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Le don comme résistance à la société de marché
Lu sur l'Humanité : "Une étude collective montre la vitalité de formes de sociabilité irréductibles aux relations d’intérêt économique et de pouvoir.
Dans son fameux Essai sur le don (1923), Marcel Mauss décrivait comment le triptyque donner-recevoir-rendre structure les relations sociales dans certaines sociétés traditionnelles, nouant des liens complexes entre individus et familles autour de l’ambivalence du don, bienfait autant que malheur, puisqu’il oblige à rendre, parfois même plus que l’on n’a reçu. L’ethnologue se gardait bien d’étendre sa découverte à l’ensemble des sociétés, et en particulier à celle dans laquelle il vivait. Son élève le plus connu, Claude Levi-Strauss, inclut néanmoins le don dans le cadre conceptuel plus large de la structure des échanges, tandis que Pierre Bourdieu le décrit comme une illusion nécessaire au fonctionnement du marché des biens symboliques.

Et si le don jouait encore un rôle majeur dans notre société, qui semble au premier abord dominée par la marchandisation de tout bien et de tout service ? Telle est l’hypothèse qu’explore ce livre collectif, dirigé par le sociologue Philippe Chanial, qui rassemble une trentaine de contributions de chercheurs proches du MAUSS (1). Il est impossible de résumer ici tous ces travaux qui explorent des domaines aussi variés que les relations dans l’entreprise, l’histoire de la protection sociale, les liens familiaux, amicaux ou amoureux, la médecine, la création scientifique et artistique, ou encore la philanthropie et l’engagement associatif. Tout juste peut-on souligner que le don y joue toujours un rôle considérable. L’économiste turc Ahmet Insel s’est ainsi risqué à chiffrer « la part du don » en estimant en termes monétaires les services rendus entre générations ou entre voisins, les invitations à dîner, ou encore l’engagement bénévole. La méthode, reconnaît lui-même l’auteur, est « très limitée et très grossière » et passe un peu vite sur la question du travail gratuit des femmes dans la sphère domestique. Mais on peut néanmoins en retenir l’ordre de grandeur proprement colossal (les trois quarts du PIB !) et surtout le fait que « la part du don n’a pas diminué en France malgré la poursuite de la libéralisation de l’économie lors de ces quinze dernières années ». Loin d’être des « îlots isolés sur une mer glacée de calculs égoïstes », les pratiques contemporaines du don constituent, écrit Philippe Chanial dans l’introduction, « le système même des relations sociales en tant que celles-ci sont justement irréductibles aux seules relations d’intérêt économique ou de pouvoir, aussi prégnantes ces dernières soient-elles ». Même dans l’entreprise, le don joue un rôle important et subversif, montre le sociologue canadien Jacques T. Godbout, dans une remarquable enquête consacrée aux cadeaux d’entreprise, qui souligne combien cette pratique, dont l’efficacité commerciale n’a jamais été démontrée, reste répandue alors « qu’en toute logique marchande, le don devrait être interdit » puisqu’il perturbe la libre concurrence.

À trop vouloir « chausser les lunettes du don », certains auteurs s’aventurent toutefois un peu loin. Il est par exemple excessif, comme le soutient le sociologue Julien Rémy, de vouloir expliquer les « émeutes » de 2005 comme la conséquence d’une « dette de trop », selon l’hypothèse que « dans l’imaginaire colonial, les colonisés, puis leurs " héritiers" - les immigrés et leurs enfants - sont perçus comme ayant une dette envers la France ». La précarité économique, la relégation urbaine et les discriminations y suffisent amplement. Mais l’hétérogénéité du style et de la qualité des contributions participe à la composition d’un tableau impressionniste qui donne à voir une société beaucoup moins pénétrée par l’utilitarisme marchand qu’il ne semble au premier abord.

(1) Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales.

Nicolas Chevassus Au Louis

La Société vue du don. Manuel de sociologie anti-utilitariste appliquée, sous la direction de Philippe Chanial, Éditions La Découverte, 2008, 30 euros.

Ecrit par libertad, à 10:30 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  libertad
06-11-08
à 10:35

Sujet passionnant mais livre dont le prix ne correspond pas à son objet
Répondre à ce commentaire

  satya
06-11-08
à 12:02

Re:

on ne pourrait pas leur demander de le mettre gratos en ligne ??
Répondre à ce commentaire



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