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L'En Dehors


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Du capitalisme à la famine ... de la famine à la révolution
LE SCÉNARIO SE DÉROULE COMME PRÉVU. . par les plus lucides. Contraint d'aller jusqu'au bout de sa logique, lé capitalisme poursuit sa besogne parasitaire et nécrophage: un système qui a accumulé de quoi faire sauter plusieurs fois la planète, mais qui s'avère incapable de nourrir la population qui l'entretient. Deux siècles de croissance économique ont massacré la planète, épuisé les ressources. Le prix du pétrole flambe, et avec lui, -celui des autres sources d'énergie, des matières premières, et donc de l'ensemble de la production, dont les denrées alimentaires. On enregistre des records datant parfois de vingt ou trente ans. La Banque mondiale note que, depuis 2005, le cours mondial des produits de première nécessité a augmenté de 80 %, et cette envolée des cours est irréversible. Depuis plusieurs mois, le rythme s'accélère: manifestations, émeutes, scènes de pillage, sur fond de répression. Plus de trente pays connaissent aujourd'hui des troubles politiques et sociaux liés à l'augmentation du prix des produits de première nécessité. La cible de cette colère, c'est un système qui fournit souvent le superflu - l'innovation technique permanente - en privant du nécessaire - la nourriture, la santé, le logement, (instruction. Du pain et des jeux: mais de plus en plus de jeux, et de moins en moins de pain! Désormais, ce sont les pénuries alimentaires qui vont se multiplier; des famines à grande échelle qui vont réapparaître. Faut-il s'en étonner?

Explosion de la demande (notamment de la Chine et de l'Inde qui adoptent le suicidaire modèle occidental), réduction de (offre, aléas climatiques, voracité de la, spéculation financière, de la grande distribution et de l'industrie agroalimentaire. C'est tout un système qui s'emballe parce que, depuis longtemps, l'agriculture ne sert plus à nourrir les populations, mais à générer des profits. A chaque nouvelle accélération de la production, il s'agissait officiellement du bien de l'humanité, de combattre la faim, aujourd'hui de lutter contre l'effet de serre ou de garantir l'autonomie énergétique: discours de Truman, plan Marshall en Europe, Révolution verte dans le tiers-monde, biotechnologies et OGM, agrocarburants. Un système tellement putréfié que Monsanto, l'une des multinationales les plus criminelles, responsable d'un désastre écologique et sanitaire (pyralène, agent orange, hormone de croissance bovine...), peut se permettre de se présenter comme sauveur de la planète!
Au nom du progrès, on a multiplié les monocultures contre la biodiversité, détruit les bocages, asséché les nappes phréatiques par une irrigation massive, saturé les rivières en pesticides, dégradé les sols par le recours aux machines agricoles et aux engrais. Au nom de la modernité, on a vidé les villages, déplacé des centaines de millions de personnes, ruiné des civilisations paysannes, prolongé le colonialisme. Au nom de la science, et avec la complicité des États, les multinationales ont privé les paysans de la libre disposition des semences par le système des brevets sur le vivant. Partout, la déforestation progresse, les terres fertiles reculent. Faut-il s'étonner que la compétition économique internationale fasse ressurgir le spectre des famines alors que, déjà, la moitié de l'humanité vit avec un ou deux dollars par jour?

L'escroquerie des agrocarburants

Les agrocarburants sont en train de devenir le facteur de croissance principal de la demande agricole, et de déstabiliser l'économie mondiale. Non pas, comme on veut nous le faire croire, pour lutter contre l'effet de serre, mais pour des raisons purement commerciales
maintenir notre toxico-dépendance au carburant, ouvrir des marchés à l'industrie, faire rouler voitures et camions au Nord... en affamant le Sud. Un véritable jackpot, un marché prometteur et subventionné. Les pays pauvres produisaient déjà le soja pour nourrir nos bestiaux; ils cultivent désormais le palmier ou le manioc pour remplir nos réservoirs!
La consommation mondiale d'agrocarburants pourrait passer de 15,5 millions de tonnes en 2004 à près de 150 millions en 2030 ! L'Indonésie prévoit de transformer 16,5 millions d'ha de forêts en plantations industrielles de palmiers; la Malaisie, six. Même obsession au Cameroun, au Congo, au Mozambique, au Sénégal, en Colombie, en Équateur. Au Brésil, des dizaines de milliers de petits paysans coupent la canne à sucre six tonnes à la journée - pour que les moteurs de l'Occident puissent vrombir! Au Mexique, au début de l'année 2007, à cause des agrocarburants, le prix de la tortilla était passé en quelques jours de 5 à 10 pesos le kilo. Et partout, on retrouve le même schéma classique
déforestation, monocultures, augmentation du prix de la terre, disparition des cultures vivrières, expulsion des petits paysans, expropriation massive des communautés. Sur tous les continents, d'immenses surfaces agricoles sont détournées des besoins alimentaires.
En France - avec le concours de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), de l'Inra, du CNRS, et avec le soutien d'une bonne partie de la mouvance écologiste - deux millions d'ha seront réservés aux agrocarburants en 2010. Malgré les nombreux rapports critiques et mises en garde, la France maintient son objectif d'inclure 7
d'agrocarburants dans les réservoirs en 2010.

Un avenir explosif

Jacques Diouf, directeur général de la FAO, déclarait en 2006: «Loin de diminuer, le nombre de personnes affamées dans le monde est en train d'augmenter - au rythme de quatre millions par an. » Les stocks de céréales n'assurent plus que 57 jours de nourriture à la population mondiale, le même niveau qu'il y a trente ans. Dans les économies fragilisées, la moindre augmentation du prix du maïs, du blé ou du riz provoque une tragédie.
Selon plusieurs experts, il faudrait doubler la production alimentaire mondiale dans les vingt-cinq prochaines années pour satisfaire les besoins croissants d'une population qui augmente de 80 millions chaque année. Compte tenu de l'érosion des terres, de la fin du pétrole bon marché, de l'urbanisation galopante, des incidences négatives du climat et de l'effondrement de la biodiversité sur les rendements agricoles, il devient de plus en plus hautement improbable que la planète puisse nourrir, en 2050, les neuf milliards d'habitants qu'elle comptera. Et le délabrement des finances publiques ne permettra pas longtemps aux États de maintenir sous perfusion les catégories sociales les plus touchées. Les mesures d'urgence décidées dans la panique resteront ce qu'elles sont: des cautères sur une jambe de bois.
L'une des conséquences, à long terme, les plus dramatiques des politiques agricoles conduites depuis plus d'un demi-siècle, est la dégradation physique et chimique des sols, parfois irréversible. Milieu vivant et complexe, le sol remplit des fonctions essentielles
production de biomasse agricole et forestière, milieu de vie, régulateur de l'écosystème, réservoir génétique.
Plus d'un quart des surfaces émergées de la planète souffre d'érosion et de dégradation des sols. Et la désertification est directement liée à la pauvreté, pauvreté largement aggravée par l'économie capitaliste qui pousse les populations à détruire des sols fragiles pour seulement survivre. Ce qui est en jeu, c'est tout simplement la capacité de nos descendants à se nourrir. « La qualité des sols pourrait très bien faire la différence entre la survie et l'extinction pour l'humanité», c'est ce qu'écrivait Garrison Sposito, professeur en science des écosystèmes.

De la révolte à la révolution

politique montre son vrai visage de défenseur acharné de l'ordre capitaliste contre le bienêtre des peuples. Étranglées par des augmentations des prix des denrées alimentaires parfois de 30 à 40 %, les populations manifestent un peu partout contre la vie chère, s'impliquent dans des grèves, y compris en désavouant leurs dirigeants syndicaux (Sénégal, Burkina, Égypte, Côte d'Ivoire, Pakistan, Ouzbékistan...) : répression, dispersion à coups de grenades lacrymogènes, voilà les réponses des gouvernements. Blessés, morts même (au Cameroun, en Guinée, en Haïti), pour avoir refusé de souffrir davantage, pour avoir commis le crime inexpiable de vouloir assouvir le besoin le plus vital! Des gouvernements qui ne sont pas en mesure de nourrir les populations, mais qui peuvent payer la police ou l'armée pour matraquer ces mêmes populations quand elles réclament du pain! L'ONU vient de déclarer que la hausse des prix agricoles était une menace pour la sécurité. La sécurité de qui, au fait? Salauds de pauvres, qui viennent troubler la sérénité des riches! Si l'indignation n'envahit pas la planète, c'est qu'il n'y a plus rien à attendre de l'espèce humaine!
Si la situation demeure moins préoccupante en Europe, l'inflation monte néanmoins (3 à 5 % selon les pays), rognant le pouvoir d'achat, et les hausses actuelles se répercuteront dans les mois qui viennent. Faut-il attendre les graves pénuries alimentaires prévisibles pour envisager l'éventualité d'une ébauche de sursaut pouvant conduire à une esquisse de mobilisation? Faut-il attendre les drames qui se profilent pour comprendre que le capitalisme s'est désormais définitivement empêtré dans ses contradictions: le franchissement des- limites physiques de la planète lui interdisant la fuite en avant permanente – la croissance économique - qui, lui a permis jusque-là d'esquiver le problème des inégalités sociales? En accroissant sa puissance, le capitalisme a aussi augmenté sa vulnérabilité.
D'autres futurs étaient possibles; seule une grande combativité peut les réhabiliter. En passant de la résistance à l'offensive, de la révolte à la révolution.
Personne ne peut prétendre aujourd'hui ne rien savoir. Quand des centaines de millions de personnes n'ont plus rien à perdre, tout devient possible. Si l'on ne veut pas que la barbarie s'installe pour longtemps à la surface du globe, il est temps de sortir d'un système où toute issue légale est bloquée. La seule perspective, faut-il le rappeler, réside dans la prise en main, par les populations, de leur propre avenir. La souveraineté alimentaire des peuples passe par l'autogestion. Maîtriser la production, la gestion collective des ressources en définissant elles-mêmes leurs propres besoins, ce n'est plus seulement, pour les populations, un but à atteindre, c'est une urgence à ne pas manquer.

Jean-Pierre Tertrais

Le Monde libertaire #1514 du 24 avril 2008
Ecrit par libertad, à 17:59 dans la rubrique "Pour comprendre".



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