverture mondiale des vannes monétaires et plus particulièrement le fait que la banque centrale américaine ait inondé les marchés internationaux de dollars, qui a précisément été le péché originel du monétarisme. En effet, cette doctrine postule la limitation de la masse monétaire comme fondement de la doctrine néolibérale. En réalité, le flot d’argent public dénué de substance subventionnait un accroissement de la valeur de patrimoines financiers, sans contreparties. Aujourd’hui, ce «socialisme paradoxal de l’argent sans substance» est battu à plate couture, comme avant lui le capitalisme d’Etat à l’Est et à l’Ouest, la version keynésienne de la croissance subventionnée par l’Etat. Aux Etats-Unis, la nationalisation de fait du système bancaire américain et le plan du ministre des Finances pour enrayer la crise avec environ mille milliards de dollars d’argent public ne sont rien d'autre que des actes désespérés. Du jour au lendemain, la soi-disant liberté des marchés a révélé son caractère intrinsèque de capitalisme d’Etat au point que certains ironisent déjà sur la «république populaire de Wallstreet». Mais rien n’est résolu. On assiste, en quelque sorte, au dernier stade du capitalisme d’Etat; celui-ci peut, dans le meilleur des cas, retarder l’effondrement des indices boursiers en actionnant une fois de plus la planche à billets. A la différence des époques précédentes, il n’existe plus aucune marge de manœuvre pour nourrir l'émergence de nouveaux secteurs économiques porteurs.

Ceci entraîne la fin des USA en tant que la puissance mondiale. Les guerres d’intervention ne peuvent plus être financées et le dollar perd son statut de référence monétaire mondiale. Mais aucun prétendant sérieux au poste n’est en vue. Le ressentiment contre la «domination anglo-saxonne» ne représente en rien une critique du capitalisme et il manque de sérieux. En effet, la conjoncture mondiale fondée sur les déficits s'appuyait sur les flux d’exportation vers les Etats-Unis. Les capacités industrielles en Asie, en Europe et ailleurs ne dépendaient pas de bénéfices et de salaires réels, mais directement ou indirectement de l’endettement extérieur des USA. L’économie néolibérale des bulles financières était une sorte de «keynésianisme mondial» qui aujourd’hui se désagrège comme avant lui le keynésianisme national. Les «puissances émergentes» n’ont pas la moindre autonomie économique et sont pieds et poings liés par l'enchaînement mondial des déficits. Leur dynamique tant admirée était un pur mirage dénué de tout fondement intérieur. Ainsi, il n’y aura pas, où que ce soit, de retour à un capitalisme «sérieux» avec des emplois «réels». Il faut plutôt s’attendre à un effet domino de la crise financière sur l’économie «réelle» à laquelle aucune région du monde ne peut échapper. Le capitalisme d’Etat et le capitalisme de «libre» concurrence se révèlent être les deux faces de la même médaille. Ce qui s’effondre, ce n’est pas un «modèle» qui pourrait être remplacé par un autre. C'est le mode dominant de production et de vie, la base commune du marché mondial.

Robert Kurz

1. Il a animé jusqu'en 2004, le groupe Krisis (voir Archipel No 103, 104, 106, 110, 113, 158 sur forumcivique.org) et est aujourd'hui rédacteur de la revue EXIT! (toutes les notes sont de la rédaction)

2. selon l’idéologie capitaliste, des catégories telles que l’argent, le travail etc. ont toujours existé et existeront toujours; historiquement, seuls des aménagements ont pu exister ou sont possibles

3. généralement, l’antisémitisme s’est appuyé sur une personnification des mécanismes capitalistes où le Juif représentait le financier rapace pervertissant la «bonne» production marchande

Plusieurs traductions françaises sur le site de la revue EXIT !  http://www.exit-online.org/

Ecrit par Diggers, à 10:54 dans la rubrique "Economie".

Commentaires :

  satya
08-12-08
à 12:38

merci, cet article est intéressant et complète l'autre article sur ce sujet.
comment se procure t on le bulletin archipel de longo maï svp??

autrement, j'ai juste un petit problème avec un élément de ces textes, ce sont les références à l'antisémitisme.
bien que je puisse considérer historiquement qu'ils ont raisons et que cela a fait partie de la situation, je trouve que cela est déplacé aujourd'hui, je n'ai vraiment rien lu ni entendu que ce soit sur le net, dans les médias alternatifs ou les médias officiels qui relie de quelque façon que ce soit l'actuelle crise avec de l'antisémitisme, les jeunes traders français qui sont partis à londres pour s'en mettre plein les poches ou des traders commer kerviel n'ont aucune image ni représentation liée à la juivitude. je pense donc limite "dangereux" et douteux et je crains des amalgames qui n'ont pas du tout lieu d'être dans la configuration actuelle de la situation et de la crise !
Répondre à ce commentaire

  Diggers
08-12-08
à 13:24

Re:

Salut Satya,

Les anciens numéros de l'Archipel (Longo Mai) sont librement téléchargeables ici  :

http://forumcivique.org/index.php?lang=FR

Il doit y avoir quelque part sur ce site une adresse postale où s'abonner...

Il y a d'ailleurs de très nombreux articles de R. Kurz qui ont été traduits dans Archipel.

Diggers

Répondre à ce commentaire

  Deun
08-12-08
à 14:06

Kurz écrit :
Le capitalisme n’est rien d’autre que la recherche de l’accumulation d’argent comme but en soi. Et la «substance» de cet argent est l’emploi continuellement croissant de la force de travail humaine. Simultanément, la concurrence entraîne une augmentation de la productivité qui rend cette force de travail de plus en plus superflue.

Cela semble plutôt un cas particulier, bien réel et important, mais particulier quand même.
Le capitalisme exploite des "différentiels" dans l'inégal accès aux ressources.
Le cas particulier ici, c'est quand ce différentiel est une différence de productivité entre entreprises d'un même secteur (alors l'entreprise la plus productive exploite cette différence au détriment des autres). L'exploitation de ce différentiel seul exige effectivement de diminuer la participation humaine.
Ce type de différentiel peut devenir dominant par rapport aux autres types, puis entrer en crise à un moment donné, et donc donner l'impression d'une crise du capitalisme lui-même.

Mais d'autres différentiels sont possibles, et ils sont nombreux. Ils peuvent se combiner (comme avec les délocalisations : différentiel de taux de change/salaires + vente de technologies/marchandisation des savoirs-faire).
Ils peuvent se simplifier : Dans un bidonville, restreindre l'accès à l'eau, c'est créer des milliers de différentiels de la source vers tous les porteurs d'eau à pied. On peut imaginer restreindre d'autres ressources fondamentales (exemple : la pollinisation par décimation des abeilles), faisant apparaître de nouveaux secteurs d'activité (production de plants).
Le capitalisme peut être relancé par l'existence d'autres différentiels dont on n'a pas idée. A partir du moment où les sociétés sont stratifiées, les différentiels sont comme immanents au "social", avec la possibilité de l'esclavage qui ne vient pas forcément contredire une technologie sophistiquée et "productive".

Tout
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  satya
08-12-08
à 16:42

Re:

bonjour diggers :)
grand merci, je vais m'instruire et voir comment faire !
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