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DE LA LCR …. AU NPA (2)
--> MATIERE A REFLEXION
Il ne s’agit évidemment pas dans ce double article de jeter l’anathème sur une action politique qui, pour la plupart de ceux/celles qui s’y investissent est tout à fait sincère. Il s’agit d’en souligner le danger de répéter les erreurs du passé dans un gaspillage inouï de forces et de dévouement. Si ce double article peut permettre à certain-e-s de réfléchir avant de s’engager, il aura atteint son modeste but.

 

 Réflexions sur une « mutation » :  LA STRATEGIE

Qu’il faille prendre des initiatives devant la situation actuelle, la dégradation du social, de l’environnement, ça les dirigeants de la LCR l’ont parfaitement compris… contrairement par exemple à LO ; et les vieux partis de Gauche étant soient traîtres (PS et Verts), soit défaillants (PC), la LCR va occuper l’espace qui se libère.

Oui mais pour quoi faire ?

Il y a quelque chose d’étrange quand on parle de la stratégie du NPA : si l’on note qu’il n’en a aucune de réellement alternative, on nous fait deux types de réponse.

Soit on nous fait remarquer qu’il n’existe pas encore et que donc il est logique qu’il n’en ai pas…. Ce qui laisserait supposer que l’organisationnel précède et prime le politique et le stratégique ( ?).

Soit on nous renvoie aux textes, et ils sont nombreux, qui circulent dans ce qui n’est pas encore le NPA pour nous dire que « bien entendu il en a une».

Il est en fait très difficile de se faire une opinion sur ce sujet. Le plus grand flou est entretenu quant à ce que sera l’action politique d’un tel parti. Probablement volontairement parce qu’à y regarder de plus prêt elle est d’un classique affligeant.

La « stratégie » politique du NPA en devenir, au delà des discours complaisants et enthousiastes laisse supposer la suite.

Elle découle de ce qu’est devenu la LCR au cours des années

Extrêmement radicale, dans son projet, dans les années 70, faisant appel à la violence révolutionnaire (revoir par exemple les discours de A.KRIVINE dans le film : MOURIR A TRENTE ANS) : affrontement avec les forces de répression, volonté de constituer des milices ouvrières, mise à bas de l’Etat bourgeois,… elle a peu à peu glissé vers une contestation molle, arrondissant la radicalité de son discours au point de faire de la radicalité un simple discours.

Dans un manifeste intitulé « TOUS ENSEMBLE NOUS POUVONS CHANGER LE MONDE »,

qu’il serait ici trop long de décortiquer on retrouve toutes les concepts qui peuvent aux différents échelons des consciences et espérances, séduire : du gouvernement des travailleurs, à la proportionnelle, jusqu’à l’autogestion, l’autodétermination des travailleurs,…

A lire ce document, on comprend qu’il interroge du social démocrate de gauche à l’anarchiste le plus convaincu… tout ce monde y trouve, ou est censé y trouver son compte. Le NPA ratisse large. Le NPA va être une « auberge espagnole », où chacun apporte ce qu’il souhaite, mais c’est l’ex LCR qui fait le menu. Mais quel menu ?

On joue sur l’aspect affectif du culte voué à Che Guevara en refaisant revivre son incontestable courage physique, son idéal révolutionnaire, mais en omettant de dire que toute son action est un total fiasco aussi bien sur le plan théorique que pratique.

Le seul problème, mais il est de taille, c’est « que faire? ». Il serait malhonnête de ne pas dire qu’il y a la réponse : la mobilisation des travailleurs.

Cela dit, cette notion reste très flou elle aussi et peut aller d’un succès électoral à l’initiative des masses ( ?) avec tout ce que l’on peut imaginer entre.

Cette soit disant « stratégie », ou ce qui en tient lieu, on la trouve très clairement en résumé dans le tract d’appel à la fête de Toulouse du NPA (qui officiellement n’existe pas)-septembre 2008. En effet on peut y lire :

« Dans nos villages, quartiers entreprise il faut :

- revendiquer un salaire de base de 1500 euros net, une prime immédiate de 300 euros, l’indexation des salaires sur l’inflation ;

- soutenir chaque lutte des travailleurs en grève pour défendre leurs emplois, leurs salaires, leurs conditions de travail ;

- manifester et agir à côté des jeunes, des salariés, des chômeurs, des sans papiers, de ceux qui s’opposent à la destruction de notre environnement ;

- lutter aux côtés des populations pour que les campagnes et les quartiers ne deviennent pas des déserts à cause de la suppression des services publics ;

- démultiplier et relayer les fronts unitaires de résistance à la politique du gouvernement, comme pour le retrait des troupes française en Afghanistan, contre la privatisation de la poste, contre la construction de nouvelles centrales nucléaires, pour la régulation de tous les sans papiers…

Mais il nous faut aussi opposer aux politiques ultralibérales, une politique qui réponde aux besoins sociaux, écologiques et démocratiques en pourtant un autre projet de société. Nous ne pouvons ni attendre 2012, ni confier notre avenir à ceux, dans la gauche institutionnelle, qui capitulent et ne s’opposent même pas à Sarkozy et au Gouvernement. »…

La liste des revendications est totalement classique et peut-être reprise, effectivement, par de nombreuses organisations politiques, associations, et autres. Cela n’apporte rien au débat sur la stratégie.

 Par contre, les deux phrases suivantes ne manquent pas d’intérêt.

 « Il faut une politique qui … ». mais qu’est ce qu’une politique ? Appliquée par qui ? Dans quel cadre institutionnel ? Se fondant sur quelle pratique concrète ?

Rien n’est dit sur ces questions fondamentales, pas plus dans le tract que dans les autres textes sinon que :

«  D’ores et déjà, dans toute la France, des comités NPA se sont constitués en réponse à l’appel d’Olivier BESANCENOT et de la LCR. Ces comités, tout en luttant, participeront à l’élaboration du programme de ce nouveau parti dont le Congrès fondateur se réunira en Janvier 2009 ».

Qui peut prendre au sérieux la phrase «  Nous ne pouvons attendre 2012… ». Qu’est ce que ça veut dire concrètement ? Dans les faits ? Dans les intentions ? Ou bien il y a une échéance précise, un projet, ou bien ce n’est qu’un « effet de tribune »….

Que veut dire la phrase « Ces comités tout en luttant… »… Lutter ? Mais quel sens à ce mot dans cette phrase : protester, faire des tracts, coller des affiches,… ou bien occuper des usines, affronter la police ? On n’en sait trop rien. Cela peut vouloir tout dire,… et rien dire.

Et ce n’est pas la mise en place d’opérations, au demeurant forts sympathiques, style « pique-nique » dans les super marché en se servant sur place… qui seront d’ailleurs vite réprimées, et totalement ignorées des médias, qui vont changer la nature non stratégique du projet politique. Ces opérations, qui ressemblent à s’y méprendre aux  opérations « Fauche chez Fauchon » effectuées par la Gauche Prolétarienne dans les années 70, ont plus une fonction d’attirance pour la frange libertaire politiquement perdue, que d’inaugurer un processus de subversion politique et social.

Autrement dit et en résumé, il n’y a aucune stratégie alternative, seulement dans un premier temps une tactique de construction d’organisation, puis un flou total sur la suite, sinon qu’il faudra faire un programme (de quoi ? électoral ? de prise du pouvoir ?), présenter une liste aux prochaines élections ( ?)

Il n’y a que des souhaits, des espérances, qui à force d’être répétés deviennent des certitudes. … qui s’exprimeront dans un parti qui fera quoi ?...concrètement ?

La non plus pas de réponse. En fait ce parti, regroupera les mécontents, soutiendra les grèves, dénoncera le pouvoir - mais ça ce n’est pas une stratégie politique alternative -… et ensuite ?... Il présentera des candidats aux élections… comme ont fait tous les partis politiques traditionnels depuis un siècle.

La magie des mots « unité », « rassemblement », « lutte », « résistance », et des figures mythiques, le CHE, Louise MICHEL, l’emportent sur une analyse sérieuse de la situation et de la stratégie adéquate à mettre en place face à la mondialisation du Capital.

Le rapport à la réalité sociale et politique est totalement magique, comme si à le dire avec conviction et véhémence allait faire se produire l’évènement désiré.

Il est vrai que d’agir comme cela est sécurisant, convainquant, excitant, surtout appuyé par de grandes manifestations, démonstrations de forces, meetings-messes, envolées oratoires des leaders charismatiques,… dont la LCR – pardon le NPA – a/aura le secret… C’est exactement comme cela que fonctionne l’action politique depuis plus d’un siècle,… avec le succès historique que l’on sait. Il suffit de voir la situation dans laquelle nous sommes.

Au-delà des discours et des écrits (nombreux) préparatoires au NPA, il reste que la seule stratégie, par défaut, qui va se trouver dans les cartons du nouveau parti est la vieille stratégie électoraliste qui consiste à récupérer un maximum de militants, en faire des militants électoraux, présenter des candidats et attendre le résultat des élections. Bien sûr, on ne se désintéressera pas des luttes, on protestera, on manifestera, on fera des pétitions, on appellera à la grève,… mais tout cela se terminera comme d’habitude : par un communiqué de victoire, ou d’appel à la mobilisation et au « vote des candidats qui défendent les travailleurs ».

Il y a vraiment rien de nouveau à cela. Elle est celle du PCF, sans son histoire et avec, encore, un discours radical rafraîchi.

Le PCF s’est usé jusqu’à la corde avec cette stratégie, il s’est complètement déconsidéré en trahissant politiquement plus que ne le laissait supposer ses discours radicaux. Il en paie aujourd’hui le prix.

Le NPA va prendre le relais : discours radical,… mais ensuite ?. Dès qu’il va avoir ses premiers élus, l’illusion va peu à peu s’effriter. Processus classique d’une politique classique. Le « facteur » (qui ne sera plus facteur, mais politicien professionnel) va s’empâter dans ses fonctions représentatives (voyez Cohn Bendit !). Le verbe restera haut, mais le concret ne changera pas. L’évolution de la force de contestation qu’ont pu représenter les Verts à leur début donne un peu une idée de ce qui attend le NPA dans une logique de contestation verbale et de pratique électorale.

Il refuse jusqu’à présent tout compromis politique avec le reste de la Gauche, tout en la ménageant : « L’adversaire c’est la Droite, pas la Gauche » ( ???) dixit O.Besancenot. On verra à l’usage… il ne sera pas le seul à franchir le pas ! (Rappelons nous comment le PCF est passé de la contestation radicale à la compromission la plus honteuse).

Le NPA va refaire dans le simplisme politique vulgaire qui consiste à marteler des mots d’ordre, slogans, à faire des déclarations très critiques (souvent fort justes), à soutenir les grèves et autres luttes,… qui finiront bien par s’arrêter faute d’alternative, à essayer de rassembler les mécontents,… et de les canaliser vers les urnes.

La plupart des militants de la LCR, on le comprendra, complètement fascinés, survoltés, par l’horizon du NPA ne peuvent admettre une telle critique. Ils ne répondent à cette analyse que par le silence, l’ironie ou l’insulte. Voir l’article : « LES LENDEMAINS QUI CHANTENT »

Cette attitude confirme l’infra politisation extrême de cette « opération NPA » et son caractère essentiellement affectif et subjectif, mais aussi sa fragilité, aussi bien en terme de perspectives politiques… de fait exclusivement les élections, qu’en terme de conscientisation… on ne fait appel qu’à l’esprit de révolte ou à l’affect.

On est loin contrairement à ce que disent les initiateurs du NPA d’un renouveau politique… On n’a là qu’un ravalement de façade.

octobre 2008 Patrick MIGNARD

PS  - Je demande à celles et ceux qui ne manqueront pas de me dire : « OK, tu es très fort pour la critique, mais que proposes-tu ? » de lire les quatre articles :

« QU’EST-CE QUE CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE ? » (1)(2)(3)(4)

et le « MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE »

après, on pourra discuter.

Première partie : DE LA LCR …. AU NPA (1)

Ecrit par PatrickMignard, à 09:31 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  yvescoleman
14-10-08
à 15:54

Quelques remarques à propos d’un article de Patrick Mignard



http://endehors.org/news/de-la-lcr-au-npa-1

http://endehors.org/news/de-la-lcr-au-npa-2

Je trouve ces 2 articles parus sur le site libertaire de l’Endehors intéressants et je suis d’accord avec beaucoup des critiques que l’auteur adresse à la LCR, mais j’aimerais ajouter quatre remarques qui ne sont d’ailleurs pas forcément l’expression de divergences.

1) Il faut absolument sortir du cadre de l’Hexagone pour comprendre la LCR

Si l’on veut discuter de la stratégie de la LCR, on ne peut la comprendre que dans un cadre qui ne soit pas strictement franco-français. L’expérience que tente la LCR est en liaison étroite avec des aventures menées par ses organisations sœurs :

– au Brésil (dans le Parti des travailleurs, sorte de grand parti travailliste né des syndicats),

– en Allemagne (dans le parti Die Linke, coalition entre l’ex-parti stalinien est-allemand, le PDS, et une fraction de la « gauche »  qui a scissionné du SPD entraînée par Oskar Lafontaine),

– au Portugal (dans le Bloc de gauche, une coalition avec d’ex-staliniens du PC et d’ex-maoistes de l’UDP),

– en Italie dans le Parti Rifondazione comunista (scission de l’ancien PC italien qui lui est devenu les Démocrates de gauche, puis le Parti démocrate)

– en Ecosse avec le SSP (coalition-fusion de différents groupes trotskystes)

–    et en Angleterre avec  Respect (coalition de différentes forces trostkystes sous la houlette d’un député travailliste hostile à l’intervention en Irak, George Galloway, et avec la collaboration du MAB, les Frères musulmans britanniques) .
–    
Même si ces expériences se sont finalement traduites, dans 4 cas sur 6,  par l’exclusion des trotskystes ou des scissions non désirées (Brésil, Italie, Ecosse, Angleterre) et qu’elles ont été relativement éphémères (la plus longue ayant été la présence des trotskystes au sein du PT brésilien) la LCR veut, comme ses organisations sœurs, dépasser le cadre de ce qu’elle appelle ses « frontières organisationnelles et programmatiques »  historiques (le marxisme, le léninisme et le trotskyme) pour créer de toutes pièces (ou entrer dans) un regroupement de gauche plus large. C’est le bilan qu’elle a notamment tiré après la disparition de l’URSS et de ses satellites. Selon la LCR, les trotskystes ne peuvent plus espérer devenir un gros parti révolutionnaire en fusionnant toutes les tendances trotskystes existantes ou en ralliant un pan du PS ou du PC à leur seul drapeau rouge. Ils doivent contribuer à la formation de gros partis réformistes de gauche (qu’ils appellent « anticapitalistes » pour la galerie, mais qui seraient de fait réformistes s’ils prenaient racine).

Il est important de tenir compte de cette dimension internationale, d’une part parce que cela constitue une des originalités fortes de la LCR, et d’autre part parce qu’elle permet de comprendre pourquoi la critique de Patrick Mignard rate en partie sa cible. En effet, un militant de la LCR un tant soit peu sophistiqué ne sera pas vraiment ébranlé par la réflexion selon laquelle le NPA risque d’être un PCF-bis. Si j’étais lui, je répondrais : « Oui, et alors, ce serait déjà vachement mieux que la situation actuelle ! » Et par « situation actuelle », il entendrait à la fois le nombre de militants et l’oxygène politique limités dont dispose aujourd’hui la LCR, mais aussi la capacité de peser dans le champ politique, social…et médiatique. En d’autres termes, « on serait drôlement plus audibles et efficaces ». Et cet argument-là, même s’il n’est pas très « radical » ou « libertaire », est extrêmement séduisant. J’ai participé récemment à une réunion nationale d’une association à laquelle participe la LCR et cela m’a frappé d’entendre tous ses militants quadra ou quinquagénaires au sein de cette assoc répéter à plusieurs reprises qu’ils « n’étaient pas des gauchistes ». On voit qu’avec l’âge, les trotskystes ont envie d’un peu de notoriété et de respectabilité. Et qu’ils ne seraient pas fâchés de collaborer davantage avec les Verts, le PS et le PCF, bien sûr pour défendre les « intérêts des travailleurs ». Je crois que ce sentiment « unitaire »  (en clair la peur de l’isolement) explique bien des choses, chez les militants de la LCR, comme chez les futurs adhérents potentiels du NPA. De la peur de l’isolement à l’opportunisme, il n’y a qu’un pas.

2) La question du régime interne et de la démocratie interne du nouveau Parti

Peut-être Mignard l’a-t-il fait dans d’autres textes, mais il me semble que c’est un des points sur lesquels il faut insister dans la critique de ce prétendu « nouveau parti ». En réalité, le NPA ne se crée à partir d’aucune réflexion originale, novatrice, sur ce que pourrait être le fonctionnement radicalement différent d’un parti politique « anticapitaliste »  (cf. à ce propos : « À ceux qui désirent fonder un nouveau parti anticapitaliste » http://www.mondialisme.org/spip.php?article7 )

Je ne suis pas anarchiste, mais s’il y a un point sur lequel les anarchistes ont toujours eu raison contre la plupart des marxistes, c’est la nécessité de la cohérence entre la fin et les moyens . Si j’étais un militant critique de la LCR, je me poserais la question de la cohérence entre la fin (le communisme) et les moyens (le Parti et l’Etat dit ouvrier ou socialiste.)

De façon plus immédiate, je ne crois pas que la décentralisation totale soit une solution miracle (le fait que chaque groupe du NPA fasse ce qu’il veule dans son coin), mais au moins si l’on voulait sincèrement « faire du neuf » il faudrait poser tout de suite les questions ;

– de la marge d’autonomie et d’expérimentation des sections ou cellules locales du NPA,

– des permanents du NPA (un parti qui repose sur un appareil de permanents a toutes les chances de voir cet appareil s’autonomiser de la base),

–    et des députés, voire même des conseillers municipaux du NPA.
–    
Toutes ces questions n’auraient d’intérêt que si le NPA y apportait des réponses inédites ou effectivement libertaires, dans le bon sens du terme, pas celui démagogique utilisé par Besancenot qui fait l’apologie de Che Guevara, l’inventeur des camps de redressement par le travail à Cuba !

Pour ce qui concerne les élus au suffrage universel, il est significatif que les scissions ou l’écroulement des coalitions larges ou des partis réformistes de gauche auxquels ont participé les sections sœurs de la LCR dans d’autres pays ont toutes eu lieu autour de l’activité des parlementaires trotskystes ou de gauche.

En Italie c’est l’exclusion d’un  parlementaire trotskyste qui a précipité la scission, tout comme au Brésil (et d’ailleurs il est significatif que l’une des députés trotskystes exclues du Parti des travailleurs, Heloise Helena, prône désormais l’alliance avec la droite sur certaines questions, en raison de ses convictions religieuses, ce qui a abouti à une nouvelle scission).

En Ecosse ce sont le comportement « privé »  (1) du député Tommy Sheridan, individu par ailleurs extrêmement populaire et militant, et ses mensonges publics (il a obligé toute la direction de son organisation à le soutenir, à mentir, et à engager un procès en diffamation qu’il a évidemment perdu) qui ont provoqué l’écroulement du SSP. (Avant cet épisode minable exploité par la presse à sensation, c’est le succès électoral du SSP qui provoqua de vive  tensions internes entre et autour des 6 députés d’extrême gauche.)

En Angleterre c’est, entre autres, la volonté du député George Galloway de contrôler la coalition Respect (ce député de gauche, grand ami de Saddam Hussein, déclarait ne pas pouvoir militer avec moins de 200 000 euros par an !) et d’imposer sa ligne politique qui a suscité la scission.

Sur ces questions, il n’y a pour le moment aucune réflexion sérieuse dans le NPA. Non seulement le NPA risque de fonctionner grosso modo comme la LCR (avec des tendances, ce qui est déjà mieux qu’une organisation monolithique, mais ce qui est insuffisant ; mais aussi avec des permanents, ce qui est particulièrement néfaste et dangereux), mais en plus l’objectif publiquement affiché par Besancenot, avant même que le Congrès de fondation se soit prononcé sur cette question, est de se présenter aux prochaines élections, sans que la moindre réflexion soit engagée sur ce qu’implique la participation aux processus électoraux, donc concrètement la cogestion de l’Etat bourgeois.

Il est à ce titre significatif que les militants de la LCR qui ont une expérience de conseillers municipaux et de députés européens se considèrent comme de braves « délégués du personnel » au sein de l’Etat et qu’ils refusent d’admettre qu’ils cogèrent l’Etat par le bas, en attendant (inévitablement) de le cogérer par le haut. (Cf. mon article sur les municipales http://www.mondialisme.org/spip.php?article1122)

3) Le NPA va-t-il marcher et le PCF est-il moribond ?

On entre là dans un domaine particulièrement difficile, celui de la prévision.

D’une part, je n’enterrerais pas aussi vite le PCF que le fait Patrick Mignard. Pour le moment, le PCF existe encore et, par l’intermédiaire de la CGT et de multiples associations, il possède un pouvoir d’influence sociale et de nuisance politique qui n’est absolument pas comparable à l’influence groupusculaire de la LCR et à celle (hypothétique pour le moment) du futur NPA. Rappelons l’expérience des comités du Non contre le TCE qui ont abouti à un fiasco total, quand il s’est agi de traduire ce « moment exceptionnel » de discussions politiques en une organisation durable. Sans parler d’ATTAC qui n’a pas réussi, malgré toutes ses proclamations et ses prétentions à « faire de la politique autrement ».

Deuxièmement, construire un parti politique de masse demande des capacités organisationnelles particulières. Si j’en crois les confidences de Krivine dans son dernier livre (« Ca te passera avec l’âge »), la LCR a toujours été incapable de gérer ses finances. Son journal et ses publications sont totalement déficitaires, les cotisations ne rentrent pas tous les mois, etc. On comprend d’ailleurs pourquoi la LCR tient tant à la manne électorale, car l’Etat bourgeois verse de généreuses subventions à ceux qui dépassent les 5% aux élections. L’Etat français supplée donc aux déficiences militantes et financières de la LCR. Mais je doute fort que la LCR surmonte ce handicap, celui de l’argent, qui est le nerf de la guerre, surtout dans la politique traditionnelle. Et si elle le surmonte avec l’aide de quelques gestionnaires efficaces (comme cela s’est passé par exemple quand les éditions  François Maspero, sympathisant et gros cotisant de la Ligue communiste pendant des années, sont devenues des éditions traditionnelles bourgeoises, La Découverte), cela ne changera rien à la nature profonde de la future organisation. Il faut des années pour former des cadres politiques solides, or la formation politique est faiblarde à l’actuelle LCR. Et il n’y a aucune raison que cela s’améliore au sein du NPA, si ce parti n’attire que des gens très modérés, soucieux avant tout d’action syndicale ou associative locale, qui veulent simplement un «partage plus juste des richesses » comme le disent la plupart des nouveaux adhérents sur les forums du NPA ou ceux interviewés dans sa revue «  Critique communiste ».

Il y a fort à parier que la LCR accouchera d’un mini PSU, et avec peut-être autant de députés (4, ce qui était ridicule) et de conseillers municipaux (quelques centaines, à l’époque), donc une structure qui aura une vie brève et finira par rejoindre le PS, le PCF ou toute autre formation de gauche plus classique qui pourrait apparaître et serait aux mains de vieux renards et de jeunes loups (qui auront été formés par les trotskystes, tels que le furent les Mélenchon, Cambadélis et autres Dray ou Weber).

Mais je peux me tromper en matière de pronostics. Simplement je trouve que le milieu libertaire a tendance à se laisser un peu trop intoxiquer par tout le barouf médiatique fait autour du NPA et de Besancenot. Les médias ont laissé tomber Arlette Laguiller (qu’ils n’ont de toute façon jamais ménagé autant qu’ils ménagent aujourd’hui Besancenot et la LCR), pour mettre en avant et en valeur Olivier Besancenot, mais nous ignorons combien de temps ce favoritisme durera. Et si cette couverture médiatique devait brutalement s’interrompre, on en reviendrait au réel.

« Le NPA, combien de divisions ? » Et sur ce terrain-là, rien ne remplace l’huile de coude et l’imagination politiques.

4) Désorientation de la tête à la base

Pour conclure, il me semble qu’il manque un dernier élément dans l’article de Patrick Mignard. Ce ne sont pas simplement les militants de base ou les sympathisants libertaires, de gauche ou d’extrême gauche, qui sont déboussolés ou désorientés. Ce sont aussi les « têtes pensantes » de la LCR. Il suffit de lire les textes de revues comme « Critique communiste » ou les livres publiés par Daniel Bensaïd (généralement écrits dans un style jargonnant et profondément ennuyeux, mais où l’on trouve parfois quelques pistes de réflexion utiles), pour se rendre compte que la LCR est en pleine confusion idéologique et théorique. En partie parce qu’elle a toujours été plus sensible aux modes intellectuelles, aux débats théoriques branchés que ses consœurs trotskystes,  mais aussi et surtout parce que tous ses pronostics politiques, et ceux de ses prédécesseurs léninistes, ont été remis en cause. Qu’il s’agisse de l’évolution du capitalisme, de la nature des Etats dits socialistes, des mouvements de libération nationale, des possibilités révolutionnaires des années 60-70, etc. Il est « normal » que Mignard n’ait eu que peu de réponses à son article, et quand il en a eu, que cela ait été des réponses généralement injurieuses ou sectaires. Ce sectarisme des petits cadres politiques de la LCR traduit beaucoup plus un profond désarroi idéologique que des convictions solides.

Raison de plus pour continuer le débat.

Y.C. (Ni patrie ni frontières sur mondialisme.org)

14/10/2008

1. Ce député pratiquait l’échangisme – ce qui ne regardait que lui et sa compagne, tant qu’elle était consentante, ce qui est toujours difficile à établir dans une société machiste –  mais, en plus, selon les témoignages de certaines militantes, il harcelait ses camarades, ce qui n’est plus du tout un problème d’ordre privé.


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