L'En Dehors

En quelques heures de temps, voila Sarkozy promu expert en psychiatrie ! Monsieur sait ce qu’il faut faire, car monsieur s’y connait en schizophrénie, problématique sur laquelle il s’est longuement penché au cours de longues années d’études et de pratique professionnelle.

Nous avons une chance extraordinaire d’avoir un tel Chef, expert-en-tout. Un vrai magicien ! Un crime horrible a lieu quelque part ? Bien apte à choquer tous les Robert-du-bistrot de France ? Hop ! Une réforme ! Et maintenant : un fichier ! Ça dégaine plus vite que son ombre. Heureusement que notre homme a le don de savoir tous les savoirs, car sinon, de la part d’un homme ordinaire, on soupçonnerai une instrumentalisation permanente du fait divers au service d’un médiocre discours sécuritaire et populiste. « Tu as vu ? Je suis un dur ! J’ai des biscotos ! Je pourfend les méchants ! » Fin comme du George W. Bush.

Mais qui peut se laisser attraper par une mascarade si grotesque ??? Il faut vraiment expliquer que, vous aurez beau prendre cent mesures répressives par jour, il y aura toujours des crimes horribles ? Que le zéro crime n’existera jamais ? Que la « tolérance zéro », c’est du vent ? Que la répression hargneuse, systématique et caractérielle va même à contre emploi de ses prétentions affichées en disqualifiant d’office les autres méthodes dont l’efficacité plus grande est avérée mais qui ont le tort de faire moins sensation sur le zinc ?

Mais, comme toujours, il y a les « bons » morts et les « mauvais » morts. Ceux qui suscitent les foudres du Roi et ceux qui laissent place à un silence assourdissant. Un jeune poignardé par un fou, même si ça arrive tous les mille ans, fera toujours plus crier notre Éminence de la beaufaille que les deux morts ordinaires d’accidents du travail que compte ce pays, chaque jour. Deux morts par jour au travail, près de 800 par an dont la moitié dans le bâtiment. Mais nulle réforme ici... On pourrait par exemple, on ne ferait que plagier la pratique sarkozyste, ficher les patrons les plus dangereux de France chez qui il y a le plus d’accidents du travail.

Un exemple récent du choix politique de la victime prétexte à réforme / loi / nouveau fichier : une femme tuée à la campagne par deux molosses et aucune réaction de notre hyperprésident omniscient. Ces énormes chiens gardent souvent de belles propriétés et appartiennent à des personnes plutôt aisées. Les molosses, aux dernières nouvelles, n’ont pas encore été retrouvés plus de dix jours après les faits. Nulle réforme proposée ni de fichier des propriétaires de molosses des campagnes... Non, il n’y en aura pas. Par contre on se rappelle très bien des aboiements politichiens et de la rage de sévir de toute la sarkozye dès qu’un pittbull de banlieue est en cause pour une affaire du même tonneau.

Dans un de ces deux cas, il y a un beau bouc émissaire à agiter aux yeux de l’opinion (les barbares des cités) et dans l’autre de bons propriétaires en droit de défendre leurs bien si durement acquis en les faisant garder par de véritables armes de guerre sur pattes.

La finesse politique en provenance directe du Texas quoi ! Au point où on n’en est, on va bientôt pouvoir rebaptiser l’Hexagone le Nouveau-Texas...