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L'En Dehors


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L'Appel à l'Egalité Réelle des Chances
ça n'a pas trainé.
Pas plus tôt annoncée l'élection d'Obama, une pétition circulait : à la une du JDD, à la une du Parisien.
Celle de Yazid Sabeg.
(Yazid Sabeg, né le 8 janvier 1950 à Guelma, en Algérie, est présidentdu Conseil d'administration de la SSII CS Communication et Systèmes et membre de celui de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques.(...)
En 2005, il est chargé par Jean-Louis Borloo d'....
Etc...)
On y compare cruellement la France avec
"un pays dont les citoyens ont su dépasser la question raciale et élire pour président un homme qui se trouve être noir. "
On y affirme que
"Les pays qui réussissent à promouvoir l'égalité et la justice, ceux-là seuls auront leur place dans la mondialisation des hommes et des idées."
On y demande, en conséquence
"la mise en oeuvre effective d'un programme minimal pour l'égalité réelle"
C''est à dire, principalement :
"- Systématiser les politiques volontaristes de réussite éducative et la promotion des talents dans les quartiers populaires.
- Promouvoir des politiques urbaines qui permettent de réaliser la diversité sociale et de peuplement.
- Inciter fortement les employeurs et le premier d'entre eux, l'Etat, à mettre en place des politiques de promotion de la diversité, fondées sur l'obligation de résultat."
Avec en plus.
Devnez quoi?
Je vous fais pas languir, je vous le dis :
"un Grenelle de l'égalité réelle et de la diversité."
C'est par ces derniers mots que se termine (en apothéose, il faut bien l'avouer) la pétition.
Suivent les premières signatures et là, pas de surprise.
La gauche est là.
Pas les très grosses pointures mais tout de même du lourd.
Jugez plutôt :
Dominique Voynet, Christiane Taubira, Arnaud Montebourg...
J'en passe.
La droite aussi, rangée en ordre de bataille :
Jean-François Copé (président du groupe UMP à l'Assemblée nationale), Patrick Devedjian (secrétaire général de l'UMP), Pierre Méhaignerie (président de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale), Nicolas About (président de la Commission des affaires sociales du Sénat).
Et l'ombre de Nabochodonosor planant sur tout ceci, sa compagne chargée des bonnes oeuvres :
Carla Bruni-Sarkozy.
Signataire elle aussi.
(Il se chuchote que cette généreuse initiative aurait la bénédiction du prézydent et (j'y pense soudain) :
elle a été lancée par le JDD, appartenant au philanthrope bien connu Arnaud Lagardère, qui est aussi le "frère" du prézydent.

Précisons tout de suite un détail :
L'affirmative action (la discrimination positive) n'a jamais eu pour objet d'établir l'égalité et la justice.
(Ici, un petit rappel historique s'impose : les Etats-Unis ont une aversion maladive pour tout ce qui, de près ou de loin, s'apparente au bolchevisme.)
L'affirmative action a pour objet d'anéantir le racisme (ce qui n'est déjà pas si mal).
Elle repose sur le postulat que les pauvres sont laids, bêtes et vicieux.
(Il n'est donc pas si anormal que ça de les éviter et de les haïr, à l'occasion).
Et que si les blacks (ou les bridés, ou les gens avec des plumes sur la tête) sont tous pauvres, le racisme s'ensuit.
Car on se met à croire que les tares des pauvres sont liées à la couleur de la peau, ou à la forme des yeux.
Le but de l'affirmative action est de casser cette identification.
En promouvant aux classes moyennes et supérieure suffisamment d'individus racialement typés.
Cet objectif atteint, l'affirmative action n'a plus lieu d'être.
Elle a déjà été supprimée en Californie.
Son champ d'application a été réduit par la Cour Suprême en 2007.
L'élection d'Obama est ce qui la menace le plus : elle prouve que le racisme a beaucoup perdu de son acuité aux Etats-Unis.
On pourra donc bientôt abandonner les noirs à leur sort.

Les Etats-Unis avaient d'excellentes raisons de lutter contre le racisme.
Les gens de couleur, les hispaniques, les asiatiques (minorités bénéficiant de l'affirmative action) y constituent déjà une population plus nombreuse que celle des wasp ( tombés à moins de 25%).
Il est prévu qu'ils deviennent majoritaires dans les 30 ou 40 prochaines années.
Laisser se développer le racisme, c'était courir droit à l'éclatement du pays.
Il y avait urgence.

On n'en est pas là en France.
Les groupes victimes du racisme ne sont pas 10% de la population totale.
Ils ne représentent pas un réel danger.
Vous me direz, ce n'est pas une raison pour ne pas s'occuper d'eux.
Certes.
Mais qui ça, eux?
Notre constitution ne reconnaît pas des appartenances raciales, elle ne reconnaît que des citoyens.
A supposer que le sarkozysme, par un effort qui ne lui fait pas peur, puisse tourner ou changer la constitution sur ce point, ce serait inopérant.
La typologie raciale utilisée aux USA classe les maghrébins parmi les caucasiens.
Les blancs, donc.
On ne peut pas non plus les discriminer en qualité d'immigrés de première, deuxième ou troisième génération.
Les plus nombreux seraient les Italiens, les Espagnols, les Portugais.
Qui n'habitent plus dans les cités.
Nicolas Sarkozy est d'avis qu'il faudrait les distinguer par la religion : musulmane.
Autant t'avertir, Nicolas : si ça passe, rase les murs.
Le jour où tu obligeras les citoyens de ce pays à fournir un certificat de baptême ou de circoncision, je ne donnerai pas cher de ta peau.
Politiquement, s'entend.
(Je ne te veux aucun mal).
Le critère économique ne marche pas non plus : il aboutirait à privilégier trop de mauvais Français qui vivent du RMI ou d'un smic.
Et qu'on tente justement d'affamer pour qu'ils travaillent plus.
Ce serait onéreux et contre-productif.
Alors qui ça, eux?
C'est, encore une fois, grâce au génial général de Gaulle (dont notre prézydent est un lointain héritier) que la Fance peut répondre à cette question.
De Gaulle survolait un jour en hélicoptère la région parisienne.
Il eut l'idée de créer les villes nouvelles.
Depuis lors, notre pays s'est doté d'une infrastructure de cités-dortoirs unique au monde (et d'émeutes de banlieue qui forcent l'admiration de la presse étrangère).
Beaucoup de ces zones sont devenues depuis des ghettos d'immigrés, où l'Education Nationale a reconnu des ZEP, identifiées sous le double critère de la nationalité étrangère et de la faiblesse du revenu par famille.
C'est grâce à ces ZEP qu'en France il est possible d'appliquer une discrimination positive.
Sur des critères de situation géographique (ouf!).
Et ça tombe bien puisque l'élément-clé de la discrimination positive reste l'accès à l'éducation et aux diplômes qui vont avec.


Le sarkozysme, qu'on voit aujourd'hui impatient de régler la question des injustices, y a déjà partiellement répondue.

"- Systématiser les politiques volontaristes de réussite éducative et la promotion des talents dans les quartiers populaires.

Des mesures énergiques ont été prises :
11 200 postes supprimées dans l'Educ Nat cette année, et 13 500 l'année prochaine.
Alors qu'il faudrait, comme en Italie, des classes à 10 élèves pour obtenir des résultats en ZEP.
Ce qui impliquerait d'y doubler le nombre des enseignants (il y a en moyenne 19,4 élèves par classe dans le primaire).
Darcos (le côté obscur de la Force) prévoit aussi de supprimer la classe des petits en maternelle.
Sans doute pour permettre aux enfants de se perfectionner dans la langue étrangère qu'ils parlent à la maison.
Et déjà supprime les RASED (ou REGAD) dont l'objet était d'aider les gosses en difficulté.
Peut-être pour les initier de façon précoce à l'autonomie.

- Promouvoir des politiques urbaines qui permettent de réaliser la diversité sociale et de peuplement.

Il y a eu le Plan Marshall pour les banlieues.
Annoncé à 3 milliards d'euros, puis 1,5, pour finir à 200 millions cette année.
Pris on ne sait où.
Dont on attend toujours de voir la couleur.
Et si Fadela Amara ne la ramène pas à ce propos dans tous les médias de France et de Navarre, ce n'est pas bon signe.
C'est signe qu'elle n'a pas vu passer l'oseille.
Sans ça, elle aurait ameuté.
Quant à la diversité sociale du peuplement...
Comment déjà?
Par des prêts à taux zéro pour l'accession à la propriété?
C'est bien ça le plan?
Ou je rêve?
Parlez-en à votre banquier : par les temps qui courent, ils n'ont pas si souvent l'occasion de rigoler.

Enfin,
- Inciter fortement les employeurs et le premier d'entre eux, l'Etat, à mettre en place des politiques de promotion de la diversité, fondées sur l'obligation de résultat."

Prions le Bon Dieu pour que ça se passe ainsi.
Ceci dit, à l'heure du chômage qui s'envole et de la fonction publique qui dégraisse, ça risque de ne pas faire beaucoup d'emplois à la clé.

Vous vous demandez sans doute pourquoi cet appel fortement sarkozien à l'égalité réelle des chances.
Alors qu'il n'y a pas une chance sur mille qu'un semblant de début de discrimination positive prenne corps en ce moment dans le pays.
Qu'il n'est pas question d'arriver même à la cheville des modestes résultats obtenus aux Etats-Unis.
Que tout, au contraire, conspire à empirer les discriminations négatives qui existent déjà.
Et vous pensez peut-être qu'il y a chez Nicolas pas mal de duplicité et un peu de cynisme.
Et bien je ne pense pas cela.
Je crois que c'est sincère.
Vous ne le voyez pas parce que vous ne voyez pas en quoi Sarkozy est un homme de gauche.
Comme Kouchner.
Comme Jouyet.
Comme Valls.
Comme tant d'autres.

L'antiracisme moderne est en France une idée de gauche.
On peut situer son origine à la marche des beurs en 1983.
Entre 82 et 84, années de l'émergence électorale du Front National.
Ceci justifiant cela.
Mais aussi l'année du tournant de la rigueur (troisième gouvernement Mauroy : 1983).
Quand la gauche épousa les intérêts du capital au détriment de ceux du travail.

Et tandis qu'on se souciait bien haut des menaces racistes pesant sur le pays, on perpétrait en douce un génocide culturel :
celui du prolétariat.
On liquidait ses bases, les dernières mines, la sidérurgie.
(C'était en Lorraine Chérèque, le père de François, cédétiste promu préfet, que Mitterrand avait chargé de cette besogne).
On diffamait ses penseurs : Marx était qualifié d'archaîque aux fumeuses théories, à peine bonnes pour le XIXeme siècle.
On rayait les travailleurs du vocabulaire : ils furent transformés en ouvriers, puis en employés.
On prétendit qu'ils avaient presque disparu, alors qu'en réalité ils n'avaient jamais été aussi nombreux : bien plus qu'en 36, quand la France était encore une société rurale.
On dit enfin, jusque dans l'extrême-gauche, que la lutte des classes n'existait plus, faute de combattants.
Au Parti communiste, on ne s'appela plus camarades.
On disait citoyens, et l'on ne s'intéressait plus au prolétariat, du jour au lendemain évanoui, mais aux luttes citoyennes.

Les seuls à croire encore à la lutte des classes étaient les capitalistes.
Ils saluaient d'un sursaut boursier chacune des mauvaises nouvelles qui s'abattaient sur les travailleurs.
Licenciements et hausses du chômage, pressions sur les salaires, leur permettaient un partage plus favorable des revenus.
Et en effet, ils se gavèrent, au point d'en crever d'indigestion en ce moment.
Ils détournèrent à leur principal bénéfice tous les progrès économiques qui s'accomplissaient.
A bout de souffle dans les années 70, ils reprenaient de l'air en pressurant le prolétariat.
Ils menèrent à bien cette agression en désarmant leur ennemi.
Qui, devenu citoyen, s'occupait du bien public au lieu de défendre ses intérêts propres.

Ce fut, en France la gauche qui mena cette lutte idéologique, au nom de la République, de la compassion tous azimuts et de l'antiracisme.
Toutes notions hautement estimables, mais qui n'ont rien de particulièrement subversif : elles sont transversales.
C'était bien leur principal attrait.
Elles permirent à la gauche de passer sous silence les exactions réelles auxquelles elle se livrait.
Et de continuer à fidéliser un électorat qu'elle trompait sur l'essentiel.

Aux USA, républicains et démocrates se partagèrent le travail.
Le politiquement correct apparut sous Reagan (ça vous étonne?); et connut son apogée avec Bush père et Bill Clinton.
La droite, chez nous, mit longtemps à surmonter son dégoût traditionnel à l'égard des valeurs républicaines.
L'héritage gaulliste y était pour beaucoup.
Jacques Chirac, finalement réélu par la gauche et la droite confondues, fit place nette.
Et Sarkozy put enfin arriver.
Reprenant à son compte l'arsenal idéologique qu'avait accumulé la gauche pour citoyenniser les salariés.
Et quelques individualités qui s'étaient le mieux illustrées dans cette activité spéciale : Bernard Kouchner et Fadela Amara.

Il ne faut donc pas s'étonner qu'il soutienne aujourd'hui la pétition de Yazid Sabeg.
Bien au contraire.
Elle lui est, au moment de la grande casse sociale, particulièrement utile.

Le mois dernier, à la zup Valdegour de Nîmes, il y a eu une émeute, rues fermées, magasins dévastés.
L'armée a patrouillé, les hélicoptères ont survolé la cité toute la journée.
Tout le monde s'attendait à voir ça à la télé.
Il n'y a même pas eu un entrefilet dans les pages locales du Midi Libre.
Le temps n'est plus aux affolements racistes, comme pendant la campagne électorale où le moindre incident devenait une affaire d'Etat.
La crise est là, qui fait suffisamment peur à tout le monde.
Ce n'est pas la peine d'en rajouter.
Le temps est aux Bisounours, Obama président, la bise à Rachida, et les gosses des quartiers inscrits à Normale Sup.
Chut! on dort.
Silence! on tourne.

Okounine
Ecrit par okounine, à 22:06 dans la rubrique "Actualité".



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