L'En Dehors

Leur sacro-saint pouvoir d’achat plombé par le renchérissement du pétrole, du gaz et des denrées alimentaires, les Français avaient un moral de spéléologue coincé au fond d’un gouffre étroit par temps d’orage et le faisaient savoir par sondages interposés : Sa Majesté, qu’on avait connue surfant sur la vague de la popularité, ramait péniblement aux alentours de 34% d’opinions favorables, une misère pour un battant, une baffe pour qui aime être aimé.

A la moindre sortie en ville s’entendaient l’invective et le quolibet, prélude au jet de tomates et d’œufs pourris. La pièce sifflée, le public envisageait d’exiger le remboursement des fausses promesses de pognon pour tous.

Et puis, miracle ! Sans rien faire d’autre que prendre le soleil sur la Côte avec Bibiche et, pour ne pas trop s’engourdir, jouer les monsieur bons offices entre Moscou et Tbilissi alors que ses compatriotes ne se préoccupaient que de jeux olympiques, le président que le monde nous envie, probablement motivé par les exploits de «nos» athlètes, a fait au 8 septembre un bond de 11% dans le sondage d’opinion réalisé par l’institut LH2, totalisant ainsi 45% de satisfaits de son action.

Insondable mystère des enquêtes téléphoniques ! Depuis trois mois, en terme d’économie domestique, rien n’a changé, au contraire : les Français qui ont voyagé durant leurs congés (10% de moins en l’espace de trois ans) reviennent ratissés, le carburant flirte toujours avec les 1,50€ le litre à la pompe à finance quoique le prix du baril ait plongé, les prix à la consommation n’ont pas fléchi, surtout pas ceux des fournitures de rentrée scolaire pour les gosses, le taux de chômage remonte, Renault s’apprête à se dégraisser de 4000 ou 5000 adipocytes ouvriers,Tapie touche l’euromillion sans même avoir eu besoin de miser et enfin le fichier Edvige pointe son vilain museau jusque sous nos draps.

Touche tragique pour achever ce tableau de la désolation, les talibans Afghans ont buté dix jeunes soldats dans un conflit lointain dont personne n’augure du terme.

De quoi faire plonger l’exécutif au fond du puits, pas vrai ?

Mais non, animal ! les mauvaises nouvelles glissent sur le torse présidentiel comme l’océan sur le cuir d’un dauphin et, par la grâce d’un peuple aussi inconséquent qu’inconstant, ce qui devrait l’abattre le grandit.

Bougre d’homme ! Il met quelle marque, comme huile solaire ?