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L'En Dehors


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Une campagne de presse sur un énorme montage policier
Lu sur le laboratoire :  Neuf jeunes entre 25 et 33 ans ont été inculpés et incarcérés par un juge de la section anti-terroriste de Paris avec l'accusation de participation à une association à but terroriste; cinq d'entre eux sont accusés de dégradation de lignes électriques du TGV. Chefs d'inculpation très lourds qui peuvent entraîner une peine de vingt ans de réclusion. La SNCF avait dénoncé les jours précédents différents actes de sabotages. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, quelques crochets en fer forgé comme des épingles avaient été jetés (accrochés) sur les caténaires, les fils électriques qui alimentent le réseau ferroviaire, provoquant un véritable embouteillage du trafic avec des retards pour 160 trains sur la ligne TGV. Épisodes qui ont suscité une énorme alarme au point que le gouvernement a suspecté, compte tenu du climat de tension qui régnait entre les syndicats et la direction des chemins de fer, une implication des travailleurs. Climat de suspicion pesant et diffus contre les syndicats les plus radicaux comme Sud-Rail et même la CGT. L'affaire prit de l'importance au point que les autorités durent démentir la présence de syndiqués parmi les inculpés.

A l'aube du onze novembre, cent cinquante agents appartenant à diverses sections de police anti-terroriste ont fait irruption dans un coin de campagne, une grosse vieille ferme de la localité de Goutailloux, près du petit village de Tarnac (350 habitants) situé dans le centre de la France, plus précisément en Corrèze, dans le Limousin. La ferme avait été mise sous surveillance depuis le printemps dernier. Cinq personnes ont été arrêtées. Conjointement, quinze autres ont été arrêtés dans le reste de la France, à Rouen, dans la Meuse et à Paris. En grande partie des étudiants universitaires. Finalement, seulement neuf d'entre eux ont été incriminés. Parmi eux Julien Coupat, diplômé universitaire, bien connu à Paris pour son activité politico-intellectuelle, «de formation post-situationniste et post-adorniene, excellent connaisseur de Guy Debord», explique Luc Boltanski, directeur d'études à l'Ehss qui l'a eu comme élève. Il faisait partie à la fin des années 90 du collectif qui réalisa la revue Tiqqun, proche du travail du philosophe George Agamben. Il figure parmi les auteurs du texte publié même en Italie et édité par Bollati: La théorie de la jeune fille. Présenté comme le supposé chef de ce qui a été appelé la «cellule invisible». La rafle a été de suite présentée comme une affaire d'État. Le ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, en compagnie du président des chemins de fer, Guillaume Pepy, l'a même annoncé personnellement aux médias. «Ces personnes ont voulu frapper les chemins de fer parce qu'ils sont un symbole de l'État et savaient que leurs actes auraient suscité un fort écho médiatique», a-t-il expliqué à la presse, ajoutant que les inculpés appartiennent à une fantomatique mouvance de l'ultra-gauche «anarco-autonome». Sur le même ton le président de la République Nicolas Sarkozy, s'est félicité pour les résultats «rapides et prometteurs» obtenus par les enquêteurs, en saluant «l'efficacité et la mobilisation» de la police et de la gendarmerie et plus particulièrement de la nouvelle «Direction centrale de l'information interne et de la sous-Direction anti-terroriste», nés de sa propre réforme des Services de sûreté. En effet, ces arrestations ultra-médiatiques ressemblent à une opération de marketing construites expressément pour démontrer l'efficacité de ces nouvelles structures. L'enquête démarre à New York au printemps passé où le FBI signale aux Services français la présence de quelques uns des jeunes arrêtés dans la ferme de Tarnac. Repérés au cours d'une manifestation pacifiste organisée au mois de janvier 2008, devant un centre de recrutement de l'armée américaine. Activité contre la guerre dont on ne comprend pas comment elle peut être assimilée par le FBI à des comportements de nature terroriste, ceci aboutissant à un échange d'informations au niveau international. Après cette signalisation, une enquête préliminaire a été ouverte à Paris par la section antiterroriste du procureur de la république. Depuis onze mois, les mouvements autour de la ferme du Goutailloux sont suivis sans donner aucun résultat. Un travail vraiment frustrant pour les 007 qui ont disposé de moyens de contrôle ultra-sophistiqués. Le groupe de jeunes, qui depuis quelques années s'était retiré dans le village, cultivait le jardin, élevait des chèvres, des canards, des poules, en somme avait décidé de mettre en pratique une forme d'existence qui voulait se donner «les moyens matériels et affectifs pour fuir la frénésie métropolitaine et expérimenter des formes de partage», a expliqué au journal le Monde Mathieu B., 27 ans, un de ceux qui avait été arrêté et ensuite relâché. Quelques uns d'entre eux avaient repris en main le petit magasin d'alimentation du pays et avaient organisé un service de ravitaillement des personnes âgées éparpillées dans différents endroit du coins. En somme, un vrai service social très apprécié des habitants du pays et de la municipalité qui avait même concédé au groupe des locaux municipaux. Leur arrivée avait porté des idées, de l'enthousiasme et un air nouveau dans ce petit hamot de France rurale, vivifiant même la vie culturelle. Le tout Tarnac s'est en effet rapidement mobilisé pour la défense des jeunes en créant un comité de soutien qui a surpris les autorités. L'image des mechants, des féroces terroristes qui attentaient… aux horaires des trains s'est vite effritée. Les jours s'écoulent et les preuves de granit promises ne se sont pas révélées. Dans la ferme, outre les poulets et les canards, ils ont trouvé des dépliants de la Sncf avec les horaires des trains… qui normalement sont distribués aux guichets, une échelle du format de celles présentes dans chaque domicile familial, du matériel d'escalade que de nombreux d’entre eux pratiquaient comme hobby.

La petite communauté discutait, faisait de la politique, avait des contacts avec le reste de la France, en Europe et outre atlantique, rencontrait des gens qui pensaient de la même manière, participait à des manifestations pour les sans papiers et contre Edwige et, en plus, elle aimait écrire. Aux interpellés, et en particulier à Julien Coupat, les enquêteurs ont attribué la rédaction d'un pamphlet, L'insurrection qui vient, éditions la Fabrique, qui a déjà vendu dix mille exemplaires (le texte est entièrement téléchargeable sur internet, par un clic: www.lafabrique.fr) que police et magistrature considèrent comme une sorte de manuel de la subversion.

C'est précisément ceci qui a suscité de vives protestations dans l'opinion publique française, qui a la différence de l'opinion publique italienne n'est pas accoutumée aux méthodes de l'émergence contre-terrorisme, outre l'absolue carence de preuves sur les faits contesteé. «À partir de ce livre, retrouvé dans quelques perquisitions du printemps passé - explique l'éditeur Eric Hazan - il semble qu'il y ait eu une sorte de construction policière de l'ennemi intérieur». Georgio Agamben sur Libération a dénoncé la dérive législative qui désormais assimile au délit de terrorisme chaque forme d'opposition sociale qui se pose en antithèse avec les gouvernements et les institutions et permet d'attribuer la visée de terrorisme pour des activités comme des piquets de grève, occupations, boycottages ou sabotages de marchandises et infrastructures, alors qu'elles appartiennent à la longue histoire des luttes sociales du mouvement ouvrier. Qui aurait eu le courage en Italie de dire une chose de cette sorte. Pour Maria Soledad Rosas (Sole) et Eduardo Massari (Baleno) ça a été seulement le silence.




Ecrit par TOLKIEN, à 17:59 dans la rubrique "Actualité".



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