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L'En Dehors


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Pendant ce temps, en Bolivie...
Lu sur groupe Nada : "Pékin, le Tibet, la Géorgie, les soubresauts du système boursier, la météo, ne laissent que peu de place - mis à part les articles tendancieux du spécialiste du Monde - à ce qui se passe en Bolivie. Nous avons traduit le témoignage d’une compagne mexicaine présente sur le terrain des derniers affrontements.

(Compte-rendu envoyé par la compagne Nadia, d’Oaxaca, présente sur le terrain et prenant part aux luttes populaires pour le socialisme et la liberté face à la réaction capitaliste en Bolivie)

Le 11 septembre pour le peuple bolivien, sera marqué comme un jour de profonde douleur, mais aussi de rébellion, de résistance devant la bête fasciste. Malgré ce que font voir les oligarques de l’Est bolivien à travers leurs moyens de désinformation massive, ce qui a arrivé ce jour a été un massacre lâche contre des paysans, un véritable massacre perpétré par les autorités civiques et préfectorales du département de Pando, à la tête desquelles est le préfet Leopoldo Fernández, jadis allié du dictateur Hugo Bánzer Suárez, qui ont payé des sicaires pour assassiner 14 paysans, avec des mitrailleuses et autres armes à feu, bien que l’on parle maintenant de beaucoup plus de personnes tuées.

Le « foyer fasciste » s’étend

Cela fait une paire de semaines qu’a commencé un blocage de route impulsé par le Comité Civique et la Préfecture du département de Tarija, secondé par les comités et les préfectures des quatre autres départements, et, parmi eux, le comité et la préfecture de Santa Cruz, le noyau dur de l’oligarchie et sa proposition politique : les autonomies départementales.

Il ne pouvait pas en être autrement : ils ont commencé à réclamer le remboursement de l’Impôt Direct sur les Hydrocarbures, IDH [1], recette que le gouvernement destine au paiement d’une pension pour le troisième âge, le « Revenu Dignité » et cela s’est terminé par le mitraillage des paysans, hommes, femmes enceintes, en incendiant ou détournant des radios, en attaquant des paysans et des indigènes, en brûlant des sièges syndicaux, en tirant à feu nourri contre des gens désarmés dans les zones populeuses de la ville de Santa Cruz. Ce que nous vivons en Bolivie c’est du fascisme, ce n’est pas une simple dénomination, c’est une réalité politique. Ce « foyer fasciste de l’oligarchie », comme l’indiquait déjà un compagnon, ce sont les oligarchies et la bourgeoisie agro-industrielle qui a été développée surtout en Bolivie après la Révolution de 1952, et qui a crû encore plus pendant les cycles dictatoriaux qui ont commencé en 1964, spécialement avec la dictature de Banzer. C’est ainsi qu’un seul grand propriétaire de la province de Santa Cruz a des terres dont la surface est trois fois plus grande que la zone urbaine de la ville de Santa Cruz.

Ce sont eux qui ont entamé leurs « protestations », soutenus par des groupes de jeunes, qui ont fait des attentats contre les gazoducs, ont tiré contre des chauffeurs qui ont essayé de forcer leurs points de blocage, ce sont eux qui, avec la complicité et les ressources des préfectures, engagent des gorilles.

« Unions juvéniles », violence raciste et le harcèlement du courageux Plan 3000

Les Comités Civiques de Santa Cruz ne pourraient toutefois faire grand chose s’ils n’étaient appuyés par la brutalité de leurs groupes de choc, en particulier l’Union Juvénile de Santa Cruz (UJC), qui s’est étendue à d’autres départements. Ils font partie de la structure organique du Comité Civique de Santa Cruz, en coordination maintenant avec la bien connue Phalange Socialiste bolivienne, le parti fasciste de Bolivie. Les unions juvéniles ont crû et ont participé aux faits les plus violents dirigés contre des migrants des régions de l’Ouest qu’ils affublent de qualificatifs signifiant qu’ils les considèrent comme des sous-hommes. Brandissant des battes de baseball, symbole des unionistes, ils ont frappé des paysans et ont utilisé des armes à feu contre des habitants du populeux quartier de Santa Cruz, le Plan 3000.

Ces derniers jours, la violence a atteint une extrémité incontrôlable et impensable. Mardi 9 septembre les hordes armées ont envahi et pillé des organismes étatiques, ont volé tout ce qu’elles ont pu et, sur leur passage, ils ont brutalement attaqué des habitants parce que ceux-ci avaient la peau brune et des traits indigènes, mais, ils ont frappé aussi des militaires et des policiers. Quelques jours auparavant ils avaient agressé le commandant départemental de la police, attaque diffusée en direct à la télévision.

Il existe des images qui montrent des unionistes recevant une instruction militaire dans le Huitième Régiment déjà en 2005, au titre de sécurité civile ; est-ce de sécurité civile qu’il s’agit quand on frappe à coup de pieds, quasiment à le tuer un paysan ou un mineur ?

Ce sont ces mêmes individus qui, jeudi et vendredi, ont encerclé le Plan 3000, une zone où vivent migrants et habitants pauvres, les ont menacés depuis le début de la matinée et ont tenté d’entrer la nuit de jeudi, dans le plus pur style du Ku Klux Klan, pour raser le marché central en l’incendiant, envahir et détruire Radio Intégration, seul moyen de communication au service des habitants et, en somme, en finir avec la résistance que le quartier a montrée pendant plusieurs mois face à la préfecture de Santa Cruz, sans toutefois attaquer l’adversaire. Ces « jeunes », dans d’autres départements et de la même manière, ont menacé et frappé des prêtres qui, contrairement à la hiérarchie ecclésiastique, se sont prononcés pour le peuple, ont brûlé des radios communautaires et ont poursuivi et torturé des indigènes de l’Est, brûlé leurs maisons, faits qui ne sont pas récents, qui datent d’au moins deux ans [2]. C’est cette même terreur qui s’est répandue dans toute la ville de Santa Cruz..

La résistance des habitants a déjà duré trois jours, là où la police ne faisait pas grand chose contre ces bandes d’assaillants et d’assassins munis d’armes. Il y a eu quatre habitants blessés par balles, et tout un quartier qui organise sa défense avec des pierres, des bâtons et tout ce qu’il peut, pour tentent d’éviter la prise de son territoire par les fascistes.

Le massacre du 11 septembre

Dans le contexte d’un gouvernement seulement muni politiquement d’un discours de « paix » très confus, et d’un peuple bolivien lutteur mais hésitant, le jeudi 11 septembre, les nouvelles du matin ont annoncé des confrontations entre des paysans et des gens de la préfecture. Personne n’imaginait à ces heures l’ampleur de ce qui allait se passer : 14 morts confirmés le matin, on parle de beaucoup d’autres cadavres trouvés aujourd’hui dans la montagne.Nous parlons d’une embuscade dirigée par des gens armés de la préfecture, qui ont creusé des fossés avec les machines mises à leur disposition, pour éviter qu’une grande quantité de paysans arrive à Filadelfia (ville de la province de Pando) pour une réunion convoquée par les fédérations de paysans des départements de Pando et de Beni. À la hauteur de la ville de El Porvenir, le massacre a commencé et, selon quelques données, il y a aussi eu de la résistance. Deux membres de la préfecture sont morts, mais il n’a pas été bien établi par quel type de balles il ont été touchés. Plusieurs paysans se sont enfuis vers la montagne, beaucoup sont revenus blessés par des balles d’armes de guerre, poursuivis comme des animaux, chassés comme des proies. Il y a plusieurs disparus.

Des histoires terribles nous sont parvenues : un survivant du massacre a rapporté comment, dissimulé entre des ordures et des déchets, il a pu observer les sicaires achever des compagnons paysans dont les cadavres furent jetés à la rivière pour qu’on ne puisse les retrouver. La fusillade était terrible, des femmes furent blessées et on a appris que l’hôpital où ont été emmenés les blessés (situé dans la capitale du département, Cobija), les médecins n’ont pas voulu s’occuper d’eux, et les ont maltraités. Quinze paysans ont été kidnappés, torturés et jugés par la « justice » corrompue et vendue du lieu.

Le gouvernement après ces faits de violence extrême, et après beaucoup de critiques de la part de la population qui l’exigeait depuis bien longtemps a déclaré l’état d’urgence, et des militaires ont été envoyés pour occuper la capitale du Pando. Ceux des Comités civiques les ont reçus avec des tirs de mitraillette. Tandis que dans la ville de La Paz on attend le résultat d’un dialogue dans le palais de gouvernement, dialogue qu’immédiatement les Comités civiques ont décidé d’accepter, il y avait d’autres mort à Cobija (Pando) dont un militaire, très jeune conscrit de 17 à 18 ans. Voilà le résultat de l’extension de ce projet fasciste qui dispose de l’appui d’une partie de la population, surtout citadine, obtenu à travers l’exploitation de dimensions racistes qui existaient déjà bien avant dans ces régions.

Devant les appels des habitants pour qu’on aille renforcer la lutte héroïque de Plan 3000, devant les témoignages dramatiques de paysans poursuivis qui ne peuvent que parler cachés, par le biais d’un téléphone cellulaire depuis la ville de La Paz, beaucoup de personnes disaient aujourd’hui que dans la rue s’expriment sans fin des sentiments tels que des pleurs, non par lâcheté mais par rage, douleur, fureur devant la canaille fasciste, ainsi qu’une solidarité infinie que nous ressentons tous et toutes en ce moment envers les orphelins et ceux qui ont perdu un être cher.

Des milliers de personnes et nous-mêmes avons, la ferme idée qu’avec tout ce que nous avons dans l’esprit et le coeur envers ceux qui résistent, nous pouvons aussi nous saisir des pierres, des bâtons, de tout ce dont nous disposons pour les soutenir, pour continuer à penser à un horizon qui est sans aucun doute au-delà de tout gouvernement, à des idées d’un futur où il serait mis un terme à toutes les ordures racistes et à toutes les immondices capitalistes.

La solidarité internationale, l’appui du peuple en lutte d’Oaxaca et du monde, de frères et des soeurs, nous sont indispensables maintenant.

Tandis qu’à ces heures de la nuit où je termine d’écrire ceci, on peut entendre l’appel à l’aide et la plainte d’un paysan, Eugenio, à Rurrenabaque, petite population du département du Beni : ils ont fait exploser leur siège syndical avec une grande quantité de dynamite, il ne sait pas si sa famille, qui était dans l’immeuble, est vivante.

LA LUTTE CONTINUE !

Nous ajouterons à ce compte-rendu que derrière l’action de ces « Comités Civiques » se profile l’ombre des États-Unis. L’attitude de leur ambassadeur, renvoyé depuis, renoue avec les pratiques bien rodées de la CIA en Amérique du Sud.









Notes

[1] L’IDH provient du processus de « nationalisation » des ressources en hydrocarbures, et il est la conséquences des luttes du peuple de Los Altos (la population des hauteurs de La Paz-NdT) et des 67 tombés dans la Guerre du Gaz de 2003. Ceux des Comités civiques à cette époque, tandis qu’habitants, mineurs et paysans, étaient mitraillés sur les routes et dans les rues par le gouvernement, aujourd’hui en fuite devant la justice de Sánchez de Lozada, avaient enjoint à l’armée de continuer sa tâche, c’est-à-dire qu’ils appuyèrent le massacre.

[2] Nous nous référons aux tortures exercées par les jeunesses et les membres des comités civiques qui ont torturé un avocat indigène guaraní sur une place publique dans un village du secteur rural de Santa Cruz. En 2006 les unionistes ont brûlé les maisons d’indigènes de la population de San Miguel de Velasco, en représailles à une action de résistance campagnarde et indigène quelques jours auparavant.

Ecrit par libertad, à 21:53 dans la rubrique "International".



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