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LA CRISE, MAIS LA CRISE DE QUI ? (1/3)
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Le « crise » nous est présentée comme cette bête immonde tapie dans l’ombre de nos certitudes économiques, et politiques, et qui, à l’improviste, excitée par des individus peu recommandables – les spéculateurs – surgirait pour attaquer le troupeau paisible protégé par ses bergers.

 

L’image est un peu exagérée, mais il n’est qu’à voir la crainte générale, l’angoisse, et la confiance mise dans les « bons bergers » pour se rendre compte de la mystique qui entoure le « phénomène »…. Les médias en rajoutant à la fois dans la dramaturgie – « c’est grave ! » - et dans l’apaisement – « faut pas céder à la panique ! ».

 

La réalité est beaucoup moins poétique.

 

LES PRINCIPES DU SYSTEME
 

Disons les choses clairement : le système marchand, le capitalisme est un système fondé essentiellement sur la spéculation. C'est-à-dire une manière d’anticiper dans le futur. Ce qu’anticipe l’entrepreneur, le chef d’entreprise, l’actionnaire ?... c’est un gain supérieur à ce qu’il a avancé. Le processus qu’il met en place à cette fin, au départ processus productif de biens et services, n’a de sens qu’en fonction de cette finalité. L’important n’est pas ce qu’est la production (valeur d’usage), mais ce qu’elle vaut (valeur d’échange). La preuve en est qu’il le stoppe lorsqu’il ne rapporte plus – même si le besoin de consommer existe.

 

On a là la philosophie de base du système. Et tout en découle.

 

Et tout d’abord la monnaie qui d’instrument de l’échange – équivalant valeur de la marchandise – devient un moyen d’anticiper la production – créatrice de valeur. Elle passe ainsi du statut d’instrument d’échange à celui d’instrument de financement. Les banques d’ailleurs amorcent, par le financement de l’activité économique, le processus de création ex nihilo de la monnaie par le jeu d’écriture qui leur permet à partir d’un simple prêt, qui ne leur coûte rien, de faire apparaître et de s’approprier au travers de l’intérêt, une masse monétaire déconnectée de l’économie réelle et une des sources de la spéculation.

 

De plus la monnaie est non seulement la représentation, le symbole, de la valeur de la production, mais aussi (et on va voir pas seulement) la représentation de la valeur de ce qui permet cette production : le capital. – lui-même d’ailleurs résultat d’une production – à l’origine de l’activité humaine il n’y a que du travail.

 

Dès lors le capital, par parts est titrisé, c'est-à-dire transformé en parts négociables sur un marché, l’action…. d’où la Bourse. Chaque action, représentant un gain potentiel à venir… le dividende (part de la valeur de ce qui est réellement produit). La spéculation continue sur ce marché et le fonde. L’action devient un objet d’échange et par l’offre et la demande un objet de spéculation.

 

Désormais nous entrons dans l’irréel économique où la « valeur » n’est plus réelle, concrète, mais pur produit de la spéculation. Par exemple, la valeur boursière d’une entreprise ne se mesure plus à ce qu’elle est concrètement, mais à ce qu’elle vaut « boursièrement ». En effet, ce qui se joue n’est plus la valeur des biens et services produits, pas même la valeur du capital, mais la « valeur » issue de la manière de faire monter ou descendre artificiellement (loi de l’offre et de la demande) la valeur de celui-ci.

 

Mais il y a encore plus « fort » !

 

On peut aussi imaginer que l’on emprunte une action, que l’on vend, que l’on rachète quand elle a baissé faisant ainsi une plus value boursière… à la suite de quoi on la restitue à son propriétaire… donnant ainsi naissance à la vente à découvert…. et à une « valeur » qui n’a strictement rien à voir avec une production de biens et services.

 

On peut imaginer…

 

En fait on peut tout imaginer sur ce principe, il suffit qu’il y ait un offreur et un demandeur qui, chacun de son côté, pense faire une bonne affaire dans la transaction.

 

La monnaie passe d’instrument de financement à celui d’instrument de spéculation pure, c'est-à-dire l’argent ne sert plus qu’à produire de l’argent.

 

C’est cette règle qu’a institutionnalisé la dérèglementation… autrement dit, la règle c’est… plus du tout de règle.

 

La dérèglementation peut-être illustrée par deux évènements: l’abandon des taux de changes fixes le 15 août 1971, fixité qui datait des accords de Bretton Woods de juillet 1944, et à partir dans les années 90, la libéralisation du crédit avec accroissement de la concurrence entre établissements bancaires et donc… fixation libre des taux d’intérêt.

 

Ainsi, avec les taux de changes variables (entre monnaies), l’instabilité et le risque est mis au coeur des échanges, et avec les taux d’intérêts variables, c’est tous les rapports entre établissements financiers qui sont déstabilisés de même que leurs rapports avec le reste des acteurs économiques..

 

Ceci va donner naissance à deux marchés : le marché des changes et le marché des taux d’intérêt. Marchés qui vont être à l’origine de la fameuse « bulle financière ».
 

SPECULATION ET FINANCES
 

On comprend dès lors pourquoi la sphère financière, tout en se détachant peu à peu de ce qui en principe la fonde, la production de bien et services et leurs échanges, se prête particulièrement au processus spéculatif et même se prête à son extension à l’infini.

 

Ainsi on se détache peu à peu – mais pas complètement - de l’économie réelle… par exemple avec la création d’un marché des produits dérivés qui permet de prendre une option d’achat sur une production qui n’existe pas encore, option qui peut circuler entre offreurs et demandeurs.

 

Dans l’économie réelle, la spéculation sur l’acte de production, investir pour obtenir un profit, a un coût important : l’investissement, l’organisation de la production, la commercialisation de cette dernière.

 

Rien de tout cela, ou bien moins, dans la sphère financière où les transactions portent sur titres et sommes d’argent. Les profits sont rapides et deviennent rapidement colossaux dans la mesure ou la facilité des transactions les démultiplie à l’infini… Il faut aussi rajouter que la mondialisation financière, c'est-à-dire l’interconnexion mondiale des circuits financiers, démultiplie les occasions de transactions.

 

Juste un chiffre pour fixer les esprits : seulement environ moins de 3% des transactions mondiales concernent les échanges en bien et services, le reste est consacré aux échanges financiers. Ceci donne une idée de l’énormité de la dérive spéculative du système.
 

RISQUE ET SPECULATION

Le risque est, bien sûr, au coeur de ce système où tout varie sans contrôle, au grès de l’offre et de la demande et de l’imagination des acteurs économiques en quête de gains…

 

Il y a le risque dans la transaction, au niveau du spéculateur. Anticiper un gain dans l’avenir est toujours risqué – revirement de conjoncture, défaillance du cocontractant, fluctuations imprévisibles du marché, du cours des monnaies (taux de change), des taux d’intérêt,…

 

Or, ce risque a donné naissance à une autre « industrie », la couverture des risques…. Avec ce principe : plus le risque couvert est grand, plus la rémunération, pour celui qui « couvre », est importante. Ont été ainsi créés, au fur et à mesure, par les opérateurs, à cette fin, de nouveaux « produits financiers » dont la fonction est de se « couvrir » des risques… des autres transactions. Ainsi, par exemple, se sont constitués les forwards ou swaps dont le but est de gérer tous les risques inhérents à ces transactions.

 

La prise d’options, l’anticipation, la spéculation – à la baisse/à la hausse - sur des marchandises qui n’existent pas encore, la manipulation d’argent que l’on n’a pas, que l’on a emprunté, mais qui peut circuler dans des rapports entre offreurs et demandeurs, représentent des risques considérables, mais en retour sont sources de profits faramineux. Le tout est agrémenté par la variation des taux de change entre monnaies qui accroissent les risques mais aussi les possibilités de gains.

 

Non seulement les établissements financiers traditionnels – banques -, se livrent à cet exercice, mais sont également entrés dans le jeu, les compagnies d’assurances pour couvrir les risques et une myriade d’entreprises financières spécialisées comme les Fonds (Hedje Funds, fonds de pensions,…) dont la fonction unique est la spéculation.

 

Il y a un risque global car dans cette sphère, tout le monde joue et prend des risques… fondant finalement l’ensemble du système financier sur le risque.

 

Le véritable « château de cartes » que constitue la sphère financière tient parce qu’il y a toujours des « cartes » à placer et que personne n’a intérêt à « souffler » pour faire écrouler l’édifice. Mais, comme dans tout château de carte un point de rupture existe…. C’est la confiance de tous les acteurs. Dès que celle-ci disparaît tout le monde essaye de « retirer ses cartes » … et les comptes sont douloureux…. Car par exemple à trop s’engager, à la moindre défiance du partenaire et demande de remboursement, le « trou » apparaît, ne peut être comblé et la faillite est inéluctable.

On comprendra que la « déréglementation », dont tous les dirigeants actuels ont fait la règle, et qui fonde le libéralisme, permet un développement illimité et incontrôlé de tous ces mécanismes.

 

Le scénario est en place, les conditions sont réunies pour que dans le cadre de ce système, le principe « Enrichissez vous par tous les moyens » déclenche inéluctablement ce que l’on appelle la « crise ».

 

 

 Octobre 2008   Patrick MIGNARD

 

 

Prochains articles :

 

« LA CRISE, MAIS LA CRISE DE QUI ?  -Le déclenchement»

 

« LA CRISE, MAIS LA CRISE DE QUI ?  -Le dénouement»
Ecrit par PatrickMignard, à 21:41 dans la rubrique "Pour comprendre".



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