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Punir les pauvres
Lu sur CQFD : « Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et mal foutu » affirmait Max Pécas en 1980 dans un des nanards dont il avait le secret. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a choisi le 30 juin un titre nettement plus euphémique pour une de ces circulaires (sobrement intitulée circulaire 33- 2008) mais le fond du propos reste le même. Signée de son directeur, Frédéric Van Roekeghem, cette circulaire autorise désormais les médecins à porter plainte contre leurs patients bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle), au prétexte de comportements « inappropriés » et afin de « favoriser la compréhension réciproque des droits et devoirs de chacune des parties ». Officiellement, il s’agit pour la CNAM de combattre la discrimination des pauvres et « d’éradiquer les facteurs potentiellement générateurs de refus de soin ». Rappelons que ces refus,selon une enquête réalisée en juin 2006 par le fonds de financement de la CMU, sont le fait d’environ 5% des médecins généralistes et 40% des dentistes et spécialistes. Et qu’à âge et sexe identiques, les bénéficiaires de la CMU, soit 4,5 millions de personnes, sont deux fois plus nombreux que les autres assurés sociaux à souffrir d’une longue maladie. Les pauvres, c’est bien connu, sont des irresponsables. Ils se soignent moins bien et plus tard, quand ils ne peuvent plus assumer en serrant les dents la survie quotidienne. Parmi les griefs admissibles qu’énumère la circulaire, on trouve ainsi « traitements interrompus ou non suivis, retards injustifiés aux rendez-vous, rendezvous manqués et non annulés » ou encore un mystérieux « exigences exorbitantes » (sic). Déjà, rien ne prouve que ces attitudes soient plus le fait des bénéficiaires de la CMU que des autres patients. Ensuite, pour quiconque a poireauté plusieurs heures dans une salle d’attente, le prétexte du retard, par exemple, fleure bon le foutage de gueule. Toutes ces raisons ont conduit une association de médecins, le Comegas (Collectif des médecins généralistes pour l’accès aux soins) à saisir à nouveau la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité).

Pour Philippe Foucras, un de ses représentants, « c’est révélateur de l’air du temps. Aujourd’hui comme autrefois, au temps des dames patronnesses, le pauvre doit être méritant et savoir rester à sa place. Mais il est consternant que l’assurance maladie solidaire en vienne à autoriser des soignants à porter plainte contre ses assurés, pour tenter de régler des difficultés relationnelles dues à des a priori envers les plus fragiles de notre société. Ces difficultés existent mais ce n’est pas comme cela qu’on les résoudra. » Interrogée sur RMC le 14 août, la ministre de la Santé s’est contentée de déclarer que la circulaire avait été mal comprise. « Nous l’avons très bien comprise, au contraire, rétorque Philippe Foucras. Mais ce n’est pas en stigmatisant les pauvres qu’on les aidera à mieux se soigner. Le problème tient à la sociologie du milieu médical : c’est une profession de riches en contact direct avec les pauvres. Il y a rencontre de classes, donc conflit potentiel. À cela s’ajoute l’impréparation profonde des médecins. C’est très violent pour un soignant formé à sauver des vies de se retrouver en situation d’échec thérapeutique. Et au vu des pathologies rencontrées chez les pauvres et de leur relation au soin, ce n’est pas rare. Au lieu de dépenser du fric en formation pour inciter les médecins à prescrire moins, la Sécu ferait mieux de les former à la prise en charge des populations précaires. » Hélas, cela ne fait pas partie des thèmes prioritaires. Et c’est en silence, parce que bien élevés, que les pauvres sont priés de tomber dans le trou de la Sécu.

Article publié dans CQFD n°59, septembre 2008.
Ecrit par libertad, à 10:42 dans la rubrique "Actualité".



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