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une police “secrète” se met en place : la Dcri

Lu sur LDH Toulon :"Un nouveau service policier, la Direction centrale du renseignement intérieur (Dcri), a été créé fin juin 2008, afin de « lutter, sur le territoire de la République, contre toutes les activités susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». La Dcri est totalement couverte par le « secret défense », et elle dispose d’un mystérieux fichier Cristina (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et les intérêts nationaux).

Dès lors que les administrations et ceux qui nous gouvernent ne peuvent plus être contrôlés, les droits théoriques des citoyens perdront toute leur signification : comment un citoyen pourrait-il défendre ses droits devant un tel fichage secret généralisé ?

Et comment éviter que cette police secrète ne devienne une police politique ?


La naissance d’une police « secret défense », dans l’indifférence

par Erich Inciyan, Mediapart.fr, le 30 octobre 2008 [1]

Il y a peu, les « carnets noirs » d’Yves Bertrand et le fichier Edvige ravivaient le spectre de la police secrète. Dans le même temps, un service policier totalement couvert par le « secret défense » était créé, fin juin, au ministère de l’intérieur. Cette Direction centrale du renseignement intérieur concentre les dossiers jusqu’alors divisés entre les RG et la DST. Elle s’intéresse notamment aux « phénomènes de société susceptibles, par leur caractère radical, leur inspiration ou leurs modes d’action, de porter atteinte à la sécurité nationale ». Mais ses premiers pas n’ont suscité aucun débat.

Pareille absence de curiosité tient sans doute à l’extrême opacité dans laquelle évolue cette DCRI voulue par Nicolas Sarkozy. Tout y est couvert par le « secret de la défense nationale » : ses activités, ses moyens d’action interdits au commun des administrations, son mystérieux fichier Cristina, ses personnels et son organigramme, etc. Faut-il préciser que cette police de l’ombre travaille ainsi, très largement, à l’abri des investigations parlementaires, judiciaires et journalistiques ? [...]

Autre nouveauté, et de taille, de la présente réforme : la DCRI centralise l’intégralité des dossiers du renseignement policier. Du jamais vu en France ! Les concepteurs de la réforme ont braqué les projecteurs sur la nécessité de supprimer les « doublons » et les missions qui, entre RG et DST, se chevauchaient. Mais la « modernisation » va beaucoup plus loin ! La simple lecture du décret fondateur de la DCRI en donne une première idée : le nouveau service est chargé de « lutter, sur le territoire de la République, contre toutes les activités susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » [2].

Dans sa corbeille, la nouvelle police a reçu quatre types de missions d’une ampleur et d’une variété assez phénoménales. Primo, le contre-espionnage (surveiller les espions venus des pays étrangers). Secundo, la lutte contre le terrorisme et la protection du patrimoine économique. Tertio, le contrôle des communications pouvant porter atteinte « à la sûreté de l’Etat » et la surveillance de la cybercriminalité. Grosso modo, la DST assurait déjà ces trois missions. Mais le quarto constitue l’avancée la plus marquante : la DCRI surveille « les individus, groupes, organisations [ainsi que les] phénomènes de société, susceptibles, par leur caractère radical, leur inspiration ou leurs modes d’action, de porter atteinte à la sécurité nationale » [3].

La violence en ligne rouge, que les « phénomènes de société » soient légitimes ou pas

Du côté de la DCRI, on se montre évidemment rassurant. La lutte anti-terroriste constitue « le cœur de cible » du nouveau service, avec la « menace radicale islamiste » (sunnite, chiite, ou par zones géographiques) en priorité des priorités. « Il ne s’agit pas de s’intéresser aux cinq millions de musulmans qui vivent en France, mais au petit noyau qui va se radicaliser et porter préjudice à l’immense majorité de la communauté », ajoute-t-on de même source. Seront prioritairement ciblés les islamistes radicaux partant faire le Jihad armé à l’étranger (Afghanistan ou Irak) puis revenant en France. D’autres mouvements étrangers potentiellement violents, comme les Tigres tamouls sri-lankais, sont maintenus sous surveillance, tout comme ceux relevant de risques terroristes « internes » ou « séparatistes ». A savoir les Basques (français ou espagnols), ou les Corses, qui seront visés dans la mesure où ils en viennent à utiliser la violence pour se faire entendre.

Dans sa ligne de mire, le nouveau service a aussi une nébuleuse plus problématique : les individus, mouvements et « phénomènes de société » pouvant recourir à la violence pour soutenir leurs revendications. Mais encore ? Quels types de mouvements seront visés ? A partir de quel degré de menace éventuelle ? Il peut s’agir d’« anarcho-autonomes », qui se muent en « casseurs », ou de militants « anti-vivisection » prévoyant le saccage de laboratoires, répond-on de même source.

C’est donc le recours à la violence qui constituera la ligne rouge – et non la légitimité des revendications. Des militants pacifiques, comme ceux du Réseau éducation sans frontières (RESF), ne seront pas concernés. Pas plus que des défenseurs de l’environnement, sauf s’ils se transforment en « casseurs d’éoliennes ». Pas davantage que « les anti-OGM » ou « les hooligans », « sauf s’ils mettent des bombes ». Même raisonnement, sur le flanc politique : « On ne s’intéresse pas au Front national, sauf si son service de sécurité commence à s’attaquer à des Maghrébins, auquel cas nous interviendrons avec la PJ ». A priori, la DCRI ne s’occupera pas non plus des « sectes », qui resteront dans l’escarcelle des services chargés de la protection des individus.

Passons plus vite sur les missions qui relevaient déjà de la DST (contre-espionnage et protection du patrimoine économique). Comme ses homologues européens, la DCRI considère qu’il y a « toujours des réseaux dormants » sur le territoire national et, plus généralement, qu’ « il ne faut pas baisser la garde même avec les pays les plus amis parmi les amis ». Une attention particulière est portée aux « cyber attaques », menées par exemple contre un site gouvernemental, par des étudiants soutenus par une puissance d’Asie. Au total, la DCRI a des relations avec environ 170 services étrangers (parfois plusieurs par pays).

Plus délicate est la question des moyens d’action employés par les agents de la DCRI. Tout conduit à considérer que ces policiers travaillent avec les méthodes dites de « milieux fermés » (par opposition aux « milieux ouverts », où l’on obtient un renseignement en le demandant gentiment ou en lisant des documents publics). Autrement dit, ses agents sont autorisés à recourir à des actions non contrôlées par l’autorité judiciaire, jusqu’alors en usage à la DST : écoutes téléphoniques autorisées par le gouvernement, interceptions des courriels et des communications électroniques, infiltration ou retournements de « sources humaines », filatures, corruption, chantage à la vie privée, etc. L’arsenal juridique renforcé dont les services policiers ont été dotés, ces dernières années, au nom de la lutte antiterroriste, hors de tout cadre judiciaire, leur facilite la tâche.

Une double casquette pratique, service de renseignement et de PJ

Nouveau problème : ces méthodes plus ou moins légales étaient justifiées, historiquement, par la lutte menée par la DST contre l’espionnage soviétique pendant la guerre froide. Par extension, le recours à ces moyens d’exception a été légitimé, ensuite, par la nécessité de prévenir des attentats terroristes. De telles méthodes, constitutives de la culture du contre-espionnage français, sont-elles justifiées pour surveiller des « phénomènes de société » ? Répondre en disant que cela dépendra d’abord de l’autorité hiérarchique, des comportements individuels et syndicaux de policiers, n’est pas des plus réconfortants, compte tenu notamment du « secret défense ».

En tout cas, la « culture DST » – le culte du secret et du cloisonnement, l’obsession de l’espionnite – semble l’avoir emporté sur la culture beaucoup plus hétérogène qui existait dans la « maison RG ». Un commentaire, qui circule au sein du nouveau service, en donne une idée : « La ST a mangé les RG. »

Une spécificité supplémentaire, elle aussi héritée de la DST, revient à la DCRI : la nouvelle direction policière est, à la fois, un service de renseignement (sous l’autorité du gouvernement et de l’Elysée) et un service de police judiciaire (sous l’autorité de la justice). Cette double compétence présente d’évidents avantages opérationnels. [...]

Ainsi le contrôle des services de renseignements reste-t-il, en France, aux mains du pouvoir exécutif. A lui de décider, ou non, de lever le « secret défense » quand un scandale est découvert. Rien à voir avec les Etats-Unis, par exemple, où des commissions permanentes spécialisées du Parlement contrôlent précisément, depuis 1976, les activités, les crédits et les nominations intéressant ces services.

Ici, la culture du « secret défense » s’étend, en tout cas, ces temps-ci. Sans faire de bruit. Avec la DCRI, mais aussi au sein de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (les anciens RG parisiens, qui ont conservé sensiblement les mêmes attributions qu’avant, sans être englobés dans la DCRI). Ou avec un projet de loi rendu public ce 29 octobre, qui prévoit de restreindre le cadre juridique ayant permis à quelques magistrats de mener des perquisitions dans des enceintes « classifiées » de l’armée ou de la police, à la DGSE ou à la DCRI... Les juges, eux, n’ont pas à connaître des « zones grises ». Seulement du légal et de l’illégal, écrits en noir et blanc dans le code pénal.

Erich Inciyan

Notes

[1] Extraits de l’article http://www.mediapart.fr/print/26509.

[2] Le décret n° 2008-609 du 27 juin 2008 relatif aux missions et à l’organisation de la direction centrale du renseignement intérieur : NOR IOCX0811987D – http://www.legifrance.gouv.fr/affic....

[3] Voir http://www.interieur.gouv.fr/sectio....

Ecrit par libertad, à 20:52 dans la rubrique "Actualité".



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