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L'En Dehors


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Nouvel évènement du collectif « Cornet Rouge » de Poitiers

Le collectif à géométrie variable « Cornet Rouge » de Poitiers dont j'ai fait la présentation par un précédent article, organise des festivals artistiques en appartements. Dernièrement s'en est tenu un le soir du mardi 3 juin. Gentiment invitée à celui de novembre 2007 pour une présentation de mes fanzines personnels, le contexte de l'initiative m'ayant plu c'est avec plaisir que je m'y suis rendue à nouveau, cette fois-ci en tant que personne du public. Nouveau lieu = nouvelles créations, on peut dire que les principes fondamentaux des initiatives de ce groupe sont « surprise » et « découverte » : impossible de savoir à l'avance ce qu'il vous attend ! Côté positif comme négatif : les goûts personnels des uns et des autres divergeant, vous pouvez en partir ravi comme déçu ou (et) choqué ou à la fois l'un et l'autre (mais jamais indifférent !) selon les divers ateliers. Difficile également de prévoir la tenue vestimentaire adéquate (m'étant retrouvée assise « par terre » « dans des sous-sol et hangards » en m'étant plutôt imaginée sur des chaises de salon ou de cuisine, ma jupe a du passer ensuite un indispensable petit séjour au pressing !), mieux vaut donc par prudente sagesse sortir les vieux fringues, du moins à la belle saison.

Me présentant à 19h à l'adresse indiquée au téléphone, je suis accueillie avec humour et exubérance par deux dames aux tenues clinquantes se présentant comme de curieuses « concierges » de l'appartement. Elles m'expliquent qu'elles viennent de créer une agence de conciegerie à domicile à laquelle les habitants de Poitiers peuvent avoir recours en cas de besoin. En plus du service de gardiennage, un certain matériel est fourni et installé : piège à animaux (ils ont déjà capturé un chat et même malheureusement un pauvre petit gamin de deux ans qui a pris pour le coup son baptême de clostrophobie. Ah quel malheur ces bavures !) et passage facilité pour les pompiers. Un courrier à mon nom m'est remis (ainsi qu'à chaque arrivant) : ce sont les paroles d'une chanson de Claude François « Le jouet extraordinaire » ; Claude François qui d'ailleurs fit la une de la soirée entière sur le radio-cassettes passe-temps de ces charmants concierges ! Eh oui ! Pas si alternatif que ça jusqu'à présent, dites-vous ?

Effectivement mais rassurez-vous, nous ne sommes qu'à l'entrée ! Une fois la porte passée, ça n'est plus tout à fait la même chose, quand par exemple arrivé dans l'atelier cuisine vous voyez un groupe de femmes faire la ronde en entonnant une chanson des plus paillardes ! L'érotisme semble d'ailleurs le thème principal de cet événement. En effet, vous pouvez apercevoir en traversant la cour quatre cabines portant chacune le nom de « Purgatoire », « Enfer », « Confessionnal » et « Paradis ». Curieux vous entrez dans ce purgatoire et cet enfer pour y découvrir deux expositions d'articles avec quelques photos érotiques souvenirs de mai 68. Je vous laisse deviner ce que sont le confessionnal et le paradis : tout simplement.... les toilettes. Oui, les « vrais » toilettes ! Parce que figurez-vous que j'ai été assez bête pour les prendre pour de faux sanitaires décoratifs ; heureusement que chance, je n'ai eu aucun besoin durant cette soirée ! Et l'étage de la maison au fond de cette cour propose un atelier de contes érotiques. Sur les récits de désirs amoureux de deux dames, un guitariste joue une douce musique pendant qu'un autre jeune homme fait très progressivement un dessin au tableau. Pour autant, ce dessin ne peut être qualifié de pornographique. De la même façon, il me semble que personne ne se soit rendu aux toilettes pour y faire autre chose que ses besoins naturels, et quelqu'un n'a pas hésité à amener à cette soirée ses deux enfants en bas âge. Ce qui me pousse à tirer la conclusion que la majorité des gens, hommes et femmes, sont bien avant tout des êtres doués de raison, réfléchis, sérieux, capables de se maîtriser et non d'impulsifs animaux à sexualité déchaînée. Le désir sexuel ne se suscite pas par simple image ou récit mais reste bien la propriété physique maîtrisée de chacun.

Pourrait-on imaginer une telle soirée sans musique ? Un atelier chant se tient dans un hangard où un homme, certes chanteur mais tout autant acteur, conteur et même un peu magicien (il réussit, on ne sait trop comment, à faire passer les applaudissements des spectateurs dans l'enceinte) sait rendre sa prestation interactive.

Un p'tit coup de pompe ? Le bruit, le monde et un rythme un peu soutenu s'imposant pour réussir à passer dans tous les ateliers proposés vous provoque une p'tite fatigue ? Pas de panique, même cela ils l'ont prévu ! Un coin bien calme dans un joli rideau rouge vous attend tout en haut de la maison du fond de la cour (seul impératif auquel obéir : ôter ses chaussures en bas de l'escalier, mais ça se comprend ). Vous allez pouvoir vous reposer en poésie. L'hôte d'accueil passé dans la pièce à côté pour mettre en route le radio-cassettes, un certain orateur qui a « avalé un disque » commence un récit qu'il ne termine jamais : « Comme chaque matin, elle lui tendit son ticket de métro », dit-il. Vous repartez de ce lieu « dix fois certain » d'avoir vraiment bien compris et sur votre fin totale de la suite et la fin de l'histoire.

Toujours dans la cour, un peu plus loin que les toilettes, se trouve un atelier artistique, notamment de peinture. Tout un chacun peut prendre une feuille, un carton, un pinceau ou autre stylo et dessiner, peindre, colorier ou même écrire, pour par exemple se préparer à une prestation dans l'atelier SLAM qui se tiendra un peu plus tard dans une ancienne grotte servant de sous-sol, après la diffusion de quelques dessins animés et d'un film réalisé sur les lieux de cet événement avant son déroulement (les sons truqués au maximum à l'ordinateur de façon à donner le sentiment d'une drôle de vie dans une bien drôle de maison !)

Le SLAM, mais qu'est-ce que cela peut bien être ? J'ai élargi ma culture en l'apprenant ce soir-là. C'est un art consistant à exprimer tout ce qu'il vous vient à l'esprit en un maximum de trois minutes. Nul obligation théorique d'y donner une forme poétique par la rime et le jeu de mots mais la grande majorité le pratique ainsi. Cet atelier-ci est vraiment conçu pour que chacun soit à la fois spectateur et acteur. Si donc on accepte de faire passer en priorité les slamers confirmés et les personnes ayant préparé par écrit un texte durant la soirée, tout le monde est rapidement et fortement incité à s'y mettre. La quasi unanimité des textes de ces interventions portent sur les questions de société actuelles ; ils expriment une contestation de notre système économique et politique. S'apercevant de l'impossibilité de convaincre « chaque présent » de se jeter à l'eau, l'organisateur lance un jeu consistant en ceci : chacun doit choisir un mot, celui qui lui passe par la tête (beaucoup moins facile qu'on croit compte tenu de l'immensité de l'existant !), et l'organisateur conçoit progressivement une histoire à partir de tous ces mots. L'assistance est soufflée : il s'avère incollable ! Pas une seule fois il ne sèche. Un ou deux derniers slams dont le modeste mien (n'ayant pas voulu repartir trop humiliée en ayant pas ouvert la bouche) que voici :

J'en ai bientôt assez
Qu'il n'y a que des mecs à passer (réel, trois ou quatre femmes en tout, pas plus !)
Même qu'ils sont très doués
Car la parole féminine est depuis longtemps libérée
Si on n'peut pas slamer à parité
Alors mieux vaut boire le thé
Où bien aller se coucher !

(Pas fameux, j'en ai bien conscience, mais vous permettrez qu'il y ait un début à tout !)

Ainsi s'achève encore une soirée avec le Cornet Rouge, même si elle a failli être quelque peu gâchée par une grosse averse survenue au cours de la soirée, le ciel apparemment favorable aux initiatives alternatives l'ayant stoppé assez rapidement. Rendez-vous donc à la prochaine pour d'autres surprises, peut-être encore plus délirantes ?

Têtatutelle

Contact  
e-mail :
cornetrouge@laposte.net

Ecrit par tetatutelle, à 22:37 dans la rubrique "Projets alternatifs".



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